Après la pluie, les larmes

"Et t'as beau fixer les règles, au final c'est compliqué. Dans tous les cas ça finit mal". 

Luka ne savait pas vraiment dire à quel moment il avait perdu la partie. Allongé sur son lit, dans l'obscurité, il contemplait la petite boite contenant la bague qui aurait du le mener au bonheur avec Marinette. Il tournait l'objet dans sa main dans le rayon de lumière qui traversait les rideaux comme si la bague allait répondre à ses questions. Il l'ouvrait, puis la refermait sans cesse.

A quel moment avait-il perdu Marinette ? A quel moment s'était-elle détourné de lui pour Adrien ? Quand l'avait-elle revu ? Combien de fois ? Avait-elle couché avec lui avant de venir s'allonger le soir auprès de lui ? L'avait-elle embrassé lui avant de venir poser ses lèvres sur les siennes quelques heures plus tard ?

Il pensait la connaitre. Mais la connaissait-il vraiment ?

Son cerveau était mitraillé de questions sans réponses. Il semblait prendre plaisir à remettre sans cesse du sel sur ses plaies émotionnelles comme si il devait se punir de quelque chose.

Mais avait-il été un bon petit ami pour elle ? S'était-il intéressé à sa vie ces derniers mois ? S'était-il suffisamment inquiété de savoir si elle allait bien ? S'était-il soucié de ce qu'elle voulait vraiment ?

La routine est une faucheuse tapie dans l'ombre et qui attends la moindre seconde d'inattention pour frapper et tout détruire. Brulant le dernier sentiment amoureux, éteignant la dernière flamme. C'est bien beau d'accuser la routine, d'accuser le temps, d'accuser Adrien mais Luka savait. Il savait bien au fond de lui qu'il était seul responsable de ce désastre. Que s'il n'avait pas considéré Marinette comme sienne, s'il n'avait pas baisser sa garde, alors peut-être aurait-elle ... Elle aurait quoi ? Elle serait restée avec lui ? Si elle est partie, ce n'est de la faute de personne. Ses sentiments se sont envolés.

Elle ne l'aime plus.

Voila la triste et dure vérité. Et toutes les attentions du monde n'auraient rien changer à cela. Quand on aime plus, c'est fini. Parce que malgré tout, quand il n'y a plus d'amour, il n'y a plus rien. Mais ce qui est injuste, c'est que de l'amour lui, il en avait encore pour elle. Que faire de ces sentiments là ? Pour elle, c'est facile, elle ne l'aime plus. Fin de l'histoire. Mais lui ? Il n'a rien choisi de tout ça. Il ferma un instant les yeux et tenta d'accepter ses émotions. Puis il les rouvrit, et il se souvint. 

"La patinoire". murmura t-il. 

Il se souvint de ce jour où Marinette lui avait demandé de l'accompagner à la patinoire avec Adrien, et cette fille là ... Comment s'appelait-elle déjà ? Luka l'avait trouvé très bizarre, il se souvenait de ce visage impassible et de cet air hautain. Mais elle semblait très éprise d'Adrien, et Luka ne s'était pas méfié. Mais quand Marinette était parti dans les toilettes, Adrien s'était empressé de la suivre. Il avait vu de quelle façon Marinette regardait Adrien et la fille glisser sur la piste. Il avait tenté de détourner son attention. Et il avait vu que leur complicité l'a rendait triste. Et quand Adrien avait raccompagné la fille jusqu'à la voiture, il pouvait entendre le coeur de Marinette se fendre. Pourtant, quand Marinette s'était enfuie aux toilettes, Adrien s'était empressé de la suivre. Pourquoi ? En y repensant, Adrien et Marinette avait toujours été lié d'une façon ou d'une autre. Il y avait entre eux une sorte d'alchimie...

Luka se souvint très bien le jour où son collègue lui avait dit avoir vu Marinette et Adrien trainer ensemble au parc. 

- Tu n'as pas l'air inquiet de savoir ta copine avec le plus grand séducteur de Paris. 

- Adrien est un ami d'enfance de Marinette, c'est tout. Ils étaient en cours ensemble pendant tout le collège et le lycée, ils ont toujours été proches...

- Tu sais que j'ai entendu tout un tas de truc sur ce gars. Il parait qu'une fois, il sortait avec trois nanas en même temps. Et il parait même qu'il tient un carnet avec le nom de toutes les meufs qu'il a mises dans son lit, avec une note de performance au lit. Je serais toi, je serais quand même un peu inquiet. 

- Marinette n'est pas l'une de ses idiotes qui pourrait croire à son baratin. 

- Je sais pas ce qu'elles ont les nanas avec ce gars. Sous prétexte qu'il a des yeux verts et des cheveux blonds, elles lui tombent toutes dans les bras. En même temps, si j'avais un père créateur de mode, je serais moi aussi une idole. 

- Tu es jaloux de lui ? 

- Pas toi Luka ? Franchement, qui ne serait pas jaloux d'un type qui peut coucher avec qui il veut ? 

- Il doit se sentir vachement seul au fond. 

- Peut-être. Mais j'ai entendu dire qu'il s'est déjà tapé deux meufs en même temps. En même temps, Luka ! 

- C'est comme ça qu'on le voit ? Comme un coureur de jupon qui passe de filles en filles ? C'est bien triste. 

- Tu dis ça parce que tu sors avec la même meuf depuis trois ans. 

- Et ça me va très bien ! 

-  Moi si j'étais à sa place, je ferais pareil. J'en profiterais un max ! 

- Ça fait des années qu'il traine cette réputation, il doit être lassé maintenant. 

- Peut-être oui. Et si il avait décidé de se poser ? De se mettre en couple sérieusement ? Et si il avait décidé que ce serait Marinette ? 

- Comment ça ? 

- Bah réfléchi. Il a cette réputation de séducteur. La seule fille qui le connait bien et qu'il ne s'est pas encore tapé, c'est Marinette. Ça serait la cible idéale. 

- Tu dis n'importe quoi !

- Si tu as tant confiance en Marinette, alors tu n'as pas à t'inquiéter.

Luka ferma brusquement la boite à bijou et se releva brusquement. Il décida que prendre un peu l'air de la nuit lui ferait le plus grand bien. Il observa sa guitare posée dans un coin du salon qui avait pris la poussière telle un objet décoratif. Il ne l'avait pas pris en main depuis des années. Marinette n'était plus la mélodie qu'il avait dans la tête depuis leur première rencontre. Il songea nostalgique à leur rencontre dans sa chambre d'adolescent. Cette petite brunette avait fait vibrer son coeur comme une corde de guitare dès le premier regard. Il n'était plus ce Luka rêveur, idéaliste et romantique de l'époque.

A cette époque, il était aussi Vipérion, et c'était exaltant. Il se sentait utile et fort. Capable de déplacer des montagnes, rien n'aurait pu l'arrêter. Mais quand Lady bug et Chat noir avaient disparus en même temps que Le Papillon, sa double vie de super héros était partie avec eux, comme si elle n'avait jamais existé. Avait-elle seulement existé, ou bien l'avait-il rêvé ? Comme il avait rêvé devenir un jour une rockstar comme Jagged Stone, peut-être avait-il rêvé d'être un héros comme Chat noir.

Pourquoi avait-il perdu de vue ses rêves ? Les Kitty's section n'avait jamais percé. Et cela lui laissait un gout amer. Il avait été à l'initiative de la fin du groupe quand l'une de leur maquette avait encore une fois été refusée par une maison de disque. Il s'était alors dit qu'il faisait fausse route. Et qu'il valait mieux exploiter un autre talent. C'est après son année à Londres qu'il avait définitivement abandonné ses rêves d'enfants. Il avait besoin de succès dans sa vie. Et obtenir l'amour de Marinette faisait parti du défi. Il ne pouvait plus échouer. Jamais. Car c'est tout ce qu'il lui restait. 

Lorsqu'il sortit prendre l'air en longeant les bords de la Seine, la migraine s'insinuait doucement dans son crâne, le manque de sommeil et la tristesse devinrent une douleur sournoise, tapie dans sa boite crânienne. Une silhouette familière l'interrompit dans ses rêveries.

- Luka ? s'étrangla Marinette les yeux écarquillés de surprise.

- Marinette. lâcha Luka en haussant un sourcil suspicieux.

- Que fais-tu ici ?

- Je faisais un petit footing et toi ? dit-il en dévisageant son ex copine trempée jusqu'au os.

- Je ... moi aussi. Et je suis tombée ... dans l'eau ... parce que ... Elle tenta de se justifier sachant parfaitement qu'aucune explication ne tenait la route. Luka l'observait de haut en bas observant les gouttes d'eau tomber de ses vêtements.

- Un jogging ? Toi ? ria t-il. Il avait presque éclaté de rire.

- Oui. Je me suis mise au jogging aussi. répondit-elle, en faisant mine d'être un peu vexée.

- Tu es trempée constata t-il. Tu ... habites loin d'ici en plus, n'est ce pas ?

Luka faisait référence à l'appartement d'Adrien. Marinette sentit la gêne dans le ton de sa voix.

- Je ... oui c'est vrai, mais j'aime bien venir ici courir ...

- C'est bizarre je cours souvent ici et je ne t'ai jamais vu. continua t-il, toujours aussi suspicieux.

- C'est ... parce que je cours très tôt le matin. renchérit-elle.

- Ah oui ? Le matin ?

- Oui. Bon, je te laisse, je dois y aller.

- Je te raccompagne. Il fait nuit, il ne faut pas que tu traine toute seule ici. dit-il en enlevant sa veste pour lui mettre sur les épaules.

Marinette repensa à leur séparation. Et à la façon dont ils s'étaient violemment disputé, avant de le gifler. Elle se sentit un peu honteuse de ce geste, même si Luka l'avait mérité sur le moment. Mais elle culpabilisait. Elle avait l'impression de piétiner l'intégralité de leur histoire. Même si Luka avait été très froid avec elle les derniers mois de leur relation, elle s'était enfuie avec un autre alors qu'il était entrain de la demander en Mariage. Puis elle l'avait giflé quand il avait tenté de la ramener à la maison. Elle comprenait sa colère à son égard. Elle ne pouvait pas le blâmer. Et ce soir, en le revoyant là, sur le bord de Seine, seul en pleine nuit, elle se sentait égoïste et sans cœur. N'avait-elle donc aucune reconnaissance pour ces belles années passées avec lui ? Son coeur se serra d'amertume.

Elle voulut d'abord l'éconduire mais se ravisa.

Elle jeta un oeil à Tikki qui l'observait du fond de sa poche, cherchant l'approbation de son kwami. Ce vieux réflexe qu'elle avait mis si longtemps à perdre lorsqu'elles avaient été séparées était revenu presque immédiatement.

- Euh ... oui pourquoi pas. répondit-elle.

Sur le chemin, le silence entre eux était lourd. Marinette se décida à le briser.

- Luka ... je ... je voulais m'excuser de la façon dont ça s'est terminé entre nous. J'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'à mon bien être. J'aurai voulu que ça se termine différemment ... Et je suis désolée de t'avoir giflé aussi.

- Merci Marinette. Mais je suis un idiot de t'avoir laisser t'éloigner de moi à ce point. Et c'est de ma faute aussi, car je ne suis plus celui que j'étais quand on s'est connu. J'ai compris ensuite. Tu l'as toujours aimé, Mari. Je crois que je le savais au fond mais que je voulais pas le voir. Je voulais croire que j'avais réussi à te faire oublier Adrien.

Marinette comprit à cet instant que la colère de Luka était partie, et qu'il ne restait plus que la tristesse. Sa gorge se fit sèche et sa culpabilité grandit un peu plus. Luka était là pour elle, à l'époque quand Adrien ne la voyait pas. 

- La patinoire. Tu m'a emmené juste pour être avec lui. 

Marinette ouvrit la bouche pour répondre, mais elle ne savait pas comment se défendre. 

- Je pensais à l'époque que ce n'était qu'une amourette de collège, que ça ne durerait pas. Que je pourrais le remplacer dans ton coeur. et j'y ai cru. J'ai vraiment cru que j'avais réussi. Mais c'était une erreur. Il n'a jamais quitté ton coeur. Et moi, je n'y suis jamais vraiment entré.

- Luka ...  Je veux que tu saches et que tu retiennes une seule chose. Je t'ai aimé. Sincèrement. Et de tout mon cœur. Marinette avait posé sa main sur le bras de Luka, l'obligeant à s'arrêter à son tour et soutena son regard pour s'assurer qu'il pouvait lire dans son regard toute la sincérité qui l'animait à cet instant.

Luka ne sut quoi répondre. Cette idée lui réchauffa un instant le coeur. Il se surprit d'apprendre qu'il pouvait encore ressentir quelque chose ces dernières semaines.

- Pourquoi tu n'as jamais voulu me dire que tu étais Lady Bug ? lança t-il en continuant à avancer tout en observant attentivement sa réaction.

Marinette sentit son coeur faire un bond douloureux dans sa poitrine. Ses jambes ne voulaient plus avancer. Elle sentit Tikki se crisper dans sa poche. Elle voulut d'abord nier en bloc, mais finalement, Luka ne méritait-il pas la vérité ? Après tout, il avait été Vipérion aussi.

- Nos identités devaient rester cachées. Chat noir non plus ...

- Chat noir, il sait aussi maintenant ... c'est pour ça que tu t'es enfui avec lui ...

Décidément, Luka était clairvoyant ce soir, et il prenait Marinette au dépourvu.

- On ne connaissait rien de nos identités à l'époque, aujourd'hui c'est différent. Et maintenant c'est tout Paris qui découvre la vérité.

Marinette se stoppa devant l'hôtel qui leur servait de QG à présent.

- C'est là que tu habites maintenant ? dit Luka en observant la façade de l'hôtel devant lequel ils étaient arrivés.

- Oui. Tu peux monter Luka, je pense qu'on va avoir besoin de toi pour vaincre le paon.

**A suivre**

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