Chapitre 2
Savana se recula en buttant contre la table tandis que l'inconnu refermait la porte pour échapper au froid. Glacée jusqu'à la moelle, Savana referma son châle contre sa poitrine avec une expression d'effroi sur le visage.
Arik se retourna enfin et profita de l'éclairage de la maison pour être enfin sûr de ne pas rêver. Non. Il ne rêvait pas. La jeune femme était d'une beauté à couper le souffle. Même effrayée elle se révélait aussi belle qu'un ange. Ses yeux étaient bleus azur, glacés. Comme si un voile d'hiver les recouvrait. Ses pommettes étaient rosées, sa bouche pulpeuse, son nez en trompette s'associait au reste de son visage au teint de porcelaine. Arik s'efforça de garder ses yeux dans les siens pour ne pas se laisser tenter de les faire descendre sur le reste de son corps. Malheureusement la jeune femme avait baissé les siens, respirant difficilement. Plus rapide, malgré cette sensation étrange qui l'avait immobilisé, Arik agrippa le tisonnier qu'elle venait de saisir.
- Je n'ai pas l'intention de vous faire du mal, dit-il en humant son odeur absolument enivrante.
Il se surprit alors de vouloir qu'une seule chose....qu'elle parle.
- Je vais appeler la police et...
- Je ne vais pas vous blesser, répéta Arik d'une voix où percé la stupeur par le son de sa voix.
Douce et tremblante.
Délicatement, il retira ses doigts solidement agrippés au tisonnier et le reposa sur la table.
- Je me suis laissé surprendre par la tempête, expliqua-t-il en reculant légèrement.
Le regard perdu dans le vide elle se redressa tout de même en serrant son châle contre sa chaire blanchâtre.
- Vous ne...faites pas partie des habitants du village, bredouilla-t-elle en déviant furtivement son regard dans le sien pour ensuite le rabaisser. Arik retint un soupir d'agacement. C'était évident, elle était complètement terrifiée. Tant que ses cheveux blond commençaient à s'échapper de son chignon.
- Non, vous avez raison, affirma-t-il en reculant encore, espérant lui montrer qu'il n'était pas dangereux : En réalité je cherche quelqu'un.
- Dites-moi et je pourrais peut-être vous aider, dit-elle en posant enfin sa paire d'yeux dans les siens.
Arik retint un léger sourire et répondit :
- Je cherche une certaine Savana Slovovitsh.
Savana retint son souffle et s'ordonna de rester impassible. Des petits points noirs se mirent à danser devant ses yeux.
- Elle n'est pas ici.
Son cœur battait si fort qu'elle ressentit le besoin de porter sa main sur son cœur.
- Donc vous la connaissez ? Déduit-il en la perçant de part en part avec ses yeux terrifiants.
La bouche entrouverte, Savana cherchait désespérément un moyen de se sortir de là. Solidement bâtit, l'inconnu s'imposait comme une démonstration de force. Pour dire vrai, elle n'avait jamais vu un homme aussi charpenté. Et ses cicatrices la faisaient frissonner. Seulement, Savana n'avait jamais vu cet homme de sa vie. Sur ses gardes elle répondit alors :
- Elle m'a loué son cottage pour quelques jours, mentit-elle sans un regret.
Il marmonna quelque chose qu'elle ne comprit pas.
- Et vous êtes ? Demanda-t-il d'une voix si rauque qu'elle avait à contenir son angoisse.
- Amélia Hood.
Surprise par son efficacité à lui mentir, Savana écarquilla les yeux sans le vouloir.
- Je suis enchanté Amélia, je me présente : Arik Dahazar.
Soulagée qu'il ne lui offre pas sa main pour qu'elle s'en saisisse Savana resserra son châle un peu plus autour de ses épaules.
- Vous êtes...un cheikh ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.
Il esquissa un faible sourire. Elle fixa sa cicatrice qui barrait sa bouche et mordilla la sienne.
- C'est exact.
Une question demeurait dans son esprit : Pourquoi était-il à sa recherche ? Qu'avait-elle fait pour susciter l'intérêt d'un prince ? Son visage acéré était comme taillé dans la pierre. Elle en frissonna.
- Savana Slovovitsh est au Mexique, dit-elle pour échapper au silence troublant qui venait de s'installer : Si vous désirez la retrouver je vous conseille de reprendre la route maintenant.
- Malheureusement ma voiture est bloquée, répondit l'homme du tac au tac.
Savana déglutit péniblement et trouva la force d'aller jusqu'à la fenêtre, espérant trouver une solution pour qu'il quitte au plus vite son cottage. Sa présence était lourde et inquiétante. Elle tira le rideau et se figea.
- Qu'espériez-vous en roulant dans un engin pareil ?
Elle se retourna sans le regarder et contourna la table.
- Vous avez raison, concéda-t-il en marchant dans sa direction ce qui la fit sursauter. Il s'arrêta net en fronçant des sourcils.
- Vous ne risquez rien mademoiselle Hood, je vous demande l'hospitalité pour cette nuit et demain je repartirais.
Savana inspira imperceptiblement en se demandant si elle devait céder. Prendre le risque de le renvoyer dans son bolide risquerait de causer sa mort. Même si tout portait à croire qu'il avait survécu à bien pire. De plus, elle ignorait toujours ce qu'il lui voulait. Une vague idée lui traversa alors l'esprit. Peut-être devait-elle accepter pour rassembler un maximum d'informations sur les raisons qui venaient de pousser cet homme à braver une tempête de neige dans l'unique but de la retrouver.
- Juste une nuit, murmura-t-elle alors.
Il se contenta de hocher brièvement de la tête et se redressa de toute sa hauteur en manquant de s'assommer avec la poutre en bois.
- Do...donner-moi votre manteau que je puisse le sécher, bafouilla-t-elle en tendant sa main tremblante dans sa direction.
Arik avait pour habitude de toujours rester impassible face aux malheurs des autres. Insensible à leur pitié et surtout de marbre lorsqu'ils se plaignaient. Sauf que là, Arik ne put rester insensible devant cette main tremblante. Devant ce regard suppliant de l'épargner.
Il lui tandis son manteau trempé pour mettre un terme à son supplice.
- Si vous avez froid, installez-vous près de la cheminée.
Arik fut tenté de lui dire qu'il avait le sang assez chaud pour tenir des heures sans ressentir le froid mais se retint, sous peine qu'elle lui rétorque de quitter la maison. Troublé plus qu'il l'aurait crû, Arik la suivit du regard quand elle monta les escaliers en prenant le soin de contourner les bassines installées sur les marches. Il s'approcha pour découvrir l'impensable. Savana Slovovitsh s'offrait un voyage au Mexique alors qu'elle avait une fuite de toit ? Une fuite sur le point de se transformer en un déluge, constata-t-il en grognant du fond de sa gorge contractée.
- J'ai une question mademoiselle Hood, lança Arik comme elle descendait l'escalier.
- Oui ?
- Comment se fait-il que vous ayez choisi ce cottage sur le point de s'écrouler plutôt qu'un autre ?
Savana s'attendait à cette question depuis cinq minutes et avait déjà réfléchi à la réponse.
- Je n'avais pas les moyens de m'offrir plus, et puis c'est juste une légère fuite.
- Légère ? Vous appelez ça légère ?
Elle réprima l'envie de fermer les yeux. Elle avait l'impression que la maison avait rapetissé.
- Il ne faut pas s'arrêter sur ce détail, rétorqua-t-elle enfin : Cette maison à du charme.
- Vous tremblez, fit-il remarquer avec sa voix si naturellement grave.
- J'ai juste un peu froid, répondit-elle brièvement : Puis-je vous poser une question à mon tour ?
- Allez-y.
- Que voulez-vous à Savana Poloskhïa ?
Il étouffa un rire amer.
- Il y a quelques jours j'ai eu la désagréable surprise d'apprendre que son mari...
- Ex-mari, rectifia Savana le ventre noué à la seule allusion qu'il puisse l'être encore.
- Peu m'importe, dit-il d'une voix désintéressée : Il me doit trois millions de dollars et j'ai bien l'intention de les récupérer.
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