Chapitre 16

Je ferme la porte de mon appartement et soupire de bonheur, heureux d'être enfin de retour chez moi. Je suis tellement claqué... Je ne comprends même pas comment c'est possible. Depuis des années, j'avais l'habitude de ne dormir que quelques petites heures par nuit et j'arrivais à supporter ça, mais depuis que j'ai rencontré Morphé, même si je dors beaucoup mieux, je suis beaucoup plus souvent fatigué... C'est vraiment étrange.

Je m'avance directement jusqu'à mon lit, et je me laisse tomber à plat ventre dessus.

* * * * *

Je me réveille sur la plage, comme d'habitude depuis maintenant plusieurs jours. J'aime vraiment bien cet endroit, je trouve le bruit des vagues apaisant. Et voir Morphé assis à côté de moi à chaque fois que j'ouvre les yeux, c'est la cerise sur la chantilly.

- Je suis content de te revoir, je lui dis, en souriant.

- Pourquoi ?

- J'ai passé une longue journée.

- Raconte moi donc ta journée, me propose-t-il.

Je hoche la tête, et lui raconte ma journée dans les détails. Enfin, j'en omets quand même la plupart, parce que je n'ai pas envie de le saouler alors que je viens juste d'arriver.

Je lui explique que mon travail est souvent ennuyeux et répétitif, mais j'essaie quand même de lui raconter ce que j'ai fait en étant un minimum intéressant.

- Et puis le soir, il n'y avait même plus de transports, donc j'ai dû rentrer à pieds.

- Pourquoi cela ?

- Il y a encore une grève, je crois. Comme toujours.

- La vie humaine a l'air compliqué... Mais je vous trouve intéressant.

- C'est gentil. Enfin, je crois.

Morphé me regarde dans les yeux en souriant, avant que son regard ne descende de quelques centimètres durant quelques secondes, et qu'il ne tourne la tête en rougissant. Est-ce que c'est mes lèvres, qu'il regardait comme ça ?

- Que souhaites-tu faire aujourd'hui ?, me demande-t-il.

- Euh, je ne sais pas trop...

Je me mords la lèvre inférieure, tout en réfléchissant à sa question. Ça fait plusieurs jours que nous sommes sur cette plage, mais nous n'en avons jamais vraiment profité.

- On peut se baigner ?, je lui propose.

- Encore ?

- Oui, pourquoi pas.

- L'eau de l'océan est-elle différente de celle d'une rivière ?

- Euh non, je ne crois pas. Enfin, il me semble que l'océan est moins salé et que l'eau est plus agitée, mais ça doit être la seule différence.

Il hoche la tête, et se met à regarder l'eau en face de lui en faisant la moue.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu as de la chance d'être un humain, me dit-il.

- Quoi ? Pourquoi ?

Il ne me répond pas, et se contente de tendre sa main droit devant lui. Les vagues se mettent à faire de plus en plus de bruit, puis la mer commence à s'agiter et à se... Se soulever ?

J'ouvre la bouche, mais aucun son n'arrive à en sortir. Un filet d'eau est littéralement en train de s'envoler droit vers nous.

- Wow, je finis par murmurer.

- Je peux faire absolument tout ce que je veux, ici, soupire le dieu des rêves.

- Ça ne te plaît pas ?

Encore une fois, Morphé préfère m'ignorer et se concentrer sur son activité. Le filet d'eau qu'il a fait s'envoler se met à tourner autour de nous, jusqu'à se figer et à éclater en un millier de petites gouttelettes d'eau qui retombent sur nous comme une fine pluie d'été.

- C'est magnifique...

- Pour toi, reprend-il, tout cela est grandiose, mais pour moi il n'y a rien d'extraordinaire.

- Tu fais ça souvent ?

- Je crois ne l'avoir jamais fait. Mais ça ne me demande aucun effort, et c'est loin de me procurer le même effet qu'à toi, malheureusement.

Il marque une pause, toujours en fixant l'horizon, puis il tourne la tête vers moi et se met à me regarder droit dans les yeux avec intensité.

- La vie du dieu des rêves était terne depuis bien trop d'année, m'explique-t-il. Grâce à toi, je retrouve enfin un peu de plaisir à faire ce que je fais. Je souhaitais t'en remercier.

Je lui souris, un peu perdu par tout ce qu'il vient de me raconter. Je ne comprends pas trop pourquoi il m'a dit tout ça, ni où il voulait en venir...

- Souhaites-tu toujours te baigner ?, me demande-t‐il.

- Comme tu veux...

- C'est ton rêve, non le mien, me rappelle-t-il.

Je le regarde en souriant, et secoue doucement la tête. Je n'ai toujours pas compris pourquoi il m'a raconté tout ça, mais on dirait que lui est déjà passé à autre chose, alors autant en faire de même.

Je retire mes vêtements jusqu'à me retrouver en caleçon, et je m'avance vers la mer.

- Tu viens ?, je lui demande.

Je n'ai pas à attendre très longtemps avant qu'il ne retire sa tunique et qu'il me rejoigne dans l'eau.

- C'est encore plus froid que la rivière, s'étonne-t-il.

- C'est ça, l'océan. Mais ce n'est pas toi qui contrôle sa température ?

- Je ne m'y étais jamais baigné, je ne savais pas qu'il fallait que je régule cela.

Je souris, et lui jette de l'eau dessus.

- Je crois que tu aimes un peu trop me taquiner, me dit-il en fronçant les sourcils, comme s'il essayait de faire une moue énervée.

- Même comme ça tu es mignon.

- Ce n'était pas l'effet escompté, marmonne-t-il.

- Tu voulais que j'ai peur de toi ?

Il hausse les épaules, et je me mets à crier, ce qui le fait sursauter.

- Ça ne va pas ?, s'inquiète-t-il.

- Si si, je pouffe, je faisais juste semblant d'avoir peur de toi.

- Ce n'était pas très crédible...

- Tu ne l'es pas non plus.

Il ouvre la bouche, sûrement sous le choc de mon insolence, et il me jette de l'eau à la figure.

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