Chapitre 34
- Qu'est-ce qui vous a pris de faire ça ? Demanda Azima en lui frottant les cheveux.
Encore sous le choc, Savana crispa son visage en grimaçant. Elle ignorait ce qu'il lui avait prit. En réalité, Savana avait voulu attirer l'attention du cheikh. Par peur que ce baiser l'éloigne d'elle. Il lui avait sauvé la vie. Et ça elle ne n'oublierait sans doute jamais.
- Je voulais qu'il me regarde comme une femme et j'ai fait n'importe quoi, murmura-t-elle en ramenant ses genoux contre elle.
La mousse qui flottait au-dessus de l'eau suffit à masquer son corps entièrement.
- Oh Savana, pourquoi dites-vous une telle chose ? Ne voyez-vous pas qu'il est fou de vous ?
Savana s'empourpra violemment.
- Il essaye juste de vous préserver, il ne veut pas vous faire peur.
Tristement, elle baissa les yeux tandis qu'elle essayait de lui enlever le sable incrusté dans ses cheveux. C'est seulement là qu'elle réalisa à quel point elle avait été stupide. Arik ne supportait pas l'idée de la contraindre à sa volonté et de son côté, Savana rêvait qu'il la délivre de ses vieux démons. Azima tira sur ses cheveux pour gratter son cuir-chevelu.
- Aie !
- Veuillez m'excuser ma petite mais on dirait que vous vous êtes roulé dans du sable humide.
- Zafir est rapide, lui rappela-t-elle en se massant l'épaule.
Son ventre se mit à palpiter au souvenir du bras puissant du cheikh enroulé autour de sa taille. Elle se souvenait aussi de la fureur qu'elle avait lu dans ses yeux. Son cœur se mit à tambouriner contre sa poitrine. Azima avait presque fini de lui démêler les cheveux. La force des pas de l'homme lui indiqua qu'il était proche...si proche qu'elle se demandait s'il avait entendu leur conversation.
- J'entend ses pas mugir contre le sol, vous croyez qu'il est ici ? Demanda-t-elle en chuchotant.
- Je suis juste derrière la porte, répondit l'homme.
Savana blêmit. Elle avait pu déceler dans les profondeurs de sa voix qu'il était toujours en colère. Ses pensées se mélangèrent. Elle ignorait si c'était l'eau tiède ou la peur qui la gagnait à l'origine de ses tremblements.
- Vous allez me frapper ?
C'en fut trop pour lui. Arik comptait sur Azima pour faire remparts devant le flux de désirs qui l'habitait. Depuis près d'une heure il arpentait la pièce comme un lion en cage. Il ne pouvait pas la laisser supposer qu'il allait la frapper.
Alors il ouvrit la porte sans se soucier de la voir nue ou pas. Il fut tout de même soulagé de constater qu'elle était recouverte de mousse. Azima demeura muette devant son entrée comme si elle s'en était doutée. Il huma sans le vouloir les parfums qui se diffusaient en continue dans la salle de bains et s'agenouilla près des rebords. Son visage était clairement apeuré. Elle était la terreur personnifiée.
- Jamais je ne violenterais une femme, c'est bien compris ?
Ses yeux se mirent à le couvrir d'un regard apaisé. Elle agita sa tête en ramenant ses genoux contre elle. Ses cheveux trempés prenaient des reflets d'un or pur.
- Jamais, chuchota-t-il en lui prenant le menton avec son pouce et index.
Savana ne savait plus trop où elle se trouvait. Elle n'avait d'yeux que pour celui qui venait de s'agenouiller près d'elle, la couvrant d'un regard protecteur. Sa raison ne parvenait plus à lutter contre les réactions de son corps réagissant de façon violente à son contact. Tout était nouveaux pour elle. Chaque parcelle de son corps goûté à des réactions toutes nouvelles.
- Avez-vous mal aux pieds ?
Savana agita ses orteils.
- Ils vont mieux.
- Vous avez faim ?
- Cette petite cavale m'a creusé l'appétit, admit-elle d'une voix rêveuse.
Azima pouffa.
Elle vit les lèvres du cheikh tressaillir, comme s'il se retenait s'éclater de rire. Il se leva alors. Savana fixa ses longues jambes musclées avant de se reprendre. Doucement, il referma la porte. Vêtue d'une tunique, Savana remercia Azima pour son aide précieuse. Enfin elle retrouvait son visage pâle. Et ses cheveux brillaient. Mais ses mains restaient pour l'heure complètement crispées.
- Savana ?
Comme une caresse doucereuse, la voix d'Arik parvint jusqu'à elle.
- Vous êtes prête ?
- Prête.
Elle le rejoignit dans le petit salon et à son regard, elle comprit qu'une explication s'imposait. Elle avait prit d'énorme risque en grimpant sur un étalon à peine en confiance. Comment aurait-elle réagit si Arik l'avait embrassé lors de leur rencontre ? Sans doute de la même manière que Zafir.
- Pourquoi ? Demanda-t-il enfin.
- Je vous l'ai dit ! S'emporta Savana.
- Il y avait d'autre moyen d'attirer mon attention que de sauter sur le premier danger qui se présente, rétorqua-t-il en s'approchant.
- J'ai crû que vous alliez me congédier après ce baiser qui...
- Vous congédier, répéta Arik incrédule ; Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ?
Elle se contenta de hausser des épaules.
- Je m'en suis voulu d'avoir profité de la situation pour assouvir mes désirs, rectifia-t-il en posant ses mains sur ses épaules.
Elle frissonna.
- Mais je le voulais aussi, assura-t-elle en peinant à soutenir son regard.
- Pas comme ça, réfuta le cheikh en glissant ses mains le long de ses bras ; Je suis un homme avec des principes et des valeurs, vous m'attirez Savana au point de ne plus en dormir, mais je ne peux ignorer les choses horribles qui vous retiennent encore.
Savana eut peine à respirer. Ne voyait-il pas qu'elle voulait être libérée ?
- Je veux pouvoir me regarder dans le miroir chaque matin sans avoir l'impression d'être égoïste, reprit-il en refermant ses mains sur ses poignets.
Il chercha son regard.
- Vous comprenez ?
- Oui, je comprend, dit-elle sans pouvoir cacher sa déception.
- Vous êtes jeune et incroyablement forte.
- Et vous vieux et cruel ? Hasarda Savana pince-sans-rire.
Il ne chercha même pas à contrer ses propos. Il les accepte avec un sourire sans joie. Déçue, elle redressa tout de même les épaules. Pour le moment, tout ce qui lui importait c'était d'être ici. Sa façon de la protéger de lui-même était purement et simplement un mécanisme de défense.
- J'ai un cadeau pour vous.
Elle ne dit rien et le suivit du regard. Son cœur s'accéléra encore et il continuerait à s'emballer chaque seconde de chaque heure, songea Savana en découvrant avec surprise son cadeau.
- Ceci remplacera votre élastique, murmura-t-il en prenant son poignet pour nouer le ruban en or et pourvu de dentelles.
- Il est magnifique, murmura-t-elle saisie par une émotion indicible.
Il referma sa main en poing sur la sienne et la ramena à ses lèvres. Des milliers de frissons traversèrent son corps.
- Pardonnez-moi pour mes agissements d'aujourd'hui.
Il n'avait pas à s'excuser. Cet homme était véritablement écartelé par une douleur intérieure. En plongeant son regard dans le sien, Savana pouvait lire une succession d'émotions.
Le désir, le remord, l'âme d'un guerrier puis la détermination et enfin la douleur qui déformait les traits de son visage. Des âmes torturées pouvaient-elles s'aider ? Bien-sûr, Savana était convaincue qu'elle pouvait l'aider. Cette guerre avait duré longtemps, marquée par des morts et du sang. Ses balafres avaient une histoire. Et même s'il se persuadait lui-même de les accepter, Savana doutait. Il y avait en lui quelque chose qui le tuait à mesure que le temps passait. Il fallait à tout prix qu'elle découvre ce qui le rongeait.
Elle accueillit le baiser qu'il déposa sur son front en fermant les yeux...cherchant déjà, comment atteindre les secrets du cheikh.
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