42. Birthday girl
Victoria Olsson
J'avais eu la géniale et merveilleuse idée de rester à l'école pour finir un projet sur lequel je travaillais depuis plusieurs semaines. Et quand j'avais finalement pris conscience de l'heure qu'il était, la nuit était déjà tombée depuis un bon moment, et j'avais reçu approximativement 10 messages de Deen et sûrement autant d'Idriss, quelques appels de Louna et 3 snaps de Moh.
Ce soir ils avaient décidé de fêter mon anniversaire. À la base c'était censé être une surprise, mais c'était pas vraiment les champions de la discrétion, je les avais cramé super rapidement en tombant sur un message de Louna sur le téléphone de mon copain. Pour pas leur péter leur surprise j'avais joué le jeu, mais cette fête ne m'enchantait pas vraiment.
J'avais jamais aimé les anniversaires, ou du moins je ne les avais jamais réellement fêter. Jamais de petit truc en famille, avec un gâteau et des bougies. Toute ma vie mon anniversaire s'était résumé à un mot placardé dans la cuisine par ma mère et un billet de 20€.
Ça rendait les anniversaires relativement inutiles et inintéressant pour une gamine de 8 ans.
Appuyée contre la paroi du wagon, je répondis aux messages de Deen et Idriss qui prétextaient une urgence qui nécessitait que je les rejoigne chez ce dernier. Non mais la discrétion et la finesse sont clairement mortes.
Même en ne les aillant pas grillé, c'était d'une évidence aberrante sachant que mon anniversaire était 2 jours plus tôt. Quelle bande de guignol.
J'allais gratter une place assise quand j'aperçus un visage familier a l'autre bout du wagon. Un peu choqué, sur les rotules, légèrement secoué, je laissa la place tant convoiter m'échapper, pour rester stoïque et pantelante.
Hugo, le garçon avec qui j'avais littéralement grandi, se tenait face à moi.
Et j'avais l'impression d'avoir reçu un coup sur la tête, un truc qui m'avait assommé.
J'avais sûrement du le fixer un peu trop longtemps puisqu'il releva la tête vers moi, et son regard s'éclaira d'une petite lueur. Il profita d'un arrêt où la rame se vida légèrement pour me rejoindre en quelques foulés. Je devais sûrement avoir l'air toujours aussi stoïque et surprise.
- Victoria Olsson! Si je m'attendais à te voir ici!
- Salut, répondis-je en reprenant contenance. Je savais pas que t'étais rentré sur Paris.
- J'ai un job ici depuis quelques semaines, Lyon c'est fini.
J'hocha la tête en l'observant. Il avait grandi. Et il avait de la barbe. Fini la dégaine d'ado imberbe, les fringues de skateur et les casquettes.
- Je descend au prochain arrêt, mais j'aimerai bien qu'on aille boire un coup un de ces jours, Lou est toujours sur Paris d'ailleurs?
- Oh euh oui oui, toujours. Elle a pas bougé.
- Cool. Tiens, enregistre ton numéro.
Il me tendit son téléphone, et j'y enregistra mon numéro sans réellement réfléchir.
- On se voit bientôt Vics, lança t-il en sortant de la rame avec un signe de main et un clin d'œil.
Oh bordel.
Je venais littéralement de me prendre toute mon adolescence dans la gueule en deux minutes top chrono.
Hugo avait toujours été présent dans ma vie, on avait été ensemble de la maternelle jusqu'au lycée. Il avait toujours été présent dans mon environnement. Puis il était parti sur Lyon pour ses études. Et moi j'étais restée ici. Et je l'avais jamais revu.
J'étais arrivée chez Idriss bien plus focalisée sur ma rencontre imprévue que sur le fait de devoir feindre la surprise. Alors quand j'avais ouvert la porte et que devant moi se tenait toute la bande, qui chantait et criait comme des sauvages, je n'eus pas vraiment de réaction.
Ou alors une espèce de gloussement chelou tirant vers le rire forcé. Gênant.
Louna me sauta dessus en criant et m'embrassant avant de me tirer vers toute la bande. J'embrassa tour à tour tout le monde, en tentant de feindre la surprise.
En réalité c'était pas désagréable, mais j'avais un peu de mal avec le fait d'être le centre de l'attention, mais ça me faisait plaisir de tous les voir réuni.
- La tipeu plus si tipeu! s'exclama Moh en m'écrabouillant dans ses bras.
- Me casse pas ma meuf toi fais gaffe, grogna Idriss à côté.
Moh lui fit un grand sourire avant de me frotter le sommet du crâne et enfin se désintéresser de moi pour l'assiette de chips un peu plus loin.
- Salut, murmurais-je en souriant.
- Salut, répondit-il en m'attirant dans ses bras.
- Et bah ils sont où mes ballons que t'étais censé aller chercher? demandais-je avec un petit sourire.
Son visage se décomposa et j'éclata de rire devant sa mine dégoûtée.
- T'en fais pas mon cœur, c'était mignon de te voir essayer de la jouer discret.
- C'est la dernière fois que j'essaie de t'organiser un truc Rebelle, grogna t-il.
J'étouffa un rire avant de coller mes lèvres contre les siennes. Je le sentis légèrement sourire avant de me pousser du coude vers Deen et Doums qui m'appelaient un peu plus loin.
- Profite de ta soirée petite, t'es pas prête pour ce que je vais te faire après.
Et il avait tourné le dos, mais j'étais presque sûr d'avoir vu un énorme sourire se planter sur sa tête. Et mes joues avaient dû virer au rouge cramoisi.
Putain c'est fatiguant d'être aussi réactive à de simple sous-entendu.
J'avais rejoins Doums et Deen qui avaient passé un temps monstre à me faire la leçon sur ce qu'impliquait le fait d'avoir 24 ans. Un peu comme quand on devenait majeur, sauf que là excepté erreur de ma part, avoir 24 ans n'impliquait aucun changement spécial. Mais apparement chez les deux c'étaient une sacrée étape. Deen m'avait même dit que c'était le moment où j'allais enfin devenir crédible. Sympathique.
Assise sur un siège, les gars en face de moi et Jasmine à ma gauche, j'écoutais leur discussion d'une oreille distraite. Idriss était appuyé contre le plan de travail de la cuisine, et putain que je n'arrivais pas décoller mes yeux de lui.
Il portait un jean noir et un sweat, comme d'habitude, et ses cheveux étaient tirés en arrière. Il parlait avec Ken, une bière à la main, et j'arrêtais pas de me dire que je ne méritais pas un mec pareil.
Sincèrement quel genre de mec resterait avec une meuf comme moi? Une meuf qui ment, qui voile la vérité, qui enchaîne les gaffes, les réactions débiles, qui se fait harceler, qui lui mène la vie dure, et qui par dessus tout ne lui exprime jamais sa reconnaissance.
Putain j'étais vraiment une copine nulle.
J'allais me lever pour le rejoindre quand les lumières s'éteignirent et Louna entra dans la pièce, un gâteau dans les mains. Seules les bougies et les flashs des téléphones éclairèrent la pièce.
Elle posa la pâtisserie face à moi.
- Allez minus, fais nous un vœux rapido qu'on puisse graille, cria Deen son téléphone braqué sur moi.
Je lui répondis avec mon troisième doigts avant de me pencher sur le cadeau.
Faire un voeux.
Des vœux j'en avais des milliers a faire. Sur le moment le truc le plus logique aurait sûrement été un truc typique et bidon, du genre la santé. Mais j'étais loin d'ignorer que cette connerie ne se réaliserait probablement pas.
Alors je fis mon souhait.
Idriss.
C'était lui mon souhait, avec tout ce que ça impliquait. Les hauts, les bas, les crises, les tournées, les journées au lit, celles en studio, les disques, les capuches, les nuits torrides. L'amour.
Quand je releva les yeux, il se tenait face à moi, un petit sourire coincé sur les lèvres.
- Tiens mon cadeau! s'exclama Louna en me posant un paquet dans les mains.
- C'était pas la peine, la remercias-je.
Je déchira l'emballage pour me retrouver face à un album photo. La couverture était un pele mêle de photo et de lettre capital inscrivant mon prénom sur la couverture noire.
Page après page je découvris des photos de nous gosse, a l'adolescence, en soirée, avec la bande, en Grèce où même en tournée. Chacune était légendée avec un petit mot ou une petite anecdote.
- C'est ouf, lâchais-je en tournant les pages. Merci!
Juste après ce fut le cadeau de Deen qui m'offrit un sweat sur lequel j'avais passé mon temps à baver quand j'étais à Auber. Jasmine et Théo m'offrirent un paire de basket alors que Moh lui avait opté pour un massage parce que apparement j'avais besoin de me détendre.
Croyez moi que c'était en toute détente que je lui avait mis un chassé dans les genoux à cet insolent.
La soirée s'était poursuivie sur quelques danses enflammés au milieu du salon, un peu trop d'alcool pour certain, pour d'autres un peu trop de fumette, mais toujours dans la bonne humeur.
Putain ce que cette bande était exceptionnelle.
C'était cliché à mourir, mais si je n'avais pas trouvé de réelle famille dans celle de sang, j'en avais trouvé une parmi eux.
Moh me tira de mes pensées en m'attrapant par l'avant bras et on commença une danse endiablée sur un tube des années 80. C'était hilarant de le voir se balancer dans tous les sens en hurlant les paroles et en entraînant avec lui tous les gars qui avaient le malheur de se trouver dans le salon.
Putain si je pouvais, je graverai cet instant précis dans ma tête.
Nous tous, ensemble, heureux.
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