Chapitre 45
Les yeux d'Arik devinrent perçant. Bien-sûr il en voulait à celui qui n'avait pas tenu sa langue. Savana se sentit obliger de défendre les deux jeunes filles.
- Elles n'ont pas fait exprès Arik.
Son visage se radoucit légèrement. Il avait les poings serrés.
- Elles auraient dû tenir leurs langues, siffla-t-il entre ses dents.
- Au contraire, contrat-elle doucement ; Cela me permet de mieux te connaître. De comprendre pourquoi tu repousses perpétuellement les personnes qui s'approchent de toi...plus particulièrement les femmes.
- Des liaisons sans lendemain, rectifia-t-il en comblant l'espace qui les séparait ; ces femmes n'avaient aucun intérêt pour moi.
Il lui prit le menton. Ce geste suffit à la faire frémir.
- En revanche toi...
Délibérément, il n'acheva pas sa phrase. Il la contemplait avec hauteur. Avec une intensité qui lui provoqua des frissons. De doux frissons.
- Et donc tu as peur que je te quitte ? Voilà la raison qui te pousse à me regarder avec ce regard sévère ?
Il se figea en relâchant son menton.
- Je ne te regarde pas avec...
- Si tu viens de le faire, coupa-t-elle les yeux brillant ; J'ai une mauvaise nouvelle pour toi Arik...ce regard me pousse un peu plus vers toi chaque fois que tu t'en sers contre moi.
Savana monta les marches de l'autel avant qu'il lui saisisse le poignet.
- Mon père a souffert, mon grand-père a eu un nombre incalculable de concubine et a passé plus de temps dans le noir que de se sentir heureux.
Savana retint son souffle devant la peine qu'elle lisait dans ses yeux.
- Ton grand-père à eu quatre épouse...
- C'est faux, coupa-t-il le regard impassible ; Ça c'est ce que mon père a raconté pour préserver la dignité de son père.
Elle écarquilla les yeux.
- Mais...
- Il y a eu Leila, expliqua-t-il en lui prenant la main pour qu'elle vienne s'installer sur l'un des bancs ; Mon grand-père était un bel homme qui dégageait beaucoup d'assurance. Leila a réussi à le séduire avant son quatrième mariage. Il finissait par se méfier des femmes mais il lui fallait à tout prix un fils pour le trône.
Savana déglutit.
- Un jour elle lui a fait un numéro de charme tel qu'il a succombé immédiatement. Peu de temps après, elle lui a fait comprendre qu'elle était enceinte et c'était le cas !
Il secoua de la tête avec amertume.
- Sauf que ce n'était pas le sien.
- Oh non, murmura-t-elle en fermant les yeux.
La vie de ces hommes étaient une véritable succession de drames.
- Tu n'imagines pas à quel point il s'est senti humilié et dévasté.
Il regardait devant lui avec de la haine dans les yeux. Comme s'il l'avait vécu à sa place.
- Leila n'était pas vierge quand il l'a rencontré et à l'époque c'était important surtout pour un roi ; Il était tellement sous son charme qu'après la lune de miel il s'est coupé la main pour tâcher les draps afin de faire croire à sa virginité.
Savana n'avait pas de mot assez fort pour commenter cette histoire.
- Leila aspirait au royaume plus que les autres c'était presque une maladie. Elle n'avait pas prévu que le bébé soit blond aux yeux verts.
- C'est affreux, murmura-t-elle en posant une mains sur son bras.
Arik poussa un rire sans joie et baissa sa tête vers elle.
- Il a tout fait pour ne pas éveiller les soupçons de son entourage et l'a laissé partir en faisant croire à tout le pays que l'enfant était mort à la naissance.
Il marqua une pause.
- En fait je crois que c'est l'empressement qui les a puni, murmura-t-il en fronçant des sourcils ; ils avaient l'argent, le pouvoir, ils leur manquaient l'amour et ils ont été trop vite, trop impétueux.
Il planta son regard dans le sien.
- Et c'est exactement ce que j'essaye de faire avec toi, conclut-il avec un air dégoûté.
- Non ! S'empressa de dire Savana en secouant de la tête imperceptiblement ; Pourquoi tu dis une chose pareille !
Il prit son visage entre ses mains.
- Tu vas partir, conclut-il comme si c'était déjà une évidence.
Les lèvres tremblantes de colère, elle discerna dans ses yeux un défi. Il la défiait.
- Ça c'est à moi d'en décider, répondit-elle fermement.
Il caressa sa nuque avec un faible sourire.
- Nous verrons où cette histoire nous mène Arik, murmura-t-elle d'une voix tremblante ; mais tout ce que je peux t'assurer c'est que je ne me suis jamais sentie aussi protégée, désirée...je n'ai pas peur, mes cauchemars se dissipent.
Il posa ses lèvres sur sa joue et rattrapa la larme qui coulait dessus.
- Savana, chuchota-t-il en caressant sa joue ; je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger, déclara-t-il solennellement.
La porte de l'église s'ouvrit à la volée.
Le prête surgit dans l'allée en courant vers eux complètement affolé.
- La situation est sous contrôle votre altesse.
- Pour l'amour du ciel ! Respirez mon père ou vous allez nous faire une crise cardiaque !
Arik sauta sur ses jambes pour l'aider à s'asseoir. Savana elle, désorientée regardait ce roi qui vivait avec la certitude d'être un monstre qui n'accéderait à rien de plus que la solitude.
- Que se passe-t-il ?
- Il y a une horde de paparazzis dehors !
Savana se leva d'un bond.
- Quelqu'un a dû les alerter de ta présence dans l'église, conclut-il en se tournant vers elle ; Est-ce qu'il y a une sortie de secours ?
Le prête pointa la porte en bois derrière l'autel.
Savana se pinça les lèvres.
- Je peux les supporter, lui dit-elle en posant sa main sur son avant-bras.
- Non, refusa-t-il en lui prenant la main ; Je tiens à garder ma vie personnelle secrète pour l'instant.
Il la couvait d'un regard protecteur puis se tourna vers le prêtre.
- Merci de m'en avoir informé, dit-il en s'approchant de l'urne pour faire son tout premier don dans cette église dans laquelle il mettait ses pieds pour la première fois.
Il entraîna Savana par l'arrière et fut soulagé de n'y voir que des passants. L'un d'entre eux ouvrit la porte de sa maison pour qu'ils se faufilent à l'arrière qui donnait sur une petite ruelle.
- Attend !
Arik pencha sa tête vers l'entrée de l'église assailli par des journalistes sans scrupule et pour la première fois de sa vie, il se sentait extrêmement proche de son peuple qui mettait tout en œuvre pour protéger la jeune femme. Omar Halhir, l'imam désigné à l'époque par son père ouvrit la porte arrière de la mosquée. C'est lui qui l'avait prévenu après l'avoir vu déambuler dans les ruelles pour ensuite se réfugier dans l'église.
- Suis-moi habibti.
Savana gloussa. Il tourna vivement la tête vers elle en la considérant avec étonnement.
- Ainsi la situation vous fait rire mademoiselle Slovovitsh ? Demanda-t-il d'une voix rauque.
Oh ça oui ! Elle sentit un courant intense courir sur sa peau. Son souffle se coupa.
- J'ai l'impression que nous sommes deux amants en cavale, c'est amusant !
Il plissa des yeux en faisant mine de la gronder du regard et l'entraîna vers l'entrée de la mosquée. À mi-chemin il la hissa sur son épaule. Elle hoqueta en sentant ses chaussures quitter ses pieds. Accrochée à la ceinture de son pantalon elle le vit traverser la rue puis la déposer à l'entrée en lui donnant ces chaussures. Il retira les siennes à la hâte et lui prit sa main libre.
À leur passage, Savana admira la magnifique salle et trottina derrière Arik les yeux levés vers le plafond. Certains fidèles étaient à genoux sur un beau tapis orné de merveilleux tissages orientaux. En voyant le roi, des voix s'élevèrent en les pointant du doigts.
Elle adorait cette sensation de fuir et d'être avec son amant. Mais ses jambes ne manquèrent pas de lui rappeler qu'elle ne pourrait plus jamais courir à pleine vitesse. Elle refoula cette envie de pleurer sur son propre sort et courut avec lui avant qu'il ne s'arrête brusquement au milieu de la grande salle. Avait-il vu qu'elle s'était mise à boiter ?
- Tu vas t'asseoir, dit-il après avoir échangé quelques mots avec Omar.
Quand il souleva légèrement le tissu de sa robe pour examiner sa jambe, l'une de ces cicatrices ne manqua pas de faire réagir l'imam.
En peine, il échangea en arabe avec Arik. Savana préférait ne pas en connaître le contenu et tira sur sa robe pour la cacher.
- J'ai un peu mal c'est tout, dit-elle dans un filet de voix.
- Je vais attirer l'attention, en faisait croire que vous êtes ici, déclara Omar en la regardant avec tendresse et respect ; Le temps qu'ils parviennent à la porte, vous aurez le temps de rejoindre votre voiture.
Avec une profonde reconnaissance, Savana lui sourit en serrant ses chaussures contre sa poitrine.
- Partez votre altesse nous allons les retenir.
Les joues en feu elle remarqua des hommes et des femmes en train de les observer à l'entrée de la mosquée, créant une bousculade géante. Pour faire diversion, les hommes à l'intérieur se mirent en cercle tandis que l'imam se dirigeait vers l'entrée avec le plus grand des calme. Arik la souleva dans ses bras, créant des murmures de stupéfaction.
Il inclina sa tête vers les fidèles et quitta la mosquée seulement après que l'un d'entre eux lui donne le feu vert.
Une fois dans la voiture et enfin en sécurité, Arik se pencha vers elle pour l'embrasser avec fougue et démarra en trombe.
- Notre vie est trépidante tu ne trouves pas ? Demanda-t-elle en riant tout en retirant son châle qui avait tenu le choc durant son périple.
Il fronça des sourcils.
- Mon escapade avec Zafir, le sauvage de cette famille dans la grotte maintenant ça...je me demande bien ce qu'il va se passer maintenant.
Arik s'arrêta en plein milieu du désert et coula son regard vers elle. Savana sentit ses joues s'enflammer.
- J'ai des tas d'idées sur la question, déclara-t-il d'une voix enrouée de désir.
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