52. Cicatriser

Victoria Olsson

Quand je suis entrée dans l'appart de Moh ils étaient tous là. Un peu l'impression de revivre un remake de mon anniversaire. Après tout c'était à ce moment là que tout était vraiment parti en cacahouète, alors peut être qu'il fallait recommencer, et ce coup ci bien faire les choses.

J'ai sorti l'un de mes plus beau sourire avant de  tous les prendre dans mes bras.

Je les ai tous vu ces trois dernières semaines, à tour de rôle, mais j'avoue que les voir ici, sans cette horrible odeur aseptisée d'hosto, m'a fait du bien.

Avec Id' les choses sont compliqués. Je l'aime et je sais qu'il m'aime, mais je ne suis plus sûr que tout puisse s'arranger et se rebâtir. A trop jouer on a peut être bousillé toute nos chances.

Une grande partie de la soirée, je la passe avec Louna, Deen et Moh. Ils ont pas mal de questions, moi pas mal de réponses à donner.

Je crois qu'on a tous besoin de guérir.

On a besoin de tourner la page.

- Je suis tellement désolée de ne pas m'en être rendue compte, murmure Louna en serrant ma main. T'as toujours tout fait pour moi, j'aurai du être capable de faire la même chose.

- Arrête, je répond, j'ai tout fait pour que tu ne sois pas au courant.

- Pour me protéger...

- Ouais, c'est ce que fait la famille.

Un sourire si triste se dessine sur son visage qu'il pourrait m'arracher un flot de larme. Elle m'attire contre elle.

- Plus jamais de mensonge, elle souffle. Je veux être au courant quand ça va et quand ça va pas. Tu m'as protégé toute ta vie maintenant c'est à mon tour.

J'hoche la tête et on reste un long moment sur le balcon toute les deux. Jusqu'à ce que mon regard croise celui d'Idriss. Il se détourne aussi rapidement et se concentre sur Doums.

Je laisse échapper un soupire.

- Tu sais, il était complètement HS sans toi.

Il l'est toujours. Toujours ailleurs, toujours loin. L'esprit beaucoup trop loin de mon coeur.

- Il était toujours là quand tu dormais, elle ajoute.

Je le sais. Ces dernières semaines il venait toujours le soir. Il m'est arrivé de me réveiller au milieu de la nuit et de le trouver endormi sur le siège à côté de mon lit. Mais le matin quand je me réveillais il n'était plus là.

- Je crois que je l'ai foutu en l'air, je murmure en détachant les yeux de mon kabyle.

Ma meilleure amie me regarde sans comprendre.

- Je lui ai brisé le coeur avant tout ça, et maintenant j'ai l'impression que c'est un fantôme. Il est là, toujours près, mais jamais vraiment.

- Il a eu la peur de sa vie. Ken arrête pas de dire qu'il l'a jamais vu si bouleverser.

Et ça me brise encore plus le cœur.

- Vous avez besoin de temps pour guérir, elle rajoute en passant une mèche derrière mon oreille. Mais vous y arriverez.

Elle m'adresse un dernier sourire avant de déserter le balcon.

J'y reste quelques minutes avant de rejoindre Moh. J'sais plus trop sur quoi dérive la soirée mais la fatigue me rattrape bien vite. Et c'est mon kabyle qui finit par me réveiller.

Il est accroupit devant moi et caresse doucement ma joue.

- Je te ramène?

J'acquiesce en me relevant. Quelques unes des personnes présentes ont déjà déserté.

Rapidement on se retrouve dans un Uber puis devant mon immeuble.

Idriss s'apprête à faire marche arrière mais je l'arrête.

- Tu veux bien rester avec moi? je demande.

Putain j'ai l'impression d'être une collégienne intimidée par son crush.

Il me regarde quelques secondes avant d'acquiescer. On monte silencieusement les escaliers. Il porte toujours mon sac.

D'un coup de pied je fais voler mes vans à travers la pièce. Je sais pas trop comment m'y prendre, mais j'ai la sensation que c'est maintenant ou jamais.

Est ce que je peux juste l'embrasser? Parce que merde j'en meurs d'envie.

Je me tourne vers lui, il me fixe aussi. J'ai l'impression de brûler sous son regard, c'est trop intense. Pas besoin de parler. Tout ce qu'il a à me dire transparaît dans ses yeux. Un savant mélange de haine, d'amour, de peur, et peut être même de désespoir.

Comment on a pu en arriver là? A se regarder sans réussir à se parler.

J'ai arrêté de respirer au moment où mes iris ont croisé les siennes. Et je n'arrive à reprendre ma respiration qu'au moment où il s'avance pour plaquer son corps contre le mien. C'est comme un courant électrique, un truc qui rallume nos deux corps.

J'crois que j'ai vécu les derniers mois en apnée, parce que jamais je ne me suis sentie aussi vivante qu'au moment où nos lèvres se scellent.

Ce n'est pas un baiser doux et calme, oh non, c'est pas mal de colère, de regret, par moment de la haine. Mais c'est surtout notre ultime réconciliation.

Nos vêtements volent dans la petite pièce qu'est mont studio. J'crois qu'on est enragé. On a intériorisé beaucoup trop de choses. De sales sentiments qui nous ont détruit.

Quand il me fait basculer contre mon lit, il s'arrête tout à coup. Ses yeux restent poser plusieurs secondes sur ma cicatrice. Celle de l'opération. Je l'ai beaucoup observé quand j'étais coincé dans ma chambre d'hosto. Elle est rose et boursouflée. Et à chaque fois que je l'aperçois sans m'y être préparée j'ai envie de vomir. Pourtant Idriss lui la touche doucement, il la regarde simplement.

Quand il dépose lentement ses lèvres contre ma chaire à vif, les larmes que je retenais finissent par s'échapper.

Fermer les yeux devient mon seul moyen de me contrôler. Parce que si je croise son regard, je vais exploser en sanglot.

- Je l'aurai tué.

La voix de mon kabyle me ramène à la réalité. Je crois que j'ai la gorge si serré que ma voix n'est qu'un murmure.

- Quoi?

Il passe son pouce sur ma lèvre.

- Benjamin. Je l'aurai tué. Je... J'ai cru que c'était la fin et que plus jamais je...

Sa voix meurt dans un soupir.

- Je suis tellement désolée, je murmure. J'aurai pas du vous cacher tout ça, je m'en voudrais toujours.

Ses doigts remontent jusqu'à mes joues, et d'un simple geste il essuie le sillon de mes larmes. Puis son attention se porte sur mon collier. Son médaillon.

- Je peux te le rendre tu sais, je comprendrais que tu veuilles le...

- Non, pas question, il me coupe. Il est à toi.

- Mais je...

- Tu devrais là fermer pour une fois Rebelle et me laisser parler.

J'hoche la tête.

- Ces derniers mois, j'ai cru devenir dingue. J'ai essayé de me persuader que je devais rester loin de toi, que ça s'arrangerait mais que je devais rester loin de toi. Pourtant je me suis jamais senti aussi vide. Et quand Ken m'a dit que t'étais à l'hôpital ça a été mille fois pire. Alors voilà, j'ai capté un truc. J'en ai rien a foutre que tu m'ai caché ta maladie. J'en ai rien à foutre non plus que tu m'ai baratiné pendant des mois. J'veux avancer. Et je veux avancer avec toi. Alors maintenant deux options s'offrent à nous, soit tu me laisses te faire l'amour, soit on continue à ressasser le passé. Mais j'préfère la première option.

Un petit rire résonne dans ma gorge quand je pose mes lèvres contre les siennes.

Je veux avancer. Je veux ré apprendre à vivre. Je veux saisir cette seconde chance que m'offre la vie. Et par dessus tout, je veux réparer mes erreurs et prouver chaque jour à Idriss qu'il n'a pas eu tord de me donner sa confiance.

Parce qu'au final il n'y a qu'une seule chose qui compte. Nous.

Nous et la famille que j'ai trouvé auprès de cette bande de dégénéré.

Et parce que je suis dans ses bras comme dans l'œil du cyclone, je me battrai toute ma vie pour lui.

La prochaine publication sera l'épilogue de ce tome. Merci du fond du cœur d'avoir suivit cette histoire.
❤️

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