27. Précipice

Victoria Olsson

Idriss m'avait tellement fait sortir de mes gonds que le soir même, j'avais migré sur le canapé. Je dormirai pas avec lui, hors de question. Emmitouflée dans ma couverture, les yeux collés au plafond, je comptais les minutes. Je détestais ne pas réussir à dormir, je m'ennuyais à mort, mais tout le monde était claqué par le trajet alors j'étais apparement là dernière âme vivante.

Il m'avait foutu les nerfs putain.

- Vic? Mais qu'est ce que tu fais ici?

Jasmine se tenait à côté de moi, un verre d'eau à la main.

- Il faisait trop chaud dans la chambre.

Excuse de merde. Elle roula des yeux avant de me faire me décaler pour qu'elle puisse s'asseoir.

- Et la vérité? Tu sais on a tous capté que c'était super tendu avec Fram, sans compter qu'il a dit à Théo que tu t'étais cassé comme une voleuse alors qu'il t'a hébergé deux semaines.

- Il raconte vraiment que ce qui l'arrange, grognais-je.

- Qu'est ce qu'il s'est passé alors? demanda doucement la métisse.

- On s'est disputé pour un truc, et le soir quand je suis rentrée de chez vous il était avec une meuf dans sa chambre. Il savait parfaitement que je rentrais. Mais il a quand même ramené son plan cul.

Elle grimaça.

- J'étais censé faire quoi? Attendre gentiment sur le canapé qu'il ait fini ses petites affaires?

- Non t'as eu raison, il est idiot. Allez lèves toi, on va te trouver un vrai lit digne de ce nom.

Et c'est comme ça que j'avais fini dans une chambre avec Moh. Qui pour mon plus grand bonheur ne ronflait pas. Et ça c'était le paradis.

Le lendemain au petit-déjeuner, je m'installa à l'opposé d'Idriss, entre Alpha et Antoine. Je me servis un verre de jus d'orange en écoutant silencieusement Doums et Moh essayer d'apprendre à Ismael le mot « L'entourage ». Ça se soldait par des cafouillages du petit qui finissait toujours par dire mama en tendant les bras vers Adèle. C'était trop chou.

J'm'étais mise en tête que j'irai tranquillement bronzer à la piscine, mais Louna interrompit mes rêveries en me suppliant de l'accompagner faire des courses. Tu m'étonnes à presque une vingtaine il fallait bien nourrir tout ce troupeau.

J'avais tenté de déléguer les courses à Moh qui m'avait rétorqué que j'étais une pièce rajoutée et que je pouvais bien faire ça pour le bien être du groupe. En ajoutant que j'étais là plus tipeu et que je devais obéir aux adultes.

Noyez le s'il vous plaît.

Au final Jasmine s'était motivée pour nous accompagner, et on était partie toutes les trois à la recherche d'un supermarché.

La fine équipe.

Après trois presque accidents parce qu'apparemment les grecs n'avaient pas compris que les panneaux stop étaient fait pour s'arrêter, une heure de recherche acharnée et plusieurs poses à la recherche de réseaux, on avait finalement trouvé une supérette.

Un tout petit magasin avec des écritures chelou et trois clients à tout casser.

- Ils connaissant pas les cadis ici? demanda Jasmine dépitée.

- Attend doit bien y'avoir un truc par là, lança Louna en contournant le bâtiment. Oh con! Sa mère!

- Quoi? demanda t-on en même temps.

- Pourquoi y'a un troupeau de chèvre qui se promène solo? Putain j'ai super peur de ces bestioles, couina t-elle en se cachant derrière moi.

- Tu devrais t'habituer, si tu restes avec le fennec c'est ici qu'tu vas passer ta retraite.

Jasmine pouffa à ma remarque alors que Louna se décomposa. Depuis qu'on était gosse elle flippait devant à peu près tous les animaux inimaginables. Ça la foutait dans des situations hilarantes, fin pour moi, pas pour elle.

La métisse termina finalement par trouver un caddie qui fut très rapidement remplit à craquer par de la bouffe, des boissons et pas mal d'alcool. La tête de Jasmine en sortant sa carte bancaire fut hilarante.

Oui l'addition était un peu salé.

Sur le retour, je conduisis la voiture de loc. Fallait bien que mon petit permis me serve à quelque chose. Je l'avais passé à mes 18ans, mais j'avais jamais eu de voiture, alors au final il ne m'avait jamais vraiment servi.

- Et du coup Vic, c'est quoi ces échanges de regard tueurs avec Fram depuis Orly? demanda Louna en baissant le son de la radio.

- Il est con, c'est tout.

- Con mais mignon, rétorqua t-elle en bougeant ses sourcils.

- C'est même pas la peine Louna, tu m'mettras pas avec un rappeur. Et encore moins lui.

- Ça serait grave frais, on se ferait des dates tous ensemble, avec Théo et Jas. Bon faudrait trouver une meuf à Hakim mais lui c'est un ovni avant qu'il trouve une go qui le supporte, j'ai jamais vu aussi lunatique.

Jasmine acquiesça en racontant qu'une fois il lui avait pas adressé la parole pendant trois mois parce qu'elle avait eu le malheur de vider son café sur son pull.

Pour ma part, la seule fois où je lui avais vraiment parlé, c'était après ma découverte de l'appartement. C'était lui qui avait en quelque sorte pris les choses en main et je lui en étais reconnaissante, parce que sur le coup, j'avais été un peu sonnée.

- J'pense pas qu'il soit si lunatique. C'est juste une carapace. Regarde il est détente quand il est juste avec les gars, dis-je en actionnant mon clignotant.

- Puis il est archi impliqué pour ses potes, ajouta Jasmine. Il y a deux ans, son frère a eu une grosse galère avec une meuf qui essayait de le faire chanter bah crois moi qu'il a réglé l'histoire en deux deux Hakim. De toute façon il ferait n'importe quoi pour son reuf.

Ils feraient tous n'importe quoi les uns pour les autres.

C'était une grande famille, pas le même sang, mais les mêmes cœurs qui battaient à l'unisson.

A notre arrivée, Louna hurla comme une sauvage pour que les gars viennent déchargés. Mais personne n'arriva. Elle râla, souffla, piétina, puis on se décida à s'en occuper nous même. Matez les mecs inutiles quoi.

Une fois tout rangé dans les grands placards et le frigo, on remarqua qu'ils étaient tous attroupés à la piscine, entrain de se faire bronzer ou de se baigner.

Dur dur la vie de L'entourage.

- Bah vous en faites une tête les filles, remarqua Ivan.

- Vous vous démerdez pour les prochaines courses, répondit Louna avant de se caler dans les bras de Ken.

- Il s'est passé quoi? demanda Deen de la piscine.

- On a failli avoir trois accidents, répondis-je en regardant Jasmine qui roulait des yeux.

- Les femmes au volant, souffla théâtralement Théo.

- Ferme là toi, t'es bien content quand je joue le taxi parce que t'as la flemme ou qu't'es stone.

Théo leva les mains en l'air, comme pour se disculper, avant de la tirer par le bras et de lui claquer un baiser sur la joue.

Trop d'amour pour moi, c'est le moment de s'éclipser.

Je monta jusqu'à la chambre que je partageais maintenant avec Moh pour en sortir un maillot de bain. J'étais assise par terre entrain de fouiller dans ma valise quand je remarqua que mes médocs n'étaient plus là.

J'pouvais pas les avoir oublié. Impossible.

Je descendis en courant jusqu'à la piscine avant de rejoindre Moh.

- T'as fouillé dans mes affaires? demandais-je en me mordant les lèvres.

- Bah non. J'ai moyen envie de tomber sur une boîte de tampon, répondit-il en relevant ses lunettes.

- T'es sur?

- J'ai une gueule à fouiller dans les affaires des autres?

Merde. Je regarda les autres qui étaient entrain de jouer dans la piscine. Moh me regarda en haussant un sourcil.

- Ça va Vicky?

J'hocha la tête avant de rentrer dans la baraque. Si il fallait, je les avais juste pas vu. Je me jeta sur ma valise et là retourna encore une fois dans tous les sens. Ils pouvaient pas être loin. J'me revoyais les mettre dans la valise.

Putain je pouvais pas passer une semaine entière sans, c'était un suicide programmée, et sans mon ordonnance, j'trouverai jamais ce qu'il me fallait ici.

J'avais envie de m'arracher les cheveux, de pleurer et d'exploser ma valise contre le mur. J'pouvais pas les avoir oublié.

- C'est ça que tu cherches?

Je me retourna vivement. Idriss se tenait torse nu dans l'encadrement de la porte, ma poche de médoc entre les doigts.

Finalement j'savais pas si j'aurai pas préféré les oublier.

Je me releva en quatrième vitesse pour les attraper. Il leva instantanément son bras en l'air. Je m'agita pour essayer de les attraper, mais il était beaucoup trop grand.

- Comment tu les as eu? demandais-je en reculant.

- Ils étaient posés dans la salle de bain.

Mais quelle bouffonne j'étais.

- C'est quoi tout ces médoc?

C'était plus le Idriss volage, ni le mec blessé et perdu. Il avait les traits tirés, et n'arrêtait pas de passer sa main libre sur son visage. Presque comme si ça lui importait.

Je le poussa pour fermer la porte avant de me retourner vers lui, les bras croisés sur la poitrine.

- Tu crois vraiment que j'vais commencer à te raconter ma vie comme ça? Rends moi les et zappes moi d'accord, soufflais-je.

Sa mâchoire se contracta.

- Tu m'fais vriller Victoria. Va falloir que t'arrêtes de raconter des cracks à tout va.

- Putain mais retournes voir ta latina et lâche moi sérieux!

- Mais t'es conne ou quoi? Tu crois qu'j'vais te lâcher comme ça après avoir trouvé 10 boites de médoc? J'te jure que si tu me dis pas de suite ce qui se passe avec toi, je sors de cette chambre et je le balance à tout le monde. J'm'en ballec que tu m'en veuille, j'en ai rien à foutre, j'aurai aucun scrupule à le faire. J'en ai marre de jouer à ce jeu avec toi alors t'as 30 secondes pour me dire ce que c'est tout ces cachets ou j'sors, on verra bien ce qu'en dira Louna.

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