Chapitre 10



Bonsoir,


J'espère que vous allez bien.


Je voulais vous laisser un petit message pour vous remercier de me faire confiance sur cette histoire qui n'est définitivement pas comme les autres. Je suis vraiment contente de l'écrire même si ça fait deux semaines que je suis malade et écrire dans ces conditions n'est pas du tout agréable. Alors merci beaucoup pour tous vos commentaires que je me plais à lire pour cette histoire. ( Certains ont de bonnes pistes...)


❤️







Après cet étrange moment passé en ville Freya avait trouvé refuge dans l'église du village. Elle ne savait pas précisément depuis combien de temps elle était assise sur ce banc à réfléchir mais en relevant les yeux sur les vitraux, elle découvrit une magnifique couleur rougeoyante. Un soupir nerveux s'échappa de ses lèvres entrouvertes quand elle écarta sa paume de main pour fixer la bande blanche. Une légère tâche de sang était visible au centre, lui rappelant à nouveau à quel point elle avait été stupide en se rendant en ville. 

Sortie de sa torpeur, elle n'eut aucun mal à entendre la lourde porte de l'église retomber en créant une résonance qui la raidit aussitôt.

Freya pivota sur le banc et découvrit le révérend Lantz qui s'avançait vers elle.

  - Est-ce que je te dérange ? Demanda-t-il poliment.

Freya secoua négativement de la tête et le laissa s'installer à côté d'elle.

Tendue, elle s'agita légèrement puis releva les yeux sur les vitraux. 

  - Ton père s'inquiète pour toi Freya, déclara-t-il pour briser le silence.

À sa droite, elle pouvait voir son regard posé sur elle avec insistance.

Espérait-il qu'elle lui livre certains de ses secrets ? 

  - Je vais bien, dit-elle simplement en croisant les mains en prière.

  - Tu en es certaine ? Insista-t-il calmement. Tu sais que tu te trouves dans la maison de Dieu. Tu peux te confier ici et personne n'en saura rien.

Freya tourna la tête dans sa direction en avisant son sourire rassurant.

  - Est-ce que c'est ce monstre qui t'inquiète ? 

Un frisson la parcourut et un soupir glacé quitta ses lèvres.

  - J'essaye simplement de comprendre ce qui m'arrive, mais je peine à trouver un sens à tout ça, finit-elle par dire en pressant ses mains l'une contre l'autre un peu plus fort.

  - Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? 

  - Ce qu'il veut de moi, murmura-t-elle d'une voix tremblante.

  - Sans doute te faire peur, mais tu n'es plus toute seule maintenant.

Quand elle sentit sa main se presser sur son épaule, Freya éprouva une raideur dans le cou et se tendit un peu plus sur le banc.

  - Révérend Lantz est-ce que je peux vous poser une question ? 

  - Évidemment.

Freya déglutit péniblement et fut gagnée par l'hésitation.

  - Est-ce que ça fait de moi une personne horrible d'avoir de temps en temps pensé qu'il n'était pas si monstrueux que ça ? Lâcha-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

Le révérend Lantz inspira par le nez, l'air de réfléchir à la bonne réponse qu'il pouvait lui apporter.

  - La compassion fait de nous de bonnes personnes alors non mon enfant, je ne pense pas que ça fait toi une horrible personne d'avoir pensé qu'il pouvait être davantage humain que monstre, répondit-il en la dévisageant l'air soucieux. Cependant tu as pu être facilement manipulé Freya car tu étais vulnérable à ce moment-là.

Vulnérable ça oui elle l'était, mais elle n'avait pas l'impression d'avoir été manipulée par cet homme. D'ailleurs comment aurait-il fait ?

  - Tu as besoin de te reconstruire Freya, c'est une étape importante pour guérir du mal qui te ronge.

  - Je ne suis pas rongée par le mal, rectifia-t-elle en soutenant son regard. Je suis perdue et terrifiée. Être rongée par le mal c'est faire quelque chose de mauvais et je n'ai rien fait de mal.

Il retira sa main de son épaule pour la poser sur le banc. 

  - Tu aurais pu faire les choses différemment ce jour-là, Freya.

Décontenancée, elle fronça des sourcils en cherchant son regard désormais rivé vers l'autel.

  - Quoi ? Je ne comprends pas.

  - Tu es partie en ville sans attendre la carriole, tu as désobéi Freya, révéla-t-il sur un ton moins bienveillant. Si tu avais attendu qu'un homme du village t'emmène jamais tu aurais croisé la route de ce monstre.

Abasourdie, Freya glissa sur le banc pour s'écarter de lui tout en gardant ses yeux ancrés dans ceux du révérend.

  - Tu ne t'en souviens pas ? Tu ne te souviens pas de cette journée ? De la veille ? 

  - Non et je suis profondément choquée de comprendre qu'à vos yeux ce qu'il s'est passé...

  - Ce n'est pas ce que j'ai dit Freya, la coupa-t-il d'une voix adoucie. Ce que je veux dire c'est que les événements auraient pu être différents si tu avais écouté ton père. Tu n'es pas responsable, mais tu devrais profiter de cette reconstruction pour envisager de rattraper tes fautes. 

Bouleversée par cette conversation qui ne l'aidait en rien à se sentir mieux, Freya se leva du banc.

  - Confie-toi à Dieu, réfléchis à ta reconstruction parmi les tiens Freya. 

  - Je sais où vous voulez en venir, père m'en a déjà parlé, s'empressa-t-elle de lui dire avec une légère froideur incontrôlable. Cependant ce n'est pas un mariage qui va m'aider à aller mieux.

  - Je pense que si, et je t'invite à y réfléchir.

  - Très bien, dit-elle précipitamment pour fuir au plus vite cette conversation sans irriter cet homme qui semblait important pour sa communauté. Merci révérend Lantz de m'avoir écouté.

Il esquissa un sourire en inclinant la tête.

Freya se faufila dans l'allée et quitta l'église rapidement tout en regrettant amèrement de s'être confiée au révérend Lantz.

À dix kilomètres de Lancaster, Olivia Stevens se redressa sur le lit en poussant un soupir frustré tout en regardant Gunner Azarov installé sur le fauteuil. Cela faisait plus d'une heure qu'elle attendait de pouvoir satisfaire son corps qui réclamait cet homme depuis son arrivée assez remarquée en Pennsylvanie.

  - Je peux savoir ce que tu fais ? Je croyais que tu m'avais appelé pour qu'on s'amuse un peu.

Il tira sur la cigarette en fixant le plafond.

  - Changement de plan, je suis en train de réfléchir.

La policière attrapa son chemisier pour le plaquer sur sa poitrine encore enfermée dans de la lingerie. 

  - Rassure-moi, tu n'es pas en train de réfléchir à cette affaire ? Tu ne m'as pas fait venir pour ça ? 

Gunner Azarov redressa la tête pour lui jeter un regard éloquent.

Olivia lâcha un rire stupéfait.

  - On m'avait prévenu que tu étais obsédé par cette affaire mais je ne pensais pas à ce point.

  - Tu ne l'es pas toi en tant que flic ? 

  - Évidemment, mais j'aime prendre le temps de m'amuser un peu, répondit-elle avec un sourire langoureux.

  - J'aimerais comprendre ce qu'il veut, dit-il en se levant pour aller se servir un verre. 

  - Eh bien ça me paraît assez simple, répondit Olivia en s'allongeant sur les oreillers. Il se sert de la fille pour atteindre son but.

  - Oui mais quel est son but, s'enquit Gunner en se retournant pour la questionner du regard.

  - Je ne sais pas, soupira-t-elle, l'air agacé. Je ne suis pas dans sa tête et toi non plus d'ailleurs. 

  - Tu es flic et tu ne t'interroge pas ? 

  - Bien sûr que si, mais ça fait des années que cette affaire est au point mort et jusqu'ici la seule piste sérieuse qu'on possède c'est ce chat et cette fille qui est dans la bouche et l'esprit de tout le monde.

  - Tu es jalouse ? S'enquit Gunner en levant un sourcil intrigué. 

  - D'une amish ? Ricanna-t-elle avec un sourire crispé. 

  - Une jeune amish sexy même dans ces accoutrements moyenâgeux, précisa-t-il en la regardant par-dessus son verre. 

Olivia Stevens le défia du regard en étendant ses bras sur le lit et se mit à caresser la parure avec ses doigts.

  - Tu crois qu'il se l'est tapé ? 

  - Cette question me prouve que tu es un petit flic Olivia sinon tu ne m'aurais pas posé la question, répondit-il d'un air furtivement moqueur. Si tu avais lu le dossier médical tu saurais qu'elle est aussi vierge que la vierge. 

Sur les lèvres de Gunner se mit à danser un sourire brûlant de pensées secrètes.

  - Quel gâchis, ajouta-t-il après avoir fini son verre.

  - Tu sais qu'elle soupçonne tout le monde maintenant.

  - Apparemment.

Olivia cessa de caresser la parure en le dévisageant.

  - Toi également.

Gunner ricana en allumant une autre cigarette.

  - Tu penses que c'est moi ? L'interrogea-t-il en plissant les yeux.

Elle ne répondit pas immédiatement, confirmant sans le vouloir qu'elle avait des doutes.

  - Cet homme peut être n'importe qui.

  - Alors tu es stupide, dit-il en s'adossant au bar. Tu me soupçonnes d'être ce tueur mais tu es ici avec moi alors que je pourrais te tuer là...tout de suite.

Olivia perdit son petit air aguicheur et se redressa sur le lit.

  - Arrête, ce n'est pas drôle.

Il souffla un rire sombre en allant s'installer dans le fauteuil en face du lit.

  - Je suis sérieuse, ce n'est pas drôle, insista-t-elle en remettant son chemisier. 

Elle sauta du lit pour récupérer son sac à main et jeta un dossier sur la petite table.

  - Les as-tu vu ? Parce que si ce n'est pas le cas, regarde.

Gunner ouvrit le dossier et découvrit une série de photos.

  - Bon sang...

  - Ce sont toutes les scènes de crime. C'est un véritable bain de sang. 

  - C'est vraiment méthodique, commenta-t-il en regardant les photos une par une.

  - En effet ça l'est, confirma-t-elle d'une voix nerveuse. 

Gunner referma le dossier en le tapant doucement dans sa paume de main.

  - Cela n'explique pas pourquoi il s'est subitement arrêté pour cette fille. Après le dernier enfant, il a tout arrêté. Il l'a gardé toutes ces années et pas un seul autre enfant a été enlevé. 

  - Et donc ? 

  - Et donc c'est incroyablement fascinant, répondit-il en jetant le dossier sur la table basse. Ce n'est pas un tueur en série comme les autres et c'est pour ça que je suis autant désireux de comprendre. 

  - Certains tueurs en série s'arrêtent de tuer pendant des années pour se faire oublier et ensuite ils recommencent.

  - Tu as raison, mais dans ce cas particulier il ne recommence pas, il est focalisé sur Freya Cullen. C'est comme si elle était l'élément central de son jeu. 

  - Tu crois qu'il attend qu'elle soit tuée ? 

Gunner haussa doucement les épaules.

  - C'est une possibilité, mais je ne pense pas. Si c'est ce qu'il attendait vraiment alors il l'aurait libérée comme les enfants. Il y a quelque chose de plus profond que ça et c'est pour ça que je veux qu'elle le fasse venir jusqu'à elle.

  - Et ensuite ? Tu vas lui proposer de boire un café pour papoter ? 

Azarov esquissa un sourire en passant son pouce sur ses lèvres.

  - Gunner soit tu es dingue, soit tu...

Il la vit blêmir et se reculer légèrement.

  - Soit quoi ? Tu doutes de moi trésor ? 

  - Je n'ai jamais vu un homme aussi passionné par des tueurs en série, c'est assez flippant. 

  - J'essaye de rentrer de leur tête, j'essaye de comprendre ce qui peut pousser un être humain à commettre le pire. Est-ce que ça fait de moi un suspect ? 

Olivia hésita en croisant les bras contre elle.

  - C'est peut-être une couverture, hasarda-t-elle en guettant sa réaction. 

Gunner lui répondit par un sourire en coin puis rejeta la tête contre le dossier du fauteuil.

  - Comme l'a dit la jeune et douce amish, nous sommes tous suspects Olivia et je crois que tu devrais rentrer chez toi maintenant ou tu pourrais tenter ta chance avec mon confrère.

  - C'est déjà fait, lâcha-t-elle sèchement, il était trop occupé.

  - Alors je suis ton second choix ? Tu me fais de la peine.

Il fit mine d'être blessé et quand elle voulut partir, il la retint par le poignet. Elle sursauta légèrement avec un hoquet, la mine figée dans l'appréhension.

  - Reviens demain soir, je serais peut-être plus en forme, chuchota-t-il avant de lâcher son poignet.

Olivia ramassa ses affaires à la hâte et quitta la chambre rapidement sous le regard amusé de Gunner Azarov qui avisa le dossier qu'elle avait malencontreusement oublié.

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