Chapitre 33
- Arik, s'entendit-elle murmurer après qu'il eut frôler ses lèvres.
Ce n'était ni un refus ni une barrière à son baiser. Seulement une plainte de ne pas comprendre la nature de ce baiser. Sa main se posa sur sa joue encore plus large et plus calleuse que celle de son frère. Sa bouche ciselée se posa de nouveau sur la sienne. C'était doux et retenu. Il s'employait à le rendre chaste par peur de la fragiliser sans doute. Savana ouvrit alors sa bouche pour lui donner la liberté de l'approfondir. Elle n'avait jamais ressenti tant de fougue et de passion. Elle avait l'impression d'être ailleurs. Dans un monde où les femmes n'avaient pas besoin d'être présentable pour plaire à leur mari
- Ton imagination te perdra ! Lui avait crié Max en lui assénant une gifle.
La bouche du cheikh fut plus fort que ses souvenirs. D'un bras il ramena son corps contre son torse. Sa bouche lui infligea la plus douce des punitions. Savana serra ses avant-bras craignant de tomber alors qu'il y mettait toute l'ardeur de son désir pour elle. Il s'arracha à ses lèvres et poussa un profond soupir tremblant en plongeant sa main dans ses cheveux...comme libéré d'un souhait longtemps attendu. Savana tenta désespérément de l'enlacer mais son corps était trop large pour allez au-delà de ses épaules. Arik fixa la bouche gonflée de la jeune femme et crut devenir un monstre pour de bon. Il avait l'impression d'avoir violenté ses lèvres innocentes et tremblantes.
- Pardonnez-moi...
Elle se figea puis demeura incrédule avant de chercher une prise sur ses épaules.
- Non, murmura-t-elle simplement.
Elle sentit des larmes couler sur ses joues. De bonheur sans doute, songea-t-elle en se raccrochant à ses épaules. Oh oui elle était absorbée par son livre. Vivant chaque page comme si elle y était.
- Vous êtes en état de faiblesse, je n'aurais pas dû agir de la sorte, grogna-t-il en la dévisageant.
- Je suis consciente de mes faits, rétorqua-t-elle en posant ses mains sur son torse les yeux larmoyant.
- Vous pleurez, nota-t-il en tournant la tête comme s'il se haïssait.
- Oh...non, murmura Savana en crispant ses doigts sur sa chemise ; Ce sont des larmes de bonheur.
Comme s'il s'infligeait des tortures inutiles, il la regardait douloureusement puis posa sa bouche contre son front sans jamais cesser de s'excuser de sa conduite. Il s'arracha d'elle le visage en peine puis quitta la chambre d'un pas bourru. Savana posa la naissance de ses doigts sur ses lèvres gonflées. Des lèvres embrassées avec tant de passion qu'elle en était déboussolée. Pourtant elle avait la certitude qu'il ne l'avait pas embrassé avec toute la force dont il était capable. Alors voilà à quoi ressemblait la passion ?
Chamboulée, elle dut s'asseoir dans l'alcôve en serrant ses mains contre ses cuisses. Il avait parsemé son front d'une trainée de baisers brûlants. La fièvre au corps, il lui avait fallut une bonne dizaine de minutes pour se ressaisir. Un coup de folie peut-être ? Non...ce baiser n'avait rien avoir avec un coup de folie. Ce baiser était tout simplement le fruit d'un désir qu'elle ne pouvait plus nier.
Cette journée commençait mal, songea-t-elle en enfilant une tenue confortable.
Il serait bientôt l'heure de déjeuner. Elle espérait le retrouver pour discuter avec lui ou bien s'excuser à son tour. Était-ce ce qu'il voulait ? Qu'elle s'excuse ?
Savana remarqua que ses mains tremblaient. Elle les joignit pour qu'elles cessent de trembler et se leva brusquement. Rester seule ne l'aiderait sans doute pas à trouver les réponses à ses questions. Elle parcourut le palais, le cherchant du regard. Hélas il ne semblait pas être là. Était-il parti ?
Désorientée, elle quitta le palais pour les écuries, espérant que Zafir suffirait à atténuer la douleur qu'elle ressentait dans son cœur. Elle hoqueta en tombant nez à nez avec Arik. Il se redressa lentement en coulant son regard sur elle. Elle y lut une vive colère. Un dégoût de lui-même.
- Je vous cherchais.
- Pourquoi ? Demanda-t-il d'une voix grave ; Vous devriez me fuir Savana.
Elle se mordit la joue en remarquant qu'il préparait du matériel.
- Pourquoi réagissez-vous si brutalement ? Demanda-t-elle en s'avançant.
- Parce que j'ai abusé de votre faiblesse pour assouvir une pulsion, dit-il avec dégoût.
- Non, c'est faux...j'en avais envie aussi.
Il balourda une scelle sur la table en bois, un rictus de colère aux lèvres.
- Vous me trouvez faible ? Demanda-t-elle les yeux larmoyant.
Il se figea puis combla l'espace qu'il y avait entre eux.
- Je n'ai jamais rencontré une femme plus forte que vous, répondit-il avec sincérité.
Son regard sauvage s'appuya sur sa bouche qu'il avait embrassé.
- Vous êtes innocente et vulnérable, murmura-t-il d'une voix teintée de regrets.
Il porta sa main sur sa joue, la respiration erratique. Il s'écarta brusquement en faisant retomber sa main le long de sa hanche. Savana baissa les yeux sur le sol. Son âme était bien plus torturée qu'elle ne l'aurait crû. Cet homme était comme écartelé.
Saisie par idée complètement folle, Savana profita qu'il ait le dos tourné pour passer sa jambe blessée sur le dos de Zafir qui était allongé sur la paille. Elle agrippa sa crinière pour seul appuis. Il se releva vivement.
- Savana ! Cria le cheikh d'une voix si vibrante de colère que l'étalon quitta les écuries au galop.
Ce n'est pas exactement ce qu'elle aurait voulu. Elle désirait simplement attirer l'attention du cheikh...voilà chose faite, songea-t-elle en le regrettant. Zafir s'emballa et profita que les grilles soient ouvertes pour quitter l'enceinte du palais à grand galop. Elle poussa un cri à hauteur de sa frayeur. Elle n'avait ni scelle ni rênes pour contrôler Zafir qui semblait savourer le goût de sa liberté.
- Oh ! Zafir ralenti !
Savana perdit ses chaussures dans cette course folle. Le sable brûlant fouettait son visage à mesure qu'il accélérait. Forcée de mettre son bras devant son visage, Savana perdit l'équilibre. Un bras puissant entoura violemment sa taille. La seconde d'après, Savana fut soulevé et projetée contre un corps semblable à une roche.
- Vous êtes folle ! Rugit une voix qu'elle connaissait que trop bien.
Oh oui elle l'était !
Il arrêta son cheval à hauteur de Zafir qui se cabra à son approche. Quelques mots en arabe suffit à le calmer. Le visage poussiéreux, les orteils paralysés par la force des rafales de sable, Savana n'osait plus bouger. Pétrifiée contre son large torse.
- Je tolère beaucoup de chose mais je ne tolérais pas que vous mettiez votre vie en danger ! Gronda-t-il en l'obligeant à le regarder.
- Je voulais attirer votre attention.
Ses yeux striés se plissèrent dangereusement. Son regard s'assombrit.
- C'est réussi, gronda-t-il à voix basse.
Elle éternua, toussa pour libérer sa gorge de la poussière qui l'empêcher de respirer. Arik demeurait toujours en état de choc. Sa colère n'avait d'égale à l'inquiétude qu'il avait ressentie en la voyant partir au galop. Son cœur battait toujours à vive allure. Ses muscles tremblaient sous cette rage qui l'habitait.
Attirer son attention ?
Elle n'avait pas besoin de chevaucher son étalon pour attirer son attention ! Il suffisait qu'il plonge son regard dans le sien pour avoir toute son attention.
- Je suis navrée, murmura-t-elle.
Arik était trop en colère et inquiet de la voir dans cet état pour répondre. Il ramena la jeune femme à l'entrée du palais, là où tout le monde attendait, eux aussi tous inquiets pour la jeune femme.
Il la fit descendre n'ayant d'autre choix de saisir sa taille. La fuite de Zafir avait durée moins de trois minutes mais suffisamment longues et éprouvantes pour que la jeune femme soit totalement en état de choc.
- Azima ! Cria Arik.
- Je m'en occupe, dit-elle en la prenant par les épaules.
C'est seulement là, qu'Arik fit tomber son regard sur ses pieds nus. Elle semblait résister à la douleur des cailloux. Alors il la souleva dans ses bras et prit la direction du palais.
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