32. Désastre ambulant

- J'ai modifié le dernier chapitre, alors si vous ne l'avez pas déjà lu, je vous conseille de le faire, enjoy -

Victoria Olsson

Une chose s'était imposée à moi. J'avais peur. J'avais horriblement et terriblement peur de faire souffrir les gens autour de moi. Et j'avais encore plus peur de faire souffrir Idriss. C'était une douleur qui me prenait la nuit, comme une boule au fond de mon estomac qui me serrait le ventre.

J'avais de plus en plus cette sale peur d'être là cause de sa douleur.

Alors un matin, je lui avais envoyé un message. Un truc simple, efficace, lui disant que nous deux ça ne marcherait pas. Je m'étais rongée les ongles directement après avoir appuyé sur le bouton d'envoi. J'y avais pensé toute la nuit, mais maintenant que c'était réel, ça faisait peur. Je l'avais regretté les cinq première minutes, mon côté égoïste, puis je m'étais mise en tête que c'était la bonne chose à faire.

Ça mènerait à rien, à part de sale dégât et des cœurs brisés.

Je devais faire une croix sur Idriss. Pour son bien et pour ma conscience.

J'avais posé mon téléphone sur la table de l'appartement de Deen avant d'attraper mon sac. J'avais recommençais les cours depuis quelques jours et mon dieu ce que ça m'avait manqué. J'avais toujours adoré cette école, et je pouvais enfin recommencer sérieusement ce que j'aimais faire, designer.

Un jour après que je sois rentrée, Deen s'était ramené avec un matelas. Je lui avais dit que c'était pas la peine et que le canapé me suffirait, mais il s'était mis en tête de me faire une petite chambre. Alors il avait plus ou moins débarrassé son bureau et avait installé le nouveau matelas.

Notre colocation se passait vraiment bien, même si il râlait souvent et qu'il passait son temps à manger.

Concernant l'appartement de Louna, toutes les serrures avaient été changé depuis un moment maintenant, mais Ken avait préféré que Louna reste chez lui, ce qui avait rassuré la blonde. J'étais un peu plus sceptique, mais Deen m'avait fait une crise d'un autre monde quand j'avais envisagé l'hypothèse d'y retourner.

Alors j'étais resté sagement à Auber.

J'étais sur le point de partir en cours quand ça toqua à la porte. Supposant que c'était l'un des potes de Deen j'alla ouvrir pour me retrouver finalement face à Idriss.

La mine bien remontée et les poings serrés.

Il me poussa en entrant avant de faire des allers retours dans le salon du bigo en se tirant les cheveux. Il se mordit le poing puis se tourna vers moi.

- Putain il te prends quoi? s'exclama t-il.

- C'est à toi que je devrais demander ça, répondis-je en faisant allusion à son attitude.

Il souffla avant de s'avancer vers moi.

- C'est quoi ce message?

J'avais plus envie de lui mentir, de lui raconter les habituels bobards que je sortais à tout le monde.

- Je... écoute Idriss, nous deux ça marchera pas, on est trop différent, et je veux pas...

- Putain mais t'en as pas marre de te barrer à chaque fois que les choses deviennent réelles? demanda t-il. Sérieusement Victoria, tu peux pas passer ta vie à tout fuir. Ça te fais flipper? Et alors, tu crois pas que moi ça m'fais flipper ce qu'il se passe?

Je le fixa sans rien répondre. Je savais plus quoi lui dire. J'avais juste besoin qu'il s'éloigne.

- Je sais pas ce qui te fais flipper comme ça mais tu pourras pas repousser les gens éternellement. Ou tu sais quoi, continue de le faire et tu te retrouveras seule. Et tu l'auras mérité.

- Idriss..

- Non j'ai pas fini, me coupa t-il. J'ai la haine contre toi, j'te jure que j'ai la haine comme jamais, parce que t'es entrain de foutre en l'air un truc de bien. Et n'oses même pas me dire que tu penses le contraire. Tes yeux ne savent pas mentir.

J'avais envie de fondre en larme. Quand est ce que ma vie avait pris ce tournant drastique? Quand est ce que tout était devenu si compliqué?

- Idriss je...

- Je vais partir quelques semaines, me coupa t-il une nouvelle fois. Pour finir d'enregistrer l'album du S.

- Quelques semaines? demandais-je la voix un peu trop chancelante.

- On sera de retour pour le mariage.

Il posa ses yeux sur mon téléphone qui n'arrêtait pas de vibrer sur la table. Je m'avança pour l'éteindre, et le temps que je l'atteigne le rappeur avait déjà retrouvé la porte d'entrée.

- J'espère que tu te seras pas barré quand je rentrerai. On se voit là-bas, lâcha t-il avant de disparaître.

J'avais envie de le retenir et de le prendre dans mes bras. Putain ma tête me criait de le laisser partir, de l'éloigner le plus possible, mais mon coeur me suppliait de le poursuivre. De lui dire ce que je ressentais, de l'embrasser à en mourir.

Alors dans un mouvement incontrôlé, je dévala les escaliers. Il était plusieurs mètres plus loin en bas de la rue. Je parcourus en courant la distance nous séparant avant de serrer son dos contre moi. Je l'entoura avec mes bras et posa mes mains sur son torse avant de poser ma tête contre son dos.

Je pris une grande respiration en sentant ses mains contre les miennes.

Il s'était instantanément arrêté.

- Tout est tellement compliqué, murmurais-je.

- Ça le devrait pas.

- Je... Est-ce que tu peux me serrer dans tes bras?

Il se retourna et me laissa me blottir contre lui quelques secondes. Son bras passa autour de ma taille et il posa son menton contre mon crâne.

- Tu peux pas faire ça, murmura t-il.

Je ne répondis rien. Je le savais. Je ne jouais pas franc jeu. Et d'un côté j'espérais que ça le fasse fuir. Parce que moi je n'y arrivais plus. Je n'arrivais plus à le maintenir à distance.

Il embrassa le sommet de mon crâne avant de se détacher de moi.

- Je dois y aller.

Il laissa traîner un dernier regard avant de se retourner et de partir. Ça avait des airs de définitif, et ça me serra le coeur.

J'espérai que cela arrive depuis des mois, mais maintenant qu'il le faisait réellement, qu'il s'éloignait vraiment, j'avais l'impression que le ciel venait de me tomber sur la tête. Le voir partir, sans se retourner me troua le coeur. Mais je l'avais cherché.

J'essuya une larme qui roulait sur ma joue.

Putain j'étais un désastre ambulant.

Après ça, j'avais passé ma journée à dormir. Ou à déprimer. Un truc qui s'en rapprochait. Ce n'était que quand Deen était rentré que je m'étais levée.

- Et beh t'en fais une de ces têtes!

Je roula des yeux en me laissant tomber sur le canapé.

- Qu'est ce qui t'arrives?

- Rien, murmurais-je en posant ma tête sur l'accoudoir.

- C'est Idriss? Fais pas cette tête on a tous très bien capté le manège entre vous. Il est venu te dire que le S partait au Japon?

Il ne m'avait pas précisé que c'était le Japon.

- Tu sais Vic balise pas pour ça. C'est histoire de quelques semaines pas plus.

- C'est pas ça, dis-je en me frottant les yeux.

Il fronça les sourcils en s'installant de l'autre côté.

- C'est compliqué, murmurais-je, ça l'était et j'ai flippé.

- Écoutes te prends pas la tête avec ça, vous verrez bien ou vous en êtes quand il rentrera. Prends ce temps pour penser à toi et à tes sentiments pour lui.

Je releva la tête en entendant parler de sentiment.

- C'est bon me sort pas que c'est pas une question de sentiment gamine, vous vous matez comme si votre vie en dépendez. Même quand vous vous embrouillez salement vous arrivez quand même pas à ne pas vous regarder.

Je ne répondis rien à ça.

Deen avait raison, ce n'était plus une question de simple attachement, ça avait changé depuis longtemps. Depuis la nuit sur le toit.

C'était là où tout avait changé.

Les jours qui suivirent furent essentiellement de longues journées de cours. Je n'étais plus avec ma promo d'origine, et je découvris donc mes nouveaux camarades. Et la concurrence était plutôt serré. Envolé l'esprit d'équipe qui avait uni le groupe de mes quatre premières années. J'avais l'impression qu'on venait de me lancer dans un aquarium de requin. Un truc ou tout les moyens seraient autorisé pour se démarquer.

Je n'avais aucun problème avec l'esprit de compétition. J'avais été forgé par ça. Alors je m'étais plongé dans les cours. Et peut être qu'ainsi je réussirai à me sortir le kabyle de la tête, au moins quelques minutes.

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