30. Jeux d'enfants

Victoria Olsson

- Ils ont dormi là?

- Ouais je crois, je sais pas à quelle heure elle est rentrée.

- Ils se sont encore embrouillés à ton avis?

- Tu trouves qu'ils ont l'air de s'être embrouillé,  j'sais que c'est tôt bébé mais fait un effort.

- J'te déteste.

- Arrête j'sais qu'tu m'aimes.

- Vous pouvez pas la fermer de bon matin, grogna Idriss contre moi.

Je le sentis légèrement bouger avant de resserrer son étreinte sur moi. Les deux personnes que j'avais identifié comme Lou et Ken murmurèrent des trucs incompréhensibles avant de déguerpir.

On avait passé le reste de la nuit allongé l'un contre l'autre sur l'un des transats à parler. Et on avait fini par s'endormir au même endroit.

Je me frotta les yeux avant de me décider à les ouvrir. J'avais la tête posé contre le torse du rappeur et son bras entourait ma taille et me maintenait contre lui. Je me releva légèrement pour apercevoir le brun, les yeux encore fermés et un petit sourire collé au visage.

Merde des réveils comme ça j'en voulais des centaines.

- Pourquoi tu souris comme ça?

- J'ai fais un rêve cool, répondit-il.

- Quel genre?

- Le genre où une jolie rouquine me réveillait en m'embrassant, lâcha t-il les yeux toujours clos.

- C'est dommage que les rêves ne soient que des rêves, murmurais-je avant de pouffer.

Il fronça les sourcils avant de m'attirer à nouveau contre lui et que je pose mes lèvres contre les siennes.

Un sourire se forma contre mes lèvres. Il posa sa main libre contre ma taille et me hissa sur lui avant de se reculer et de me faire un clin d'œil.

- Je m'y habituerai bien.

Moi aussi Idriss, moi aussi.

Je me redressa pour me détendre les muscles avant de poser mes mains contre son torse.

- T'as des petits yeux minus.

- La faute à qui? demandais-je.

Il haussa les épaules avant de me faire un gros sourire. J'allais commencer à croire qu'il kiffait me faire passer des nuits pourris, entre le canapé dans son appart et ce transat.

Il se redressa à son tour en posant sa main contre ma joue. Ses yeux noirs me scannèrent quelques secondes. Putain je pourrai me perdre dans ses deux orbes brunes.

- J'suis pas chaud pour supporter leurs allusions, murmura t-il en entendant les gars parlaient à l'intérieur. On s'éclipse toute la journée?

- Laisse moi prendre une douche et je te suis, répondis-je en me relevant.

J'étais déjà lancée dans l'idée de rentrer discrètement dans la villa quand Idriss me retint par le poignet. Je me retourna vivement pour lui demandais ce qu'il voulait quand je rentra en contact avec lui. Ou plutôt avec ses lèvres. Il eut un petit rire contre moi avant de me lâcher.

- J'vais vraiment y prendre goût.

Je roula des yeux en lui calant un coup de coude dans les côtes avant de marcher jusqu'à ma chambre. En ignorent bien sur les cris de hyènes derrière moi.

Putain partir en vacances avec eux c'était synonyme de vivre dans un zoo.

Mais pas le truc glorieux et majestueux, c'était plutôt le côté basse cour et porcherie. La ménagerie du L.

Ils me fatiguaient.

Sous la douche je repensa à tout ce qui s'était passer depuis 24h. Et merde c'était drastique. Mais Idriss me faisait du bien. Il calmait mes craintes et mes angoisses. Et pour une fois j'avais envie de me la jouer égoïste et penser à moi en premier.

J'enfila une robe et une paire de sneakers avant de tenter d'effacer plus ou moins les cernes qui trônaient sur mon visage. Un zombie aurait sûrement meilleure mine.

Louna débarqua dans la salle de bain en me claquant un baiser sur la joue avant de me regarder avec un demi-sourire. L'interrogatoire commence les amis.

- Alors? demanda t-elle en jouant avec ses sourcils.

- Alors quoi?

- Vous vous faites plus la gueule?

- Je crois pas, répondis-je en me brossant les cheveux.

- VICTOIIIIIIRE! C'est archi cool, l'ambiance commençait vraiment à virer à un truc chelou genre un vieux remake d'une série US avec des bails de gros beauf.

Je roula des yeux en me tournant vers elle.

- Quoi? C'est pas vrai peut être? Même Hakim commençait à se vénère sur son reuf. Eh d'ailleurs, qu'est ce tu fais déjà sapé et toute pimpante? demanda la blonde.

- Je vais faire un tour.

- Avec Fram?

J'hocha la tête et la blonde sautilla les bras en l'air avant de me serrer dans ses bras. Elle était de trop bonne humeur pour que je lui sorte qu'Idriss et moi nous n'étions pas en couple. En faite, j'savais même pas ce qu'on était vraiment.

Mais c'était pas grave pour le moment. On verrait ça plus tard.

Quand je descendis dans le salon, il était appuyé contre le buffet, une casquette et des lunettes sur les yeux. Il écoutait distraitement les gars qui étaient en train de débattre du nouvel album de je ne sais quel rappeur. Jasmine me fit un petit clin d'œil et Louna elle alla s'installer entre Ken et Doums qui avait sur ses genoux Ismael. Antoine et Alpha étaient en train de faire cuire des pancakes alors qu'Adele supervisait les autres.

Une grande famille.

- T'es prête?

Idriss s'était rapproché de moi. Il tenait dans une main les clés d'une des voitures.

J'acquiesça et il me fit signe de le suivre. On s'éclipsa du joyeux bordel qui régnait dans la villa pour rouler pendant un petit moment sur les petites routes grecs. Une main sur ma cuisse, l'autre sur le volant, Idriss fixait la route, un petit sourire collé à la face.

J'pourrais me damner pour ce sourire. Sans aucune hésitation.

- On va où? demandais-je.

- Feu m'a parlé d'un petit village portuaire sympa. On va voir c'que tu vaux en paddle.

- En paddle? Sérieux? Genre sur l'eau avec une planche et une pagaie?

- Non non en sous marin, répondit-il avec un sourire coincé sur les lèvres.

Et après c'était moi l'insolente.

J'avais toujours voulu faire du paddle, alors quand je m'étais retrouvée sur ma planche, a essayer de tenir en équilibre ça avait été un grand moment. Idriss lui avait plutôt bien géré, et c'était largement foutu de ma gueule en me voyant enchaîner gamelle sur gamelle.

Ok j'avais un sens de l'équilibre assez relatif. Très relatif même.

Mais j'avais quand même kiffé, puis pouvoir garder un petit œil discret sur Idriss torse nu valait largement toutes les tasses d'eaux que j'avais pu boire en tombant. Sérieusement, je comprenais totalement l'attraction qu'il pouvait créer chez la gente féminine. Il avait un charisme fou, était musclé et en plus son sourire en coin et ses yeux noirs ne faisaient qu'accentuer son attirance.

Idriss était définitivement un des hommes les plus beaux que je connaisse.

Allongée sur ma serviette, appuyée sur mes avants bras, je regardais Idriss du coin de l'œil. Il était allongé sur le dos, les yeux fermés.

- Arrête de me mater comme ça Victoria, grogna t-il.

- Je te mate pas.

- Tu me mates carrément, répondit-il.

Je roula des yeux avant de me tourner sur le ventre.

- J'ai pas envie de partir d'ici. Le retour à Paris c'est retour à la galère ça m'fout le seum, grognais-je en jouant avec le sable.

- Tu reprends quand les cours?

- Lundi.

Il acquiesça en se rapprochant.

- J'ai envie de t'embrasser.

- J'savais pas que t'avais besoin d'une autorisation pour ça Akrour, me moquais-je.

- T'es beaucoup trop insolente, grogna t-il avant de plaquer ses lèvres contre les miennes.

C'était comme ça à chaque fois, les baisers d'Idriss me faisaient planer. J'avais l'impression d'être dans une autre dimension, un truc rien qu'à nous ou rien d'autre n'importait.

Un petit monde où il n'y avait ni coeur HS, ni école, ni secret, ni mensonge, pas de casseur d'appart ni de blonde peroxydée ou de bombe latine.

Y'avait juste moi, la petite rouquine, et mon kabyle. Et c'était largement suffisant.

Le retour à la villa se fit à reculons. On avait eu du mal à se décider à partir et encore plus à se mettre en condition pour supporter les questions des autres. Parce qu'on était d'accord sur un truc, on savait pas quoi leur dire. Y'avait pas trop d'étiquette à mettre sur ce qui se passait, et on avait pas non plus envie d'en mettre une. Après tout on savait pas trop où on allait.

Et même si j'avais envie de me la jouer grosse égoïste, me mettre en couple avec Idriss changerait définitivement tout.

Le soir les gars avaient préparé un énorme barbecue. Moh courrait après Doums pour rattraper son téléphone, Hakim pestait sur Adèle qui prenait trop de temps pour couper les légumes, Ken était au téléphone dans son coin et Eff Gee et Deen s'improvisaient un freestyle avec Louna qui essayait de suivre et de lancer quelques punchlines. C'était archi nul vous vous en doutez bien.

J'étais assise dans mon coin à regarder cette bande de sauvage, Ismael sur les genoux, quand je remarqua le regard dépité de Ken. Il se passait sans cesse les mains sur les yeux et sa mâchoire tremblait.

Idriss qui avait lui aussi remarquait le comportement du grec se leva. Ils parlèrent quelques secondes avant que les deux se prennent dans les bras. Et je sus à cet instant qu'un truc de grave venait de se passer. Parce que Ken pleurait et qu'Idriss lui se battait pour ne pas le faire.

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