20. Destruction massive
Victoria Olsson
Le mois de juillet avait été particulièrement long et compliqué. J'avais enchainé entre plusieurs job, profitant de mon inactivité pour gagner un max. J'adorais vivre avec Louna, mais je n'allais pas pouvoir y passer ma vie, et cela commencait à devenir compliqué de cacher la tonne de médoc que je pouvais ingurgiter en une semaine. Alors prendre un nouvel appartement devenait urgent.
En plus de ça il faisait une chaleur à mourir cette année là. Si bien que Louna, qui était rentrée une semaine après moi, avait décidé d'envahir l'appartement de Ken qui avait la chance démesurée d'avoir une clim fonctionnelle.
On avait passé tout notre temps libre sur le canap, assises face à la clim.
On avait aussi passé pas mal de temps avec Jasmine, qui était en pleine préparation de son mariage. Et mon dieu, j'ignorais que préparer un mariage était une telle galère. Entre les faire parts, l'organisation, la salle, la mairie, le traiteur et toutes les conneries qui allaient avec on avait vite été débordé. Mais Jasmine fidèle a elle même, avait gardé son grand sourire. Ça nous avait beaucoup rapproché toutes ces soirées, assise sur le tapis de l'appart qu'elle partageait avec Théo, à planifier le plus beau jour de sa vie.
Elle m'avait même demandé de dessiner sa robe. J'avoue que sur le moment j'avais paniqué, genre vraiment paniqué. Je m'étais pas sentie prête à faire un truc aussi important, mais elle avait tellement insisté que j'avais fini par accepter. Et le peu de temps qu'il me restait, je l'avais passé à faire des millions d'esquisse, à tester des dizaines de matières, des centaines de combinaisons.
C'était un truc tellement important que je ne pouvais pas me louper sur ce coup là. Et ça me foutait la pression.
Les garçons étaient rentrés fin juillet, quelques jours plus tôt. J'avais pas encore eu le temps de les voir, totalement occupé par mon job de caissière la journée, et dans le resto le soir. Mais Louna m'avait dit qu'ils étaient tous super heureux de la tournée des festivals, et bien que crevés, ils étaient remontés à bloc pour tafer à fond sur leurs projets perso.
2019 serait fructueuse les amis!
En tant que fan avant d'être leur pote, vous vous doutez bien que j'étais ravie.
Je venais à peine de rentrer du travail, quand je remarqua que la porte de l'appartement était ouverte. Bizarre. Louna était plutôt du genre à s'enfermer à double tour.
J'hésita quelques secondes avant d'entrer. Merde, je devais juste me faire des films, elle avait juste du oublier de la fermer. Je poussa la porte et l'évidence me sauta aux yeux.
L'appartement était à l'envers. Le canapé était éventré, les rideaux arrachés, la télé était explosé au sol, les placards intégralement vidés par terre.
Même nos cadres étaient explosés au sol.
Ma tête vrilla trois fois, mais merde qu'est ce qui s'était passé? Je fis le tour du reste de l'appartement, et bien entendu, tout était dans le même état. Minable.
Légèrement tendue, je composa le numéro de Louna. Et je tomba directement sur la messagerie.
La même chose m'arriva quand j'appela Ken et Deen.
Merde. Merde. Merde.
Bon ne pas paniquer.
Dernière solution.
à Idriss:
Besoin de toi chez Louna. C'est important. Ramène les gars si ils sont avec toi, j'arrive pas à les joindre.
J'étais entrain de ramasser des bouts de verre quand j'entendis parler dans le couloir. Le temps que je me relève, Idriss, Hakim et Moh étaient entrés, et ils avaient exactement la même tête que moi quand j'avais découvert l'état de l'appartement.
- Je sais pas ce qu'il s'est passé, soufflais-je en jetant le verre dans une poche. La porte était ouvert et j'arrive pas à joindre Lou.
Moh se pencha sur le canapé avant de me regarder le visage fermé.
- Y'a pas bon. On dirait une scène de crime le bordel.
Je m'étais faite la même réflexion.
- Il manque des trucs? demanda Hakim.
- Je crois pas, faudrait voir avec Lou, mais à première vue il me semble pas.
Leurs visages se fermèrent encore plus. Putain mais c'était quoi cette merde encore? L'ainé des Kabyles attrapa son téléphone et fit plusieurs photographies pendant que Moh et Idriss parlaient à voix basse. J'étais beaucoup trop concentré sur les cadres explosés pour réussir à y prêter attention.
- Louna doit pas revenir, finis-je par dire. Personne sait que je vis ici.
Et donc si c'était visé, toute cette haine était contre Louna. Et c'était encore pire.
- Tu peux pas rester là non plus, répondit Idriss. On appelle les flics, ils font leur taff et après tu fais tes affaires et on se barre. J'sais pas quel tarré est passé par là, mais c'est hors de question que tu restes ici.
J'hocha la tête. Il avait raison. Et c'est ainsi que je m'étais retrouvée dans la chambre, à jeter mes fringues en vrac dans la valise. Merde c'était pas du tout le plan ça. Je glissa mes médocs au milieu de tout de bordel et referma le battant.
- J'ai eu Ken.
Hakim se tenait sur le pas de la porte, son téléphone entre les mains.
- Il va passer avec Louna récupérer ses affaires.
J'acquiesça en me relevant. Merde ce truc m'avait complètement secoué, j'avais l'impression d'être absente de mon propre corps, un peu comme si je subissais les événements de l'extérieur.
Avec les années je m'étais endurcie, j'pensais pouvoir faire face à pas mal de connerie, mais apparemment la peur était un truc difficile à dompter.
Assise à l'arrière de la voiture de Hakim, je regardais l'extérieur défiler sans réussir à en comprendre le sens. Merde j'avais vraiment le cerveau en vrac.
- Moh héberge déjà sa sœur pour quelques temps alors tu peux venir chez moi, le temps qu'on trouve quelque chose de mieux.
Idriss me fixait grâce au rétroviseur, attendant que je lui réponde. J'hocha simplement la tête. J'avais l'impression que toute mon énergie m'avait quitté au moment où j'avais franchit la porte de l'appart pour constater ce désastre.
Et le pire, restait le fait que ce n'était pas une effraction pour vol.
Mais bordel qu'est ce qui allait encore nous tomber dessus?
Idriss avait porté ma valise, et j'étais restée dans l'entrée, complètement perdue. Les premières secondes il ne l'avait pas remarqué, il avait posé mes affaires à côté d'un mur et s'était assis sur une chaise haute près du bar, en pianotant sur son téléphone.
Puis il avait tourné la tête vers moi, et un éclaire d'inquiétude avait fendu son regard. Bref, mais présent.
- Victoria?
Il s'était levé et n'était plus qu'à quelques mètres de moi. Sa tête était recouverte par son habituelle casquette. Il portait un simple tee shirt noir et un jean de la même couleur.
- Ça va?
- Je crois que c'est grave, dis-je.
Il m'indiqua le canapé d'un mouvement de tête et je le suivis. Je m'installa dans le coin avant de replier mes genoux contre ma poitrine.
- Tu sais qui a fait ça?
Je secoua négativement la tête.
La vérité c'était que j'avais une idée très précise, mais tant que je n'en aurai pas le cœur nette, je prendrai pas le risque d'affoler tout le monde. D'affoler Louna.
Je souffla en posant ma tête contre mes genoux.
La main du rappeur se posa alors sur mon genoux. Il me rapprocha de lui et posa son autre main contre ma joue.
- Hey, relève la tête Vic.
C'était la première fois qu'il m'appelait par mon diminutif. J'avais jusque là toujours eu droit à des Victoria.
- J'sais pas quelle merde se prépare mais t'es pas seule et Louna non plus. On assure vos arrières. D'accord?
J'hocha la tête, le regard plongé dans celui du brun.
- J'vais pas te promettre que tout va être tout rose et que tout va bien se passer, parce que clairement, vu comment ça part, ça serait te raconter de la merde. Mais vous êtes pas seules. Et crois moi, si c'est pour Louna que tu flippes, Ken va pas la lâcher. Encore moins, et pourtant c'est des sangsues les deux. Alors maintenant arrêtes de tirer la gueule et fais moi un joli sourire.
Je roula des yeux avant de lui faire une esquisse de sourire. Apparement satisfait il se releva m'embrassa le sommet du crâne et disparu dans sa chambre.
Il avait raison. Mille fois raisons. Et je savais que les gars nous lâcheraient pas maintenant, mais ça ne m'empêcherait pas de m'en faire.
Pas spécialement pour moi, je m'étais assez endurcie ces dernières années pour réussir à encaisser. Mais Louna, elle, avait des putains de séquelles qui avaient seulement commencé à cicatriser avec l'aide de Ken. Du plus loin que je me souvienne ça avait toujours été un soleil. Un putain de soleil vivant, le genre de personne qui a son contact vous rendez directement plus heureuse. Mais elle avait eu cette période, où elle s'était doucement éteinte, jusqu'à ne plus réellement brillé. Elle avait prit tellement de temps à ré apprendre à vivre, à se faire confiance, à aimer.
Alors quoi que ce soit, j'encaisserai pour nous deux.
C'était à moi de régler cette affaire. Et si c'était bien ce à quoi je pensais, un sale orage nous fonçait droit dans la gueule. Et on allait y perdre quelques plumes.
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