Chapitre 4 - Près du cœur
Hold Me Like You Used To - Zoe Wees
"Are you looking from above?
I didn't want to lose you, lose you
So why you gotta leave? I need you here with me
Just hold me like you used to, used to"
🥀
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Une caresse sur mon visage me réveille. J'entrouvre les yeux, la rétine immédiatement brûlée par les rayons perçants du soleil. J'ai oublié de fermer les volets en m'endormant hier soir.
Je sursaute en découvrant ma mère, assise sur la chaise de bureau qu'elle a tirée pour se mettre à mon chevet. Son visage est serein et un petit sourire flotte sur ses lèvres.
— Maman ?
— Salut, ma chérie. Il est onze heures, j'ai pensé qu'il était temps de te réveiller.
J'attrape mon oreiller pour l'enfoncer sur mon visage. J'aurais aimé dormir éternellement, ainsi j'aurais échappé à la réalité.
Je n'ai pas encore pris mon billet retour pour Paris ni rallumé mon téléphone pour autoriser l'établissement d'un contact avec Evan.
Et maintenant, il faut que j'affronte le retour de mes parents.
Ils sont rentrés tard hier soir, alors que j'étais déjà allée me coucher.
— Pourquoi tu te donnes cette peine ? marmonné-je dans l'oreiller.
Doucement, elle retire mon armure en plumes. Sa main qui glisse avec une facilité déconcertante sur ma joue me procure un sentiment étrange d'apaisement.
— Je suis heureuse de te voir, lâche-t-elle.
Ses yeux emplis d'émotions s'humidifient. Je détourne le regard, ne supportant pas la pression que cette vision fait peser sur mon cœur.
— Je ne sais pas ce qui se passe avec Evan, mais tu peux rester le temps que tu veux ici. Je sais que ton père et moi n'avons pas réussi à faire de cette maison un refuge durant ton adolescence... Mais j'ai espoir qu'elle puisse le devenir aujourd'hui.
Je fixe une fissure au plafond, apparue il y a des années déjà. Les secondes de silence s'écoulent, me faisant réaliser que ma mère attend que je lui donne une réponse.
— OK.
Je peux imaginer son insatisfaction, qu'elle ne me fait toutefois pas ressentir. Elle se lève et quitte ma chambre, me laissant le peu d'intimité que je peux avoir dans cette maison familiale.
Intentionnellement, je ne descends pas de la matinée, ayant la ferme intention de l'éviter. En début d'après-midi, je l'entends me crier depuis le rez-de-chaussée qu'elle part travailler. Quand elle claque la porte d'entrée, elle laisse un lourd silence dans la maison.
Maël a dû partir en cours, ou retourner à son appartement. De toute façon, il n'a pas jugé bon de m'avertir ou de m'inviter à me réfugier chez lui.
Une heure plus tard, je me résigne tout de même à aller manger quelque chose. Mon estomac demeure noué, mais je vais avoir besoin d'énergie si je veux résister à ce qui m'attend.
Dans la cuisine, je fouille le frigo et les placards à la recherche d'un plat cuisiné qui ne me demanderait aucun effort. Contrairement à la période où j'habitais ici, mes parents ont l'air d'avoir pris la résolution d'arrêter cette nourriture industrielle. La cuisine est remplie de fruit et légumes qui sentent la terre et la famille bobo qui mange bio pour se donner bonne conscience.
En plus de transformer la maison en SPA avec l'adoption de ce chat que j'ai à peine vu tant il a peur de son ombre, mes parents sont devenus actionnaires des graines et des poke bowls. Fantastique.
Je me rabats sur des spaghettis, pour changer. Mollement, je remplis une casserole d'eau. Je peste contre le gaz que j'ai du mal à allumer. Finalement, je réussis à mettre l'eau sur le feu en ayant le sentiment d'être déjà épuisée.
Soudain, j'entends du bruit dans mon dos. Des pas. Quelqu'un est là, et s'arrête à une petite distance derrière moi.
En temps normal, je me serais retournée, la casserole d'eau à la main prête à être jetée sur l'intrus. Mais un sixième sens fige chacun de mes mouvements. Un mauvais pressentiment engourdit mes membres et fait cogner mon cœur dans ma cage thoracique.
Un effluve que je connais par cœur, que j'ai aimé plus que de raison, me confirme l'identité de la personne derrière moi.
Putain.
Je serais bien restée indéfiniment dans cette position, dos à lui, à fuir nos problèmes pour ignorer leur existence. Mais même pour moi qui suis la reine du déni, cette issue n'est actuellement pas envisageable.
Alors je me retourne en tentant de rassembler le peu de contenance qu'il me reste. Toute forme de courage a quitté mon corps.
C'est lui. Evan est là. Dans le plus simple accoutrement, en jean avec un manteau bien taillé sur le dos. Il laisse tomber son sac sur le sol, les poings serrés. Les cernes sous mes yeux et sa barbe de trois jours me laissent à penser qu'il n'a pas dû passer le meilleur des week-ends. Sans parler de son expression, un mélange de haine et de rancune, que je n'ai pas particulièrement envie de confronter.
Bon.
— La porte d'entrée était ouverte, déclare-t-il sur un ton indéchiffrable.
— Qui m'a balancée ? dis-je plus agressivement que je l'aurais voulu.
Ses mâchoires se contractent et ses yeux s'assombrissent.
— T'es sérieuse ?
— Jordan ? deviné-je.
Il ne répond pas, une façon de confirmer ma supposition.
— L'enfoiré, lâché-je entre mes dents.
— J'imagine que tu ne vas pas m'embrasser pour me signifier à quel point t'es heureuse de me revoir, réplique-t-il ironiquement.
— Je sais pas, t'es plus dégoûté de mon corps ? C'est ce que j'avais déduit ces derniers temps, comme tu me touchais plus.
Un sourire hypocrite aux lèvres, j'éteins le gaz, je m'avance vers lui puis passe à côté de son corps. Tant pis pour les spaghettis, j'ai la ferme idée de fuir cette confrontation avec celui que je pensais être mon âme sœur et qui semble vouloir ma mort. J'imagine qu'il a ses raisons, mais maintenant qu'il est devant moi, tout ce que je lui reproche frappe brutalement ma mémoire. L'élément le plus probant étant les échanges avec sa collègue que j'ai découverts l'autre soir.
Je traverse le salon, lui me poursuivant, évidemment. Alors que j'entame la montée de l'escalier, il crie :
— Mia, c'est faux, on avait juste réduit un peu le rythme de nos rapports dernièrement ! Ce qui, pour nous, signifie atteindre une fréquence proche de la moyenne.
— Et tu crois que c'est suffisant ? Quand on sort avec Mia Castez, monsieur, on n'est pas « trop fatigué » le soir parce qu'on a fait trois études de marché dans la journée.
— Je fais plus que des études de marché ! s'insurge-t-il.
Je lui fais un doigt d'honneur, qu'il doit apercevoir avant que je ne disparaisse dans le haut de la cage d'escalier. Il se précipite à ma suite, et je me retrouve à courir dans le couloir à l'étage pour avoir une chance de m'enfermer dans ma chambre. Malheureusement, alors que je suis sur le point de claquer la porte derrière moi, il bloque mon mouvement en immisçant son pied dans l'entrebâillement.
— T'as quel âge, douze ans ?
— Casse-toi, Pérez ! Je veux pas te voir.
— Tu rêves, putain !
Je lâche prise, consciente que je n'échapperai pas à l'éclat qui nous attend.
Je m'éloigne de la porte et me poste de l'autre côté de la chambre, les bras croisés. Il pénètre dans mon sanctuaire, et je ne peux empêcher une ribambelle de souvenirs de défiler devant mes yeux en le voyant à nouveau ici.
— Tu sais ce que j'ai enduré ces deux derniers jours ? Je fais le déplacement aujourd'hui, après que Jordan a enfin lâché le morceau sur ta présence ici, je plante mon boulot en espérant gratter des jours de congés que je n'ai pas, et toi tu m'accueilles comme ça ?
— Oh oui, t'as raison, je suis sûre que le petit alternant payé neuf-cents balles par mois va être un gros manque pour eux. Je réalise tout à fait ton sacrifie, ô grand stratège serveur de café !
Mon sarcasme ne le fait pas rire. Pas du tout. Il fulmine sur place, prêt à imploser.
— Alors tu vas juste tout envoyer en l'air comme ça ? Tout ce qu'on a construit depuis toutes ces années ?
— C'est toi qui as déjà tout détruit, Evan ! hurlé-je en entendant ma voix se briser. Je te faisais confiance, putain, et toi tu me trahis !
— Mais de quoi tu parles ?
— De ta pétasse de Tatiana, tu le sais très bien !
Toute l'adrénaline que je ressentais quitte mon corps, si bien que je me laisse tomber sur mon lit, à bout de forces. Assise sur le matelas, je l'observe. Il est impuissant. Des larmes me brûlent les yeux.
— Tatiana ?
— J'ai lu tes mails avec elle.
— T'as lu mes mails ?
— Arrête de faire cette tête ! Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? On passait moins de temps ensemble, ton boulot prenait toute la place. Je devais comprendre pourquoi.
Il semble se calmer. Je ne sais pas si c'est parce qu'il s'apprête à tout m'avouer et qu'une partie de lui en est soulagée.
Il me rejoint sur le lit, s'assit au bord. Il hésite à prendre mes mains dans les siennes, mais comprend que je le rejetterais.
— Mia, je ne t'ai pas trompée avec cette fille.
— À quel stade commence la tromperie, pour des mecs en école de commerce ?
— Je m'en suis pas approché, merde ! J'ai rien fait du tout !
Je sais à quel point l'assimiler aux clichés péjoratifs des étudiants en école de commerce l'énerve et le blesse. À quel point il cherche à s'en écarter. C'est précisément la raison pour laquelle j'ai décidé de l'insulter de cette manière.
— C'est pas ce que disaient vos échanges.
— Et qu'est-ce qu'ils disaient ? T'as trouvé la moindre mention de ce que t'avances ? C'est impossible, parce qu'il s'est rien passé !
— Vous flirtez. Me fais pas passer pour une folle, Evan, je l'ai vu.
De grosses larmes se mettent à couler sur mes joues. Il soupire lourdement et se frotte le visage avec frustration. Tout est en train de partir en lambeau.
— C'est vrai que j'ai peut-être ressenti une petite attirance de son côté. Et que, sans y participer, j'ai pas non plus instauré la distance nécessaire pour qu'elle soit convaincue d'avoir aucune chance.
J'ai envie de mourir.
— Mais tu peux pas me le reprocher, continue-t-il. Je dois te rappeler l'épisode de Calvi ? Et puis, globalement, tu séduis en permanence. Tu ressens le besoin d'être attirante aux yeux de tous les mecs. Il t'arrive de leur faire espérer des choses avant de les rembarrer, tu crois que je l'ai jamais vu ? J'ai jamais rien dit, parce que je savais que tu sauterais jamais le pas. Et bah avec Tatiana, c'est pareil. J'avais besoin de sentir que je plaisais encore.
Je détourne le regard. Quelque part au fond de moi, j'aurais préféré qu'il me trompe avec cette fille. C'est barré, mais je me suis dit que si c'était ça, j'aurais pu puiser en moi la force de le pardonner. Qu'on aurait pu recommencer. Alors que la véritable situation révèle toute la complexité de notre relation : aucun de nous n'a trahi l'autre, cela ne fonctionne juste plus.
— J'aurais pas dû l'encourager, de toute façon, lance-t-il. Je suis prêt à couper tout contact personnel avec elle, si tu reviens.
Je presse mes paupières, d'où s'échappent de nouvelles larmes. Cette fois, il saisit mes mains dans les siennes. Il quémande mon attention, et quand je le regarde à nouveau, le désespoir dans ses pupilles me broie le cœur.
— Mia ?
— Je suis pas sûre d'en être capable.
— De revenir ?
La détresse s'entend dans sa voix. Il serre plus fort mes mains dans les siennes.
— T'avais encore jamais ressenti le besoin de laisser une autre fille te séduire, murmuré-je.
Une nouvelle impulsion le pousse à lâcher mes mains et à se lever. Il se met à faire les cent pas dans la chambre, me rappelant de mauvais souvenirs.
Son cerveau en ébullition, il s'agite en réfléchissant. J'essuie mes larmes, m'insufflant le peu de courage qu'il me reste.
Puis Evan s'arrête, me fait face à nouveau.
— T'as pas le droit de faire ça, Mia. Tatiana n'est pas le problème. C'est l'excuse que t'as trouvée pour faire peser la responsabilité sur moi, mais je suis le seul qui s'accroche !
— Tu t'accroches seulement depuis que je suis partie.
— Non, tu sais que c'est faux. Depuis des mois, je te vois te renfermer. T'as commencé à envoyer chier nos amis, jusqu'ici, rien de nouveau sous le soleil. Puis tu l'as fait avec moi. T'es froide, tu gardes tout pour toi, et j'ai laissé couler parce que je voulais respecter tes doutes et te laisser le temps nécessaire. Mais tu ne peux pas me reprocher d'avoir voulu fuir l'appart les soirs où c'était trop dur.
Il a raison. Rétrospectivement, je réalise que je suis celle qui a instauré cette distance entre nous. Je l'ai tenu à l'écart de la phase que j'ai traversée et j'ai rejeté son aide.
Il a toujours été l'épaule sur laquelle je pouvais me reposer. Qu'est-ce qui a changé ?
Comme d'habitude, je suis obligée de tout détruire. Je crache sur tout ce qui est bon pour moi. Avec Evan, le processus a juste pris un peu plus de temps.
Quand je le regarde, mon corps saigne. Parce qu'à travers lui, je visualise l'avenir brillant qui l'attend, lui, et dont je ne pourrai pas faire partie. Car j'aurais beau fournir tous les efforts nécessaires, je ne saurai jamais rien obtenir sans semer la terreur et forcer l'admiration. Et je suis en train de percevoir les limites de ces deux méthodes.
Je ne serai jamais digne de lui.
Le plus grand service que je peux lui rendre, c'est le délivrer. Rassembler le bon sens qu'il me reste et l'éloigner avant de l'entraîner dans ma chute.
— T'as raison. Je t'ai repoussé. La vérité, c'est que je ne te supporte plus, Evan.
L'atmosphère dans la pièce a changé. Le rapport de force vient de s'inverser. Quand il croise mon regard glacial et rencontre mon visage impénétrable et indéchiffrable, ses épaules s'affaissent.
— Mia, fais pas ça...
— Je me sentais mal parce que t'as quitté Clarisse pour moi et que t'as tout fait pour nous construire une nouvelle vie. Mais mes sentiments sont plus les mêmes.
— Je sais ce que tu fais, lâche-t-il en arpentant à nouveau la chambre. Tu veux me répugner comme j'ai voulu le faire après la mort de ma mère. Mais tu ne m'as jamais lâché, alors je le ferai pas non plus.
— C'est pas pareil, Evan, dis-je en me levant pour atteindre la même hauteur que lui. Je te dis que je ne t'aime plus.
J'attrape sa main pour le forcer à me confronter. J'ai peur qu'il sente le mensonge dans mes tremblements. Pourtant, je suis sûre d'être convaincante quand je lui ordonne :
— Il faut que tu me laisses partir, maintenant.
Une lueur traverse son regard mais s'éteint aussitôt. Il arrache sa main à la mienne, recule de quelques pas comme si je venais de le heurter physiquement. La voix basse, il déclare :
— Je vais rester chez mon père quelques jours, le temps que tu réfléchisses.
— C'est inutile.
Le coup final vient d'être porté.
Il sort de ma chambre et disparaît. Il ne se retourne pas. Seule au milieu de la pièce, je serre mon pendentif entre mes doigts. La lettre « E » ne m'a jamais semblé tant appartenir au passé.
Je passe l'après-midi assise sur la marche devant la baie vitrée, dans le jardin. J'ai rallumé mon téléphone. Maintenant que mes proches ont commencé leur semaine et sont retournés en cours, les heures sont moins distrayantes. Bien que ce n'ait pas été non plus l'éclate depuis le début du séjour.
Le chat pointe le bout de son museau et, contrairement à nos précédentes rencontres, il ne fuit pas immédiatement à ma vue. Gauchement, comme un oiseau blessé, il s'approche de la baie vitrée entrouverte, certainement dans l'idée d'entrer dans la maison. Malgré mon animosité, il fait le choix audacieux de dévier de sa trajectoire et de venir se frotter contre moi. Je ne fais rien dans un premier temps, désarmée par cette soudaine vague d'affection. Je ne suis pas à l'aise avec ces conneries. Puis le mouvement de ma main précède mes pensées et je me retrouve à le caresser. La bête se délecte de mon touché et se met à ronronner.
— À ce que je vois, je fais même de l'effet aux animaux.
Comme s'il cherchait à me répondre, il ronronne plus fort.
Je ne sais même pas comment cette boule de poils emmêlés s'appelle. Il me semble avoir entendu Maël prononcer le nom d'un épice. Cannelle, ou un truc du genre. Plus basique, tu meurs.
— Je comprends pourquoi mes parents sont plus reposés depuis que t'as pris ma place. T'es moins bavard, tu peux pas les mettre face à leurs contradictions.
Je me sens comme une merde et ce chat est étonnamment le seul truc qui me raccroche à une forme de douceur, ou au moins d'apaisement. Je pensais que larguer Evan, si c'est ce que j'ai fait en lui affirmant que je ne l'aimais plus, me soulagerait d'un poids. Celui de continuer de nager à la surface quand je meurs d'envie de me laisser couler. C'est ce que j'ai ressenti, les premières secondes, avant de constater que je me sentais sombrer tout de même.
L'abattement sur son visage ne quitte plus mes pensées.
— Chienne de vie.
— C'est un chat, Mia.
Un sourire moqueur aux lèvres, mon frère apparaît dans l'entrebâillement de la baie vitrée et s'assoit à côté de moi. Immédiatement, la bête quitte mes jambes pour se réfugier sur ses genoux. Saleté d'animal sans loyauté.
— T'es encore là ? le questionné-je.
— Oui, je me suis dit que j'allais rester à la maison cette semaine. Les petits plats de maman me manquent.
Sa réplique m'arrache un maigre sourire. Son argument est absurde, parce que nos deux parents ne savent pas cuisiner. C'est sa façon détournée de me dire qu'il est resté pour moi. Il sait que s'il me l'avait dit frontalement, j'aurais trouvé un moyen de lui faire comprendre plus ou moins gentiment que je n'ai besoin de personne. Il a appris à éviter mes offensives, une preuve flagrante que je suis la pire personne à avoir dans son entourage.
— Evan est venu, déclaré-je brutalement.
— Ici ?
— Oui, il est à Toulouse. Cette saleté de Jordan lui a tout dit.
— Oh... Et alors ?
— Alors, il est reparti.
— Comme ça ?
— Non, pas comme ça. Je lui ai dit que j'avais plus de sentiments.
— C'est vrai ?
— À ton avis ?
Je vois aux contractions de son visage qu'il cherche à cacher son air excédé.
— T'es vraiment compliquée, Mia.
— C'est pas une caractéristique des Castez ?
— Je vois pas de quoi tu parles.
Il attrape la peau de ma joue entre ses deux doigts comme si j'étais une enfant. Je me débrasse immédiatement de sa prise humiliante.
Une notification sur mon téléphone me distrait.
Il s'agit d'un message. D'un numéro inconnu.
« Tu fais quelque chose demain soir ? »
— C'est qui ? demande Maël, qui ne s'est pas privé de regarder par-dessus mon épaule.
— Vic, elle doit pas savoir que je suis partie de Paris, annoncé-je en étant très confiante dans mon mensonge.
Je me lève, décidée à m'éloigner des oreilles inquisitrices.
— Son numéro n'est pas enregistré ? C'est pas censé être genre ta meilleure amie ?
— J'ai pas de meilleure amie, Maël. Jamais.
Je rentre dans la maison et monte dans ma chambre. J'ai déjà une petite idée, mais je demande tout de même à l'inconnu qui il est. Il me répond cinq minutes plus tard.
« La personne la moins minable que t'aies croisé à Toulouse depuis trois jours. »
Augustin, sans aucun doute.
« Comment t'as eu mon numéro ? »
« J'ai mes sources. »
« Rendez-vous demain soir à vingt-et-une heure. Je t'envoie l'adresse du bar dans la journée de demain. »
« Dans tes rêves. »
Cette ordure a le culot de ne plus me répondre après ça.
Le lendemain, les minutes s'écoulent avec une lenteur mortifère. À midi, je reçois un message d'Evan me demandant de le rejoindre à une adresse de restaurant en plein cœur de Toulouse le soir-même. Malgré les ravages que mes mots ont dû avoir sur lui, il a vraiment décidé de rester un peu en ville.
Rapidement, je me retrouve donc contrainte de choisir entre une soirée de probable débauche avec un parfait inconnu ou une séance larmoyante avec mon copain/ex à qui je devrai expliquer une fois de plus mon comportement dysfonctionnel.
Facile de déterminer ce que je devrais choisir.
J'envisage sérieusement de rejoindre Evan toute la journée. Jusqu'à une heure du moment fatidique. Assise devant ma coiffeuse, dans ma chambre d'adolescente, je ne supporte plus la perspective de me battre pour un amour que je ne mérite pas.
Presque machinalement, je m'empare de la paire de ciseaux dans le tiroir de mon bureau. Sans analyse préliminaire, je coupe la moitié de ma longueur de cheveux à droite. Ce n'est toujours pas assez, j'ai toujours la même sale gueule. Alors je coupe encore, des deux côtés, jusqu'à arborer ce qui se rapproche d'un carré.
J'ajuste les pointes, de façon à ce qu'elles soient à peu près égales. Une fois satisfaite, je trace un train d'eye-liner au-dessus de mes yeux et applique une couche épaisse de rouge-à-lèvre couleur sang sur mes lèvres. J'ébouriffe mes cheveux courts et jette un œil sur le tas de mon ancienne tignasse sur le sol.
Ma mère va pouvoir soulager sa conscience et faire un beau don aux associations de lutte contre le cancer.
Je regrette immédiatement cette pensée sardonique au souvenir du sort de la mère d'Evan. Ce sentiment de culpabilité achève de me persuader du fait que je ne veux pas endurer les sermons d'Evan ce soir.
Je me lève, enfile une robe de soirée à sequins argentés, et quitte la pièce. Ma mère et Maël manquent de s'étouffer en me voyant traverser le salon.
— Bonne chance avec Evan ! crie Maël avant que je ne claque la porte d'entrée.
Je ne connais pas le bar dans lequel je me rends. Il faut dire que la dernière fois que je suis sortie dans cette ville remonte. L'espace est assez grand pour accueillir des foules d'étudiants dépravés, pourtant je sais en balayant l'intérieur du regard où Augustin m'attend. Il y a un coin tamisé, qui abrite un comptoir plus petit que le principal et où les personnes ne sont pas amassées. Je m'approche du coin en question, et distingue un mec habillé tout en noir qui me tourne le dos.
Rien que sa veste en cuir semble donner le goût de l'interdit.
À l'instant où son regard sombre croise le mien, je sais que j'agis mal. Pourtant, je m'installe sur le tabouret à côté de lui.
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Le retour d'Evan... Pour le meilleur ou pour le pire ?
Le choses commencent à s'intensifier, comme vous pouvez le voir. Reste à voir jusqu'où Mia et Evan sont prêts à aller...
Des idées pour la suite ?
Comme vous avez pu le voir, j'ai légèrement espacé la publication des chapitres. Je suis en master et j'ai eu beaucoup de choses à faire, le mois de mars est encore bien chargé. Je vais donc faire de mon mieux pour continuer de poster le plus régulièrement possible.
C'est aussi la raison pour laquelle je n'arrive pas à répondre à tous vos commentaires, mais je les lis tous donc surtout n'arrêtez pas. Ils m'aident beaucoup et m'aiguillent aussi pour la suite <3
Merci pour l'accueil que vous avez réservé à cette histoire,
À très vite,
Laurène
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