Chapitre 5



Bonsoir,


Merci pour vos messages et pour vos votes qui sont extrêmement intéressants. Petit spoiler important : Le tueur va très prochainement apparaître dans les chapitres tel que je l'ai décrit dans les précédents chapitres. La photo que j'ai publiée hier soir est celle qui se rapproche le plus de ce que j'ai imaginé dans ma tête, notamment pour le tissu très serré qui recouvre son visage.


Bonne lecture à tous ❤️








En quelques minutes seulement, cette chambre qui une heure plus tôt demeurait encore un cocon de protection était devenue la pièce à conviction numéro un. Freya n'arrivait même plus à compter le nombre de personnes qui avaient investi les lieux pour récupérer la moindre trace possible et de la mettre dans un sac transparent ou un tube. Certains portaient des tenues blanches et des masques, prenant des photos du moindre carré de moquette suspecte.

Depuis le lit, elle pouvait sentir sur son visage les gyrophares des dizaines de voitures positionnées deux étages plus bas. La porte restée ouverte laissait le froid de la nuit pénétrer et glacer ses pieds. Une ombre se rapprocha à sa gauche et elle eut un mouvement de recul qui força l'homme avec un masque à placer ses mains devant lui pour la rassurer.

  - Je veux juste prendre quelques échantillons sur le chat dans la cas où il y aurait des empreintes.

  - Il n'y aura pas d'empreinte, lâcha Olivia Stevens sur un ton frustré.

Tout en le serrant très fort contre lui, Freya le laissa passer son matériel sur Jupiter. Oui, elle l'avait appelé comme ça en raison de la couleur de ses yeux qui oscillait entre le sablé et l'immaculé.

 - Il n'y a rien, absolument rien du tout, répéta Olivia en se passant une main dans les cheveux d'un air agacé.

Kendrick Harks qui surveillait l'entrée laissa passer le procureur qui avait l'air essoufflé et précédé par Gunner Azarov. 

  - Que s'est-il passé ? S'enquit John Reilly le souffle coupé.

Josh Warren s'approcha vers eux le visage grave. 

  - Il est ici, en Pennsylvanie, répondit-il en pointant le chat du doigt.

Freya se sentit immédiatement happée par le malaise d'être à ce point dévisager et l'arrivée de son avocat n'arrangea rien. Tous la regardèrent assise sur ce lit et tenant ce chat dans ses bras.

En dépit de l'embarras d'avoir toutes ces paires d'yeux braquées sur elle, Freya décida de les inspecter une part une.

Lazarus Varak fusillait du regard le procureur, tandis que Gunner ne semblait pas en revenir de voir ce chat qui avait été évoqué au procès. Dans le regard de John Reilly il y avait de la peur et un accès de regrets brillait dans les lueurs de ses yeux. Kendrick avait quitté son poste pour jeter un regard impassible sur le chat puis sur elle. 

  - Je le répète encore une fois, que s'est-il passé ! Gronda John Reilly sur un ton étouffé et grave.

  - Elle s'est réveillée en pleine nuit et a découvert le chat sur le lit. 

Un filet de sueurs perla sur le front de Reilly qui étouffa un juron. 

  - Ça signifie que...

Ayant peine à y croire, il tira un mouchoir de son manteau pour le passer sur son front.

  - Ça signifie qu'il est là, termina Gunner à sa place. Eh bien, maintenant nous savons qu'il ne se trouve pas en Alabama.

Freya guetta l'expression exaltée de Gunner puis baissa les yeux sur le chat.

  - Comment a-t-il fait pour entrer alors que la porte était verrouillée ? S'enquit Olivia en croisant les bras.

  - C'est une excellente question, répondit Josh Warren en refermant son calepin.

  - Je vous avais pourtant prévenu, glissa Lazarus en s'approchant du lit. Je vous ai dit que ce procès était dangereux, mais je suppose que c'est ce que vous vouliez n'est-ce pas ? 

À ses mots Freya releva les yeux sur Lazarus Varak dont la bouche formait un rictus sévère. Alors c'était ça, comprit-elle avec un goût désagréable dans la bouche. 

  - C'est ce que vous vouliez ? S'entendit-elle murmurer en se levant du lit. Ce procès est bel et bien une mascarade. Il n'y avait aucune raison que ce procès ait lieu. Depuis le début, vous vouliez vous servir de moi pour...

  - Une partie est vraie, confirma Gunner en plantant son regard dans le sien. Le procureur et moi avions des intérêts en commun en lançant ce procès. Le but était de le faire réagir, mais nous étions loin de cette hypothèse.

  - Cette hypothèse ? Répéta-t-elle en clignant des yeux. 

  - Nous pensions qu'il était en Alabama, nous pensions qu'il se manifesterait là-bas et pas ici, expliqua Olivia Stevens avec un regard désolé pour elle. On s'est trompé sur toute la ligne. 

Le cœur battant à la chamade, Freya déglutit péniblement en les regardant tour à tour.

  - Et maintenant ? Lança Kendrick. Qu'est-ce qu'on fait ? 

  - Le procès prend fin aujourd'hui, conclut Lazarus sur un ton ferme. Vous l'avez suffisamment mise en danger. 

John Reilly ouvrit la bouche pour répliquer mais Gunner l'en empêcha. 

  - Je suis d'accord avec Varak, commença-t-il en soutenant le regard froid de son confrère. Le procès ne sert plus à rien maintenant. Il faut le suspendre et commencer l'enquête.

  - Le suspendre ? Répéta Lazarus en plissant les yeux d'un air suspicieux.

  - Au cas où il faudrait le reprendre parce qu'il ne se manifeste pas. Maintenant nous savons que l'hypothèse de Susan Carlton n'est pas la bonne. 

Il vrilla son regard dans le sien.

  - Il est évident que celui qu'on cherche n'a pas oublié la fille, ajouta-t-il en la dévisageant. Nous avons évoqué le cadeau offert et il s'agissait d'un chat. Quelques heures plus tard le chat qui lui manquait tant lui est redonné. 

  - Ça veut dire qu'il était là, dit Varak en fronçant légèrement les sourcils. Il est là depuis le début. Il n'a jamais quitté les alentours. 

  - Seigneur, souffla Reilly en se passant une main sur le visage.

  - Vous pensez qu'il était dans la salle d'audience ? Parmis le public ? S'interrogea Kendrick.

Freya éprouva une myriade d'émotions qui lui donna un léger vertige. Quelques heures plus tôt, alors qu'elle s'était endormie, l'homme sans identité avait pénétré cette chambre. Un frisson dans l'échine, elle se tourna en direction de la salle de bains en se demandant s'il était possible qu'il se soit caché là avant même qu'elle revienne dans la chambre d'hôtel.

À cette pensée les battements de son cœur s'accéléra. 

  - C'est possible ou alors c'est la retransmission du procès sur internet, répondit Gunner en se frottant la joue. Quoiqu'il en soit, il est là à présent.

Le dos tourné vers tous ces hommes, Freya ferma les yeux en posant sa main sur son bras frissonnant. 

  - Et vous semblez vous réjouir de cela, lui fit remarquer froidement Varak. 

  - Oui en effet, parce que j'étais persuadé que quelque chose n'allait pas dans cette affaire et maintenant j'en ai la preuve. Cette jeune amish est particulière pour lui, sauf que j'ignore encore pourquoi.

Freya se retourna lentement pour faire face à Gunner Azarov qui se réjouissait un peu trop. 

  - Cela semble vous ravir que cet homme soit de retour, mais faites attention à ce que vous souhaitez monsieur Azarov, le prévint-elle dans un murmure tremblant.

L'intéresser souleva un sourcil intrigué en la toisant avec sa paire d'yeux bleus.

  - Et à quoi dois-je faire attention ? 

Elle frissonna aussitôt en se souvenant.

  - Vous n'avez aucune idée de qui il est.

  - Mais vous, vous le savez ? S'enquit-il aussitôt.

Bien qu'elle se sentait observée de toutes parts, Freya ne laissa pas intimider pour autant.

  - Oui, finit-elle par répondre alors que devant ses yeux passaient des images qui la hantaient le jour comme la nuit. Il est dangereux. Extrêmement dangereux et je n'ai pas besoin de voir son visage ni même connaître son identité pour le ressentir dans chacune des fibres de mon être. 

Elle marqua une pause tout en levant la main vers sa gorge qu'elle se retenait de toucher et ravala un sanglot.

  - Je ne sais pas ce qu'il veut, mais à cause de vous peut-être qu'il...va penser que...

Refusant d'imaginer le pire, elle secoua de la tête en ravalant les larmes qui montaient et décida de sortir dehors pour calmer cette angoisse insoutenable. Elle descendit les marches de l'extérieur dans la précipitation et inspira profondément. Paralysée de l'intérieur, elle toucha son visage brûlant de peur que ce procès lui attire le pire. Il était là...quelque part et elle avait l'impression de le sentir dans son dos. 

Cet homme sans identité avait eu accès à son témoignage via la presse, et peut-être même qu'il se trouvait à l'intérieur du tribunal quand elle avait évoqué le chat.

Ce soir il l'avait ramené et cela pouvait signifier tant de choses qu'elle ne savait plus par où commencer.

Était-ce un avertissement pour qu'elle cesse de témoigner ? 

  - Freya.

Elle poussa un cri étranglé en posant sa main sur son cœur. Jamais elle ne pourra s'habituera à cette voix qui était à la fois caverneuse et calme, pensa-t-elle en sentant son coeur battre dans ses tempes

  - Vous allez devoir être emmenée ailleurs jusqu'à ce que nous en sachions plus sur ce qu'il s'est passé ce soir.

  - Il s'est passé ce que vous redoutiez. Je le redoutez également, répondit-elle à Lazarus en se passant une main dans ses cheveux en désordre. Je pense qu'il vient de me lancer un avertissement, ajouta-t-elle un sanglot dans la voix.

  - C'est peut-être une façon pour lui de vous dire de vous taire ou alors il a entendu ce que vous avez dit à propos du chat et votre désir de le revoir.

L'esprit embrouillé, elle étira une grimace en grelottant.

  - Venez, vous allez attraper froid.

Il retira son manteau noir pour le poser sur ses épaules et la guida vers la voiture de Kendrick.

  - Où va-t-il m'emmener ? 

  - Dans un endroit sûr, expliqua-t-il d'une voix ferme et qui ne souffrait d'aucune réplique possible. Vous ne pouvez pas rester ici, c'est trop dangereux.

Il ouvrit la portière et la poussa gentiment à l'intérieur. Ce fut seulement lorsqu'elle s'installa sur le siège qu'elle remarqua que Jupiter les avait suivit et il grimpa dans la voiture pour monter sur ses genoux.

  - Attendez ! Que va-t-il se passer maintenant ? 

Il l'observa en silence, comme s'il cherchait lui-même la réponse.

  - Je n'en sais rien Freya, mais je vous promets que tout ira bien.

Il ne lui laissa pas le temps de répliquer et referma la portière. Avant que Kendrick démarre et alors que les lumières vives des gyrophares se projetaient sur son visage comme un dangereux avertissement, elle leva les yeux vers le deuxième étage de l'hôtel et croisa le regard de Gunner.

Un regard presque suspicieux posé sur elle et qui la força à détourner les yeux.

Kendrick Harks quitta le parking et s'enfonça dans la nuit noire. Jupiter miaula assez bruyamment avant de se coller contre elle. 

  - Ça va aller, murmura-t-elle en jetant un coup d'œil dehors avec l'impression glaçante que cette nuit particulièrement noire projettait des ombres effrayantes sur son visage...

À l'hôtel, Olivia Stevens et Josh Warren cherchaient à comprendre comment il avait fait pour entrer.

  - Il n'a laissé aucune empreinte, pas même sur le chat, lança un gars de la scientifique. Je vais envoyer le reste au laboratoire pour espérer un résultat même infime.

Olivia le remercia en posant ses mains sur ses hanches.

  - Il y a quelque chose qui ne va pas dans sa façon de procéder, déclara Josh Warren. 

  - Que veux-tu dire ? 

  - Il veut dire qu'il se passe quelque chose avec cette fille, lança Gunner depuis le lit où il s'était installé. Il la garde sept ans, puis la relâche brusquement. Ensuite il s'évapore dans la nature pendant des mois sans commettre aucun autre crime et soudain, alors qu'on le soupçonne d'être en Alabama, il nous informe de sa présence ici.

  - Je pense qu'il a voulu lui lancer un avertissement parce que vous l'avez forcé à parler au procès, lâcha Lazarus qui était de retour dans la chambre.

  - Pour moi elle n'est pas un dommage collatéral, elle est bien plus que ça, dit Gunner les yeux dans le vague. À chaque enfant enlevé et remis à la famille, un meurtre avait lieu quelques semaines plus tard et à chaque fois c'est le ou les parents qui ont été tué parce qu'ils étaient responsables de la mort de leur enfant.

  - Et ? S'enquit le procureur en essayant de comprendre où il voulait en venir.

  - Eh bien depuis que Freya a été libérée elle n'a pas retrouvé ses parents puisqu'elle est devenue un témoin sous protection. 

Josh Warren explosa de rire.

  - Attendez vous êtes sérieusement en train d'essayer de nous faire comprendre que les parents de Freya Cullen sont des tortionnaires qui martyrisent leurs enfants ? 

  - Oui en effet, en quoi c'est un problème ?

Josh Warren pouffa de rire.

  - Ce sont des amish ! Ricanna-t-il tout haut en écartant les bras. Enfin je veux dire qu'on est en train de parler des amish. Ces gens-là sont centrés sur Dieu et sur un mode de vie drastique et on entend jamais parler d'eux.

  - Et pour vous c'est une raison pour ne pas les soupçonner de maltraitance ? Répliqua Azarov en se levant du lit. Après tout, comme vous le venez de le dire, ils sont discrets, hors du monde moderne, reclus dans les fermes lointaines de Lancaster.

  - Ça tient la route, lâcha Varak depuis la porte.

Azarov écarquilla les yeux de en se tournant avec hâte dans sa direction.

  - Lazarus Varak d'accord avec moi ! Dit-il avec stupeur. Alors ça c'est une surprise !

Les mâchoires serrées, Lazarus le jaugea silencieusement puis se concentra sur le procureur.

  - Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé là-bas et elle ne se souvient de rien.

  - Donc vous suggérez quoi ? S'enquit Olivia.

Gunner esquissa un sourire presque machiavélique en déclarant :

  - Eh bien ça veut dire qu'il est temps pour mademoiselle Cullen de retrouver sa communauté...et ainsi nous verrons s'il sort du bois...

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