22. Obsession

Idriss Akrour

C'était ça le putain de problème de Victoria, c'était un mur de glace. Un putain de mur de glace sans faille.

On avait tous très bien capté qu'il se passait quelque chose, la réaction de Louna n'étais pas anodine, et celle de Victoria encore moins. Pourtant quand je l'avais retrouvé dans la cuisine, elle s'était bornée à me dire que ce n'était rien, qu'elle gérait et qu'elle avait pas besoin d'aide.

Du grand Victoria Olsson.

Une fois passée le choc, elle avait fait comme si de rien n'était, et elle continuait de le faire, assise à côté d'Hakim, a parler à voix basse.

Putain un jour elle me ferait vriller sérieusement.

Elle pouvait pas faire comme si tout allait bien alors que 24h plutôt on avait découvert l'appartement totalement saccagé. J'sais pas quel taré était passé par là, mais elle, elle semblait très bien le savoir. Même Louna semblait avoir son idée dessus, mais elle, elle avait l'air complètement dans le déni. Ken s'occuperait de lui faire cracher le morceau.

Quand on quitta l'appartement du fennec, elle se cala instantanément contre moi dans le métro. La tête posée contre mon épaule, les mains dans les poches et la capuche sur la tête, elle regardait les autres passagers. Elle était plutôt du genre à fixer sans scrupule.

Après une petite secousse et un arrêt un peu trop brusque, la rouquine se raccrocha à mon tee-shirt. Elle cala sa tête contre mon torse et souffla.

- Je suis crevée.

Et ça se voyait. Je l'avais entendu tourner toute la nuit sur le canapé. J'avais eu quelques scrupules à la laisser dormir sur le canapé, mais en voyant son comportement quelques heures plus tard, ils s'étaient envolés. Elle voulait pas d'aide, très bien. Elle aurait pas mon lit non plus.

Ça lui ferait les pieds.

Ses cheveux rouquins me chatouillaient le nez. Je bougea légèrement et posa mon menton sur son crâne. Elle tressaillit légèrement avant de s'appuyer un peu plus contre moi.

- J'aime bien ton frère, souffla t-elle.

Ah bon? Depuis quand ils se parlaient?

- Il s'embarrasse pas de connerie superficielle. Il est direct, il dit ce qu'il pense. J'aimerai bien être comme ça, ajouta t-elle.

- Un Hakim c'est bien suffisant, répondis-je.

Elle était surtout déjà bien assez caractérielle pour ne pas avoir besoin de devenir aussi froide et distante que ce que pouvait l'être mon frère. C'était une carapace, on le savait tous, et j'avais l'impression que le caractère de la rouquine, l'était lui aussi.

Sauf que elle, elle n'était pas froide, elle était intransigeante. Elle se laissait pas faire. Elle menait son monde par le bout du nez comme elle le voulait. Elle était plutôt du genre à ne rien laissait passer. Et apparement à se foutre dans la merde pour les siens.

Victoria était loyale. Et une tête de mule aussi.

Quand j'ouvris la porte, elle enleva ses chaussures avant de se retourner vers moi. Elle me regarda quelques secondes avant de venir se blottir contre moi.

Un peu étonné, je referma finalement mes bras autour d'elle quelques secondes plus tard. Elle passa ses bras autour de ma taille, et posa sa tête contre mon torse. Elle serra légèrement son étreinte avant de murmurer.

- Je suis désolée. T'es gentil avec moi et j't'envoie toujours bouler. Je suis désolée.

- C'est rien, murmurais-je en dégageant quelques cheveux de son visage.

J'avais du mal à capter comment me comporter avec elle. Un coup elle allait se comporter comme une petite conne, a vouloir jouer la go indépendante et sûre d'elle, puis quelques heures après, elle venait s'excuser de son comportement, et là, elle paraissait comme la plus douce et fragile personne du monde.

C'était une gamine. Une putain de gamine qui essayait de se battre comme une femme. Mais les masques se cassaient toujours la gueule, et apparement le sien commençait à vaciller.

J'étais bien tenter de la bousculer un peu, histoire que son masque se casse définitivement la gueule, mais la voir comme ça, dans mes bras, à murmurer qu'elle était désolée, me donnait juste envie de la garder dans mes bras et de la protéger de toutes les conneries de l'extérieur.

Putain depuis quand j'ressentais le besoin de prendre soin de quiconque.

La rouquine me fit un petit sourire avant de s'écarter de mes bras. Elle attrapa son téléphone, répondit apparement à quelques messages avant de relever la tête vers moi.

- T'as quelque chose à faire ce soir?

Je répondis par la négative.

- Soirée film ça te tente?

Sa tête de gosse et ses grands yeux me forcèrent littéralement à accepter. Je pouvais pas refuser à un sourire pareil. Elle me fit un grand sourire avant d'attraper son ordinateur qu'elle avait laissé sur la table.

Après avoir commandé chinois, la rousse me regarda avec des yeux de chiens battus. Pourquoi je sens la connerie venir?

- Idriss, minauda t-elle.

- Quoi? demandais-je en sortant de ma chambre avec une couverture.

- On peut regarder Frère des ours?

- T'es ouf on a qu'a regardé Raiponce tant qu'on y est, grognais-je en posant la couverture sur le canapé. Elle est pas bien c'te go, soufflais-je en repartant dans ma chambre.

J'avais une gueule à passer la soirée avec une go à mater un Disney? Moi les go, quand elles étaient sur ce putain de canapé, c'était pas pour regarder un film. Je m'étais retenu de le dire à la rouquine. Qui sait ce qu'elle m'aurait répondu.

Je misais volontiers sur une insulte accompagnée d'une réponse bien cinglante sur les taimp que j'avais pu ramener ici.

Putain elle était insupportable.

J'étais entrain d'enfiler un tee-shirt quand la voix de la rousse derrière moi résonna.

- Tu l'as déjà vu au moins?

Je me retourna vers elle, elle portait un sweat shirt bien trop grand et un short gris. Putain même là elle était mignonne. Même avec son chignon dégueulasse et son teint tout blafard.

J'tiendrai jamais.

- Tu crois pas avoir passé l'âge de mater des desseins animés? répondis-je.

- Tu l'as jamais vu?

Un sourire amusé traînait sur son visage.

- Tu crois qu'avec Hakim et Nek on se faisait des réssoi Disney ou quoi? On rapait en bas des blocs que tu jouais encore aux barbies Victoria.

- Eh! C'est ouf que vous arriviez pas à capter que j'suis pas si jeune que ça.

On avait 6 ans d'écart, elle avait raison, c'était rien. Mais c'était golri de la voir s'énerver sur ça. Elle devenait toute rouge.

- J'taf depuis que j'ai 16 ans et j'suis indépendante depuis mes 18ans, alors va vraiment falloir rentrer dans vos têtes d'abrutis que j'suis pas le bébé du groupe.

Elle avait lâché ça et avait quitté ma chambre les bras croisés sur la poitrine. Je me retenais de pouffer. Une vrai gosse c'est ce que je disais.

Je la rejoignis sur le canapé avant de la tirer vers moi. Elle posa ses jambes sur les miennes, les sourcils toujours froncés. Putain elle était adorable.

- Crois moi, je le vois très bien qu't'es pas une gosse, lui soufflais-je avec un clin d'œil un peu lubrique.

- Putain! Les mecs vous êtes vraiment tous les mêmes, grogna t-elle en me donnant un coup de pied.

Je pouffa alors qu'elle avait reprit sa position initiale, éloignée de moi. Je la tira à nouveau vers moi, la rapprochant même un peu plus. La mine boudeuse elle me jeta un coup d'œil avant de se re concentrer sur son téléphone.

- Bon tu l'fous ton dessein animé?

Elle releva la tête, les yeux écarquillés.

- Sérieux? demanda t-elle.

J'hocha la tête et la rouquine me sauta dessus en me remerciant. J'savais pas que la perspective de mater un film avec des ours pouvaient rendre aussi heureuse.

Elle se dégagea de mes jambes pour lancer le film. Quand elle revint sur le canapé elle se cala contre moi, ses jambes de retours sur les miennes.

Elle passa le film à faire des petits commentaires, à chanter et même à chialer. Fallait aussi m'expliquer comment on pouvait chialer pour un dessein animé mettant en scène un homme qui se transformait en ours, parce que putain moi j'avais vraiment du mal à capter.

Quand je lui avais fais la remarque elle m'avait lancé un « ta gueule t'as pas de coeur », avant de limite se moucher sur mon tee-shirt. Très classe.

On avait lancé un deuxième film, mais elle s'était vite endormie sur mon épaule, et merde, je vous jure, je me battais contre l'instinct pour pas l'embrasser. Elle était là, absolument magnifique, le nez légèrement froncé, la bouche pincée. Quelques mèches de cheveux lui tombaient sur le visage, et ses doigts étaient posés sur ma cuisse. Je sentais son souffle doucement pulsé contre mon cou et je jure devant dieu que j'avais rarement eu autant envie d'embrasser une go.

Putain, elle me faisait complètement disjoncté depuis qu'elle s'était ramenée en boîte. Depuis le moment où elle m'avait cassé les couilles parce que je lui crachais ma fumée dans la gueule. Depuis j'arrivais pas à me la sortir de la tête et ça commençait à sérieusement m'atteindre.

Putain fallait que je fasse quelque chose avant que ça parte en couille.

Je chopa mon téléphone et pianota rapidement sur l'écran. Fallait que je me change les idées. Vite.

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