23. Blonde peroxydée

Victoria Olsson

Merde, mais enfaite ce canapé était vraiment trop confortable finalement. Je me tourna sur le dos en me frottant les yeux, mince alors, mais enfaite c'était un bonheur pour mon petit dos!

J'ouvris les yeux après plusieurs secondes, mais au lieu de me retrouver face à la télé, un placard trônait devant moi. Je cligna des yeux plusieurs secondes. Merde j'étais ou moi encore.

Je me releva sur les coudes, et aperçut un cadre photo mettant en scène les deux kabyles, accroché au mur de droite.

Mais?

Pourquoi j'étais dans le lit d'Idriss et pourquoi lui n'y était pas? Je me releva en me frottant les yeux. J'avais du m'endormir pendant qu'on matait un film. Mais ça résolvait pas mon autre problème, il était passé où lui?

Il était moins de neuf heures, et c'était plutôt étonnant que le brun ne soit pas entrain de ronfler comme un bien heureux. Il était plutot du genre grosse larve à essayer de gratter le plus de temps possible au lit. J'enclencha la machine à café avant d'attraper mon téléphone.

Un message de Moh s'afficha parmi plusieurs autres notifications.

De Moh:

Helpppp. J'dois faire la nounou mais Isma il m'écoute pas😭😭😭

Et il pensait qu'il allait m'écouter à moi? Sérieusement j'avais l'air d'être une figure d'autorité crédible pour un petit garçon? Parce que je doutais un peu de mes capacités sur ce coup là.

Je lui répondis que je serai là d'ici une heure. Si ça c'était pas parce que je l'aimais mon ptit Sneazzy.

Je me dépêcha de finir mon petit déjeuner avant de filer dans la salle de bain me préparer. J'enfila une jupe, un petit haut et ma fidèle paire de vans. J'attrapa mes écouteurs en me préparant à sortir quand la porte s'ouvrît face à moi, me faisant au passage sursauter.

Idriss se tenait face à moi, les yeux un peu déglingué et l'air crevé. Il portait les mêmes fringues que la veille. Il fronça les sourcils.

- J'pensais que tu dormais.

- Ouais, non. J'rejoins Moh ce matin, répondis-je. J'croyais que t'avais rien de prévu hier soir.

- Ouais hum les gars m'ont appelé hier soir pour un truc en stud. J'ai préféré te laisser dormir dans mon lit du coup. Mais que ça devienne pas une habitude.

- On verra ça, répondis-je en lui faisant un clin d'œil avant de sortir de l'appartement.

Évidemment il avait roulé des yeux avant de me filer une tape sur la tête. Je l'aurai à l'usure j'vous le jure.

Je dévala les escaliers deux à deux et profita du beau temps pour marcher un peu. Moh habitait pas si loin que ça, un peu de soleil, ça ne me ferait pas de mal. En plus, il était encore tôt, l'air était doux et frais.

Quand je débarqua chez le rappeur, je compris instantanément pourquoi il n'arrivait pas à gérer le marmot. Il avait la tête des lendemains de soirée bien alcoolisé. Quand je dis bien c'est pour pas ne dire trop. Il était assis sur le canapé, Ismaël sur les genoux, une bouteille d'eau à sa droite et une bassine à gauche.

Je pouffa en apercevant la scène.

Le petit babillait sur ses genoux alors que Moh avait l'air complètement hors service. Il lui répondait par des monosyllabes et des grognements.

- Et bah, dis-je en riant, y'en a un qui a du s'amuser hier soir!

- Parle pas si fort, grogna t-il.

- Ça t'apprendra à boire comme un trou, répondis-je en attrapant Ismael dans mes bras. Et coucou toi, oh oui je sais il est trop nul tonton Moh. Trop nul, viens fais comme moi.

Je pointais mon pouce vers le bas et maladroitement le petit me recopia avant d'éclater de rire.

- Bouuuh tonton Moh!

Ismael se mit à applaudir bruyamment en voyant son parrain se laisser tomber sur le canapé.

- C'est les gars aussi, ils se ramènent avec quinze bouteilles au stud, j'pouvais pas refuser, grogna t-il.

- C'est pour les gosses les excuses Sneazz.

- J'savais pas qu'en t'appelant j'aurai le droit à une leçon de morale, souffla t-il. Tu veux pas me passer un verre?

Je posa Ismael par terre qui marcha jusqu'à ses jouets pour aider Moh.

- Idriss avait l'air un peu plus en forme que toi quand même.

- Idriss? Normal il était pas là ce chacal. J'suis sur il était avec de la go encore, pouffa le rappeur.

Idriss n'était pas au studio? Pourtant c'est ce qu'il m'avait dit quelques minutes plus tôt. Je ne répondis rien et posa mon regard sur l'enfant.

Pourquoi il me mentirait?

- Au faite, ça se passe comment la cohabitation?

- Ça va, répondis-je. On se prend plus trop la tête comparé à ce que c'était.

Moh hocha la tête.

- Fais gaffe quand même, c'est mon reuf mais c'est un con avec les meufs. Il se pose jamais.

- T'as pas de soucis à te faire pour ça, j'me pose pas non plus.

Et c'était vrai. Maintenant il n'était plus question que je le lance dans une relation amoureuse, avec qui que ce soit. C'était trop compliqué, sur un point de vue matériel mais aussi mental.

Je ne pouvais pas me permettre de laisser quelqu'un trop m'approcher. La tonne de pilule que je prenais se remarquait facilement. Mon état de santé était trop variable.

Et d'un point de vue émotionnel, j'avais pas envie de faire plus de mal que ce que je ferai en partant. Pas la peine de gâcher du temps pour un truc voué à l'échec.

Je passa le reste de la matinée avec Moh et Ismael, a jouer comme trois gamins, à mater quelques desseins animés et à faire des gâteaux. Oui oui.

Puis après vint les heures de taf. J'arriva de justesse au resto, me changea en troisième vitesse, et me présenta devant le bar.

- C'était moins une, jacta ma collègue. Ça serait dommage que tu te prennes un blâme pour retard.

Stacy, ou l'une des plus grosses peste que j'ai eu le malheur de connaître. Et pourtant les pestes, croyez moi, j'en ai côtoyé. Mais elle, elle battait des records. Dès qu'elle pouvait se faire mousser, se faire remarquer et attirer l'attention, elle était là première.

J'avais une de ses envies de lui coller mon point dans la gueule quand elle se mettait à rire comme une perruche. Non mais elle était ridicule avec ses cheveux blond peroxydée, ses seins refaits et son rouge à lèvre fuchsia.

Seigneur, donnez moi la force de ne pas l'étrangler avec ses extensions.

Même en bossant elle trouvait le moyen de draguer, aucun client n'y échappait. Je comprenais pas qu'ils continuent encore à venir alors qu'une imitation de Chucky leur faisait du rentre dedans de manière très peu distingué. Mais bon. J'comprenais rien aux cerveaux masculins.

J'étais entrain de laver des verres quand Elliott, un autre de mes collègues s'installa à côté de moi.

- Va falloir faire quelque chose, parce que j'vais lui en coller une un jour, râla t-il en observant la blonde.

Elliott, brave petit gars du même âge que moi, partageait la même répulsion que moi pour notre barbie ratée. C'était le truc qui nous avait permis de nous parler.

- Tu crois qu'elle prend combien de temps à se maquiller? Parce que vu la gueule qu'elle a, elle devrait abandonné ça marche pas.

Je pouffa et sans le faire exprès, laissa tomber le verre que je tenais dans mes mains. Qui bien évidemment s'explosa au sol dans un magnifique bruit qui attira l'attention de Stacy.

Elle s'empressa directement de partir vers le bureau du directeur.

Quelle poucave.

Après avoir écopé d'un avertissement, et d'une remarque désobligeante du boss, je me remis à laver les verres.

Sérieux, qu'elle s'étouffe en rigolant comme une cruche.

Vers 23h, je ré enfila mes habits. J'attrapa mon sac et attendit Elliott qui finissait lui aussi son service. Il me tint la porte et je sortis du restaurant en le remerciant.

Il commençait à me parler de ses projets pour le week-end prochain quand je remarqua, appuyé contre le lampadaire de l'autre côté de la rue, Idriss, une habituelle capuche sur la tête, et les mains dans les poches.

Je m'excusa auprès de mon collègue avant de lui faire la bise et de traverser la rue pour rejoindre le Kabyle.

Le peu de luminosité foncé ses yeux déjà noir. Il se pinça l'arrête du nez avant de se mordiller l'intérieur de la joue.

- Salut.

- Salut, répondis-je. Je savais pas que j'avais droit à une escorte personnelle.

Il eut un petit rictus avant de me faire signe d'avancer.

- Je passais dans le coin. Et on s'est pas trop vu ce matin.

- Je te manque déjà? le charriai-je, fais attention Akrour, tu vas finir par tomber sous mon charme à force.

- Quel charme?

Il écopa d'un coup de coude.

- Petit con, grognais-je.

On marcha silencieusement pendant un moment, Idriss avait ses mains dans ses poches et je pouvais voir assez distinctement qu'il était agité. Il se mordillait les lèvres et n'arrêtait pas de me jeter des coups d'œil.

On était prêt d'une aire de jeu quand je rompis le silence.

- Tu vas bien?

Il hocha simplement la tête. Idriss et son mutisme. C'est un truc que j'avais observé des nôtres rencontres. Quand il était contrarié, il faisait ça, il cloisonnait ses émotions, ses idées, et ne parlait plus.

Pour une nana comme moi qui adorait piailler, c'était assez insupportable.

J'hésita à lui tirer les verres du nez. Puis j'opta pour autre chose, il me parlerait quand il en aurait envie. Ou quand il en aurait marre de jouer au roi du silence.

- Ça te dis d'aller dans un de mes endroits préférés du monde?

Le kabyle tourna la tête vers moi, soudainement intéressé par ce que je venais de lui proposer. Il hocha la tête et je lui attrapa la main avant de l'entraîner vers mon petit refuge.

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