Rupture Amicale

Ça vous est déjà arrivé une rupture amicale ?

Cette déchirure si particulière ?

Devoir bannir un.e ami.e de votre vie parce qu'iel est devenu toxique.
Iel ne vous respecte pas. Vous démoralise. Ou vous énerve.

Parce qu'iel est devenu.e invivable.

Ça vient de m'arriver.
Pour la première fois.

Depuis la fin du collège notre amitié était déjà écorchée. J'ai pris si longtemps à remettre en question nos liens. Pouvait-elle encore être ma meilleure amie ?

Nous étions pourtant inséparables. Tic et Tac. Laurel et Hardy. Holmes et Watson. Batman et Robin

Clara et Alexane.

C'était comme ça. On faisait tout ensemble. Tout le temps.
Tous les jours.

Tu étais la seule, la meilleure à mes yeux.

Ton amitié était à moi. Je te connaissais comme personne d'autre.
Personne.
Tu etais la personne que je voyais le plus. Que j'écoutais le plus. Avec qui je parlais le plus.

On avait tous vécu ensemble.

Je n'imaginais plus l'une sans l'autre. Indissociables.

Puis les tensions sont apparues.
Tombées sur nous comme une mauvaise averse.

Au début je pensais que ses mauvaises humeurs très lunatiques qui rythmaient nos journées allaient...je ne sais pas, passer ? Elles passent forcément.

Un coup joueuse un coup maussade.

Mais ça allait vite redevenir stable, j'en étais persuadé.

L'averse s'en va aussi vite que les nuages d'orage.

Et puis... c'était l'époque où on affirmait fièrement ne jamais s'être disputées.
On était belles ensemble, on se pensait d'une complicité exemplaires.

Mais ce n'était pas des sautes d'humeur normales. Non. Je ne pouvais rien y faire.
Quand elle était dans sa bouderie, chaque intention pour lui remonter le morale m'était reprochée. Constamment.
Un simple "ça va ?" me valait le plus noir des regards. Alors que je n'étais pas la cause de ses humeurs noires. C'était pour des broutilles! Trois fois rien ! Un cours ennuyeux? Une queue trop longue au self ? Un exercice trop difficile en classe ? Une minuscule remarque du professeur? Et nous y étions à nouveau. Regard assassins, moues prononcées, et cette manie de dessiner en ignorant le plus possible le monde alentours. Surtout moi.

Dans ses moments là j'étais seule. Seule face à une tempête de colère qui m'était imposée. Dans laquelle je me noyais et où chaque geste pour essayer de nager vers la surface ne faisais qu'aggraver les coups de tonnerre.

Une fois, elle fut particulièrement énervée. Un cours de sport trop exigeant à ses yeux, moi essayant de lui parler pour l'aider. Insistant un peu par inquiétude. Et elle ne dit plus un mot. Plus un. Sur tout le chemin du retour.
Puis d'un seul coup, elle quitte notre trottoir et traverse la rue. Me quitte sans même m'expliquer. M'abandonne confuse et perdue.
Quatre ans d'amitié fragilisées en une après-midi.
Le lendemain matin elle n'est allée à pied au collège avec moi.

Je crois que ce fut la première fois où j'ai été énervée au point où j'en étais venue à vouloir frapper une chaise. À vouloir crier mon incompréhension et ma peine au ciel.
Ça ne m'a pas apaisé.

Nous avons pu parler. Ou plutôt: j'ai parlé. Elle a rit.

J'avais pris se rire, gloussant, pouffant un peu dissimulé pour une victoire. Une promesse muette d'une paix future.

Je n'avais pas pu être plus loin de la vérité.

Aujourd'hui je pense enfin comprendre ce que ce rire voulais vraiment dire: "Je m'en fiche éperdument de ce que tu as pu ressentir, c'est fini maintenant car JE vais mieux"

J'ai sûrement oublié toutes les disputes qui ont suivies. Elles ont été occultées. Ou alors n'ont-elles pas eu lieu et ont étés réprimées. Étouffées comme une éruption qu'on tenterait d'éteindre car on a peur de ce qui en sort. Et quand la fumée disparaît on imagine que tout va mieux. Dans le moment éphémère c'est vrai. Mais même après mille ans, le Vésuve n'est toujours éteint.

Le collège passa on est entrée au lycée. Encore inséparables. Même après toutes les rencontres formidables que j'ai pu faire, tu restais ma meilleure amie.
Puis ça a recommencé bien sûr. Tu détestes le lycée. Alors évidemment que ça recommencé.
Cette fois tu t'en ai pris aux autres. Ces nouvelles personnes qui ne savaient pas. Tu as fait peur à tout le monde.

J'étais perdue et déchirée. Affligée. Presque honteuse. Comme si c'était ma responsabilité.
Je t'ai aidé. Tant aidé à surmonter ça. Je t'ai donné mille et un conseils. Je m'en rappelle simplement maintenant. Nous avions tout un accord pour ne pas que ça recommence.

Mais je savais déjà que ça recommencerait.

Et bien sûr c'est arrivé. Je m'y étais habitué c'est certain mais j'étais de plus en plus honteuse de cet horrible spectacle. De tes yeux aussi tranchants qu'une lame et tes paroles au ton ô si méprisant.

Les gens me disaient souvent « entends-tu comment elle te parle? » comme à un chien surement. Oui je le savais. Bien sûr que je le savais mais je l'avais...accepté.

Mais ce qui me fit mal c'est que ce n'était que avec moi.

J'étais acquise. Tu m'avais prise dans tes toiles. Tu savais que je ne partirai pas, que ce n'était pas mon style, qu'après cinq ans rien ne me ferait plus partir.

Parce que tu n'avais pas peur de me blesser. Tu ne trouvais même pas cela grave.

Tu ne voulais juste pas être seule.

Ça a toujours été cela.

Tu ne voulais pas être seule.

Dès le premier jour de séparation au lycée, apprenant qu'on était dans des classes différentes tu es revenue. Tu m'as suivie. Tu ne voulais pas être seule. Tu ne pouvais pas.

J'ai cru longtemps, bien trop longtemps que ton besoin de ma présence était positif. Un signe d'amitié. De loyauté.

Non. Bien sûr. Non.

Les autres tu étais obligée de prendre soin d'eux si tu ne voulais pas qu'ils partent. Mais moi tu savais que je resterai. Alors pourquoi prendre la peine de bien me traiter ?

Tu es devenue de plus en plus maussade mais bien sûr impossible de t'aider. Tu n'aimes pas ça. Je le sais.
Et pourtant les autres avaient le droit d'essayer me semble-t-il.

Tu n'aimes plus les cours. Les gens. Les lieux.
Tout devient trop difficile pour toi.

Les moindres détails ridicules t'exaspérait à un point dramatique.

J'essayais avec la plus grande délicatesse de t'aider à lutter, à sourire. À continuer à te montrer que tes problèmes étaient ô combien dérisoires face à la beauté de la vie. Que tes mauvaises humeurs s'alimentaient d'un rien. D'une broutille.

Mais il ne servait à rien d'essayer. Je savais bien pourtant que tu ne voulais pas essayer. Tu avais déjà abandonné bien avant ne serait-ce que d'espérer aller mieux. Tu te plaignais de la cruauté de ta vie alors que tous ont la même que toi.
Tu n'as jamais sut apprécier tes chances.
Tu t'es enfouie sous une montagnes de problèmes qui n'étaient aussi minuscules que les flocons de neiges, pour te plaindre de leur froid plutôt que d'admirer leur blancheur.

Qu'il devenait dur de te comprendre.

« Laisse tomber on ne sera jamais d'accord sur rien » disais-tu souvent.

Bien sûr. Comment pouvons nous accorder nos âmes si la tienne se noircit de pessimisme chaque secondes ? Comment nos cœurs peuvent-ils se comprendre si tu craches sur la vie que j'ai passé mon existence à chérir.
Comment est-ce que nos esprits peuvent se soutenir si tu rejettes tout le monde aux alentours tandis que je tend la main.

Nous plaisantions sur ses différences pourtant elles étaient aussi toxiques que des gazs mortels.

Tu m'as abandonnée. Laissée en plan au milieu de la bibliothèque. Sans mot. Sans explication.

Et j'ai voulu exprimer ma peine. Personne ne l'a prise au sérieux.

« Ce n'est rien il faut faire la paix »

« C'est pas cool de se disputer »

« Ça ira mieux »

Je ne voulais pas les croire mais je l'ai fait. Tu es revenue comme une fleur. Tu voulais qu'on en parle plus. Moi je voulais en parler à nouveau. En parler jusqu'à ce que tu comprennes le nombre de blessures que tu as causé à mon coeur. Mais je savais que tu ne comprendrais pas.
Je ne voulais pas perdre d'amis. Ni toi ni ceux que nous avions en commun. J'ai accepté de tourner la page, lâche, perdue, incapable de faire autre chose que la seule chose que je savais faire avec toi : pardonner.

Parce qu'on doit pardonner une amitié de longue date, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas?

On doit être courageux, faire le premier pas, être compatissant ?

Pas vrai ?

Même quand l'autre ne l'est pas.

Même quand l'autre ne l'est pas.

Je ne sais plus à quel moment j'ai cessé de t'appeler ma meilleure amie.
Était-ce avant cela ? Après cela ?
Y avait il une date précise ?

Je ne sais pas.

Mais je voulais te conserver. Était-ce par honte de briser une amitié de maintenant six ans ? Par  habitude ? Par pitié ?

Sans doute un peu de tout.

Je pensais que c'était la meilleure chose à faire.

Que ça marchait comme cela.



Récemment j'ai abandonné. Je ne saurais dire pourquoi.
Était ce parce qu'à notre traditionnelle soirée d'Halloween j'ai réalisé à quel point je ne tenais plus à toi ? Était-ce parce que ma honte de t'aimer était encore plus forte lorsque je te voyais faire la moue devant tous ? Était-ce parce que j'ai à présent des quantités d'amis sincères dont leur bienveillance m'ont fait comprendre que tu n'en avais pas ? Était-ce parce que je ressens enfin à nouveau le sentiment d'avoir une meilleure amie depuis que j'ai rencontré Maëlle ? Que je me rend compte à quel point une part de moi même t'as toujours détesté depuis maintenant plusieurs années ?
Était-ce parce que j'en avais marre de me battre ?

Je l'ignore
Je l'ignore tellement

Mais je ne veux plus te voir

Ô que je ne veux plus te voir.

Laisse moi.
Je ne peux plus le supporter. Je ne supporterai pas de devoir te reparler.
De franchir ces ponts que j'ai coupé

Je ne supporterai plus un seul de tes putains de regards désapprobateurs dont tu te sert pour bien afficher ton mécontentement.
Je ne supporterai plus une seule de tes phrases balancées à figure avec l'impolitesse spécifique de ton ton agressif.
Je ne supporterai plus une seule de tes remarques culpabilisante.
Je ne supporterai plus un seul de tes contre-compliment lorsque je te demande ton avis sur moi
Je ne supporterai plus une seule de tes remarques pessimiste à la con où tu te plains pour des broutilles d'enfants.
Je ne supporterai plus la putain de honte constante que j'ai lorsque je remarque ta foutue moue adressée à quelqu'un.
Je ne supporterai plus l'inquiétude qui m'assaillait le corps que je te voyais avec une mine sombre en essayant de comprendre comment m'en sortir sans que ta fureur ne retombe sue moi.

Je ne te supporterai plus

Toute ma vie je l'ai passé à essayer de te plaire. De te faire aller bien. De t'aider sans attendre rien en retour. De faire des tas d'efforts pour toi. De renier toutes mes putains de souffrances te concernant pour te pardonner.

Je t'en supplie laisse moi seule. 
Je t'en prie vas-t-en que je puisse t'oublier. Que mon inquiétude retombe enfin. Que je n'ai plus ce sentiment désagréable quand je t'aperçoit au loin, priant pour que tu ne m'aies pas vue.


Et je sais que c'est la meilleure chose à faire que de t'éloigner
Je sais que c'est normal.

Important.

Amplement Mérité.

Alors pourquoi est-ce que je suis rongée par cette putain de culpabilité?

[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]

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