Chapitre 16



Complètement déboussolée, Savana étudia le visage de son frère puis celui du cheikh. Ils semblaient nerveux, tendus. Savana ne perdit pas de temps pour s'engouffrer dans le bureau de son psychiatre, pressée de découvrir l'origine de cette entrevue longue et chargée de mystères.

- Quelqu'un peut me dire ce qu'il se passe ? S'enquit-elle lorsque la porte fut refermée.

- Installe-toi Savana.

Elle s'exécuta et déposa sa béquille sur le sol. Le Dr West lui expliqua alors la proposition surréaliste du cheikh. Eberluée, sous le choc, Savana demeura paralysée sur la chaise en considérant son psychiatre comme s'il était fou ou devenu malentendant. Le cheikh n'aurait jamais pu proposer une telle chose ! C'était insensé ! Non Savana refusait d'y croire.

- Vous êtes sûr que vous avez bien entendu Dr ? Questionna Savana en avançant sa tête vers lui.

- Nous débattons depuis bientôt une heure, dit-il en consultant sa montre ; Il n'y a pas d'erreur.

- Mais c'est insensé ! S'écria-t-elle alors en secouant de la tête pour endiguer le choc ; Pourquoi voudrait-il faire une telle chose pour moi ?

Il soupira n'ayant pas lui même la réponse.

- Savana, commença-t-il doucement ; Que pensez-vous de lui ?

Elle battit des paupières rapidement, son cœur se mit à battre contre ses tempes de le savoir juste derrière la porte.

- Il est différent et....très imposant comme vous avez pu le remarquer mais...

- Mais ?

Elle se pinça la lèvre et se pencha en avant.

- Pourquoi s'intéresse-t-il à moi ? Chuchota-t-elle à voix basse.

- Je ne sais pas et vous ? S'enquit-il en souriant.

- Mais c'est à vous de me le dire ! S'exclama Savana toujours à voix basse ; C'est vous le médecin non ?

Voyant qu'elle perdait pieds, Savana se toucha les cheveux en baissant la tête. Son cœur ne cessait de battre plus fort et plus vite aussi. Cette proposition aussi surprenante soit-elle lui donna de quoi réfléchir. Mais aurait-elle le courage de dépasser ses peurs pour quitter New-York ? Au plus profond de son être, Savana aimait la présence d'Arik. Son imposante carrure athlétique ne l'effrayait pas au contraire. Elle y décelait quelque chose de rassurant. Quant à sa façon de la regarder...Savana en frissonnait encore.

- Est-ce que vous vous sentez en confiance avec cet homme ? Avez-vous envie d'y aller Savana ?

La question était trop prématurée pour y répondre sur-le-champ. Le Dr West lui donna alors le temps d'y répondre. Au bout d'un moment qui lui parut infini elle se décida à répondre en toute honnêteté.

- J'ai confiance en lui, lâcha-t-elle d'un souffle ; Mais j'ignore pourquoi, reprit-elle avec une pointe désespérée dans la voix.

- Alors vous seriez prête à le suivre ?

Elle se mordit la lèvre en frottant le tissu de sa robe lavée et repassée sous les soins du cheikh.

- Doucement, murmura-t-il d'une voix rassurante en la voyant perdre le contrôle.

Peu à peu elle cessa de frotter sa paume contre sa robe.

- Si j'y vais que va-t-il m'arriver ?demanda-t-elle d'une voix presque inaudible.

- Rien, répondit le Dr West en se redressant ; Vous aurez le contrôle absolu de ce voyage, le cheikh a été très clair, vous pouvez partir à tout moment.

- Alors j'y vais, dit-elle précipitamment ; Peut-être...que le paysage m'aidera dans ma thérapie non ?

- Un peu de changement ne fait jamais rien de mal au contraire.

Ses mains se crispèrent sur le tissu. Partir si loin avec un homme qu'elle connaissait à peine était terrifiant et excitant à la fois. De plus elle caressait l'idée d'une balade à cheval.

- Je vais les prévenir, annonça-t-il en se levant prestement.

Arik frappait sa jambe contre le sol nerveusement. Le bon côté qu'avait eu cette attente insupportable, fut les excuses que lui avait présenté Zakhar après cinq minutes de silence. Il avait toutes les raisons de s'inquiéter pour sa sœur. En tout honnêteté, Arik préférait ça à un désintéressement total sur ses intentions vers elle.

La porte s'ouvrit. Enfin.

Presque en même temps, ils se levèrent tous les deux, pressés l'un l'autre de connaître le verdict. Peu importe la réponse, songea Arik. Il était prêt à repartir chez lui sans elle. Même si cette idée lui était inconcevable.

- Veillez me suivre.

La note étrangement calme qu'avait émis le Dr West était quelque peu rassurante.

- Après un long échange, Savana à décidé d'accepter la proposition de son altesse.

Arik empêcha son intérieur de réagir et réprima un soupir de soulagement. Prudemment il posa son regard sur la jeune femme et capta presque aussitôt son regard.

- Tu es sûre mon ange, insista son frère.

Elle hocha de la tête pour toute réponse. Zakhar s'inclina devant sa décision.

- Je veux l'avoir au téléphone deux fois par semaines, déclara le Dr West en s'adressant à lui.

- Bien évidemment, approuva Arik en enfonçant ses mains dans les poches de son manteau.

S'ensuivit une série de recommandations. Arik les écoutait avec attention même si son regard se déviait constamment vers elle. Dehors, le vent se mit à hurler par des dizaines de bourrasques. Arik lutta pour ne pas la protéger du froid et s'engouffra seul dans sa voiture personnelle.

Savana pénétra dans celle de son frère. Pourvu qu'il ne la fasse pas changer d'avis, pensa-t-il en donnant des instructions claires à Hamid au téléphone.

- Tu es sûre Savana ?

Elle ferma les yeux après avoir suivi du regard la voiture du cheikh s'engager dans la circulation.

- Certaine.

- Pourquoi ne m'as-tu pas dit pour le cottage ?

- Parce que je voulais me débrouiller par moi-même, répondit-elle fermement.

Son frère secoua de la tête visiblement dépassé par les événements.

- Mais je t'ai donné de l'argent.

- Ce n'est pas le mien, rétorqua Savana en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

- Bien-sûr que c'est le tien, insista son frère, c'est ton héritage du moins une partie de ton héritage.

Il prit sa main pour la porter à ses lèvres.

- Je t'aime, tu le sais n'est-ce pas ?

Savana ne put lutter contre les larmes qui roulaient sur ses joues.

- Et c'est pour cette raison que je dois essayer de me battre pour m'en sortir, expliqua-t-elle d'une voix éraillée ; Tu ne pourras pas toujours t'occuper de moi Zakhar, tu viens de te fiancer à une femme exceptionnelle ; Je veux que tu sois heureux maintenant.

Il serra les dents, le regard rivé sur la route, luttant clairement contre l'émotion qui le submergeait.

- Et je veux que tu sois heureuse aussi, répliqua-t-il en lâchant sa main.

- Il me faut du temps, murmura-t-elle détournant son visage vers la fenêtre.

- Je sais, murmura-t-il.

- Me savoir loin de lui me permettra peut-être d'apaiser mes peurs, ajouta Savana en faisant allusion à son ex-mari.

Son frère ne répondit rien et lâcha une imprécation très claire.

Une fois arrivée au cottage, Savana évita ostensiblement les bassines qui récupéraient l'eau et monta à l'étage sans prendre en compte de la légère réprimande de son frère.

Le cheikh devait passer la prendre dans une heure et elle ne voulait rien oublier. Un soupir tremblant s'échappa de ses lèvres. Car son avenir n'avait jamais été aussi incertain qu'aujourd'hui.

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