Chapitre 3



Savana crut s'évanouir. Ses jambes déjà sensibles ne la portaient plus.

- Trois millions ? En êtes-vous certain ? Demanda-t-elle d'un souffle.

- Pensez-vous que je mens mademoiselle ?

- N..non, loin de moi cette idée, bredouilla-t-elle en parvenant à atteindre la table pour agripper ses mains à l'une des chaises.

Comment était-ce possible ? Aussi loin que ses souvenirs lui permettraient d'aller, Savana n'avait pas le souvenir d'avoir emprunter une telle somme à qui que ce soit. Mais son ex-mari.....

- Il me doit cet argent depuis longtemps, expliqua-t-il sans une once de compassion dans la voix : Et je suis certain que son ex-femme sait précisément où est cette somme, à moins qu'elle l'ait déjà dilapidé.

Terriblement blessée, Savana s'efforça de ne rien montrer. Comment pouvait-il penser ça d'elle ? Elle recommençait tout juste à revivre.

- Vous ne la connaissez pas, fit-elle valoir.

- Je n'ai pas besoin de connaître sa vie, je veux juste ce qui m'appartient.

- Est-ce une question d'honneur ? Demanda-t-elle en lui faisant face.

- Où voulez-vous en venir ? Demanda-t-il avec étonnement.

- Vous devez être riche à millions, alors je doute que vous vouliez récupérer cette somme parce que vous êtes au aboi.

Elle baissa presque aussitôt la tête, affreusement gênée d'avoir osé le défier.

- En effet je ne manque de rien, affirma-t-il lentement : Mettez ça sur le compte de mon honneur.

Savana s'essuya les mains sur le tissu de son pull et s'en alla vers la cuisine. Elle espérait pouvoir gagner un peu de temps mais hélas, le cheikh s'invita dans la cuisine.

- Vous semblez tenir à cette Savana, pourtant vous n'êtes qu'une locataire, lança-t-il avec son accent orientale assez déstabilisant.

- Je la connais assez bien pour être persuadé qu'elle n'a rien avoir avec les histoires de son ex-mari.

Il tiqua.

- Ça, c'est à moi d'en juger.

Savana ne préférait pas répondre et se retourna pour préparer le dîner. Ses mains se baladèrent sur le plan de travail un moment avant d'opter pour une valeur sûre. Depuis Max, Savana s'était replié sur elle-même. La peur faisait partie de sa vie à présent. Alors tenter de plaider la cause de Max après tout ce qu'il lui avait subir était au-dessus de ses forces. Tôt ou tard il devinerait qu'elle était la véritable Savana, alors il lui fallait absolument trouver cette somme d'argent. Elle songea à retirer les deux millions de dollars que son frère lui avait mis de côté mais elle savait déjà qu'il l'appellerait sur-le-champ pour savoir ce qu'elle en avait fait. Autrement dit, elle était fichue.

- Vous avez besoin d'aide ?

Elle dévia son regard dans sa direction et se sentit rougir sous son regard qui continuait de la transpercer de part en part.

- Il y a l'oignon à découper si vous voulez.

Il s'approcha, septique mais prêt à s'exécuter. Savait-il au moins le découper ?

- Vous n'êtes pas bavarde, c'est ma présence qui vous dérange ? Questionna-t-il à son plus grand désarroi.

- La présence des hommes en général, murmura-t-elle en épluchant la pomme de terre avec précision.

- Vous êtes une nonne ?

Savana ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire en espérant qu'il ne l'ait pas vu.

- Non.

- Donc vous détestez les hommes ? Insista-t-il.

- Plus particulièrement les curieux, dit-elle en posant la pomme de terre dans le saladier.

Il tiqua une seconde fois et elle pouvait sentir son sourire en coin.

- Je ne suis pas curieux, je tente de créer une conversation, rectifia-t-il.

- Non, vous cherchez à obtenir de moi des informations sur votre prochaine victime, se risqua-t-elle de dire d'une voix ténue.

Un silence s'ensuivit.

- N'est-ce pas moi la victime ?

- Si, seulement....je vous trouve bien...

- Bien quoi ? Nous ne connaissons pas mademoiselle Hood, coupa-t-il d'une voix à peine maîtrisée : Auriez-vous des dons de voyance ? Allez-vous m'énumérer mes défauts un par un ?

Savana se pinça les lèvres et leva la tête vers lui pour le fusiller du regard. Une chose qu'elle ne s'était pas permise depuis longtemps. Elle frissonna. Son visage était si proche que ses cicatrices paraissaient plus large. Elle baissa la tête et désigna l'oignon du menton.

- J'en ai un, vous êtes nul en cuisine.

Arik baissa les yeux sur l'oignon qu'il venait de martyriser. Il reposa le couteau et reporta son attention sur cette belle américaine totalement fermé et si triste. Il y avait quelque chose dans son regard de si étrange. De plus, elle boitait. Dans son pull informe on y distinguait une silhouette frêle.

- Je suis nul en cuisine, quoi d'autre ? Lança-t-il d'une voix plus amène, espérant engager une conversation avec cette mystérieuse Amélia.

- Je ne voulais pas me montrer insultante, vous avez entièrement raison, on ne se connaît pas.

En gros, Arik comprit qu'elle voulait en rester là. Habitué à être obéi sur l'instant Arik ravala son désire de la soumettre à ses questions.

- Bien, soupira-t-il en s'écartant du plan de travail : Je vais me réserver un vol pour le Mexique pendant que vous cuisinez.

Il s'installa sur l'une des chaises de la cuisine.

- Vous allez partir jusqu'au Mexique ? Demanda-t-elle le teint soudain pâle.

- Évidement, répondit Arik en envoyant un message à Hamid pour qu'il prépare son jet privé pour demain.

- Vous ne préférez pas attendre qu'elle revienne ?

- Et quand revient-elle je vous prie ?

Elle erra son beau regard d'hiver sur les dalles de la cuisine.

- Je l'ignore...

- Alors je n'ai pas de temps à perdre, conclut-il fermement en cherchant à vaincre cet accès de désir qui pulsait dans ses veines.

Savana continua de préparer le repas en songeant à s'enfuir à l'autre bout du pays. L'homme se mit à discuter avec son interlocuteur sur un ton cisaillant. Des ordres, des tas d'ordres sortaient de sa bouche. Il marchait comme un lion en cage. Était-il en train de préparer son départ pour le Mexique ou essayait-il de récolter des informations sur elle ? Elle ferma les yeux de désespoir mais se reprit très vite pour mettre la table. Les assiettes frottaient entre elles tant ses mains tremblaient. Il se détourna, oubliant son interlocuteur une seconde pour la regarder.

- Le dîner est prêt, annonça-t-elle pour justifier le bruit des assiettes.

Il inclina la tête en guise de réponse. Il raccrocha cinq minutes plus tard et s'installa en face d'elle. C'était un prince, il s'attendait peut-être à se faire servir ?

- Je vais me débrouiller merci, dit-il comme elle s'apprêtait à le servir.

Une angoisse monta en elle au moment de se servir. Elle devait appliquer les exercices de son psychiatre. Mais avec cet inconnu à sa table, Savana savait qu'elle n'y arriverait pas. De plus, il avait fait remonté des souvenirs insupportables. Alors elle ferma les yeux un instant avant de trouver la solution idéal à son problème.

- Vous n'avez pas fait la cuisine alors c'est à vous de servir.

Surpris, il la dévisagea un moment avant de s'exécuter le regard empli de questions.

À ce moment-là, Savana se demanda si elle allait tenir jusqu'au bout de la soirée.

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