Chapitre 19



Flashback :

D'une main tremblante Savana écarta la mousse de l'eau pour y voir les reflets de ses bleus. Tremblante de la tête aux pieds elle dévisagea la salle de bain en quête d'une réponses à ses multiples questions. Grimaçante, elle tentait tout de même de se laver les cheveux. Mais son bras gauche était si douloureux qu'elle se glissa dans l'eau tiède jusqu'à disparaître complètement dans l'eau et coupa sa respiration. C'était peut-être le moment d'en finir, songea-t-elle en ouvrant les yeux, éblouit par les néons qui reflétaient à la surface de l'eau. Ses poumons se remplissaient...pourtant elle continuait à retenir sa respiration le ventre noué. Les battements de son cœur ralentissaient. Le monde n'avait jamais été aussi sombre qu'à cet instant. Elle avait l'impression que tout devenait froid, obscure. La seconde suivante elle fut remonter par une poigne agrippant ses cheveux fermement. Les yeux exorbités, Savana expulsa son air en toussant et agrippa le rebord de la baignoire.

- Tu penses que c'est le moment de t'amuser ! Lui jeta-t-il à la figure en resserrant sa prise sur ses cheveux.

Après quatre coups frappés, il la tira la fit choir par terre sur le carrelage froid.

Savana s'arracha à ses souvenirs en brassant l'eau pour sortir de la baignoire. Un sanglot noua sa gorge alors qu'elle enjambait le rebord en marbre désespérément. Une fiole se brisa à ses pieds après qu'elle ait buté contre le meuble. L'huile coula sur le sol.

- Mademoiselle ?

Azima se figea sur le seuil. Apeurée, la jeune étrangère attrapa un linge pour se cacher et se laissa tomber sur le tabouret les lèvres tremblantes.

Les deux petites n'avaient pas menti. Azima avait pourtant refusé d'y croire. Son regard tomba sur ses jambes jalonnées de cicatrices et s'efforça de garder une attitude neutre.

- Je suis désolé pour la fiole.

- Oh...ça ne fais rien, dit-elle d'une voix rassurante en s'approchant d'elle ; Ce n'est rien qu'un peu d'huile.

Savana tentait de contrôler en vain ses tremblements tout en serrant le linge contre son corps nue.

- Vous êtes Mina ?

- Azima, rectifia la femme à qui elle donnait une quarantaine d'années ; Allons, laissez-moi vous aider.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de faire un bond, Azima l'entoura d'une serviette en coton. Comme une mère s'occupant de son enfant elle lui frotta les cheveux puis son corps entièrement nue et glacée par la honte. Plus tard, Savana était vêtue d'un tissu léger et assez long pour cacher ses jambes. Combien de temps encore elle aurait honte de ses jambes ?

Installée devant la coiffeuse, Savana baissa tristement les yeux sur ses mains liées.

- Mesdemoiselles ?

Savana releva la tête quand deux jeunes filles n'ayant pas plus de seize ans entrèrent timidement dans la chambre.

- Voici Zafina et Mina, dit Azima en commençant à répartir ses cheveux avec un peigne.

- Mademoiselle...

En chœur, elles la saluèrent en exécutant une petite révérence.

- Allez-donc prévenir sa majesté qu'elle ne se sent pas bien à cause du décalage horaire et qu'elle le rejoindra demain matin pour le petit-déjeuner.

Les demoiselles ne semblaient pas captivées par la demande d'Azima. Toutes les deux choyaient ses cheveux du regard.

Azima leva les yeux au ciel.

- Voulez-vous une loupe ? S'enquit-elle en les ramenant à la réalité ; Vous aurez tout le loisir d'embêter mademoiselle Slovovitsh demain et les jours suivant.

Une petite courbette et les deux jeunes filles disparurent dans la couloir tout en chuchotant.

Azima lâcha un soupir de lassitude en peignant ses cheveux.

- Ce sont vos filles ?

- Grand dieu non ! S'exclama-t-elle en riant ; Mes pauvres nerfs n'auraient pas supporté ces deux tempêtes.

Savana sourit mais restait tout de même intriguée.

- Le palais fait office d'université chaque année, expliqua-t-elle en s'emparant de la brosse à cheveux ; Une aile est réservée à des cours pour des jeunes filles qui veulent devenir préceptrice.

- Comme vous ? Demanda-t-elle timidement.

- Je suis bien plus que ça mais oui, essentiellement.

- Cela veut dire que vous vous êtes occupé du cheikh lorsqu'il était enfant ?

- Oui, murmura-t-elle en souriant ; Il avait une dizaine d'années lorsque je suis arrivée au palais ; c'était un petit garçon adorable.

Savana esquissa un sourire puis baissa les yeux.

- Je suis navrée pour tout à l'heure je...

- Ce n'est pas grave, coupa Azima si doucement qu'elle sentit son cœur se serrer ; Vous êtes fatiguée, conclut-elle avec un sourire chaleureux ; Vous devriez vous reposer et demain, vous serez en forme pour profiter du palais.

Elle acheva sa tresse et lui appliqua un produit sur les cheveux. L'odeur était agréable et particulièrement aromatisé de jasmin. Peut-être une tradition, conclut-elle en se levant.

- Merci pour tout Azima.

Elle lui sourit comme une mère à sa fille. Ce moment suffit à lui déchirer cœur. La dernière fois que sa mère lui avait souri ainsi c'était pour lui demander ce qu'elle avait bien pu faire à Max pour qu'il la frappe.

- Dites au cheikh que je suis navrée de ne pas être là pour le dîner, dit-elle avant qu'elle ne franchisse le seuil de la porte.

Avec un sourire entendu elle disparut après avoir refermé la porte. Oui elle était terriblement navrée de ne pas pouvoir dîner en sa compagnie. Néanmoins elle n'avait pas la force de le revoir après cette crise d'angoisse dont Azima avait été témoin, sans jamais la commenter. La tentation de prendre un bain dans cette baignoire luxueuse lui avait coûté ce soir. Plus jamais elle ne recommencerait. Que serait-elle devenue si le cheikh avait ouvert cette porte à la place d'Azima ? La voir ainsi recroquevillée sur ce tabouret, complètement nue. Un sentiment de honte la submergea alors qu'elle fermait les volets. Mieux valait dormir, songea-t-elle en écartant les voiles.

Arik peinait à conserver son calme. Voilà une heure que les deux étudiantes l'avaient informé sur l'absence de Savana au dîner. N'ayant plus le cœur à manger, il avait renvoyé les plats en cuisine et s'était enfermé dans son bureau. Il y avait certainement une explication. Elle avait l'air si heureuse tout à l'heure. Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'elle change d'avis ? Il comptait sur Azima pour répondre à sa question.

- Votre altesse ? Vous vouliez me voir ?

Il se leva d'un bond pour faire face à Azima.

- Alors ? Que se passe-t-il ?

Azima ne tarda pas à comprendre l'origine de sa question et y répondit avec une triste mine.

- Je l'ignore, avoua-t-elle se secouant de la tête ; Elle a fait tomber une huile quand je suis entrée et elle semblait pétrifiée alors j'ai préféré annuler sa présence à table.

Un accès de colère lui monta à la gorge. L'idée qu'il puisse être écarté des moments difficiles qu'elle traversait ne lui plaisait guère. Mais il ne pouvait pas en vouloir à Azima d'avoir avisé la situation comme elle s'était présentée.

- Pourquoi ne pas m'avoir appelé ? Demanda-t-il tout de même.

Azima demeura muette et hésitante puis répondit ;

- Elle était nue votre altesse, la situation était délicate.

Arik se contenta de hocher brièvement sa tête et se renfrogna. Nue ou pas, c'était à lui de l'aider. De plus, Arik était un homme respectueux, il aurait su l'aider en refoulant dans un coin de sa tête le désir qu'il éprouvait pour cette femme. Il se rassit lentement, se croyant fou. Oui. Il devait sans doute être fou.

- Merci pour ton aide Azima, murmura-t-il en faisant maintenant face à l'horizon.

La porte se referma doucement.

Arik observa alors le paysage qui s'offrait à lui en se promettant de lui montrer un jour, le ciel nocturne de Dahazar.

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