Chapitre 28



Je vous souhaite une belle année ❤️





Le sérieux affiché par Lazarus Varak poussa Gunner Azarov à lui dévoiler toutes ses pistes, lui offrant ainsi une autre longueur d'avance sur eux. 

Freya quitta progressivement la conversation entre les deux hommes pour se concentrer sur la photo d'elle affichée sur le tableau. Une douleur lui comprima la poitrine parce qu'elle avait l'impression de ne pas se reconnaître.

La fille sur la photo avait le visage souriant mais on pouvait voir dans ses yeux que la tristesse était infinie.

Elle se souvenait de ce jour où cette photo avait été prise. C'était en été, un dimanche comme les autres, mais pas pour elle.

  - Mademoiselle Cullen ? 

Freya obligea son esprit à s'arracher aux sombres souvenirs qui l'a dévasté intérieurement.

  - Oui ? 

Gunner joua avec le marqueur qu'il tenait dans sa main tout en la toisant du regard.

  - Que pensez-vous de mes pistes ? 

Freya n'avait pratiquement rien suivi mais en baissant les yeux sur l'homme des ténèbres elle comprit que ces pistes étaient à mille lieues de l'inquiéter.

La jeune femme se racla la gorge pour éclaircir sa voix.

  - Je ne sais pas, je n'ai pas tout écouté, avoua-t-elle en se tournant vers Gunner. J'étais dans mes souvenirs.

  - Ah oui ? Et est-ce qu'ils peuvent nous être utiles ? 

  - Non, malheureusement.

  - Je disais à Lazarus que je pense que le tueur est susceptible de se montrer si nous adoptons une autre stratégie.

  - Laquelle ? 

  - Je cherche encore la meilleure, j'ai quelques idées, mais elles ne sont pas très prometteuses.

Freya en avait tellement assez de son obsession qu'elle aurait voulu lui crier que le tueur en question était devant lui.

  - Pourquoi ne pas attendre qu'il se montre de lui-même ? Vous pensez qu'il va s'arrêter là ? Se contenter de me ramener comme il l'a fait et disparaître pendant dix ans ?

Gunner se laissa tomber dans le fauteuil sans la quitter des yeux. La façon avec laquelle il la regardait était sans vergogne et à chaque fois qu'il faisait ça, Freya se sentait mal à l'aise. 

  - Je ne sais pas, c'est à vous de me le dire.

Freya résista à la tentation de regarder Lazarus et se concentra sur Gunner.

  - Vous n'avez toujours pas compris que c'est lui qui établit les règles ? Il vient quand il veut et quand il l'a décidé. Plus vous allez chercher à l'appâter, moins il va se montrer.

Le pire c'est qu'elle le pensait sincèrement. Si Lazarus Varak ne lui avait pas révélé son identité c'est exactement ce qu'elle aurait dit.

  - C'est fascinant à quel point vous le connaissez, nota Gunner en plissant les yeux comme s'il la soupçonnait de cacher quelque chose.

  - Je n'ai pas besoin de le connaître pour avoir appris de lui. C'est quand il se sent recherché qu'il reste dans l'ombre et je pensais que ces derniers jours vous aurez servi d'exemple. N'oubliez pas qu'il a dit qu'il voulait jouer à votre jeu. 

  - Elle n'a pas totalement tort, lança Lazarus depuis le fauteuil. Plus on va le chercher, plus il va nous piéger.

  - Et nous, nous sommes pressés de le trouver, répliqua Gunner en affichant une mine grave.

  - Et ensuite ? Lança Freya la respiration coupée. Qu'allez-vous faire ? 

Gunner fit mine de réfléchir.

  - Lui parler, dit-il en haussant les épaules.

Freya fronça des sourcils, essayant en vain de comprendre Gunner Azarov et son obsession de vouloir lui parler. 

Il darda sur elle un regard proche de la concupiscence et elle se força à détourner les yeux dans le sens opposé des deux hommes.

  - Le problème c'est que depuis que vous êtes dans son équation, il a cessé ce qui aurait pu nous aider à le coincer, lança Olivia Stevens en entrant dans la grande salle.

Abasourdie par les propos de la policière, Freya ne lui cacha pas le choc qui entamait déjà son visage.

  - Vous êtes sérieuse ? Vous êtes vraiment en train de suggérer qu'il enlève d'autres enfants et qu'ils tuent encore juste pour connaître sa position ? 

La froideur avec laquelle elle venait de s'adresser à elle mit Olivia sur la défensive.

  - Eh bien ce n'est pas ce que j'ai voulu dire mais ça y ressemble.

  - Olivia tu es tombée sur la tête ? Lança Josh Warren depuis la machine à café. Il y a d'autres moyens de coincer un tueur en série que d'espérer qu'il reprenne ses activités criminelles.

Et dire que l'intéressé se tenait là, juste derrière elle, se balançant paisiblement sur le fauteuil incliné en arrière.

  - Je dis simplement que tout s'est arrêté brusquement à cause de...

  - Et c'est plutôt une bonne nouvelle non ? Intervient Lazarus sur un ton grave. Le fait qu'il se soit arrêté devrait vous soulager non ? Quelle étrange façon de réfléchir mademoiselle Stevens.

L'intéressée se tourna vers Gunner comme si elle cherchait son soutien.

  - Elle n'a pas tort dans un sens, déclara ce dernier en haussant les épaules. Quand il enlevait des enfants, au moins nous avions de quoi établir sa position.

  - Parce que le fait qu'il m'ait déposé le chat et qu'il m'ait emmené avec lui il y a moins d'une semaine ne vous suffit pas ? Répliqua Freya complètement sonnée par leur façon de réfléchir.

Aucun des deux ne lui répondit, laissant un froid silence s'installer.

  - C'est un jeu pour lui, ne l'oublier pas, conclut Lazarus en se levant avec une aisance souveraine.

Freya secoua imperceptiblement la tête parce qu'elle se rendait compte que par moment elle oubliait que c'était lui. 

Lui et lui seul.

  - Nous devons partir mademoiselle Cullen, lui dit-il en récupérant ses affaires.

  - Et on peut savoir où vous allez ? S'enquit Gunner.

  - Dans le village de Freya afin qu'elle puisse rendre une petite visite à ses parents. Le fait qu'elle s'éloigne d'eux pour les protéger ne signifie pas qu'elle ne doit plus les voir.

  - Excellente idée, dit Gunner en se laissant tomber dans le fauteuil.

Freya sentit le poids de son regard sur elle et ne le supportait plus. Sans même faire acte de politesse, elle quitta le commissariat sans même attendre Lazarus.

Elle avait besoin de prendre l'air parce qu'elle suffoquait avant même de regagner ce village qui lui avait arraché une partie d'elle.

  - Eh bien, lança cette voix naturellement dangereuse et virile. Ils ne sont pas prêts de me trouver. Ça patauge bien plus que ce que j'avais pensé. 

Il était satisfait et jubilait sans modestie. Pourquoi s'en priver ? 

  - Tu as l'air bouleversée, lui fit-il remarquer une fois dans la voiture.

  - Oui, je le suis, admit-elle sans le regarder. Je ne supporte plus d'être au cœur de cette enquête et la cible de Gunner. Quelque chose ne va pas avec cet homme et il est clair qu'il a réussi à se mettre Olivia Stevens dans la poche. 

  - Il a couché avec elle, ça crée des liens.

Elle tourna la tête dans sa direction et une charge de frissons indescriptibles remonta dans son échine.

  - Tu as l'air d'apprécier le jeu.

  - Ce n'est pas moi qui l'ai commencé trésor, ce sont eux qui ont voulu jouer avec moi.

  - Est-ce que ça aurait été différent s'ils n'avaient pas ouvert ce procès inutile pour essayer de te piéger ? 

  - Tu veux dire est-ce que je t'aurais repris s'ils n'y avaient pas eu toute cette histoire de procès ? S'ils n'avaient pas cherché à se servir de toi pour m'attirer ? 

Freya se pinça les lèvres.

  - Oui, finit-elle par dire après un bref moment d'hésitation.

Il tapota le volant avec son pouce, le regard fixé sur la route.

  - Je pense que tu connais la réponse, et je t'ai déjà répondu Freya. Dès lors que tes pieds auraient foulés le village tu n'y serais pas resté longtemps procès ou non.

Ce qui laissait croire par moment qu'une partie de lui avait volontairement voulu la relâcher pour dévoiler uniquement son identité. Trouver une faille, un moyen de lui faire connaître son visage.

  - Tout va bien se passer, dit-il soudain en posant sa main sur sa cuisse couverte par le collant en laine. 

Freya réagit instantanément à cette main posée sur elle. Une main possessive et ferme. Son cœur manqua de céder au désir que lui procurait ce contact.

Alors qu'elle attendait qu'il retire sa main, il la pressa sur sa cuisse puis la glissa jusqu'à son genou.

Le cœur battant la chamade, elle essaya d'adopter une attitude détendue mais son corps brûlait de réagir de manière incontrôlable.

  - Nous sommes arrivés, annonça-t-il en se garant sur le petit parking tout près de l'entrée du village.

Il retira sa main et elle retourna brusquement à la réalité.

  - Essaye de garder une attitude la plus normale possible. Personne ne doit soupçonner que tu es partie parce que tu connais la vérité.

  - Oui, dit-elle dans un souffle qu'elle ne put empêcher d'être tremblant.

Elle quitta la voiture avec la boule au ventre et ce fut pire quand son père et sa tante Jemma qui se trouvaient à l'entrée du village se tournèrent vers elle.

Freya rencontra le regard de son père et son cœur se serra de douleur de savoir que quelque part en lui, régnait une part sombre...suffisamment sombre pour vouloir la donner au révérend Lantz.

  - Freya ! Mais que fais-tu ici ? Lança Jemma en prenant un air surpris alors que son regard était chargé de peur et d'inquiétude.

  - Freya voulait vous rendre une petite visite, expliqua Lazarus en prenant ce ton calme et charmeur. 

Freya fit au mieux pour ne rien montrer à son père qui la regardait avec une fureur contenue.

  - Pourquoi es-tu partie sans nous prévenir ? dit-il sur un ton mécontent. On t'a cherché partout. Ce n'est pas un bon comportement Freya ! 

La fureur dans ses yeux lui serra la gorge parce qu'elle savait d'où elle venait.

  - Je ne voulais pas courir de risques inutiles en vous informant de mon départ, expliqua-t-elle calmement en jetant un bref regard à Jemma qui elle savait pourquoi elle était partie. De plus je savais que tu aurais essayé de me retenir mais la situation est beaucoup trop grave père.

  - Tu dois rentrer maintenant. Ta maison est ici ! Peu m'importe si cet homme est un danger pour nous ! 

La colère qui découlait de ses traits confirmaient à présent ce qu'elle avait désespérément voulu oublier.

  - Ou alors nous pouvons partir, intervint Lazarus en se plaçant à côté d'elle.

Freya prit peur lorsqu'elle leva la tête sur sa haute stature puis sur son visage qui était devenu impassible. 

Dangereusement impassible.

  - Allons du calme, lança une voix derrière son père.

Le révérend Lantz s'approcha et avec lui plusieurs amishs du village le suivaient. Freya sentit son estomac se nouer mais le frisson glacé qu'elle sentit dans la nuque avait été provoqué par l'homme des ténèbres qu'elle savait capable de les tuer un par un.

Plus ils se rapprochaient, plus Freya redoutait que Lazarus mute en un loup assoiffé et ravage le village. 

Contre toute attente lorsqu'elle leva une seconde fois la tête vers son visage elle remarqua qu'il ne portait plus son masque impassible, mais un sourire faussement aimable relevait la commissure de ses lèvres.

Un sourire qui en réalité était diabolique.

Elle déglutit en reportant son attention sur le révérend Lantz qui s'était placé entre Jemma et son père.

  - Freya, tu nous a fait si peur.

  - Je suis désolée révérend, parvint-elle à dire alors qu'elle avait la nausée. 

Il esquissa un sourire tout en faisant preuve d'une amabilité trompeuse. Comment était-ce possible que tant de personnes soient hypnotisées par cet homme répugnant, se demanda-t-elle en regardant tristement son père.

Les hommes derrière lui restèrent en retrait et elle remarqua que leurs regards étaient tous tournés vers Lazarus.

De la crainte vibra dans l'atmosphère...une redoutable crainte qui semblait avoir déjoué les plans de ces hommes venus pour la reprendre. 

À cette pensée effrayante elle se glissa un peu plus vers l'homme des ténèbres pour se sentir protéger. 

  - Tout va bien, dit-il doucement. Nous étions juste inquiets pour toi. Tes parents ne méritent pas une telle source d'angoisse.

  - Et c'est pour cette raison que je suis venue. Pour éviter qu'ils s'inquiètent pour moi.

  - C'est une excellente décision.

  - Je propose de m'entretenir avec le révérend Lantz à propos de ton retour quand nous aurons coincé ce tueur. Pendant ce temps tu devrais aller voir ta soeur et ta mère.

La proposition de Lazarus lui donna le vertige et la seule raison qui la fit acquiescer c'est qu'elle savait qu'il mentait. 

  - C'est une excellente idée, approuva Lantz en tapotant l'épaule de son père. 

L'ombre impitoyable de Lazarus passa à côté d'elle et il s'avança vers Lantz, dominant de sa grandeur l'ensemble des hommes du village.

Freya le regarda partir tout comme le reste de la foule qui était venue les entourer.

Le révérend Lantz le guida vers l'église sans se douter un instant qu'il était sur le point d'inviter les ténèbres à entrer...

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