TW : ce roman policier peut évoquer des scènes de meurtre, présence de sang, problèmes psychologiques, violences, scènes X...
Réservé à un public averti.

Soulagée d'avoir terminé sa journée, la jeune femme range les dernières copies corrigées dans sa mallette et attrape son manteau. Elle se tourne une dernière fois vers la salle de classe vide, éteint les néons blanchâtres, puis referme la porte. 
La pluie tombant à flot depuis la veille a enfin cessé et seul le bruit du tonnerre lointain vient troubler le silence des couloirs désolés. Elle met un point d'honneur à finir son travail chaque soir avant de partir et peu de ses confrères sont aussi zélés qu'elle. Elle a donc l'habitude de traverser le lycée fantôme, comme elle aime l'appeler, lorsque l'écho de ses talons résonne dans les couloirs vides. Boutonnant son manteau jusqu'au cou, elle s'apprête à affronter le vent frais qui souffle à l'extérieur et les quelques gouttes qui tombent encore. Ce soir, les rues sombres sont désertées par leurs habitants, préférant la chaleur de leur salon. 
Elle hésite un instant, avant de se lancer d'un pas décidé. Qu'importe, dans moins de quinze minutes, elle sera dans son cocon douillet et le supplice sera terminé. 

Elle s'engouffre rapidement dans une bouche de métro et un courant d'air glacial lui enlève sa capuche. Ce soir, c'est un saxophoniste donne le rythme de la fourmilière humaine qui grouille dans les entrailles de la ville.
Les rames sont encore bondées à cette heure, mais en quelques mois, elle a appris à ne plus voir personne. Elle s'agrippe à peine à la barre de peur de toucher quoique ce soit et s'enferme dans sa bulle jusqu'à son arrêt. 
Un sentiment étrange lui fait pourtant froid dans le dos. Ses yeux balayent alors la foule, trop accaparée à se préoccuper d'elle-même pour faire attention à sa vie insignifiante, puis hausse les épaules et retourne dans ses pensées. 
Lorsqu'elle se retrouve sur son quai, une odeur d'urine lui emplit aussitôt les narines. Elle fronce les sourcils et remonte le col de sa veste pour y enfouir son nez et continue sa marche à travers les couloirs pour rejoindre la surface. Cependant, la sensation persiste. 
Elle ne saurait dire…
Elle se retourne, observe les quelques passants autour d'elle. Tout semble normal et pourtant…

Elle presse le pas sur les trottoirs gorgés d'eau, remet rapidement une mèche de ses cheveux blonds à l'abri de sa capuche et emprunte une ruelle adjacente. 
La peur la tenaille. 
Une peur infondée, inexplicable, mais elle est bien là, tordant ses entrailles, comprimant la poitrine. Elle resserre instinctivement son emprise sur sa mallette, sans plus oser regarder en arrière. Ses foulées sont de plus en plus lourdes. Elle court presque, comme si elle espérait pouvoir échapper à un sort funeste. La symphonie du tonnerre lointain, accompagnée du claquement rapide de ses talons noirs battant le rythme sur le sol, sonnent sa marche funèbre et rien ne semble pouvoir l'éloigner de cette impression. 

Elle claque la porte de son hall d'immeuble avec soulagement et sa respiration se calme enfin. La cage d'escaliers à peine éclairée est aussi lugubre que d'habitude, les marches en bois vermoulu offrent leur craquement coutumier. Tout semble familier et la jeune femme rit presque de sa frayeur lorsqu'elle entre dans son appartement. 

***

Tapie dans l'ombre, une silhouette qui attendait patiemment jusque-là, se découpe dans l'épaisseur de la nuit. Cela fait plusieurs jours qu'il se languit, mais le moment n'était pas encore venu. Aucune importance, il est temps maintenant. Il est prêt. 
L'homme ajuste tranquillement la capuche de son sweat sombre, puis glisse les mains dans ses poches. 
Il est serein, silencieux, invisible. 
Il n'a pas peur, n'est pas nerveux. 
Il sait ce qu'il a à faire, c'est son devoir, le sens de sa vie, sa raison d'exister. 
Il suit calmement sa proie des yeux dans la pénombre, prêt à bondir dessus tel un redoutable prédateur. Ses doigts s'enroulent lentement autour de la lame froide au fond de la poche de son pull, tandis que l'adrénaline afflue dans ses veines. 
Il inspire. 
Il expire. 
Une vague de satisfaction s'empare de lui.
Son souffle s'accélère. Son cœur aussi.
La lumière du salon s'allume, mais l'ombre le protège toujours. 
Sa victime doit sentir sa présence car elle se retourne et avance dans sa direction.
Il sourit. 
Elle se rapproche si près de lui qu'il peut désormais sentir le parfum sucré de sa proie. 
Elle est tout près de lui, et elle n'a aucune échappatoire. 
C'est maintenant ou jamais. 
Son rythme cardiaque accélère encore.
Ses doigts blanchissent de se crisper sur le manche de son couteau. 

Elle entre dans la chambre et passe devant lui sans le voir. 
Soudain, elle se retourne le souffle coupé pour enfin faire face à son destin. Surprise, elle reste muette devant l'image de la mort et un rictus effrayant lui répond d'une voix calme :

– Bonsoir Charlotte. 

Elle plisse les yeux comme pour mieux voir puis ouvre la bouche, mais aucun son ne sort face à l'ombre terrifiante qui la domine.
Il sent sa peur. Il pourrait presque la toucher, tant elle est palpable. Il s'en délecte. 
Un murmure ose enfin s'échapper des lèvres tremblantes de la jeune femme :

– Toi ?

Tétanisée, elle a juste le temps de fermer les yeux avant que la lame ne s'abatte sur elle.

Nous y voilà !
Je m'attaque donc, encore une fois, à un genre inconnu pour moi : le polar sur fond de thriller psychologique.
Fan d'enquêtes policières depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours rêvé d'en écrire une.
Alors j'espère que cela vous plaira et qu'avec votre aide, cette histoire pourra voir le jour.
À l'heure actuelle, le 1er jet est bouclé et le 2ème en est à la moitié. C'est la 3ème version que je vous présente ici.
Merci à tous les anciens pour votre fidélité, merci à tous les nouveaux venus de me laisser une chance de vous faire voyager.
En espérant que l'aventure dans les Mondes de Mira vous plaise.
Je compte sur vos avis et vos petits cœurs pour avancer, ici et sur Fyctia (le 2ème jet participe au concours thriller.) ❤❤❤

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À très vite 😘