Chapitre 11
Savana n'était pas sûre de ce qu'elle faisait mais était prête à se donner une chance. Après tout que risquait-elle ? Tant de choses !
- C'est une idée, approuva ce dernier d'un hochement de tête bref.
Savana espérait ne pas se tromper en acceptant de l'accompagner. Une angoisse l'envahit à la seule pensée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Il s'en aperçut et déclara :
- Vous ne serez pas ma prisonnière, vous serez libre de partir à n'importe quel moment.
Elle lut dans ses yeux une sincérité intacte. C'était un homme de parole. N'avait-il pas promis à son peuple de gagner cette guerre qui avait fait rage dans son pays ?
- Je vais chercher quelques affaires, l'informa-t-elle en grimpant l'escalier.
Sa présence se fit sentir derrière elle, comme s'il s'attendait à ce qu'elle tombe...Savana ignora cette marque d'attention qui dans son esprit n'avait pas la même signification et alla chercher quelques affaires ainsi que ses médicaments. Lorsqu'elle redescendit en se tenant à la rambarde elle aperçut sa silhouette imposante aller et venir dans le salon. Pourquoi semblait-il nerveux ?
- Je suis prête, annonça Savana en prenant sa béquille.
Il se détourna, l'air stupéfait.
- Eh bien ! Vous êtes la femme la plus rapide du monde, commenta-t-il en esquissant un sourire neutre.
Sa voix grave ne manqua pas de la faire frissonner. Pourtant il fallait garder la tête froide, songea-t-elle en peinant à soutenir son regard. Elle enfila son manteau, saisit son sac et quitta le cottage sans ressentir la moindre déception de le quitter. La faon avait détruit sa cuisine et elle n'avait pas la force de tout nettoyer. Ce soir elle voulait combattre ses peurs, ses angoisses, résister à ses tremblements. Pour ce faire, Savana pénétra dans cette voiture luxueuse et lui tendit sa béquille qu'il s'empressa de mettre à l'arrière. Quand il ferma la portière, elle sut qu'elle ne pourrait plus faire demi-tour. Son imposante carrure s'installa à coté d'elle. Instinctivement, elle se sentit obligée de comparer Max et le cheikh : Max n'avait pas cette forme de puissance qui émanait du cheikh, entourant sa silhouette comme un halo. Max était physiquement un homme simple, d'ailleurs elle ne se rappelait plus ce qui l'avait poussé à l'épouser. Le Dr West n'avait pas mit longtemps à établir le profil de son ex-mari. L'impuissance...cette sensation d'être inférieur aux autres l'avait conduit à vouloir la dominer, la plier à ses exigences...se montrer à lui-même qu'il n'était pas inférieur. Il l'honnissait en public, exposait son corps à ses collègues comme un trophée....Savana ferma plusieurs fois les yeux pour quitter ses sombres pensées. Puis établit celui du cheikh. Il n'avait pas besoin de s'épuiser à montrer sa force, elle se dégageait de lui...plus forte chaque seconde. Son regard acéré pouvait exiger de n'importe quelle personne du respect, une volonté absolue. L'image même de la virilité...une virilité presque agressive : Le mâle conquérant, puissant, capable d'affronter n'importe quel danger. Sa barbe taillé à la perfection soulignait ses traits volontaires, fermes. Ses yeux striés par de légères rides lui donnaient l'air sévère.
- Mademoiselle Slovovitsh, ne seriez-vous pas en train de m'étudier par hasard ? Lança l'homme avec un sourire ironique.
Prise la main dans le sac, Savana tourna vivement la tête en direction de la route et secouant sa tête, les joues rouges.
- Je regardais par votre fenêtre, se justifia-t-elle lamentablement.
Il rit doucement.
Son rire était grave, si rocailleux qu'un frisson presque sensuel vint se loger contre sa nuque. Plusieurs minutes plus tard, il se gara devant le Mandarin Oriental, New York, un hôtel situé près de central Park.
Un homme vêtu de noir se dirigeait dans leur direction mais très vite le cheikh s'imposa et le stoppa net. En moins d'une seconde il fit le tour de la voiture pour lui ouvrir lui-même la portière. Apaisée, elle quitta la voiture en cachant sa robe couverte de suie. Seigneur !
Nerveuse elle récupéra sa béquille et le suivit dans l'hôtel. Les regards des clients et du personnel se posèrent sur eux. Savana se sentait observée de toute part. Pour couronner le tout, le cheikh posa une main dans son dos pour la guider. Ce geste pourtant banal suffit à l'empourprer.
- J'ai de la suie sur ma robe, je ne me suis pas coiffée, dit-elle nerveusement.
- Vous êtes parfaite, assura-t-il la seconde suivante : C'est moi qu'ils regardent, pas vous.
Hélas, Savana savait qu'il mentait pour apaiser ses angoisses. De plus, il s'était adapté à son allure : Lui donnant l'impression d'être un boulet. Si seulement elle pouvait courir comme autrefois, pensa-t-elle en serrant les dents, les yeux fixés sur l'ascenseur qui n'était plus qu'à quelques mètres.
Arik restait sur ses gardes à l'affût du moindre mouvement suspect. Les paparazzis qui s'employaient à le suivre depuis des jours n'auraient aucun scrupule à prendre une photo de Savana. Soucieux de la garder secrète, il fit en sorte de la cacher en s'imposant près d'elle comme une épaisse masse noire. Une fois certain qu'elle soit à l'abris, Arik se détendit légèrement et baissa la tête vers elle. Ses longs cils blonds se déployaient au rythme de ses battements de paupières. Elle tenait sa béquille comme une arme dérisoire. Elle avait bien raison, s'écria-t-il intérieurement quand ses hommes s'avancèrent vers l'ascenseur avec leurs armes en évidence alors qu'il avait prit soin de toujours dissimuler la sienne pour ne pas effrayer la jeune femme.
Un mot fut suffisant pour qu'ils s'éloignent de l'ascenseur. Hamid ouvrit la porte de sa suite et s'inclina dans sa direction.
- Votre majesté, salua-t-il après s'être incliné.
Savana observa l'homme qui devait être le fameux Hamid. Dans son regard, elle lut un profond respect pour son roi ou prince...peu lui importait, songea Savana en se mordant l'intérieur de la joue. Après cette soirée tout lui laissé croire qu'il n'y aurait plus de lien entre eux.
- Savana je vous présente Hamid, mon bras droit et ami.
Elle s'efforça de lui sourire chaleureusement sans jamais baisser la garde.
- Enchanté monsieur, dit-elle sans jamais lâcher sa béquille.
- Venez, chuchota Arik nerveusement.
Que lui prenait-il pourquoi semblait-il si tendu ? Avait-il peur qu'elle fuit cette armada d'hommes balayés eux aussi par les vents du désert ? À vrai dire elle y avait songé.
Elle le suivit dans la suite décorée avec goût. Tout lui indiqué qu'il séjournait dans la suite royale. Le mobiliers était moderne, luxueux avec une touche d'Orient finement représentée.
- Installez-vous sur le canapé, j'en ai pour une minute, annonça-t-il en prenant son petit sac noir pour le poser sur la table.
Arik quitta le salon en prenant soin de refermer les portes coulissantes. Une discussion avec Hamid s'imposait.
- Renvoie mes hommes, ordonna-t-il en retirant son manteau : Qu'ils s'adonnent à une passion que de surveiller ma suite !
- Mais vous êtes le roi, lui rappela-t-il en esquissant une petite révérence.
- Mon père avait peut-être l'habitude d'être suivi dans ses moindre faits et gestes mais ce n'est pas mon cas...Hamid, répliqua-t-il fermement : Je sais me défende.
- J'en conviens, concéda Hamid.
- Savana Slovovitsh est ici pour dîner et je n'ai pas la moindre envie qu'elle se sente oppressée : ajouta Arik les traits tendus.
- Vous semblez l'apprécier, fit-il remarquer avec un sourire.
Arik ne sut quoi répondre.
- Elle est différente, malheureuse, d'une beauté à couper le souffle, énuméra Arik en fixant les portes closes : Je ne sais pas pourquoi ni comment c'est possible mais elle m'apaise.
- Il est vrai que vous ne vous êtes pas mit en colère depuis hier, nota Hamid pince-sans-rire.
Arik n'avait pas la moindre envie de rire. Pourtant Hamid disait vrai. Il n'avait pas ressenti cette rage, cette colère l'envahir aujourd'hui. Il se contrôlait. Par miracle, son visage n'avait ni les traits d'un monstre ni l'expression inhumaine qui le caractérisé selon la presse.
- Je veux qu'elle passe un bon moment, je veux...j'exige la voir sourire, dit-il fermement.
Hamid demeura muet mais son sourire en coin en disait long sur le cours de ses pensées.
Lorsqu'il fut définitivement partit, Arik rouvrit les portes coulissantes et la trouva près de la baie vitrée, contemplant le soleil se coucher.
Arik prit conscience alors de la chance qui lui était donnée, et il ne fallait surtout pas qu'il la laisse passer.
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