50. Lionne

Désolée pour l'attente, j'ai vraiment eu du mal à écrire ce chapitre, j'espère qu'il vous plaira.

Idriss Akrour

« Je vais me battre pour nous. »

Quel con.

J'avais fuit ces explications. Je lui avais reproché de me cacher des choses, mais au fond je savais pertinemment que c'était moi qui n'était pas prêt à les entendre. J'avais trop peur de ce qui pourrait arriver.

Et c'était entrain d'arriver.

Parce que j'avais pas eu le courage de me battre pour elle.

Parce que je l'avais repoussé.

Au fond, ce n'était pas seulement ses mensonges. J'avais laissé passer trop de truc. Je m'étais caché derrière cette stupide ignorance. J'avais agis comme si de rien n'était parce que j'avais beaucoup trop peur de voir la réalité en face.

Mais ma réalité se tenait face à moi, maintenu en vie par un putain d'appareil respiratoire.

Un bandage entourait sa tête, le choc de la chute avait dit le médecin.

Elle était pâle, bien plus pâle que d'habitude. Une de ses pommette virait déjà au bleu. Et ces marques violacés autour de son cou. Ces putains de traces de doigts qui me donnaient envie de tout défoncer.

Quel genre de chien pouvait faire un truc pareil?

« Un salopard terminait à la pisse ». C'est ce qu'avait dit Deen, en entrant dans la pièce.

Il était tard, ou tôt peut être, quand on nous avait enfin autorisé à la voir. Je pensais être solide. Les galères, les coup d'putes, les déceptions, j'en avais connu. Pourtant jamais de ma vie je ne m'étais senti aussi impuissant et brisé qu'au moment où j'étais rentré dans sa chambre.

La dernière fois que je l'avais vu remonté à presque un mois. Et putain si j'avais su que je la reverrai seulement sur son lit de mort j'aurai écouté ses putains d'explications. Je l'aurai prise dans mes bras. Je l'aurai embrassé à en crever.

- Fram, kho, rentre dormir, t'as l'air complètement déphasé, proposa Ken en posant sa main sur mon épaule.

Je secoua négativement la tête. Hors de question.

- Il a raison, murmura Jasmine, tu devrais dormir un peu, cette lettre ça t'as chamboulé et..

- Et quoi? Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre de dormir alors qu'elle est là? Alors qu'elle peut clamser à tout moment? Tu ferai quoi si c'était Théo à sa place?

Instantanément le visage de la future maman se referma.

Je soupira en me frottant le visage. J'étais entrain de vriller.

- Excuse moi Jasmine.

Elle fit un signe de tête, elle comprenait.

Quelques instants plus tard, ils descendirent fumer et prendre quelques cafés. La seule personne restante fut Thylane. Elle tenait ma main depuis plusieurs minutes, sans pour autant parler.

- J'ai peur de sortir de cette chambre et de ne plus jamais la revoir. Et j'ai encore plus peur qu'elle se réveille et qu'elle croit que je l'ai abandonné. Ça me paralyse. Je peux pas la perdre Thylane, je peux pas la perdre.

Elle resserra sa main en me couvant d'un regard rassurant.

Pas le genre de regard qui promettait l'impossible, mais c'était l'un de ceux qui vous apaisez.

- C'est une lionne, elle lâchera pas. Pas avant d'avoir pu te parler.

D'un geste de main elle dégagea une mèche sur ma nuque.

- Tu sais, ton frère, ça l'a vraiment travaillé cette lettre. Il a hésité. Il avait peur pour toi.

- Je sais, je murmura en me frottant les yeux.

- Il s'en veut à mort.

- Il te l'a dit?

- Non, répondît-elle, mais il n'en a pas besoin.

Elle avait raison. Si sur cette terre quelqu'un connaissait aussi bien Hakim que je le connaissais, c'était bien Thylane.

Et elle le savait comme moi, Hakim était allergique à l'expression de tout sentiment, mais c'est pas pour autant qu'il ne ressentait rien. C'était un dur. Un cœur de pierre pour certain. Pour beaucoup même. Pourtant j'avais capté au moment même où je l'avais plaqué contre le mur qu'il regrettait à mort, qu'il s'en voulait.

- C'est la famille, je finis par dire, et on lâche pas la famille, peu importe à quel point elle merde.

Elle hocha la tête avec un petit sourire avant de se lever.

- Je vais aller les rejoindre. Appelles moi si t'as besoin.

Ça c'était notre Thylane. Douce, à l'écoute, profondément gentille.

Immédiatement la chambre me parut beaucoup plus calme. Le seul bruit ambiant était émis par les machines de contrôle. Des bipes continu.

Je rapprocha mon siège du lit. Putain j'avais envie de la prendre dans mes bras mais j'flippais trop de débrancher un fil ou faire une connerie dans le genre.

Alors j'attrapa seulement sa main.

Le médecin nous avait dit que chaque heure comptait.

Et ça c'était le truc qui terrorisait.

Elle était si pâle. Et sa peau était si froide. Je caressa doucement son poignet. Putain je pouvais pas la perdre.

Je resta un petit moment, silencieux, à la regarder, en m'imaginant de mille façons différentes son réveil, ce que je pourrai lui dire. Probablement un truc du genre, je t'aime et je passerai pas un jour de plus sans toi.

Mais au moment où je commença à m'endormir, c'est les bipements des machines qui me réveillèrent. Ils s'étaient accélérés d'une manière hallucinante en a peine quelques secondes. Putain c'était rien de bon ça.

Je voyais les pics sur le graphique des machines monter toujours plus haut, toujours plus rapprochés.

- Putain. Non. Non. Tu peux pas me faire ça Rebelle, tu peux pas me lâcher maintenant. Non putain j'ai des millions de choses à te dire. Putain.

Ça s'agitait autour de moi. Des médecins, des infirmières. Je crois que les gars étaient remontés.

- Bats toi je t'en prie putain, me lâche pas Victoria.

Je crois que je pleurais. Deux infirmières essayaient de me maintenir à l'écart.

Rien à foutre de ces infirmières.

- J'ai besoin de toi Rebelle, faut que tu tiennes, tu peux pas me lâcher maintenant, pas maintenant que je sais que c'est toi. Merde lâchez moi, j'veux rester à côté d'elle.

J'étais dans un état second. Un mélange de rage et de désespoir.

- Monsieur vous devez nous laisser travailler. Sortez de cette chambre, m'engueula une infirmière.

- J'bougerai pas. J'peux pas la laisser.

Je la laisserai plus jamais.

- Le rythme cardiaque de votre amie est entrain de s'emballer, si nous ne faisons rien son cœur peut lâcher à tout moment. Alors maintenant sortez d'ici avant que j'appelle la sécurité.

Lâcher?

Non non non. Elle pouvait pas mourir maintenant.

- Viens Idriss, on va attendre devant la porte.

C'était Hakim. Il me guida à l'extérieur en me tenant fermement par les épaules. On se fixa plusieurs secondes jusqu'à ce qu'il me prenne dans ses bras.

On était pas des friands des démonstrations d'amour dans la famille. Mais là on pouvait faire une exception.

- Elle peut pas mourir, je murmura. Elle a 24 ans putain, elle a toute la vie devant elle.

Il ne répondit rien, se contentant de resserrer son emprise sur mes épaules.

- Elle croit que je la déteste.

- Elle t'aime. Et c'est une sale bourrique cette rouquine, elle va pas se laisser clamser aussi facilement. Crois moi qu'elle va rester là pour nous emmerder.

Venant de quelqu'un d'autre je l'aurai mal pris, j'aurai serré. J'me serai sûrement tapé.

Mais c'était Hakim.

Ils l'avaient emmené.

Ils étaient parti en salle d'opération.

Plus aucune option avait dit le médecin. C'était l'opération en urgence, ou elle ne passerait pas la nuit.

Louna et Jasmine n'arrêtait pas de pleurer. Leurs copains étaient un peu désemparés. On était tous un peu sonnés.

Les secondes ne m'avaient jamais paru aussi longue, à attendre dans cette putain de salle. Il était quatre heures du matin et pourtant toute envie de dormir avait quitté mon corps au moment où les moniteurs s'étaient excités.

C'était un cauchemar.

- Vous êtes là pour Mademoiselle Olsson?

Je sursauta en entendant le médecin. Il avait encore sa blouse.

On se releva tous en quatrième vitesse. Je me sentais déjà défaillir. Putain après ça plus jamais personne me prendrait au sérieux. Mais rien à foutre, si perdre toute ma crédibilité pouvait me rendre ma meuf alors j'me mettais à la danse classique dans la seconde.

- Comment ça s'est passé docteur? demanda Jasmine en serrant la main de Théo.

- L'opération s'est correctement déroulée. Nous avons pu faire tout ce que nous avions prévu de faire dans l'opération planifié pour février.

Des soupirs de soulagement résonnèrent dans le couloir.

Moi j'arrivais toujours pas à relâcher ma respiration.

- Si votre amie se réveille elle sera tirée d'affaire.

- Si? bégaya Moh.

- Médicalement, il aurait été préférable de procéder à l'opération une fois le réveil. Mais c'était une question de minutes. Les prochaines heures seront déterminantes.

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