Chapitre 2
Je me réveille difficilement. Ma nuit a été agitée de sombres cauchemars, mais leurs sujets m'ont échappé. Un coup d'oeil à l'heure, et je saute de mon lit. Il est 9h51 !!!! Il me reste neuf minutes top chrono avant d'être en retard ! C'est impossible d'y aller aussi vite, mais tant pis ! Hors de question d'être en retard pour mon premier jour ! Je m'habille en quatrième vitesse et ne prend pas la peine de manger mon petit-déjeuner. Un bon point pour mon régime, au moins ! Je sprinte vers ma voiture et la démarre rapidement. Je roule vers l'entreprise, en ne dépassant pas les limitations de vitesse, j'en garde un trop mauvais souvenir. Par je ne sais quel miracle, j'arrive devant l'entreprise Dupain-Cheng à dix heures pile. Je soupire de soulagement.
" Eh, bien ! Vous êtes pile à l'heure, M. Agreste ! Une véritable prouesse, vu l'état de votre voiture.... " Je fais un bond de plusieurs mètres. Mais comment fait-elle pour toujours apparaître dans le dos des gens ? Je pose une main tremblante sur mon cœur, dans une veine tentative de le calmer, suite à la frayeur qu'elle vient de me faire. Mlle Dupain-Cheng jette un coup d'oeil critique vers ma petite voiture cabossée, garée sur le parking. J'ai envie de l'étriper, mais également de la prendre dans mes bras, trop content qu'elle déverse sa colère sur ma voiture plutôt que sur moi. Devrais-je m'inquiéter pour ma santé mentale ? Indéniablement, oui.
" Aujourd'hui, vous allez travailler uniquement dans le studio 2, poursuit-elle. Le photographe, Robert, vous attend déjà. Allez ! Et dépêchez-vous ! " Je baisse les yeux vers le sol pour ne pas croiser les siens, et me dirige vers le bâtiment sans un mot. J'arrive tant bien que mal au studio 2 ( tous ces couloirs se ressemblent !!! ) et rejoins le photographe, qui m'attend de pied ferme.
" Ah ! En- enfin ! bégaye-t-il. O-on n'at-n'attendait qu-que v-vous p-pour c-commencer ! " On me donne une pile de vêtements, et me désigne les vestiaires. Je sens que ça va être long. Très long. Malgré tout, je m'attelle à mon travail.
Je vois les tenues défiler. Les flashs d'appareil photo, également. Finalement, arrive l'heure de la pause. Une sonnerie retentit dans tout l'établissement, et mes collègues et moi nous rendons dans le réfectoire. Je me sers un café, en soupirant. Cette journée est vraiment rude. Et dire que ce sera comme ça tous les jours, à partir de maintenant... Mais pas question d'abandonner ! Je vais faire mes preuves, et ils n'auront plus qu'à reconnaitre que je suis un bon employé. A peine la pause finie, je file au studio 2 sous les visages perplexes de mes collègues. Ah, ils veulent quelqu'un de responsable ? Ils vont l'avoir !
Le reste de l'après-midi, je travaille avec application et acharnement. En fin de journée, mon photographe s'extasie sur ses clichés, me félicitant toutes les cinq minutes pour mon excellent travail. Je ne suis pas peu fier de mes efforts, en effet. D'après les autres mannequins, Mlle Dupain-Cheng passe dans chaque studio en fin de journée, pour vérifier que tout se passe bien, et jeter un coup d'oeil aux clichés. J'ai hâte de lui montrer mon travail. Soudain, la porte du studio s'ouvre. Quand on parle du loup... La directrice entre, son éternel porte-document avec elle.
" Ah, M. Agreste ! s'exclame-t-elle. Voyons si vous vous êtes montré à la hauteur... " Elle affiche un air moqueur, s'imaginant sûrement que mon travail s'est révélé être un désastre. Je relève le menton, un sourire en coin. Elle va voir ! Mon photographe s'éloigne avec elle, et je le vois gesticuler, un immense sourire sur les lèvres, complètement hystérique. Ma patronne, elle, ouvre deux yeux ronds, avant de me jeter un rapide regard. Je lui souris, fièrement. Elle pensait que je n'y arriverai pas ? Elle se trompait ! Après avoir inspecté les photos, Mlle Dupain-Cheng vient vers moi en fronçant les sourcils.
" C'est bien, M.Agreste. Vous avez mon admiration. Mais ne forcez pas non plus. Le surmenage n'est pas bon, à notre âge. " J'écarquille les yeux.
" Vous... Vous vous inquiétez pour moi ?
- Et cela vous pose un problème ? Je me dois de garder mes employés en pleine forme, et m'assurer qu'ils vont bien ! " J'ai un petit pincement au cœur. Donc, elle s'inquiète pour tous ses employés.
" Euh, oui bien sûr, désolé... " Elle me regarde un moment, puis me dit :
" J'avoue vous avoir jugé un peu vite. Vous avez du talent. A demain, M. Agreste.
- A demain, mademoiselle. " Elle sort du studio, et je me laisse tomber sur une chaise. Je m'éponge le front d'une main.
" B-bravo, Adrien ! C-ces photographies sont d'une q-qualité incroyable ! V-vous pouvez r-rentrer chez vous !
- Merci, Robert. A demain ?
- N-non, demain, v-vous travaillerez avec G-Gustave, dans le s-studio 1 !
- Ah... Dans ce cas, à une prochaine fois ! " Il me fait un petit signe de la main, et je sors du studio. Je jette un coup d'oeil à ma montre, tout en marchant dans les couloirs. Il est 17h05. Je longe un couloir, lorsque soudain, quelqu'un me rentre dedans. Je me retrouve sur le sol, hébété.
" Mais faites attention ! me crie un jeune homme aux cheveux teintés de bleu.
- Et vous, alors ! Vous pourriez regarder devant vous ! répliquai-je.
- Ah, Luka ! Tu es arrivé ! J'ai besoin de toi ", intervient la directrice. Je me relève en grommelant, tandis que le dénommé Luka affiche un grand sourire à la jeune femme.
" Toujours là pour toi, Marinette !" sourit le bleuté. Je sers les poings dans mes poches, alors qu'il la rejoint sans se préoccuper de moi. Soufflant de frustration, je m'apprête à sortir de l'entreprise pour rentrer chez moi, mais la tentation est plus forte. Je les suis discrètement. Ils arrivent devant le bureau de Mlle Dupain-Cheng et entrent, refermant la porte derrière eux, me bouchant la vue. Je m'approche de la porte et colle mon œil à la serrure. Je sais que ce n'est pas raisonnable, mais je ne peux pas m'en empêcher. Et si c'était son petit ami ? Mais, bon sang, qu'est-ce que ça peut me faire ?!? Elle fait ce qu'elle veut, enfin ! Oui, mais j'ai vraiment envie de savoir. A l'intérieur, Mlle Dupain-Cheng montre des dossiers à Luka, qui est penché au-dessus de son épaule. Ils travaillent ensemble pendant un quart-d'heure, au bout duquel je suis découragé. Ils ne sont peut-être que collègues. Soudain, Luka rapproche son visage de ma patronne. Je me mors violemment la lèvre, au point qu'un goût de sang envahit ma bouche. Pas question que je laisse faire ça ! Mais, Adrien, tu t'en fiches ! tempête une partie de mon cerveau. Oui... Mais non. Je toque à la porte sans même avoir réfléchit à une excuse. Puis je l'ouvre. Luka est toujours penché vers ma patronne. J'avale difficilement ma salive et dit :
" Mlle, je pourrais récupérer mes clefs de voiture ? Elles sont restées dans le studio et il est fermé à clef...
- M. Agreste, normalement, on attend que je vienne ouvrir, pour entrer !
- Excusez-moi...
- Bon, venez ! Je vais vous l'ouvrir ! " Elle passe devant moi. Luka me jette un regard noir, et je lui souris cruellement. Puis je suis docilement la jeune femme jusqu'au studio 2. J'entre dedans et en sors quelques minutes plus tard. Mes clefs ont toujours été dans ma poche, mais sur le coup, c'était la seule excuse qui m'était venue.
" Vous les avez trouvées ? me demande-t-elle.
- Oui, oui... Dites-moi, ce Luka, c'est votre petit ami ?
- M. Agreste ! Je vous interdis de vous mêler de ma vie privée !
- Simple curiosité... Désolé.
- Luka n'est qu'un collègue, et ami. Rien de plus.
- Mais j'ai eu l'impression d'interrompre...
- A demain, M. Agreste. " Ah d'accord. Je me retrouve tout seul, au milieu du couloir. Quelle poisse. Pourquoi est-ce qu'elle fait confiance à Luka, et pas à moi ? Bon, c'est vrai, elle ne me connais que depuis hier. Mais j'aimerais tellement qu'elle m'appelle par mon prénom, comme elle le fait avec tous les autres employés de l'entreprise. C'est vrai, pourquoi suis-je le seul qu'elle évite ? Je soupire, et sors du bâtiment. Un jour, peut-être qu'elle sera plus à l'aise avec moi... En attendant, j'ai intérêt à ne plus me mêler de sa vie privée. Cela a l'air de l'énerver au plus haut point. Je grimpe dans ma voiture, et démarre. Sur la route, je ne peux m'empêcher de penser au baiser que j'ai interrompu. Que s'est-il passé, une fois que je suis parti ? Peut-être qu'ils se sont tout de même embrassés... Peu importe, ça ne me concerne pas. Sans m'en rendre compte, mes mains sont crispées sur mon volant, et un tic nerveux agite mes doigts. Je me gare dans le parking de mon immeuble, et entre dans le bâtiment. Je monte les escaliers en vitesse, et pousse la porte de mon appartement. J'avais oublié qu'il était aussi gris. Je m'assois sur une chaise, exténué. Je déteste ce Luka. Si c'est vraiment le petit-ami de ma patronne, je la plains de tout mon cœur. Je finis par m'endormir, le sommeil agité de cauchemars et sombres pensées.
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Me revoilà ! Ce deuxième chapitre est un peu plus court, mais c'est normal, c'est sa première journée de travail ! Un peu de compréhension, que diable ! T^T Au moins, ça m'a permis d'insérer Luka, et une petite crise de jalousie du côté d'Adrien. Dites-moi ce que vous pensez en commentaires ! Bons ou mauvais, tout me va, tant que ça me permet de m'améliorer ! Rendez-vous au chapitre 3 !!!
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