☁️ | Bien Sûr Que Tu Connais La Réponse (3)
🔞 Comme annoncé précédemment, ce chapitre est à éloigner des enfants... 😏 Bonne lecture ! 🔥
2 ans plus tard
Je viens à peine de m'assoupir que déjà, je crains mon réveil. Lasse et moralement épuisée, je rejoins Morphée étendu comme à son habitude contre l'immense rocher enveloppé par la brume. Présent sans vraiment l'être, j'observe avec un pincement au cœur les traits de son visage figés dans une souffrance éternelle.
Mais je ne peux rien y faire.
Alors je me détourne rapidement de lui, et prends place à ses côtés dans un silence pesant, trop lourd à supporter en cette soirée éreintante.
Je n'interpelle pas Morphée, me contente simplement de poser ma tête sur son épaule, si bien qu'il ne remarque pas tout de suite ma présence. De longues minutes s'écoulent sans qu'aucun de nous ne fasse le moindre geste, le moindre bruit, jusqu'à ce que l'ombre de ses doigts balaie l'air pour survoler ma joue, m'invitant d'une caresse paisible à relever la tête. Néanmoins je demeure immobile, incapable de poser mon regard sur lui, et ses phalanges se contractent en retour, m'obligent à plonger mes yeux larmoyants dans l'émeraude magnifique des siens.
— Ophélia…
Son souffle effleure mon visage. Je crispe ma mâchoire, lutte pour ne pas m'effondrer contre lui. Il souffre déjà suffisamment pour avoir à affronter ma douleur, je ne peux pas lui infliger ça. Tous ces sentiments, il n'en a jamais voulu.
C'est pourquoi j'attends que son emprise se relâche pour m'en échapper, dévier violemment et lui tourner le dos. Je l'entends soupirer, probablement exaspéré par mon comportement enfantin, avant que sa voix ne résonne, plus autoritaire que précédemment :
— Ophélia.
Son ordre taciturne à me retourner me fait frissonner de la tête aux pieds quand j'imagine toutes les choses qu'il pourrait exiger de moi, de ce même ton sévère et dominant.
Les sanglots sont toujours là, coincés dans ma gorge telle une boule d'angoisse jamais dénouée. Elle est semblable à une pelotte de laine, et lorsque Morphée enroule son bras puissant autour de ma taille, c'est comme s'il s'amusait à tirer sur le fil, la défaire petit à petit à mesure que son étreinte se prolonge. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'autre que l'extrémité de ce fil suspendu au fond de ma gorge, et il chatouille, chatouille, chatouille… avant d'exploser à la naissance de mes lèvres dans un gémissement plaintif, ô combien douloureux qui me déchire les cordes vocales.
Le début de la fin.
Morphée m'attire contre lui, face à lui, et ses mains protectrices glissent dans mon dos, par-dessus le bout de tissu – plus qu'un débardeur – qui me sert de pyjama en cette nuit beaucoup trop chaude de fin d'été : c'est l'inconvénient de loger en pleine saison dans un appartement en bord de mer et sans climatiseur.
De toutes manières, ça ne sera bientôt plus le cas.
Mes poings comprimés entre nous, je tente de ravaler mes larmes, mes geignements illégitimes vis-à-vis de sa propre souffrance, en vain. Je me hais de ne pas parvenir à me maîtriser, à taire le cri de mon cœur face au silence du sien. Alors je plaque mes mains devant mes lippes, empêche le moindre son de s'en évader.
C'est ce moment que choisit Morphée pour saisir mon visage de force, me contraindre à relever la tête afin d'entremêler nos regards l'un à l'autre. Il s'empare soudainement de mes poignets, presque trop violemment quand il se jette sur mes lèvres découvertes et avale mes gémissements décousus.
— Mor…
Brûlante et désorientée, je couine son nom dans un souffle perdu qui meurt aussitôt sur la moiteur de sa langue. L'une de ses mains empoigne ma nuque tandis que l'autre étreint puissamment mes hanches. Il me dévore, savoure l'antre de ma bouche d'une ferveur indescriptible.
À mesure que nous nous essouflons, le baiser devient plus doux, plus léger, – plus prude, aussi – et telle une plume, ses lippes effleurent une dernière fois les miennes avant qu'il ne se sépare de moi.
Il va s'arrêter là ? Vraiment ?
J'ai envie de pleurer et hurler, taper des poings et tout fracasser, n'importe quoi pour révéler l'ampleur de ma frustration.
Hors d'haleine et le cœur battant à tout rompre, j'essaye tant bien que mal de reprendre mon souffle. Toutefois ce n'est pas tâche aisée lorsque mes yeux sont rivés à ses lèvres rouges et gonflées qui m'appellent indéniablement à réitérer l'expérience, ni lorsque ses paumes incandescentes embrasent mes côtes, dessinent des formes circulaires sur les parcelles de peau dévoilées suite à notre baiser pour le moins annonciateur de son état d'esprit.
À quoi pensais-tu pour t'abandonner de la sorte, mon amour ?
Ses yeux verdoyants rivés aux miens, il semble me supplier de faire quelque chose. Quoi ? Je n'en ai aucune idée. C'est pourquoi mon premier réflexe est de poursuivre ce qu'il a commencé.
J'approche mon visage du sien, nos soufflent se mêlent en une valse à la synchronisation parfaite, et lorsque je me penche dans une invitation évidente à le faire succomber… il se contente de survoler ma joue et murmurer à mon oreille, le timbre atrocement enroué :
— Que s'est-il passé ? Vous avez pu discuter ? poursuit-il avec davantage de recul sans jamais me lâcher des yeux. Tu lui as dit tout ce que tu voulais ? Il l'a compris ?
Évidemment. Ça ne pouvait être que ça.
Des remords. Une culpabilité bouffante qui le ronge autant que moi par ses actions.
Il ne m'a pas embrassée parce qu'il le voulait, mais seulement car mes sanglots l'insupportaient. Et maintenant, il regrette, cherche à justifier ses actes et prétendre qu'il n'a rien fait de mal.
Ô Morphée, n'es-tu pourtant pas celui à m'avoir dit que rien de tout ce qui se passera ici ne sera réel ?
Tu préfères écouter ta honte que tes propres paroles, toujours ignorer mon désir et le tiens pour te donner un semblant de bonne conscience, alors que tout ce que nous sommes, ce que nous représentons l'un pour l'autre est déjà d'une malsainité sans limite.
— Ariel ? insiste Morphée tandis que je baisse la tête, déçue de lui, de ce nous qui ne mérite même pas d'exister.
S'il tient à ce point à ce point à préserver son image de dieu irréprochable, soit. Je ne serais pas celle à l'en empêcher. Mais je veux qu'il contemple les dégâts qu'il cause, parce que cette fois, les larmes qui me brûlent les yeux sont le résultat de son œuvre.
— Tu sais quoi Morphée ? craché-je en redressant vivement mon visage face au sien. Va te faire foutre, toi et tes remords.
Sans attendre sa réaction, je me lève et commence à marcher, tout pour m'éloigner le plus possible de lui.
C'est ridicule – foutrement ridicule, même ! – mais je n'ai pas la moindre envie de me réveiller, ni de patienter que sa déité daigne admettre ses torts.
En réalité, je ne veux même pas entendre ses excuses, parce que je sais que j'y succomberai, encore et toujours. Je lui pardonnerai de brûler mon cœur, et il reproduirait l'expérience jusqu'à ne plus laisser de mon palpitant que de funestes cendres, sans espoir de résurrection.
Quand bien même étendre la distance qui nous sépare en ce lieux inexistant est théoriquement impossible, je m'en contre fiche éperdument. Parce que Morphée n'est plus à côté de moi, à me rabâcher toutes ses absurdités et tenter de me convaincre, et que mon corps se mouvoie au pas de course, à un rythme suffisamment soutenu pour m'épargner le déplaisir de son absence.
Du moins c'était avant qu'il n'attrape mon poignet, me retourne dans son entreprise et me demande, la mine sincèrement interloquée :
— Mais à quoi tu joues ?
Je l'examine de la tête aux pieds, en m'attardant expressément sur son torse qui se soulève à un rythme effréné.
Bon sang, à quoi il joue, lui ?
— Euh… Morphée, t'as vraiment courru pour me rejoindre ?
Il se retourne à moitié et constate la dizaine de mètres qu'il a traversé à la hâte, sans réfléchir une seule seconde qu'il aurait simplement pu souhaiter être à mes côtés pour se tenir face à moi.
— Et merde, jure-t-il en passant sa main sur son visage suite à ce constat.
Peu habituée à un tel lâcher prise de sa part, je demeure pantoise, immobile et muette, en attente de sa réaction. À ma grande surprise, ses doigts toujours enroulés autour de mon poignet se dessèrrent lentement pour fondre au creux de ma paume, s'enlacer à ma main dans une étreinte tendre et chaleureuse qui se faisait affreusement désirer en cette nuit foireuse.
Il soupire un instant, puis plonge ses prunelles ombrageuses dans les miennes.
— Comment ça s'est passé ? réitère-t-il sa question plus doucement.
Je me pince les lèvres, peu emballée par l'idée de lui avouer. Néanmoins il mérite de savoir. Après tout ce qu'il m'a refusé au nom de ma relation avec Thibault, il mérite cette vérité que j'ai toujours clamée, l'évidence d'un échec inéluctable.
— II… Il n'était pas étonné. Mais il s'est énervé, il pensait que ce serait passager – ce n'est pas la première fois qu'on traverse quelque chose du genre –, et puis il m'en veut d'avoir autant attendu pour le lui dire.
En effet, cela faisait déjà quelques mois que j'envisageai notre rupture, doutant constamment de mes sentiments, pesant le pour et le contre d'abandonner notre relation après six ans. J'ai essayé de raviver ma flamme autant qu'il m'était possible de le faire. Mais il était trop tard, elle s'était éteinte depuis trop longtemps pour qu'un simple souffle suffise à lui redonner vie. Pourtant, ce n'était pas faute de me persuader du contraire : j'étais convaincue d'encore ressentir des choses pour lui – pas aussi fortes que pour Morphée, mais jusque là, rien de nouveau sous le soleil.
Demeurer auprès de Thibault, c'était une certitude d'avenir à laquelle j'ai toujours cru. Nous avons pris notre indépendance ensemble, c'est grâce à lui que j'ai pu me séparer de l'emprise toxique de mes parents. Nous coulions le parfait amour et rien ni personne ne pouvait entacher ce futur qui nous accueillait à bras ouvert, excepté Morphée.
Mon ami. Mon amour. Mon secret.
Il a été le premier à me pousser vers Thibault, me conseiller, me soutenir lors des querelles que nous pouvions rencontrer, tout pour me laisser la chance de vivre ma vie, comme il s'évertuait à me le repéter. Néanmoins c'était sans compter sur l'emprise qu'il détenait sur mon cœur, hier, aujourd'hui et demain.
Durant six longues années, je me suis voilée la face, faisant abstraction de toutes les sensations que me procurait Morphée la nuit, pour me contenter de la fadeur des baisers de Thibault une fois le soleil levé. Tous les soirs, c'était un tour complet de montagnes russes dont les virages sans cesse renouvelés ne faisaient qu'accroître mon empressement du tour suivant. Et entre chaque tour, la contrainte d'un passage au minuscule circuit pour enfants : des voiturettes trop étroites pour permettre de s'y sentir à l'aise, un volant fictif pour laisser croire à une liberté de chemin, alors que l'engin suit la route aux rails rouillés par laquelle toutes les autres voitures passent et repassent, et enfin, une platitude comme il n'en subsiste que peu dans le monde après tant de « Une dernière fois. Je suis sûre que celle-ci, c'est la bonne. Je vais aimer, je vais m'amuser. ».
Tout ça pour… ça.
— Et…?
— Quoi, et ? ma braqué-je en repoussant brutalement Morphée. C'est tout. Il est allé passer la nuit chez un de ses potes, et moi, je suis allée me coucher. Rien de plus. Tu t'attendais à quoi ? Des cris, des pleurs peut-être ? Comme si quelque chose comme ça aurait pu arri...
Ses mains s'accrochent à mes bras, les serrent si forts que c'en est douloureux.
Quel rêve étrange, tout de même.
— Ophélia. Je suis sérieux.
— Merde, lâche-moi un peu, tu me fais mal là !
Je tente de me soustraire à sa poigne, mais rien n'y fait. Je suis prisonnière de sa volonté et Morphée semble bien décidé à me dépouiller de ma réalité.
— Il ne s'est rien passé de plus, déclaré-je en sentant mon cœur battre de plus en plus fort. Il a compris. Il n'a pas...
— Pas quoi ?
Seigneur, j'ai mal.
Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi a-t-il brisé ce qui était encore intact ?
— Ophélia. Qu'est-ce qu'il n'a pas fait ?
— Rien ! Rien, bordel, laisse-moi ! m'arraché-je enfin de son emprise pour dissimuler mon visage sous ma chevelure sombre.
Je ne peux pas lui dire. Je ne veux pas. Parce que ma seule réalité, c'est lui. Et si je le formule devant lui, s'il le sait... je ne pourrais qu'admettre la vérité, reconnaître que ça c'est bel et bien produit. Ça, je ne le veux pas. Je ne le supporterai pas.
Je ne peux pas.
Je pensais que Morphée comprendrait, mais c'était mal le connaître : il saisit abruptement mon visage, le relève aussitôt, et sans me laisser le temps de réagir, croque mes lèvres à pleines dents comme s'il s'agissait d'un fruit mûr. Une douleur aiguë m'élance, me soutire un gémissement dont Morphée semble se délecter.
Il me... punit ?
Je me recule en réponse à sa proximité, mais Morphée n'est pas de cet avis et son bras me cueille dans sa chaleur, contre son torse.
— Qu'est... Qu'est-ce que tu... fous ? chuchoté-je contre sa bouche, entre chaque morsure.
Il s'éloigne et me surplombe du haut de son mètre quatre-vingt dont je ne suis guère habituée, la faute au temps considérable que nous passons toujours assis ou couchés.
— Tu ne veux rien dire ? Très bien, alors tais-toi.
Sur ces mots graves, il se penche une nouvelle fois et glisse sous mon oreille, le long de ma nuque quand sa main effleure mon échine pour repousser ma crinière brune. Puis il mord. Fort. Juste dans le creux de ma gorge.
Je m'accroche désespérément à lui et retiens de justesse un couinement impudique, tandis qu'il dépose une pluie de baisers humides jusqu'à mon épaule qu'il pince du bout des dents. Il remonte face à moi, son souffle chaud caressant ma joue quand il murmure :
— Je te conseille d'imaginer un lieu plus confortable, ou tu risques d'avoir mal.
Je suis presque tentée de savoir ce qu'il entend par là... mais la vue du rocher derrière lui me dissuade bien vite en le visualisant comme seul support pour ce qu'il a en tête. Quoique nous pourrions aussi le faire à même le sol. Néanmoins l'idée d'une surface plus moelleuse sur laquelle je pourrais m'allonger, me dévoiler à lui pendant qu'il m'effleurerait, me paraît bien plus attrayante.
Ses mains sur ma taille, Morphée me guide en arrière et ses lippes retrouvent les miennes, dotées d'une faim insatiable. Je m'apprête à lui demander où est-ce qu'il m'amène lorsque mes jambes rencontrent un obstacle. Du coin de l'œil, je remarque un lit tout ce qu'il y a de plus simple, des draps immaculés prêts à s'emmêler durant nos ébats – si tant est qu'il y en est : je peux m'attendre à tout de la part de Morphée – et des coussins somme toute banals dispersés tout le long de la tête de lit.
Morphée me garde contre lui, niche son visage dans mon cou alors que ses doigts brûlants remontent progressivement le fin tissu qui me recouvre la peau, en s'arrêtant juste en-dessous de ma poitrine.
C'est une blague ?
Son souffle moite me chatouille la carotide avant de fondre sur mon buste, et il se décide enfin à me pousser sur la couche, son torse ferme plaqué contre mes seins hypersensibles. Aussitôt allongée, il se penche au-dessus de moi, survole mes lèvres sans jamais rompre la distance qui nous sépare.
L'émeraude flamboyante de son regard pourvu de longs cils descend lascivement le long de mon corps, toujours rivée à l'azur du mien, et il s'arrête délibérément à quelques millimètres de ma poitrine, sa moue languissante exhalant la sensualité.
Seigneur, je trépigne d'impatience.
Mes tétons pointent effrontément vers lui, l'appellent à me toucher tandis qu'il se contente de me fixer, une lueur de défi à la surface de ses iris. Plongée dans une attente douloureuse, j'ai le souffle coupé lorsque son pouce vient titiller l'un de mes mamelons au travers de mon débardeur. Bien vite, son index le rejoint jusqu'à le pincer et je suis incapable de retenir le geignement qui me brûle la langue.
— Tais-toi, m'ordonne Morphée en plaquant sa main devant mes lèvres.
À ces mots, il relève mon débardeur et prend mon téton en bouche, le suce, le mordille et le lèche sans jamais me laisser gémir. Je resserre mes cuisses et me cambre avec force contre lui, mais sa paume étouffe encore le moindre de mes japements.
Il m'octroie une courte pause, et une fois certain de mon silence, me susurre le visage toujours collé contre ma poitrine :
— Tu as compris Ariel ? Pas un bruit, ou sinon...
Ses doigts reprennent leur longue, délicieuse et atroce torture, jouant incessamment avec mes mamelons tandis que je hoche frénétiquement la tête.
La mine ravie, il glisse lentement, très lentement sa main sur mon ventre, parcourt mes hanches et frôle l'intérieur de ma cuisse sans manquer de me faire sursauter sous ses caresses ardentes.
Merde, il compte me martyriser comme ça encore longtemps ?
Sans autre barrière que ma petite culotte, mon intimité s'impatiente de le sentir contre ma chair. L'extrémité de ses doigts m'effleure, s'égare de parts et d'autres du tissu mais ne se décide pas à me toucher, tandis qu'il se délecte de la moindre émotion traversant mon visage.
Puis il s'immisce sous ma lingerie, d'abord un doigt, bientôt suivi par un autre, et encore un autre, jusqu'à ce que sa paume épouse mon sexe et se couvre de ma cyprine.
Ce monde est complètement tordu. Nous sommes pourvus de nos deux corps respectifs capables de réactions naturelles, mais nos vêtements comme tout ce qui nous entoure n'est que le fruit de notre imagination. Une seule vision que l'on partage pour deux consciences distinctes.
Bordel, cet univers est aussi glauque que les doigts de Morphée sont magiques.
Je me cambre sous la pression qu'il exerce contre mon clitoris, serre les poings si forts que mes jointures doivent être aussi blanches que les draps, et me mords la lippe inférieure jusqu'au sang en fermant les paupières.
Pourquoi diable ça n'a jamais été aussi bon avec Thibault ?
Quand il s'introduit en moi, c'est la goutte de trop : un gémissement sourd m'échappe et Morphée pince une nouvelle fois la peau fragile de ma gorge, son autre main s'attardant toujours sur ma poitrine. Mon corps prend la parole à ma place et mon bassin entame de lents va-et-vient auxquels il se calque pour trouver le bon rythme. Ma respiration s'amenuise de plus en plus à mesure qu'il accélère la cadence, avant de ralentir soudainement, provoquant une frustration plus puissante que tout ce que j'ai connu jusqu'à présent.
Je me redresse alors contre lui, ses doigts toujours logés dans mon intimité lorsque je me jette sur ses lèvres, assoiffée de lui, du goût de sa peau. Il perd brusquement le rythme sous mon assaut et j'en profite pour lui ôter sa chemise, savourant enfin la vue de son torse découvert, la chaleur de son corps en sueur quand je m'accroche à son dos.
Je n'attends pas qu'il retrouve ses esprits pour agripper les bords de son pantalon et tenter de le lui soustraire, en vain. Ce n'est pas faute d'essayer, je m'acharne autant que possible, néanmoins notre position n'est pas en ma faveur et je peine à demeurer concentrée, nos lèvres ainsi scellées.
Putain, disparais !
Sous la foudre de mon mécontentement, mes vêtements encore présents s'effacent aussitôt, mais pas ceux de Morphée. Il semble décidé à ne pas se dévoiler.
En revanche, c'est mal me connaître s'il s'imagine que je vais en rester là. Ma main survole la pilosité de son bas-ventre et s'apprête à glisser sous son élastique, lorsqu'il saisit tout à coup mon poignet de ses doigts recouverts de ma moiteur.
— Attends.
— S'il te plaît, le supplié-je dans un murmure, désespérée à l'idée de ne pas pouvoir le toucher.
Son visage collé au mien, nos souffles saccadés entremêlés et nos regards unis dans une sincérité authentique, il me susurre :
— À une condition, Ariel.
— Tout ce que tu veux.
Il ne me répond pas tout de suite, se rapproche de mon oreille et dépose sa tempe contre la mienne en stabilisant sa respiration. Il étreint mon visage de son autre main, prolongeant le supplice quelques secondes supplémentaires dans un instant de tendresse remarquable après la combustion de nos corps.
— Dis-moi ce qu'il t'a fait, avoue enfin Morphée, la sensation de son souffle m'arrachant des frissons là où le contenu de ses paroles me répugne.
Mon cœur se suspend, et j'y réfléchis sérieusement. J'hésite. Je flanche, puis me rétracte. Ma gorge se serre, les larmes me montent aux yeux, j'ai mal, mal, si mal !
Morphée est toujours au-dessus de moi, patient, dans l'attente de ma réponse, et ma main tremblante dans la sienne, tellement proche de son membre.
Ce que j'ai envie de lui !
Je tourne la tête dans sa direction et l'inquiétude flagrante qui émane de son visage me fait chavirer. Ai-je vraiment le choix ?
— Je... D'accord, me résigné-je à contre cœur, parce qu'un jour, il le saura, alors autant qu'il l'apprenne de moi dès maintenant, que je puisse en finir avec ce terrible supplice.
Suite à ma réponse, je sens son genoux se faufiler entre mes jambes, sans tissu aucun pour le recouvrir. Mon premier réflexe est de baisser le regard pour le découvrir, complètement nu, mais Morphée redresse mon visage avant que j'ai pu voir quoique ce soit.
— Je t'écoute Ariel, me rappelle-t-il à l'ordre en resserrant son emprise autour de mon poignet, d'une voix emprunte de douceur en dépit de la douleur qui y résonne.
— Il... Il ne s'est pas passé grand chose. Ce n'est pas grave, et puis...
— Ophélia, dis-moi. S'il te plaît, laisse-moi t'aider, être présent pour toi.
J'inspire à pleins poumons afin de me donner la force nécessaire à ma confidence, et les paroles encourageantes de Morphée finissent de me convaincre.
— Il était énervé, il m'a demandé... Il m'a demandé si je voyais quelqu'un d'autre, si c'était pour ça que je le quittais.
Morphée ne dit rien, mais il a compris. Il devine la suite avant même que les mots ne franchissent mes lèvres.
— Évidemment, je lui ai dit que non. Ce n'était pas un mensonge ! m'insurgé-je violemment sous les réminiscences de mon impuissance. Nous n'avons rien fait, jamais... Tu m'as toujours repoussée, et puis tu n'es même pas réel, pas pour lui... Je ne lui ai pas menti, c'était vrai, ne cessé-je de répéter, assaillie de sanglots.
— Ophélia, qu'est-ce qu'il a fait ?
— Il... Il ne m'a... pas crue. Il m'a accusée de le trahir, de lui être infidèle, et... et...
Il me caresse les cheveux d'un geste apaisant, cherche à me calmer sans jamais me presser.
— Respire, je suis là. Prends ton temps.
Morphée ne me lâche pas du regard, et dans ses yeux étincelants, je suis ce qu'il a de plus important, la seule qui compte, le centre de son univers.
Putain, il m'aime.
— Embrasse-moi, lui quémandé-je tout à coup, désireuse de ces sensations merveilleuses qu'il me procure.
Je ne veux penser qu'à toi. Me combler de toi. Me repaître de ton amour. Éternellement.
Il lui suffit d'une seconde, un regard, un murmure et il s'abandonne à mes lèvres. C'est exquis, divin. La douceur et l'empressement de nos langues à s'enlacer me bouleverse.
Mon poignet encore prisonnier de son poing, je ne remarque pas tout de suite qu'il m'a tirée vers lui. C'est seulement lorsque ma main rencontre son sexe, et qu'il recueille simultanément le fruit de mon désir contre sa cuisse, qu'une violente décharge me foudroie.
Électrochoc.
J'ai le souffle coupé sous l'émotion, un maelström de sentiments confus, entre délivrance, espoir, ardeur et curiosité. Sans lâcher ses prunelles sombres, j'ose l'effleurer, le découvrir du bout des doigts de la base de son membre à son extrémité dressée vers moi, puis contre ma paume quand je l'enserre faiblement dans mon poing.
Morphée ne se détourne pas non plus tandis que sa main toujours accrochée à mon bras vient envelopper la mienne dans un érotisme parfait.
Ce n'est pas la première fois que j'offre du plaisir à un homme, mais je veux prendre le temps de le connaître. Ce qui plaisait à Thibault n'est pas ce qui plaît à Morphée, et grand bien me face. Alors je laisse mon amant me guider, me donner la cadence à adopter et la vigueur de mon étreinte à appliquer afin qu'il endure ce que j'ai enduré précédemment.
Quand il constate que je m'accoutume à lui, sa main me délaisse pour enserrer le drap à côté de mon visage, et je le vois devenir de plus en plus concentré. Sa mâchoire se contracte, ses yeux se plissent et il enfoui finalement sa tête dans ma chevelure éparpillée autour de moi pour me chuchoter à l'oreille :
— Ariel... Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
L'esprit focalisé sur ma besogne, les sens trop échauffés pour parvenir à penser convenablement, je libère ma parole sans prêter attention aux mots qui m'échappent.
— Il m'a insultée, poussée, et presque frappée avant de comprendre ce qu'il était en train de faire. Après ça, poursuis-je en percevant les muscles de Morphée se tendre suite à l'affermissement de ma prise, il est parti sans un mot. Il m'a envoyé un message plus tard pour me dire qu'il ne rentrerait pas. Je suis sûre qu'il est allé se bourrer la gueule.
Malgré mes efforts pour ne pas y penser, je ne peux empêcher l'amertume de vibrer dans ma voix. Nous étions avant tout amis, et il a tout brisé.
— Est-ce qu'il t'a blessée ?
La question de Morphée, posée dans la précipitation par son essoufflement croissant, me fait perdre les dernières bribes de repères qui me retiennent à lui. Je cesse tout mouvement, l'envie de le supplier insuffisante pour l'appeler à moi. Je me sens vidée, exténuée, et au bord du gouffre. Mon palpitant rempli d'amour pour Morphée est tout à coup dépourvu de sentiments. Il est lourd et m'entraîne dans sa chute.
— Ophélia ?
J'ai mal. Je l'ai perdu. Je n'ai plus que Méloée et Gwenaël. Il ne me reste plus qu'eux. Je suis seule, si seule.
— Ophélia, s'il te plaît, m'interpelle Morphée avec plus de vigueur.
Il cherche mon regard, mais ne trouve que le reflet de mon néant.
Morphée, je t'en conjure, aime-moi. Possède-moi. Sans relâche. Fais-moi tienne. Ne me laisse pas. Jamais.
Entends-tu le cri de mon cœur, mon amour ?
J'ai mal. Tellement mal.
— C'est ce que tu veux, Ariel...?
Mes yeux débordent de larmes, tracent leurs sillons le long de mes joues, lesquels Morphée ne tarde pas à balayer de son pouce.
Pitié, prends-moi. Serre-moi fort. Consume-moi toute entière.
Je n'ai pas la force de lui répondre, ou ne serait-ce que bouger la tête. Néanmoins il comprend. Il sait les profondeurs océaniques de mes yeux, l'obscurité de mes désirs ensevelis par le sable et l'éclat de mon amour pour lui.
Mais par-dessus tout, il connaît la réponse. Ces empreintes sombres et rougeâtres sur ma peau – presque violacées – qu'il n'a pas causées. Mes bras qu'il a doucement saisis, mon cou qu'il a minutieusement survolé. Ces parcelles de ma chair revêtant l'ombre de mon impuissance.
« Est-ce qu'il t'a blessée ? »
Morphée, mon amour, bien sûr que tu connais la réponse.
Il m'étreint délicatement. Nos corps nus enlacés l'un contre l'autre, unis dans la souffrance. Ses baisers avides, sa voix brûlante, ses caresses langoureuses, sa patience inaltérable, sa passion inégalable... Tout me conduit à la déperdition.
Ça ira. Tant que c'est avec lui.
Alors nous coulons, ensemble, sous mon désespoir et mes larmes. Un seul être, une seule conscience, une seule vision : celle de notre amour enfin consommé.
Laissons-nous porter loin, très loin par les vagues, et échouons-nous seulement à la fin de notre voyage, dans l'écume de notre union.
☁️☁️☁️
Hello hello mes flocons ! ❄️
Alors, ce chapitre ? 😏
Êtes vous étonnés du tournant de la relation de nos deux amants ? Et Thibault... Avez-vous compris ce qu'il s'est passé ? Ophélia n'a pas été très clair, et il faut lire entre les lignes pour avoir tous les éléments, entre ses mensonges et ses vérités, pour la plupart tous implicites.
Quant à cette scène pour le coup très explicite, réussie ? Ce n'est que la deuxième que j'écris, j'en suis assez fière mais j'ai très hâte d'avoir vos retours (et j'angoisse, aussi 😭😂).
Bref, je vous fait des bisous, et n'hésitez pas à vous abonnez à moi : je ne sais pas encore quand j'aurais terminé le chapitre 4, alors j'annoncerai sa sortie sur mon mur/babillard.
À très vite mes flocons ! ❤️
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