Chapitre 35
Arik poussa un profond soupir la tête sur le point d'exploser. Les événements de la matinée l'avaient affecté bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. L'attitude de Savana après son baiser forçait son admiration. Elle s'était presque rebellée contre lui. Et sa fuite à cheval l'avait déstabilisé. De ce fait, Arik avait prit congé dans son bureau pour remettre de l'ordre dans sa tête. Hélas, il avait beau retourner la situation dans tous les sens possibles il en arrivait toujours à la même conclusion ;
L'obsession qu'il ressentait pour elle n'était ni prête de s'éteindre ni prête à lui donner la vie facile. Il posa ses mains sur son visage pour se frotter les yeux. Ce qu'il vivait était encore pire que des semaines dans le désert à pourchasser ses ennemis. Les sentiments qui prenaient formes en lui menaçaient Savana d'un avenir qu'elle ne méritait pas. Hamid l'aurait confronté menton redressé pour cette obscure pensée. Il ferma les yeux et vit le visage de la jeune femme. Tiraillé entre la raison et son cœur meurtrie, Arik n'avait pas grand choix de possibilités. Sa raison voulait cette femme. Son cœur meurtrie voulait cette femme.
Savana passa en revu les nombreux articles parlant de la guerre. Pour le moment la seule chose qu'elle avait trouvé c'est une photo de lui le visage ensanglanté. Le cri qu'elle avait poussé n'avait pas mit longtemps à se répandre jusqu'à Azima. Savana avait prétexté avoir vu un scorpion. Quelle drôle d'idée !
Les yeux embués de larmes, elle fixait la photo, terrifiée par ce regard figé à jamais dans le temps. La rage, le sang, toute l'histoire de cette guerre était comme figé sur son visage. Il paraissait un peu plus jeune sur cette capture et Savana se demandait qu'elle épreuve avait bien pu lui faire subir Max pendant que lui se battait corps et âme pour son pays.
- Mademoiselle ! Que faites-vous assise ici au milieu du tapis ?
Mina entra dans la pièce suivi par Zafina. Les deux adolescentes semblaient curieuses.
- Je faisais quelques recherches, avoua-t-elle essuyant ses joues.
- Sur la malédiction ! S'écria Mina avec intérêt avant de se rendre compte qu'elle venait d'en dire un peu trop au plus grand bonheur de Savana.
- Espèce de gourde ! S'exclama Zafina d'un chuchotement ; Tu veux la faire fuir !
- De quelle malédiction vous parlez ? S'enquit Savana en refermant le journal.
Les deux adolescentes se jetèrent des regards menaçants à l'une l'autre pour qu'elles scellent leurs bouches.
- Allons, murmura Savana avec un sourire tendre, je suis sûre que vous pouvez m'aider à en connaître plus sur sa majesté.
Mina craqua la seconde suivante et s'agenouilla sur le tapis. Zafina roula des yeux en l'imitant.
Savana avait tout intérêt à ouvrir les oreilles car cette histoire allait peut-être résoudre la clé du problème.
- On raconte qu'il y a une malédiction qui pèse sur les Dahazar depuis trois générations ! Expliqua Mina visiblement absorbée elle-même par son récit.
- Vraiment ? Et que raconte-t-elle ?
- Toutes les femmes ayant approché un homme de cette famille ont toutes finies par partir ou par mourir.
Savana retint son souffle et réprima un frisson.
- Le grand-père de sa majesté a eu quatre femmes deux ont été répudiées, l'une est morte et l'autre est partie.
Savana adorait les histoires mais celle-ci, plus vrai que nature lui donna des sueurs froides.
- Précise que celle qui est morte a été tuée par l'homme qu'elle a retrouvé après avoir quitté le roi, rectifia Zafina.
- Oui ! Voilà un destin bien tragique, s'exclama Mina en esquissant une moue.
- E...et ensuite, bégaya Savana en serrant ses mains moites l'une contre l'autre.
- Il a fini par trouver un peu d'amour dans les bras d'une servante mais elle s'est pendue.
- Arrête ! C'est faux ! S'écria Zafina alors qu'elle crut s'évanouir d'horreur ; Elle ne s'est pas pendue ! Il lui a rendu sa liberté quand il s'est senti partir.
Savana poussa un soupir tremblant.
Mina balança sa main d'un mouvement preste et continua ;
- Ensuite le père de sa majesté a subi le même sort ; la mère de notre roi est partie après sa naissance, ensuite il a décidé de faire une croix sur les femmes, persuadé qu'elle le quitterait tôt ou tard. Il disait vouloir s'éviter des souffrances inutiles.
- Pourtant, quand vous jeter un coup d'œil sur les portraits, le charme opère tout de suite, ajouta Zafina en souriant.
En effet, Savana demeurait sans voix. Les portraits qu'elle avait aperçu dans le grand salon présentaient deux beaux hommes au regard tout aussi troublant que l'était celui du cheikh. Mais Arik avait un plus. Il dégageait un aura puissante.
- Sa majesté redoute la malédiction c'est pour ça qu'il repousse les femmes perfides car oui ! Elles étaient toutes perfides d'après les anciens dires.
- Je doute qu'il subisse le sort de ses ancêtres, rétorqua Savana un peu abasourdie par les révélations des deux jeunes filles ; D'ailleurs, je pense que ce sont ces femmes que la malédiction voulait punir, pas les rois.
Mina écarquilla les yeux comme si l'évidence venait de la frapper.
- Mais oui c'est ça ! S'écria-t-elle en se redressant ; La malédiction punissait ces femmes ! Sinon pourquoi la servante serait-elle resté ?
- Sans doute parce qu'elle était différente, murmura Savana pensivement.
Mina haussa des épaules.
- Quoi qu'il en soit, sa majesté croit dur comme fer à cette malédiction.
Savana avait l'impression d'avoir avancé dans ses recherches. En plus d'être un homme blessé, Arik Dahazar avait la certitude qu'il finirait seul. Les superstitions...Savana n'y croyait pas. Encore moins aux malédictions. Voilà pourquoi il acceptait ses balafres. Pour lui c'était un moyen comme un autre de repousser les femmes.
- J'espère que cette histoire vous a aidée mademoiselle ? S'informa Mina avec un large sourire.
Savana remit une mèche derrière son oreille et lui sourit.
- Tu parles ! Marmonna Zafina, tu lui as fait peur !
- Qui a peur ? S'éleva une voix derrière elles.
Zafina couina en se levant précipitamment. Savana elle, riva son regard au sien, le sang figé dans ses veines. Le cheikh se tenait dans l'encadrement de la porte, bras croisés.
Il avait un tel charisme, un tel regard sauvage que ni elle ni les adolescentes n'osèrent lui répondre.
- Personne, parvint-elle à dire en essayant de cacher les vieux journaux.
Rapidement, il capta son mouvement tel un fauve et fronça des sourcils. Savana se mordit la lèvre.
- Votre majesté...
Les deux jeunes filles quittèrent la pièce, les yeux baissés, la laissant seule avec lui. Son cœur se mit à battre contre ses tempes quand il referma la porte. Toujours assise en tailleur sur le tapis, elle n'eut d'autre choix que de le confronter ainsi.
- Ces photos ne vous rapportera rien Savana, déclara-t-il sombrement.
- Et les miennes ? Demanda-t-elle à brûle-pourpoint.
- Je vous demande pardon ?
Elle planta son regard dans le sien. Il était difficile de soutenir son regard. Il était tellement impressionnant.
- Quand vous êtes revenu au cottage pour vous excuser, vous avez fait des recherches sur moi, commença-t-elle avec difficulté ; Ce qui signifie que vous avez vu mon corps écrasé à terre...les jambes brisées.
Il détourna la tête en lâchant un juron, comme si ça lui était pénible de s'en souvenir.
- Vous avez raison, finit-il par dire en pliant ses genoux pour s'agenouiller en face d'elle.
- Ainsi nous sommes quitte, dit-elle en refermant le journal.
- Vous n'auriez pas dû regarder ces photos monstrueuses.
- Elles reflètent la réalité, rétorqua Savana en levant les yeux vers lui.
Chose qu'elle regretta par la suite, car ses yeux noirs avaient pris des teintes encore plus sombre que de l'ancre.
- De quoi parliez-vous avec les filles ? Demanda l'homme d'un air suspicieux.
- Rien de particulier, mentit-elle en cherchant à combattre le rouge carmin qui se répandait sur son visage.
Il lui fit relever le menton. Savana ne s'était jamais sentie aussi grisée par ses doigts posée sur elle.
- En êtes-vous certaine ?
- Absolument certaine, affirma-t-elle d'une voix qu'elle voulait assurée ; Mina me raconter un passage d'un livre assez sordide.
Il lui relâcha le menton et lui prit les mains pour qu'elle se relève.
- Je dois partir quelques jours, annonça-t-il avec regret.
Savana demeura interdite...complètement paniquée à l'idée de le voir partir. Sans doute pour affaires, songea-t-elle pour calmer les battements précipités de son cœur.
- Où ça ? Demanda-t-elle avec difficulté.
- À Capri, j'ai récemment ouvert un hôtel et il faut que je m'y rende pour l'inaugurer.
- En plus d'être un souverain vous êtes aussi un homme d'affaires, nota-t-elle avec une pointe d'ironie pour dissimuler la déception qui lui serrait le cœur.
Un sourire ravageur rehaussa ses lèvres ciselées.
- En effet...
Elle se racla la gorge pour reprendre.
- Combien de temps ?
Il se ferma.
- Quatre jours, répondit-il en mettant ses mains dans ses poches de pantalon ; J'espère pouvoir l'écourter, Azima est au courant pour vos soins, elle se chargera de les faire pendant mon absence.
Savana sentit son sang quitter son visage. Elle ne voulait pas qu'il parte. Même si elle en connaissait les raisons. Azima la prendrait en pitié et elle devrait dormir seule. Elle commençait à s'habituer à dormir à ses côtés. Elle adorait le contact de sa peau contre la sienne et la sensation d'être en sécurité. Pourquoi fallait-il qu'il parte si longtemps.
- Quand partez-vous ?
- Dans une heure.
Elle réprima un hoquet. Désespérée, elle ferma les yeux brièvement. Son cœur était si lourd à présent qu'elle peinait à respirer. Le regard assombri il se dirigea vers la porte et l'ouvrit pour disparaître dans le couloir. Savana porta une main à son cou tandis que l'autre tenait son ventre. Elle était presque sûre de ne pas survivre si longtemps sans lui. Un signe lui révélant qu'elle ressentait plus qu'une simple attirance pour lui...plus que de l'apaisement. Sa silhouette émergea brusquement devant la porte. Elle hoqueta en le dévisageant. Son regard était dur mais enflammé par une lueur d'espoir. Son torse se soulevait à mesure de ses respirations erratiques.
- Venez avec moi, lâcha-t-il sans avancer.
- Oui, s'entendit-elle lui dire la seconde suivante dans un souffle court.
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