Chapitre 3 - Loin des yeux
When You're Gone - Shawn Mendes
"Oh, I know what we're supposed to do
Oh, but I hate the thought of losing you
So, I'm just tryna hold on
Hold on"
🥀
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Me réveiller dans ma chambre d'ado est un sentiment étrange. L'espace d'un instant, je pense presque avoir dix-sept ans, me préparer pour ma rentrée en terminale alors qu'Evan m'attendra dehors avec sa moto.
Mon principal problème est là : depuis quand me suis-je sans cesse mise à penser à travers quelqu'un d'autre ? Même si ce quelqu'un est le plus beau mec qu'il m'ait été donné de rencontrer et probablement l'être humain que j'admire le plus, je ne dois pas oublier mon mantra : celle que je dois préférer, c'est moi. En toutes circonstances.
Il n'y a que comme ça qu'on survit à cette chienne de vie sans devenir une victime.
Alors, même si ce creux dans ma poitrine semble s'être agrandi après une nuit passée loin de mon premier amour, je me lève énergiquement en ignorant cette douleur. Je dois avancer, sans quoi je finirai par disparaître et une planète sans Mia Castez serait vouée à me pleurer inlassablement jusqu'à l'extinction de l'espèce humaine. Peut-être même après.
Au rez-de-chaussée, je surprends Jordan endormi sur le canapé, la bouche ouverte et le bras ballant dans le vide. Honnêtement, je me demande ce que Eva lui trouve. Ce mec a le charisme d'un mollusque.
La maison est calme, encore bercée par le sommeil de ses habitants alors qu'il est onze heures passées. À la recherche d'un paquet de céréales dans le placard de la cuisine, je remarque soudain une présence. Derrière la baie vitrée entre-ouverte, assise sur la marche menant au petit espace de jardin que nous possédons, est assise Indiana. Je me prépare un bol de Lucky Charms, ou les morceaux de sucre qui ont dû faire ramollir tous les neurones de mon frère à l'adolescence, et m'approche de la baie vitrée.
Je me faufile dans l'espace ouvert et m'assois à côté d'Indiana. Ma tarée de sœur, une fiche de révision entre les mains, observe le schéma d'un organe dont je préfère ne pas connaître la provenance.
— Tu étudies une nouvelle espèce humanoïde ?
Cette ingrate ne me répond pas, devant estimer que l'observation de boyaux est plus intéressante que celle de ma plastique.
— Si tu veux faire des essais de dissection sur une sorte d'extraterrestre, Jordan dort sur le canapé.
Je réussis à capter son attention avec ce trait d'humour. Ses lèvres fendues en un petit sourire en coin, elle plonge son regard bleu dans le mien.
Parfois, notre ressemblance me trouble. En regardant Indiana, j'espère souvent voir en elle la meilleure partie de moi.
— T'as l'air d'aller mieux, déclare-t-elle, mettant un terme à la légèreté du moment.
— Toi non. T'as les mains qui tremblent.
Elle cherche immédiatement à faire cesser le tremblement, mais trop tard, je l'ai vu.
— Toujours aussi stressée de la vie, hein ?
— Ça s'améliore pas avec les années. J'ai pensé que la première année de médecine serait la pire, mais...
Elle n'achève pas sa phrase. Depuis qu'elle est entrée dans le supérieur, Indiana souffre d'une anxiété assez sévère, liée principalement à son manque de confiance en elle. J'aimerais lui transmettre un peu du trop-plein de la mienne, malheureusement je n'ai pas encore trouvé comment faire.
Peut-être qu'elle était tout autant stressée avant cette période, mais qu'elle parvenait mieux à le cacher.
— Je comprends pas le principe : tu stresses, tu stresses, mais tu réussis toujours tes exams haut la main. Et puis tu stresses encore. À quoi ça rime ?
— Tu t'es pas dit que je pouvais justement imaginer que ce n'est qu'en stressant que je pouvais réussir ? contrattaque-t-elle.
— Ah ouais, donc tout le monde s'est trompé, c'est toi la plus tarée de nous deux.
Je lui arrache un rire, qui sonne comme une victoire à mes oreilles.
— En parlant de gens tarés, tu saurais m'expliquer pourquoi Maël est si bizarre avec moi ?
Je n'avais pas encore eu le courage de poser la question, mais j'ai bien remarqué les sautes d'humeur de mon frère la veille.
Indiana perd instantanément son sourire et, avant même qu'elle ouvre la bouche, je sais qu'elle va me mentir.
— Tu l'as trouvé bizarre ? Moi pas.
— T'es la pire menteuse que je connaisse. Vraiment, je doute sérieusement qu'on partage les mêmes gènes.
— Mais je mens pas !
— Tu sais, je croyais vraiment qu'on avait dépassé un stade toutes les deux. Qu'on était pleinement honnêtes envers l'autre. En tout cas, moi je le suis.
Cette lueur s'allume dans son regard. Je sais déjà que je suis en train de la faire flancher.
— Mia, c'est pas juste...
— J'estime ce qu'on partage toutes les deux mais on n'a peut-être pas la même vision des choses.
— Arrête d'essayer de me culpabiliser ! De toute façon, c'est pas à moi de te le dire.
— Très bien, je peux continuer de torturer ton empathie jusqu'à ce que tu craches le morceau...
— OK ! OK, je vais parler.
Je me tourne vers elle, toute disposée à recevoir les informations qu'il me manque pour comprendre le comportement décalé encore plus décalé de Maël.
— Jana l'a quitté cet été. Il t'en veut de ne pas avoir été là.
Mon sourire malicieux disparaît. J'ai l'impression que mon cœur fait une chute de dix mètres.
Jana, le quitter ? Honnêtement, vu le caractère difficile de cette fille, j'ai toujours pensé que ce serait l'inverse qui se produirait.
Quoique, Jana a quitté Maël, comme j'ai fui Evan. À chaque fois, ce sont nous, les filles malades et détraquées, qui sommes traversées d'un éclair de lucidité et qui réalisons qu'une erreur a été faite dans l'équation. Maël et Evan ont leurs propres démons, mais ils sont sains dans l'amour qu'ils nous vouent. Ce sont nous qui pervertissons tout.
— Comment j'aurais pu être là s'il ne m'a pas mis au courant ? lâché-je, remontée contre les cachoteries de mon frangin.
— Il dit que tu ne l'appelles jamais et qu'il a attendu que tu crées l'occasion pour tout t'avouer. Mais que ce n'est pas arrivé.
Embarrassée, je joue avec les manches de mon pull en laine.
— Il ne m'a pas appelée non plus.
Indiana sait combien ma riposte est hypocrite. Fût un temps, durant mes tournées mondiales, Maël me téléphonait souvent. La plupart du temps, je déclinais, prétextant être occupée par un énième défilé. Sans qu'il se vexe, on a fini par convenir que ce serait à moi de créer nos opportunités d'échange.
Or, je ne fais pas toujours en sorte qu'il y en ait.
Même le Noël dernier en famille, je l'ai séché partir en voyage avec Evan.
Il a raison, je suis une sœur à chier. Mais rien de nouveau sous le soleil.
— Et donc il attendait que je devine toute seule ? Il est au courant que c'est débile, comme attitude ?
Je n'ai pas besoin d'analyser longuement l'expression d'Indiana pour comprendre qu'elle est excédée.
— Mia, il fait toujours des efforts pour toi. Il vient te chercher à la dernière minute à la gare quand tu appelles à l'aide.
— Et il sait que je ferais pareil pour lui, en cas d'urgence.
— Les petites attentions du quotidien comptent autant que les situations d'urgence.
Son ton contient trop d'amertume pour qu'elle défende seulement Maël. Je la sonde de mes yeux bleus, et détecte la colère qui bout silencieusement en elle.
— Toi aussi, tu m'en veux de pas prendre suffisamment de nouvelles, réalisé-je.
— Tu ne m'envoies même pas de messages avant mes concours !
— Parce que j'oublie ce genre de trucs, Indiana. Tu le sais.
— Ouais, je le sais, répond-elle platement en baissant la tête.
Je déteste ça. Je déteste les attentes que je sens désormais chez elle et chez Maël. Elles me foutent la pression et me foudroient le cœur. Je ne veux pas ressentir ça. Je préfère me dédouaner de toute responsabilité sociale, toujours. C'est précisément pour cette raison que je me suis forgée cette carapace de garce.
Où est-ce que j'ai fauté ces derniers temps pour que leurs opinions de moi changent ? Qu'ai-je fait qui leur laisse croire que je suis digne d'exigences ?
Au fond, j'ai la réponse, et elle tient en un mot, ou plutôt un prénom : Evan. Avec lui, je suis meilleure, et tout le monde s'y est habitué. Quelque part, c'est peut-être cette peur qui m'a poussée à fuir, celle de devoir rester à la hauteur de la foi qu'Evan et que tous ont placé en moi.
Nous sommes interrompues par le réveil de Maël et Eva, qui apparaissent tour à tour dans la cuisine. J'admets que cette issue me rassure ; elle me dispense de poursuivre cette discussion qui ressemblait plutôt à un enchaînement de reproches.
Collectivement, et sans me concerter, ils conviennent de notre activité de l'après-midi : Eva a une amie à elle qui vit en périphérie de la ville et qui possède une piscine. L'occasion soi-disant de profiter des derniers rayons de soleil de septembre avant de plonger en période automnale en se dorant la pilule sur des transats. Je ne suis que moyennement charmée à l'idée de partager mon temps d'aujourd'hui avec des inconnus, mais je suis d'autant plus rebutée par la perspective de ruminer seule ici.
Je me retrouve donc embarquée dans un traquenard : une barraque certes loin d'être repoussante, avec une piscine d'une taille raisonnable, mais qui ne contient pas suffisamment d'eau pour supporter les bombes incessantes de Jordan. À ce rythme, il va vider le bassin.
Allongée sur un transat, en retrait, j'observe la scène de gamins en train de gesticuler et de se couler mutuellement. À croire que les activités entre filles et garçons pour se chamailler n'ont pas évolué depuis le collège.
Une des proies principales est Indiana et son corps athlétique, sans surprise. Les prétendants s'enchaînent pour la taquiner et la provoquer pour faire des courses de longueurs.
Toutefois, ce n'est pas la course pour la conquête du cœur d'Indiana qui occupe longtemps mon attention, mais plutôt Jordan qui s'est arrêté de sauter comme un dératé pour discuter avec une jolie métisse. Tous les deux assis sur les marches, ils semblent proches. Trop proches. Je décide de quitter ma position voyeuriste pour rejoindre ma cousine qui, de l'autre côté de la piscine, patauge en bougonnant.
Sur le chemin jusqu'à la piscine, j'attire à moi toute seule les regards masculins. Tous, sauf un. Celui de Naïm, le seul dont j'ai retenu le prénom parce que c'est aussi lui le plus mignon. Lui continue de regarder Indiana, en retrait, et il ne m'en faut pas plus pour comprendre que ce joli cœur a le béguin pour ma sœur.
Je joue de l'attention que je suscite, feignant toutefois ne pas la remarquer. Défiler est désormais devenu un exercice instinctif. En arrivant devant la piscine, je me débarrasse habilement du paréo noir qui flottait sur mes épaules.
Je m'assis sur la margelle et plonge mes mollets dans l'eau. Eva comprend le message d'elle-même et se rapproche de moi.
— Tu vas laisser cette fille le draguer comme si de rien n'était ? la provoqué-je.
— Il en a le droit, lâche-t-elle entre ses dents serrées. On n'est plus ensemble.
À cet instant, je suis persuadée que mon exaspération se sent depuis l'autre côté de la France. Voire du monde.
— Eva, sérieux, encore ? Vous vous séparez tous les quatre matins !
— Parle moins fort, m'intime-t-elle sévèrement. Cette fois, c'est définitif. Ça fait des semaines que Brittany tourne autour de lui, elle va être contente.
— Brittany ?
— Ouais, je sais. J'ai l'impression d'être dans un feuilleton américain.
Je rigole sans pouvoir m'en empêcher. Que Jordan soit le garçon convoité dans cette piscine est un phénomène inexplicable. Qu'il estime qu'une Brittany soit un meilleur choix de relation qu'Eva est encore un autre mystère.
— T'habites où maintenant, du coup ? lui demandé-je.
— Comment ça ?
— Bah, tu vivais avec lui.
— On a toujours notre coloc. On a des chambres séparées.
Je dois avoir atterri dans un univers parallèle, parce qu'à sentir son attitude tranquille, il n'y a que moi qui trouve des failles à cette situation.
Je me souviens que Maël m'avait expliqué leur projet d'habiter ensemble, mais qu'à moitié. Une colocation était selon eux un moyen de tester la résistance de leur couple tout en ayant leurs propres chambres et donc des espaces distincts. A posteriori, cette idée n'était peut-être pas la plus saugrenue, car leur résistance est estimée à zéro vu leur nombre de ruptures ces derniers mois.
— Et tu te sens de continuer de faire coloc avec ton ex ? je surenchéris.
— Pourquoi pas ? Moi, je bouge pas. S'il veut plus d'intimité pour recevoir sa nouvelle meuf, il a qu'à partir.
Eva et le déni : voilà un sujet de thèse que je pourrais soumettre à Indiana, elle qui aime se torturer l'esprit.
Une sorte de force me pousse à lever la tête vers la baie vitrée de la maison qui donne sur le jardin. Un nouvel individu, inconnu jusqu'ici au bataillon, en sort. Son corps habillé d'un tee-shirt et d'un pantalon noirs, en contraste avec les corps dénudés autour de lui, n'est pas la seule source d'attention de tous les regards désormais dirigés vers lui. Il dégage une aura magnétique, qui me remue étrangement l'estomac quand il ébouriffe sa tignasse brune.
Je détourne les yeux avant qu'il ne me remarque, parce que je ne suis pas là pour booster l'ego de qui que ce soit.
— C'est Augustin, lance Eva, comme si je lui avais posé la question. Un ami de la bande, même s'il garde toujours ses distances avec nous.
Son prénom est vraiment pourri. Tu m'étonnes qu'il mise tout sur ses arrivées en fanfare pour faire oublier ce handicap conséquent.
— J'avais un crush pour lui pendant ma première rupture avec Jordan, mais j'ai vite compris que ce mec me briserait le cœur. Et rabaisserait le peu de confiance que j'ai en moi. J'en ai conclu que je préférais les mecs accessibles et un peu benêts.
Je ne peux m'empêcher de le regarder à nouveau pendant qu'elle me parle de lui, et il croise mon regard. Il s'y accroche. Comme je ne suis jamais celle qui cille la première, je ne me détourne pas. Lui non plus.
En effet, la toxicité de ce mec se sent à vue de nez. Elle pourrit même l'atmosphère insouciante autour de la piscine.
Je continue de passer du temps avec Eva, consciente que j'ai manqué beaucoup d'épisodes de sa vie, comme c'est le cas pour la plupart de mes proches ici. Plusieurs fois, je regarde Maël. Je devrais aller lui parler de Jana et de la colère qu'il nourrit contre moi. Je devrais.
Puis, alors que le soleil commence à décliner, je ne supporte plus la vision de Jordan et sa sangsue qui ne le lâche pas d'une semelle. Je profite qu'elle sorte de l'eau parce qu'elle a « trop froid » pour l'approcher. J'attendais justement une occasion de m'amuser un peu.
Je m'assois à côté d'elle sur une des chaises abritées par un parasole. Une serviette autour du corps, elle se frictionne et grelotte comme le ferait un gamin grippé en plein hiver. Elle est ridicule.
— Ça va, Stéphanie ?
— Moi, c'est Brittany.
— Oh, c'est pareil.
J'efface la contrariété sur son visage d'un grand sourire enjôleur. Tellement influençable.
— Excuse-moi de te demander ça, mais je suis sûre de t'avoir déjà vue quelque part..., hasarde-t-elle.
Son hésitation est fausse. J'ai été habituée à ce genre de scènes avec le temps. Elle sait en réalité parfaitement qui je suis et où elle m'a vue.
Heureusement, j'ai aussi été habituée à tirer ce genre de situation à mon avantage.
— Oui, tu as déjà dû me voir. Dans le défilé Victoria Secret de la saison dernière, aussi dans la promotion de la collection Aubade de cet automne. Ou alors était-ce dans la pub Dior ? J'ai été leur égérie pendant un an.
Ainsi, j'installe le juste rapport hiérarchique entre nous. Les coins de sa bouche descendent à mesure que j'énumère mes réussites en comparaison de ses échecs... ou de ses inactions.
— Impressionnant, souffle-t-elle.
— C'est qu'un mot parmi d'autres qu'on peut utiliser pour qualifier ma carrière, oui.
Du coin de l'œil, je vois que Maël m'observe, avec son air de grand frère réprobateur. Il sait que je suis en train de faire de cette pauvre fille mon quatre heures. Je lève mon verre de jus de fruit à sa santé.
— Alors comme ça, tu es proche de Jordan ? attaqué-je.
— Ça dépend ce que tu appelles « proche », répond-elle avec précaution, consciente de l'épée Damoclès au-dessus de sa petite tête. Tu le connais bien ?
M'utiliser comme levier pour en apprendre plus sur lui, en voilà une idée ingénieuse, qu'elle voudrait probablement subtile. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle tombe droit dans mon piège.
— Plutôt, oui. C'est le meilleur ami de mon... peu importe. Je connais Jordan et ses goûts en matière de filles.
— Ah oui, j'ai cru comprendre que tu étais la cousine d'Eva...
— Oh non, ne crois pas qu'il y ait un malaise ! m'exclamé-je. Je sais faire la part des choses.
Elle semble rassurée, jusqu'à ce que j'ajoute :
— Même si j'espère que tu sais que la seule raison pour laquelle il te parle c'est pour rendre Eva jalouse.
Son expression se décompose. Elle ne fournit même pas les efforts nécessaires pour retenir les morceaux de son sourire qui tombent en pièces devant moi.
— Je ne crois pas...
— Réfléchis trente secondes, la coupé-je. Ils vivent toujours ensemble et ne comptent pas bouger. Ils continuent de rester ensemble, de côtoyer la même bande de potes. Ils connaissent parfois des temps difficiles, mais tu n'es qu'un pion dans leur partie de jeux d'egos. Dont ils se débarrasseront quand ils auront réglé leurs problèmes.
Malgré mon ton faussement bienveillant, Brittany comprend que je ne lui veux pas du bien. Je le vois à son visage qui se referme. Peu importe qu'elle croie en ma bonne foi ou non : maintenant que j'ai insinué ces idées dans sa tête, Jordan ne pourra rien faire qui les fera totalement disparaître.
C'est agréable de se sentir à nouveau victorieuse.
Ma tâche terminée, je me lève pour la laisser seule à son triste sort. Je ne remarque que maintenant que ce mec, Augustin, est posté juste derrière nous. Et à en croire son regard perçant, il a tout entendu.
Je l'ignore et passe devant lui pour me diriger vers la table au fond du jardin. Je pioche un bonbon dans un paquet ouvert. Mes poils se hérissent dans ma nuque en le sentant approcher.
— C'était pas très gentil, ça, réplique-t-il dans mon dos.
Je me retourne. Je ne lis aucune forme de compassion pour Brittany dans son expression. Le seul détail qui reste, c'est son faible sourire narquois, imperceptible pour la plupart mais flagrant à mes yeux.
— Je n'ai pas eu pour intention d'être gentille.
— Je m'en doute.
Son regard s'abaisse sur mon corps. Impossible pour moi de dire si c'est intentionnel ou non. Je resserre mon paréo autour de moi, ce qui l'incite à se concentrer à nouveau sur mon visage.
— Même si ce n'est pas dans ma politique, je dois te remercier, enchaîne-t-il.
— Pourquoi ?
— T'as rendu ce genre d'aprem chiante un peu plus palpitante.
À mesure qu'il parle, il s'approche plus près. Je peux presque sentir son souffle s'échouer sur mes lèvres. Dans ses yeux, je perçois une forme de noirceur, pas uniquement due à leur couleur sombre. Il est sale à l'intérieur.
— Pourquoi tu viens, si tu te fais chier ? contrattaqué-je.
— Pour la même raison que toi. Se distraire du comportement des autres.
Une boule remonte dans ma gorge. Ce magnétisme entre nous me trouble autant qu'il m'effraie.
Je me demande si c'est ce que je renvoie aux autres, ce frisson de terreur, ou si je ressens ça avec lui parce que nos âmes sont semblables.
Souillées.
Une part de moi est rassurée quand il s'éloigne finalement, et me tourne le dos comme si de rien n'était. Je peux à nouveau respirer pleinement. Pourtant, une infime parcelle de mon corps a encore envie de ressentir cette adrénaline à son approche.
Comme si les frontières du bien ou du mal étaient brouillées.
Je secoue la tête, me faisant violence pour revenir à la réalité. Ce mec n'est qu'un pauvre type encore plus torturé que moi. J'en croise peu, raison pour laquelle j'ai été déroutée par notre premier échange. Et intriguée.
Pourtant, le soir même, quand je me couche, une seule absence hante mes pensées : celle d'Evan. J'essaie de m'endormir, mais chaque fois que je ferme les yeux, je l'imagine en compagnie de sa traînée de collègue.
Et je me mets à le détester.
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🥀
Coucou ça va ?
Honnêtement je sais pas ce que vous allez faire de moi après ce chapitre mais promis ça va aller. 🫣
Qu'avez-vous pensé des échanges de Mia avec Indiana ?
D'Augustin ?
Vous trouvez pas que ça commence à manquer un peu d'Evan ?
Bisous et à ce week-end pour la suite !
Laurène
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