Chapitre 6
- T'as l'air pressé de sortir aujourd'hui, me dit Morgan, un de mes collègue, en souriant.
- Ouais, je lui réponds, je suis fatigué.
- Tu dors toujours aussi mal ?
- Ça fait deux nuits que je dors un peu mieux, je lui avoue. Ça fait du bien.
- Tu m'étonnes... Je peux te ramener chez toi si tu veux, me propose-t-il.
Je réfléchis quelques secondes, avant d'accepter. Plus vite je serais chez moi, et plus vite je pourrais m'endormir et revoir ce fameux Morphé.
Une fois qu'on est tous les deux habillés, on sort du restaurant où on travaille et je le suis jusqu'à sa voiture. C'est pratique qu'il en ait une, même si on n'en a pas vraiment besoin, étant donné qu'on habite tous les deux dans une assez grande ville et que les transports en commun ne manquent pas.
- C'est celle là, me dit Morgan en pointant du doigt une petite voiture verte.
Je hoche la tête et m'assois côté passager, et il me ramène jusqu'à chez moi. On discute un peu, et je dois dire que j'apprécie aussi sa compagnie. Il faut dire que je n'ai pas vraiment d'amis ici... Étant donné que je passe mon temps à travailler, je n'ai pas trop le temps de m'en faire. Et puis, j'aime bien ma petite vie de solitaire.
- Ah, c'est là !, je lance. Merci de m'avoir ramené.
- Pas de soucis ! Si t'as encore besoin d'un chauffeur, je suis là.
On se sourit mutuellement, puis je sors de sa voiture et monte jusqu'à mon appartement. Enfin, vu sa taille c'est plutôt un placard, mais bon. Ça fait l'affaire, et c'est déjà mieux que rien.
Je me jette sur mon lit, et me rend compte que je suis toujours habillé. Je me déshabille rapidement jusqu'à être en t-shirt et en caleçon, et je me glisse sous ma couette avant de fermer les yeux, en souriant, et de placer toute mon attention sur ma respiration.
* * * * *
- Tu as un sommeil extrêmement léger, tu sais.
Je souris en reconnaissant la voix de Morphé, et je me redresse sur mes coudes.
- Bonjour, je lui lance.
- Bonne nuit, me répond-il, en me souriant aussi.
- Je ne m'y ferais jamais...
- Ça viendra, me rassure-t-il, ne t'en fais pas.
- Hum...
Je me lève et m'approche de lui. Il est de nouveau assis sur le tronc d'arbre, tout comme hier soir.
- Je peux m'asseoir ?, je lui demande.
- Nous sommes dans ton rêve, me répond-il en haussant les épaules, fais ce qu'il te plaît.
Je reste planté là quelques secondes, avant de finalement décider de m'asseoir à côté de lui.
- Vous avez été coupé hier, je lui dis, quand mon réveil a sonné...
Il tourne la tête vers moi et grimace, ce qui me fait sourire.
- Je l'avais remarqué. C'est pour cela que j'ai dis que tu avais un sommeil léger...
- Désolé...
- Ce n'est rien, me répond-il avec un signe de main, je ne m'attendais juste pas à que tu te réveilles d'un coup comme cela. Je ne l'ai pas senti venir.
Je me gratte la nuque, et lui explique que je suis obligé de mettre des alarmes à cause de mes petits boulots.
- Pourquoi travailles-tu autant ?, s'étonne-t-il.
- Oula, euh...
Je déglutis, et lui raconte ma situation avec ma famille. Il m'écoute sans broncher et sans rien dire, puis hoche lentement la tête une fois que j'ai fini mon récit.
- Je vois. Je trouve ça bête, de t'avoir rejeté pour cette raison. Nous ne contrôlons pas nos sentiments, cela me paraît logique...
- A moi aussi, mais beaucoup pensent différemment.
- Je sais. J'essayerais d'arranger ça, me dit-il en souriant. Je ne promets rien, mais je peux toujours faire passer des messages à travers les rêves.
Cette fois, c'est à mon tour de hocher la tête. Ça doit être pratique, de contrôler les rêves de tout le monde... Mais ça doit être exténuant. On est quand même plus de sept milliard sur Terre, donc...
- Je n'aime pas trop parler de mes parents, je lui avoue. Ça me déprime.
- Oh. Pardonne moi, je ne savais pas.
Il se mord la lèvre inférieure, avant de se lever et de me tendre sa main, comme la dernière fois.
- Suis moi, reprend-il, j'ai une idée.
J'attrape sa main sans tarder, et il me tire pour que je me lève aussi, avant de m'amener quelque part. Il me guide à travers plusieurs chemins de la forêt, et je dois avouer que je suis déjà perdu. J'espère qu'il ne va pas me proposer de jouer à cache-cache, parce que sinon je n'ai aucune chance.
- Tu entends ?, me demande-t-il en s'arrêtant d'un coup, et en tendant l'oreille.
- Euh...
Je ferme les yeux et essaye de savoir de quoi il me parle, avant de froncer les sourcils.
- Il y a de l'eau ?
- Oui !, s'exclame-t-il en hochant vivement la tête.
Il se remet à marcher en direction de ce bruit d'eau qui coule, et je continue de le suivre en le tenant par la main. J'aime vraiment beaucoup ce contact... En plus, sa main est toujours aussi chaude et douce qu'hier. C'est dingue. Je n'ai pas envie de la lâcher.
- Nous sommes arriver !
- C'est super beau, je lui dis, en souriant.
Il nous a amené jusqu'à une petite rivière, bordée par des plages de galets. En plus, c'est très bizarre, parce qu'on y voit comme en pleine journée alors que le ciel est rempli d'étoiles.
- Comment ça se fait qu'on y voit comme ça ?, je demande.
- Tu préférerais qu'il fasse plus sombre ?, s'inquiète-t-il. Je peux y remédier, si c'est ce que tu désires.
- Non ! J'aime bien, c'est juste que c'est bizarre.
Je lui souris, et il semble un peu soulagé. Il me rend mon sourire, avant de se tourner vers la rivière.
- Souhaites-tu te baigner ?
- On peut ?
- C'est ton rêve, me répète-t-il, tu peux faire ce que tu veux.
Je dois avoir des étoiles dans les yeux en regardant l'eau, tellement l'envie de m'y baigner est forte. Elle a l'air si bonne... Je retire mon t-shirt, et rougis en remarquant que je suis en caleçon. Je n'y avais pas encore fait attention, mais en fait, je suis toujours en pyjama. Je rentre dans la rivière, histoire de me cacher dans l'eau.
- Vous vous baignez avec moi ?, je lui demande.
Il ouvre la bouche, avant de se mettre à devenir vraiment très rouge.
- Je ne sais pas..., finit-il par me répondre.
Je lui fais des yeux de chien battu, ce qui le fait soupirer. Il se gratte la nuque, puis retire son espèce de tunique pour se retrouver en caleçon, tout comme moi. Enfin, ce n'est pas vraiment un caleçon... C'est plutôt une espèce de bas d'époque, comme avaient les grecs anciens. Et son corps... Mon dieu (et c'est le cas de le dire), son corps... Il est juste magnifique. Si son visage semblait déjà avoir été dans du marbre, son corps l'est tout autant. Sans abuser, il est absolument parfait. Je n'aurais jamais rien pu imaginer de plus beau.
Il me rejoint dans l'eau, mais il a l'air vraiment très gêné. Il ne fait que fixer son reflet.
- Ça va ?, je lui demande.
- Je... Je n'avais jamais fait ça, m'avoue-t-il.
- De ? Vous baigner ?
Il hoche la tête, ce qui me fait encore plus sourire. Comment c'est possible, qu'il n'ait jamais pris de bain de toute sa vie ?
- C'est... Bizarre, me dit-il. C'est froid, mais pas désagréable.
Je lui envoie de l'eau dessus, ce qui le fait sursauter. Il me regarde en fronçant les sourcils, avant de m'imiter et de m'arroser. On se sourit, avant de se mettre à jouer dans l'eau comme des gamins.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top