Chapitre 9 : Marre de lutter
Point de vue d'Evan :
— Evan ? Tu m'écoutes quand je te parle ?!
— Hein ?
Je me brusque pour revenir à la réalité. Mia est en face de moi, les bras croisés et les sourcils froncés. Je ne me souviens pas de ce qu'elle m'a dit depuis que nous nous sommes assis autour de cette table, dans la cour du lycée.
— Tu pourrais faire un effort ! C'est super important, ce que je te dis !
— Désolé. Tu as toute mon attention.
Elle se tortille sur sa chaise, comme si elle était impatiente, et pose ses coudes sur la table.
— Il faut que je fasse un truc démentiel pour mon anniversaire.
Interloqué, j'attends qu'elle m'apprenne qu'elle blague. Mais elle reste de marbre.
— C'est ça, ton truc important ? Tu t'interroges sur ta petite fête d'anniversaire de lycéenne ?
— Te moque pas de moi ! C'est l'événement de l'année, c'est important, annonce-t-elle, animée d'une grande sévérité.
Un sourire moqueur me mange la moitié du visage. Je tente de retrouver mon calme, ou sinon je sens que mes boules vont en pâtir. Or, j'aimerais garder l'usage de ces dernières encore un petit moment, si c'est possible.
— Et c'est quand, cet événement démentiel ?
— Dans six mois.
— Six mois ? C'est bon, t'as le temps d'y réfléchir, pourquoi tu m'emmerdes avec ça maintenant ?
— Parce que... Il faut que j'anticipe.
Un gloussement incontrôlé sort de ma gorge. Mia et le mot « anticiper » ne collent pas bien ensemble. Cette fille est incapable de vous dire ce qu'elle a comme cours cette semaine, et elle veut « anticiper ».
— Evan Pérez, tu commences sérieusement à me faire chier.
Le pli entre ses deux sourcils qui apparaît lorsqu'elle est en colère se dessine. Elle fait la moue, geste qui lui donne une apparence d'enfant capricieuse.
— Excusez-moi, princesse Mia, mais j'ai du mal à vous prendre au sérieux en ce moment.
— Très drôle. Puisque c'est comme ça, tu ne seras pas invité.
— M'en fous, je viendrai quand même. Tu oublies que je suis aussi pote avec ton frère, je peux me faire inviter quand je veux.
Elle triture ses ongles avant de répondre :
— Il faudrait qu'il arrête de faire la gueule, d'ailleurs.
Je soupire. Une semaine que l'entrevue avec Jérémy est passée, et Maël n'arrive pas à s'en remettre.
— Il est toujours mal ?
— J'ai l'impression que ça empire. La trahison de Jérémy lui a fait mal et... rien que l'idée qu'il ait pu aller au bout...
Elle ne parvient pas à terminer, une expression douloureuse ayant fait sa place sur son visage. L'autre soir, Mia a inventé une histoire à dormir debout pour expliquer à sa mère la raison de la bataille sous son toit, et étonnamment elle a réussi à paraître crédible. J'ai mis deux jours à décolérer, et la rage sommeille toujours en moi, même si nous évitons de parler de cette soirée foireuse.
Je dois maintenant poser à Mia la question que je redoute, qui me fait horreur depuis que je la connais, mais il faut que je sache.
— Mia, est-ce qu'on a déjà abusé de toi... sexuellement parlant ?
J'essaie de la questionner avec le plus de douceur possible, mais la dureté des mots rend tout de même la question abominable. Mia relève des yeux écarquillés vers moi. Je me mets à prier pour que la réponse soit non. Il faut que la réponse soit non...
— Non, pas de cette manière. J'étais consentante à chacun de mes rapports sexuels.
Mes épaules se relâchent, soulagées d'un poids que je supporte depuis une semaine maintenant.
— Pourquoi Maël fait le rapprochement entre votre passé et cette histoire, alors ?
Mia se passe une main dans les cheveux, tiraillée. Elle a envie de me parler de l'état de son frère en ce moment, ce qui implique forcément de me donner plus d'informations sur leur passé, chose qui s'avère compliquée pour elle. Mais elle le fait quand même, en restant vague toutefois.
— Parce que dans les deux cas, le gars qui m'a fait du mal était son pote. Il se sent coupable, si Jérémy n'avait pas été son ami il ne m'aurait pas approchée, comme l'autre...
« L'autre ». Donc il y a bel et bien un autre garçon qui entre en compte dans l'histoire. Est-ce qu'elle l'a aimé ? Est-ce que lui l'a aimée ? Et pourquoi cette idée me dérange autant ?
— Tu as essayé de le déculpabiliser en lui disant que l'histoire avec Jérémy n'est pas sa faute ?
— Oui, mais tu me connais, je ne suis pas très persuasive dans ce genre de situation. Et il a du mal à me croire au vu du discours que je lui ai déjà tenu...
— Quel discours ?
— C'est moi qui l'ai accusé, pour le truc... le truc dont tu n'as pas connaissance. Je savais que ce n'était pas sa faute, mais je l'ai rejetée sur lui.
— Pourquoi ?
Ces moments où elle s'ouvre à moi sont si rares que j'ai du mal à croire qu'elle est bel et bien en train de se confier. C'est la première fois qu'elle ne s'est pas complètement braquée.
— Parce que je ne suis pas une bonne personne, Evan. Cette histoire m'a transformée et j'ai accusé tout mon entourage. J'ai littéralement pété un câble et blessé le plus de personnes possible, juste parce que j'étais détruite. Et tu sais ce que c'est, le pire ? C'est que je n'ai aucun remords. Je n'en avais pas à l'époque, et je n'en ai toujours pas maintenant. Tant que ça me permet d'aller mieux, je fais souffrir les autres parce que je suis une putain d'égoïste et que mon bonheur passe avant celui des autres. Ce sera toujours le cas.
J'ouvre immédiatement la bouche pour répondre, mais elle m'arrête :
— Non, ne dis rien. Je sais ce que tu vas faire. Tu vas essayer de me convaincre que ce n'est pas vrai, que j'ai des bons côtés. Tout ça parce que tu vois le bien chez les gens, spécialement chez moi.
Plus aucun doute, Mia est déglinguée. Complètement. Et j'adore ça.
Je me penche par-dessus la table, un sourire joueur aux lèvres.
— En fait, ce n'est pas du tout ce que j'allais dire. J'allais dire que tu as raison sur toute la ligne. Tu n'es qu'une petite garce égoïste, narcissique, hautaine et complètement imbue de sa personne, qui se croit au-dessus de tout et de tout le monde. D'ailleurs, je ne t'apprécie même pas, si je traîne avec toi c'est juste pour ta plastique de rêve, comme ça je peux me rincer l'œil toute la journée.
La confusion déformant ses traits, je me félicite d'avoir réussi à la désarmer. Et à lui clouer le bec, ce qui est un exploit. Je la sens faiblir en face de moi, signe qu'elle va craquer. Je craque avant elle, et explose de rire. Elle ne tarde pas à me rejoindre.
— T'es complètement taré, Evan.
— Pas autant que toi.
Nous plaisantons encore quelques minutes, jusqu'à ce que je me décide à lui donner de vrais conseils pour le réconfort de Maël.
— Fais part à Maël des explications que tu viens de me donner. Il te connaît, il comprendra.
— Je ne sais pas si j'y arriverai...
— Tu viens de le faire avec moi, là.
Mia s'humecte les lèvres, soudain gênée, et baisse le regard.
— Oui, parce que c'est toi.
Mon cœur se réchauffe. Parce que c'est toi. Pourquoi est-ce que je suis incapable de voir Mia comme une simple amie ? Pourquoi est-ce que l'espoir naît en moi à chaque fois qu'elle m'accorde un peu de sa confiance ?
— Essaie tout de même. Il mérite d'être rassuré.
Ses billes azur reviennent sur moi. Pour une fois, elle m'écoute attentivement et met sa facette butée de côté.
— D'accord.
***
À la fin de cette journée plus qu'éprouvante, je suis soulagé de rentrer enfin chez moi. Mon père n'est pas là, et ça m'étonnerait qu'il rentre ce soir. Nos deux pères à Mia et à moi se ressemblent sur un point : ils sont tous les deux accros au travail, et ne sont jamais à la maison. La différence, c'est que le père de Mia s'intéresse vraiment à sa famille, alors que le mien se fout de ce qu'il peut bien m'arriver. Mais ça ne me dérange pas, c'est en partie pour cela que je suis venu habiter chez lui. Ainsi, je peux faire ce que je veux, quand je veux. J'adore ma mère, mais elle et son nouveau mari me tapent sur le système, à essayer de jouer à la petite famille parfaite. Ils habitent à une heure de route de Toulouse, je pourrais facilement leur rendre visite plus souvent si je le souhaitais. Je n'ai juste pas envie de me forcer.
En sortant de la douche, mon téléphone vibre à côté du lavabo, le prénom de Mia éclairant l'écran.
- Allô ?
- Habille-toi, Pérez, on sort ce soir !
- Ah non, désolé, je ne vais nulle part.
Elle ne prend pas en compte ma réponse et insiste :
- Tu n'as pas le choix. J'ai enfin convaincu Maël de sortir s'amuser, alors en temps qu'ami, tu ramènes ton cul.
Et voilà qu'elle me joue la carte de l'amitié, c'est vraiment un coup bas. Je soupire et je peux la sentir jubiler au bout du fil. Elle a gagné.
- Je vous rejoins où ?
Elle me donne l'adresse de la boîte. Je ne suis pas fan de ce genre d'endroit, je préfère de loin les fêtes en petit comité, mais Mia s'est mis cette idée en tête, donc impossible de la lui retirer.
Quand j'arrive devant la fameuse boîte, Mia, Maël, et un de leur pote, Raphaël je crois, m'attendent à l'entrée. Je manque de m'étouffer en voyant Mia. Elle porte une robe noire qui moule toutes les parties de son corps, sans exception. Elle lui arrive à mi-cuisse et constitue un décolleté plongeant fort sympathique. J'aurais peut-être trouvé cette tenue vulgaire sur une autre fille, mais ce n'est pas le cas sur Mia. Elle est juste incroyablement sexy.
Elle a relevé ses cheveux en un chignon qui paraît décoiffé, bien que la connaissant, elle ait dû y travailler avec acharnement pour obtenir ce résultat. Deux fines mèches rebelles encadrent son visage fin, elle est époustouflante. D'un seul coup, je cligne des yeux, pris de peur qu'elle se rende compte que je la dévisage avec insistance. Puis je constate qu'elle fait exactement la même chose. Elle en prend conscience à son tour, et au même moment nous détournons tous les deux les yeux.
- Wow, Pérez, tu t'es mis sur ton 31 ! me chambre Maël.
J'ai juste mis une chemise blanche classique, ce qui n'a rien d'exceptionnel en soi. Mais il est vrai que cela peut paraître beaucoup pour quelqu'un comme Maël, qui porte toujours des sweat-shirts. Ce que je note, c'est qu'en tous cas, il semble de meilleure humeur que ces derniers jours. Mia a dû lui parler.
Je ris à sa remarque.
- J'en connais un qui va attirer les filles ce soir ! ajoute-t-il.
Je regarde Mia du coin de l'œil qui fixe ses escarpins. Je n'ai touché à aucune fille depuis que je lui ai avoué ce que je ressentais pour elle, je dois dire que ça ne m'est même pas venu à l'idée.
- Tu me connais ! je réponds, tout en donnant un coup de coude complice à Maël.
Si j'ai prononcé cette phrase, c'est uniquement pour voir la réaction de Mia. Et ma provocation ne rate pas : elle relève brutalement le menton, pour me fusiller du regard. En vérité, ma réponse est absurde, je ne vois pas comment je pourrais regarder d'autres filles alors qu'elle sera là, à mes côtés. Mais ça, elle ne le sait pas. Mia Castez serait-elle jalouse ? Y aurait-il plus qu'une attirance entre nous ? Ce sont des questions qui me taraudent depuis la fois où j'ai failli craquer. Elle tient à moi, j'en suis persuadé. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle est capable de m'offrir ce que je veux. Il est plus judicieux que je garde mes distances.
À l'instant où nous pénétrons dans la boîte, la musique m'explose les tympans. Je regrette déjà d'être venu. Maël nous emmène vers des tables à côté du bar, où j'aperçois des visages familiers. Ce sont des mecs du lycée, et il se trouve que j'en reconnais un en particulier. Le type qui drague Mia. Merde, mais qu'est-ce qu'il fait là ?
Mia se tourne vers son grand frère avec de grands yeux émerveillés.
- Tu savais qu'il serait là ?
- C'est moi qui l'ai invité, on a quelques cours en commun et il a commencé à me parler de ma petite sœur adorée. Il a vraiment l'air épris de toi.
Sans le savoir, Maël vient clairement de gâcher ma soirée – déjà qu'elle n'avait pas super bien débuté. Non seulement je dois me coltiner un vendredi soir dans une boîte pourrie, mais en plus je vais devoir observer la fille qui occupe toutes mes pensées flirter avec un autre. Génial, merci Maël.
Le sourire qui éclaire le visage de Mia quand elle croise le regard de Romain, ou Robin –qu'est-ce qu'on en a à faire, au fond ? – me fait l'effet d'un coup de poignard. Elle accourt vers leur table et, en grand gentleman, il lui laisse une place à son côté. Il la regarde comme si elle était de la viande rouge, et passe un bras autour de ses épaules. Ce pervers a le nez dans sa poitrine, qu'elle exhibe fièrement. C'est un cauchemar.
Maël, Raphaël et moi les rejoignons à leur table. Et comme par hasard, devinez où se situe la seule place qu'il reste ? Oui, oui, celle juste en face du futur couple « Robia ». Mon for intérieur est pris d'un rire sarcastique au rappel de ce surnom, c'est vraiment débile.
Les potes de l'enfoiré qui drague Mia se ramènent avec des cocktails. Je ne sais pas comment ils ont réussi à se procurer de l'alcool, mais je ne suis pas contre un verre, là maintenant. Ils ont aussi des shots de tequila, avec du citron et du sel.
Robin-l'abruti murmure quelque chose à l'oreille de Mia, elle lui répond d'un hochement vif de la tête. Il avance le plateau d'alcool vers lui et se munit du sel. Il prend la main de Mia. Oh non, ne me dites pas que... Et pourtant si, il lèche langoureusement la peau douce de Mia que j'ai déjà eu l'occasion d'effleurer, entre son pouce et son index, beaucoup plus longtemps que nécessaire. Mia se mordille la lèvre inférieure, ce qui a le don de me rendre fou quand elle le fait lorsque nous sommes tous les deux, mais qui m'insupporte à l'instant. Je regarde Maël, qui n'a pas l'air un tant soit peu choqué par les agissements de ce gars envers sa sœur. Il n'est pas censé jouer son rôle de grand frère protecteur, ou une merde dans le genre ?
Robin décolle enfin sa langue de la main de Mia, et y dépose du sel. Il attrape un shot et amène la main de Mia jusqu'à ses belles lèvres pulpeuses. Elle lèche goulûment le sel, puis il porte immédiatement le verre à sa bouche. Elle l'avale d'une traite, avant que sa cible de la soirée la fait mordre dans un citron. Je me retiens de répliquer qu'elle peut le faire toute seule. Mia pousse un cri victorieux, tout émoustillée, et tout le monde l'applaudit. Elle fait un semblant de révérence, puis ses yeux tombent sur moi. Son sourire s'évanouit et son visage se décompose. Je dois avoir une drôle d'allure à présent, les poings et la mâchoire serrés ; sans parler de mes yeux plissés à l'extrême. Nous restons comme ça un moment, à chercher les pensées de l'autre dans nos pupilles respectives, jusqu'à ce que Robinou nous interrompe.
- On va danser ?
Je la vois hésiter, alors je l'avertis du regard. Elle décide de jouer les rebelles en rompant notre jeu visuel, et en emmenant Robinou sur la piste, main dans la main. J'ai échoué. En même temps, tu t'attendais à quoi, Pérez ? Evidemment qu'elle allait le suivre.
Je m'enfonce dans mon siège, alors que Maël se rapproche de mon oreille pour que je puisse l'entendre à travers la musique.
- Je vais essayer de trouver des nanas, tu viens avec moi ?
J'arque un sourcil.
- Et Amanda ?
- C'est fini. J'en avais marre de me prendre la tête, il est temps que je profite de la vie !
J'éclate de rire. Il a déjà dû engloutir quelques verres pour parler de manière si enthousiaste.
- Après tout, pourquoi pas !
Nous partons à la recherche de « nanas », et trouvons vite un petit groupe de filles d'environ notre âge. Une brune s'approche de moi et me sourit. Au premier abord, j'aurais dit qu'elle avait la même couleur de cheveux que Mia, mais après l'avoir mieux observée, je constate que ça n'est pas le cas. Les cheveux de Mia sont soyeux et brillants, tandis que les siens sont ternes. Elle n'a pas ce regard bleu azur qui me fait fondre, et ses lèvres sont fines, l'opposé des lèvres pleines de Mia. Elle est plutôt jolie, mais bien loin de la beauté de la fille disparue sur la piste. Pourquoi je pense tout le temps à cette garce, même quand je suis avec une autre ? C'est une malédiction ou quoi ?
- Je m'appelle Julia.
- Enchanté, Evan.
Je m'efforce d'être poli, puis reporte mon attention sur la foule. Et bien sûr, qui se trouve en plein dans ma ligne de mire ? Robinou et la plus belle nana de la soirée. Ils dansent collés-serrés, il a posé ses mains sur ses fesses et elle le tient par la nuque. Bordel de merde.
J'entends la voix aiguë et agaçante de Julia en fond sonore. Celle de Mia est différente, elle est plus grave, et même éraillée parfois. Et voilà, je recommence. Je n'ai aucune idée de ce que Julia raconte, trop concentré sur les mains de ce pervers positionnées sur les fesses de la fille de mes rêves. Fille de tes rêves, sérieux, Evan ? Je deviens pathétique.
Comme un signe du destin, Robinou s'écarte de Mia, la laissant seule sur la piste. Elle continue de danser, en aucun cas décontenancée. La sueur a collé les mèches de ses cheveux à son visage, et ses paupières sont closes. Elle est fascinante. Je ne suis pas sûr, mais je crois que Julia est en train de me parler de poneys.
- Ouais, ouais... Tu peux me rendre un service, Julia ? Prends ça.
Je lui refile mon verre et me retire sans lui laisser l'occasion de riposter.
- Merci, c'est super gentil de ta part ! lancé-je en disparaissant dans la foule.
Comme si elle avait senti le danger arriver, Mia ouvre les yeux. La peur la paralyse, et elle arrête de danser. Tous mes sens sont en éveil quand je lui fais face, le regard furieux.
Lentement, je m'approche d'elle jusqu'à ce que nos deux corps entrent en contact. Doucement, je glisse ma main dans son cou, puis remonte jusqu'à sa joue. Ses pupilles sont tellement révulsées qu'il ne reste qu'un cercle fin du bleu de ses iris. Nos deux nez se frôlent, me faisant soupirer d'aise.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Son ton se voudrait ferme, mais sa voix chevrotante casse cet effet. Je n'ai plus l'impression d'être conscient de mes actes. Je suis à présent guidé par mon désir, mon désir d'elle.
- J'en sais rien, soufflé-je contre ses lèvres.
Je la sens déglutir. Timidement, ma main libre cherche refuge au creux de sa hanche. Elle ne me rejette pas, mais ses bras restent ballants le long de son corps.
- J'en sais rien, répété-je.
Pris d'une fièvre inconnue, j'empoigne son chignon qui s'est défait à force de danser. Je tire sa tête en arrière, lui arrachant un cri de surprise, puis plonge dans son cou. J'embrasse chaque parcelle de sa peau, passant de sa mâchoire à ce point sous son oreille. Elle résiste quelque peu au début, puis se détend. Ses mains caressent mon dos, remontent, puis atteignent mes cheveux. Elle les tire et bon Dieu, j'aimerais qu'elle ne cesse jamais d'exécuter ce geste.
J'interromps mes baisers, et la regarde de nouveau. Je fixe avidement sa bouche. Je peux enfin y gouter, elle ne me repoussera pas, plus maintenant. Mais cette partie de moi, celle qui a peur de ce que Mia pourrait me faire, m'en empêche. Je n'ai jamais été aussi indécis de toute ma vie.
Le désir quitte peu à peu les yeux de Mia en voyant que je ne fais rien. Déçue, elle se détache de moi.
- Je vais rejoindre Robin.
Ce prénom donne une pulsion à mon organisme. Je n'hésite plus, je chope son poignet alors qu'elle est en train de se retourner, et la ramène contre moi. Elle me considère, surprise.
- Arrête de jouer avec moi.
Moi, je joue avec elle ? J'aurais plutôt tendance à dire le contraire.
- Jamais je n'oserais. J'en ai marre de lutter, Mia.
Elle n'a pas le temps d'assimiler mes paroles, j'écrase mes lèvres sur les siennes.
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Merci d'avoir donné leur chance à Mia et Evan en lisant ces extraits ! J'espère que vous avez apprécié le début de l'aventure. Rendez-vous le 28 février 2018 pour la sortie du tome 1. ;)
Si vous souhaitez suivre la progression de la publication, vous pouvez aller faire un tour sur mon Instragram : laurene_rsd
Plein de bisous !
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