Rencontre instructive
Cette fois, mon cœur s'arrêta carrément. Devant moi, se tenait le plus bel homme que je n'avais jamais vu. Son torse nu parfaitement sculpté se terminait sous un pagne blanc, qui, dans d'autres circonstances, m'aurait fait glousser. Mais là, ça le rendait diablement sexy. Je sentais le sang me monter aux joues.
- Je suis au paradis.
- Au quoi ? demanda-t-il, perdu.
- Je suis morte, c'est ça, et vous êtes un ange.
Il partit dans un fou rire grave et mélodieux. Punaise ! Ça le rendait encore plus beau. J'en devins rouge cramoisi.
- Par tous les dieux, non ! Vous n'êtes pas au royaume d'Hadès. Que Poséidon vous en préserve le plus longtemps possible ! Et je ne sais pas ce qu'est un ange non plus.
- Je ne suis pas morte alors ?
- Absolument pas.
- Mais je suis où alors ? Parce que si je ne suis pas morte, je crois que je suis en train de perdre la tête.
- Décidément, vous avez des expressions vraiment particulières, se moqua-t-il encore.
- Dites-moi honnêtement si je suis en train de devenir folle. On est dans une cité grecque ?
- Tout d'abord, vous n'êtes pas folle, mais je peux admettre que tout cela soit perturbant pour une terrienne. Ensuite, notre monde est en effet à l'image de votre époque antique, bien qu'il en diffère un peu.
- Comment ça votre monde ?
- Laissez-moi vous le montrer, dit-il en me tendant la main.
J'acceptai de le suivre, un peu déboussolée. Il m'entraina à sa suite dans les escaliers, puis à travers un vestibule donnant sur une cour intérieure. Je n'eus pas le temps de l'interroger que déjà, il me tirait derrière lui, à travers les petites rues pavées, sous le regard incrédule des passants. Je n'en croyais pas mes yeux. C'était comme si j'avais fait un bond dans le passé. Tout, absolument tout, me rappelait les illustrations de mon bouquin d'histoire. Mr Champollion, mon prof au lycée, en aurait eu une crise cardiaque !
L'apollon s'arrêta enfin sur le bord d'une route qui surplombait une bonne partie de la ville. Il se posta face à l'océan et son visage s'illumina.
- Voici Aigéaï, royaume de Poséidon, dieu des océans.
Je fronçai les sourcils et me mis à cogiter à toute vitesse. Alors, petit un : A priori, je ne suis pas morte, bien que l'homme à mes côtés ait tout d'un ange tellement il semble parfait. Petit deux : je ne suis peut-être pas folle car tout ça m'a l'air bien trop élaboré pour n'être que le fruit de mon imagination certes fertile. Et petit trois : je ne rêve pas car mon poignet me fait encore un mal de chien.
- Alors que pensez-vous de votre nouvelle patrie ?
- Ok, minute papillon ! Si j'ai bien compris, je ne suis plus sur Terre mais dans un autre monde. On est sur une autre planète, c'est ça ? Vous êtes une sorte d'extra-terrestres ?
- Décidemment, je ne vais pas m'ennuyer avec vous ! En fait, c'est plus compliqué que cela. Disons que pour simplifier, nous sommes dans une réalité autre que celle que vous appelez Terre. Chacun des dieux principaux a construit son propre royaume et nous passons d'un monde à l'autre à travers le kathréptis. C'est par là que vous êtes arrivée.
Je me mis à masser mes tempes. Le trop plein d'informations commençait à produire un effet néfaste sur mes neurones.
- Donc, si j'admets tout ce que vous venez de me dire, ainsi que ce que m'ont dit les géantes folles furieuses, je me retrouve dans un monde parallèle dirigé par Mr Poissons and Co, alias Poséidon, et je dois devenir son esclave.
L'apollon blêmit d'un coup et plaqua une main sur ma bouche.
- Mais vous êtes complètement folle ! Manquer de respect aux dieux, particulièrement aux Moires, vous vaudra des malheurs à n'en plus finir ! Présentez vite vos excuses avant qu'ils ne se fâchent.
J'avais envie de pouffer de rire, mais à la vue de sa mine déconfite, je me ravisai.
- D'accord, je m'excuse ! Voilà, satisfait ?
- J'espère pour vous qu'ils n'ont pas prêté oreille à vos propos, se fâcha-t-il.
C'est qu'il avait l'air vraiment inquiet.
- Désolé, je ne pensais pas que c'était si grave. C'étaient juste des mots !
- Chaque mot a son importance avec les dieux. Gravez-le bien dans votre esprit.
- Très bien, je m'en rappellerai, bougonnai-je.
Il se prend vraiment trop au sérieux celui-là. Moi qui pensait être quelqu'un de trop sage, mais comparé à lui, je suis une dévergondée. Un petit sourire vint alors éclaircir son visage.
- Oublions tout ça. Il ne sert à rien de se faire du souci. L'avenir nous dira si les dieux vous en veulent. Mais je ne suis pas présenté : Thésée, fils d'Egée et d'Ethra, premier capitaine de l'Elite des Sirènes et votre guide jusqu'à que vous soyez capable de vous débrouiller seule.
Cette fois-ci, je ne pus m'empêcher de pouffer de rire.
- Thésée, sérieux ? Moi qui pensait que seule ma mère avait le don de trouver des prénoms importables ! Et l'élite de quoi ? des sirènes ? Comme Ariel, avec une queue poisson et tout et tout ?
Thésée croisa les bras et se renfrogna.
- Vous n'avez de respect pour rien, il semblerait. C'est un honneur de porter ce prénom. C'est celui de l'un de nos plus grands héros, qui a combattu lors de la seconde guerre des dieux. Et je ne sais pas qui est cette Ariel, mais l'élite des Sirènes est le corps d'armée le plus prisé de notre monde. En faire partie demande beaucoup de sacrifices et de qualités.
- Désolé, vraiment, peinai-je à articuler entre deux hoquets, mais dans mon monde, ça a une tout autre signification.
Je réussis tant bien que mal à maîtriser mon fou rire et lui tendis la main en signe de paix.
- On fait la paix. Je ne voulais pas vous vexer.
Il me lança un regard noir mais finit par me serrer l'avant-bras brièvement. Ça aussi, ce n'était pas banal comme poignée de main. Décidément, j'allais de surprise en surprise. Mais cette rencontre pouvait être classée dans les bonnes.
- A mon tour de me présenter, je m'appelle Callistée, fille de... Margaret et d'un illustre inconnu, étudiante en droit, déblatérai-je fièrement.
Thésée me détailla d'un air neutre, puis afficha un magnifique sourire.
- Vous portez un nom d'une personnage célèbre, vous aussi. Malheureusement, ici faire référence à une ancienne amante de Zeus n'est pas le meilleur des compliments.
Je restai bouche bée. Mais c'est qu'il venait de se moquer de moi ! Il me donna un coup d'épaule qui faillit me faire tomber.
Ne le prenez pas mal. Je plaisantais ! Allez,venez, nous devons vous préparer pour la cérémonie d'intégration.
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