19. Fausse alerte
Victoria Olsson
Je ne savais pas pourquoi je lui avais raconté tout ça, c'était un secret que Louna et moi avions décidé d'enfouir très profondément, en espérant oublier ce passage de nos vies.
Bien sûr, Louna avait été mille fois plus marqué que moi, après tout je m'étais pris sur la gueule une fois puis tout ça s'était stoppé. Mais elle ça avait duré des mois avant que je réussisse à la sortir de là, avant que je réussisse à faire voler en l'air cet enculé de Jonathan.
Le regard compatissant d'Idriss avait changé quelque chose, je savais qu'à partir de ce moment précis, les choses allaient changer. Dans un accord implicite, il m'avait accepté.
On était resté quelques instants encore au bord de la piscine jusqu'à ce qu'ils me fassent remarquer que je piquais du nez et que je ferai mieux d'aller dormir. Mais mon problème restait toujours Deen qui ronflait comme un bien heureux.
Il avait alors proposé qu'on échange nos chambres, et c'était comme ça que je m'étais retrouvée à dormir dans un lit juste à côté de celui de Hakim. Il allait dérailler au réveil.
Avant qu'on se sépare, juste devant la porte de ma nouvelle chambre, le rappeur m'avait embrasser le sommet du crâne avant de disparaître.
J'étais resté un moment, un peu pantoise, à ne pas savoir quoi penser de cette soirée, ou peut être même à ne pas réussir à assimiler toutes les nouvelles informations. Puis j'avais fini par m'endormir, un petit sourire scotché au visage.
Le reste du week-end s'était résumé à une sortie à la plage, beaucoup de connerie de la part de Doums, une crise de nerfs de Louna, une prestation exceptionnelle au Déferlantes, et un réveil au milieu de la dernière nuit par les détecteurs de fumée de l'hôtel.
Idriss et Hakim avaient finit par échanger de chambre et je m'étais retrouvée avec le plus jeune des frères. Ça m'avait gêné sur le coup, mais c'était toujours moins gênant qu'avec Hakim qui me calculait pas. Je m'étais vite endormie en rentrant du festival, et je pense que le rappeur était tombé aussi rapidement que moi, mais vers 4h du matin, un bruit strident nous avait tous tirés du sommeil.
Je m'étais réveillée un peu en sursaut, et le temps que je comprenne ce qu'il se passait, Idriss avait bondit de son lit.
Il était torse nu, et mes yeux s'étaient malencontreusement égarée sur son torse. Damn.
- Qu'est ce tu fous?! C'est l'alarme incendie, allez merde lève toi!
J'avais sursauté en comprenant ce qu'il se passait réellement. Je m'étais même emmêlée les pieds en sortant de la couverture et le brun m'avait rattrapé avant que j'embrasse le sol. Voyant que je traînais un peu, encore dans le coltar et un peu secoué, il m'avait tiré par le poignet jusque dans le couloirs.
La confusion totale régnait, des portes étaient déjà ouvertes, beaucoup de gens couraient vers les escaliers.
Au même moment Hakim et Deen sortirent de la chambre, et pour la première fois, le visage du premier ne fut pas totalement imperméable. Mais il reprit rapidement son habituel masque en apercevant que son frère était déjà dans le couloirs.
- Faut se tirer de là! cria Deen pour couvrir le bruit ambiant.
Idriss hocha la tête et je le sentis me tirer par la main, mais j'étais trop concentrée à essayer d'apercevoir Louna et Ken parmi la cohue. Mais le visage de la blondinette n'apparaissait jamais et je commençais à paniquer.
- Victoria! me tira Idriss.
Je résista en avançant dans le sens inverse. Fallait que je trouve Lou.
Mais le rappeur me tira par les épaules et me colla contre lui avant de me tourner. Son visage était légèrement déformé par le stress.
- Bordel qu'est ce tu fous encore?!
- Louna! Je sais pas où elle est! paniquais-je.
Son regard s'attendrit légèrement. Non j'étais pas spécialement suicidaire, mais quand ça touchait à ma famille, je serai sûrement la première à courir au milieu des flammes.
- Ils ont dû prendre l'escalier de l'autre côté. Eh oh oh paniques pas! Je suis sur qu'ils sont déjà en bas. Mais là maintenant on a pas le temps, il faut qu'on déguerpisse tout de suite.
On se fixa plusieurs secondes avant que j'hoche la tête. Il me tira vers les escaliers et on les descendit à toute vitesse suivit de Deen et Hakim. La plupart des clients étaient déjà regroupés à l'extérieur de l'hôtel, en pyjama, la tête à l'envers.
Théo, Jasmine, Alpha et Ivan étaient déjà là.
- Ken et Louna? demandais-je.
- Je sais pas où ils sont, on était pas au même étage qu'eux, répondit Jasmine en se rongeant les ongles.
- Et Doums et Sneazz? demanda Ivan qui avait visiblement même pas eu le temps d'enfiler un short.
Théo hocha à son tour négativement la tête. Je me tendis immédiatement. Merde mais où ils étaient?
Ma main toujours dans celle d'Idriss, je dus lui broyer les doigts puisqu'il m'attira vers lui avant de passer son bras sur mes épaules. Il baissa la tête vers moi et murmura.
- Elle est avec Ken, il lui arrivera rien. Ils doivent probablement attendre ailleurs.
J'hocha la tête en gardant sa main dans la mienne. J'avais passé les dernières semaines à le détester, mais le fait qu'il fasse attention à moi et qu'il tente de me rassurer me faisait du bien. On était peut être seulement parti du mauvais pied.
Légèrement tremblante, je me détendis immédiatement en voyant la tête de la blonde et du grec apparaître au milieu de la foule. Je me jeta sur elle pour la prendre dans mes bras. Putain ma tension avait du monter à balle.
On resta côte à côte à se tenir les mains quand on vit a leur tour apparaître Doums et Moh, le visage légèrement tendu.
- Frère on a fait une connerie, chuchota Doums a Deen qui était à côté de nous.
Et quelle connerie. Ces deux abrutis avaient eu la bonne idée de se fumer un joint dans la chambre. Un sacré joint même. Si bien que la fumée avait déclenché les capteurs qui avaient à leurs tours déclenché les alarmes incendies. Mais putain comment c'était possible d'être aussi stupide?
Au final après près d'une heure à poireauter à l'extérieur, on avait eu la permission de rejoindre nos chambres.
Toujours secouée par ma montée de stress, j'étais restée un moment dans la salle de bain, à me regarder dans le miroir. Je sentais que mon rythme cardiaque s'était bien trop emballé, et qu'il fallait à tout prix que je me calme avant de faire une autre crise.
- Tu vas bien?
Idriss se tenait à l'entrée de la salle de bain.
- J'ai flippé, répondis-je sincèrement. J'ai cru que c'était un truc grave, et de ne jamais voir arriver Louna ça m'a...
Ça m'avait fait perdre pied.
Idriss hocha simplement la tête. Il comprenait, j'en étais sûr. C'était la même chose entre lui et Hakim. C'était les personnes pour qui on s'arracherait un rein pour le leur donner sans la moindre hésitation.
Je me frotta les yeux avant de me retourner vers lui.
- On risque pas d'oublier ce week-end là, lâchais-je en m'installant en tailleur sur mon lit.
Il laissa échapper un rire avant de s'enfoncer dans ses couvertures. Il avait un beau rire. Un vrai rire.
Je le suivis et m'enfonça dans mes draps. On était tous les deux tournés l'un vers l'autre, et bien qu'un mètre nous sépare, je voyais distinctement ses yeux ouvert me regardant.
- Je t'aime bien finalement Akrour, finis-je par murmurer avant de sombrer dans le sommeil.
Le réveil le lendemain fut plutôt compliqué, encore plus quand je me rendis compte que mon train de retour vers Paname partait dans moins d'une heure.
J'enfila en quatrième vitesse des vêtements, avant d'enfoncer toutes mes affaires dans mon sac de voyage. Je rentrai aujourd'hui mais les autres continuaient leurs tournées des festivals, seul Jasmine remontait en même temps que moi. Impératif professionnel.
J'étais entrain de lacer mes chaussures quand Idriss émergea. Il me regarda plusieurs secondes sans comprendre.
- Qu'est ce que tu fais debout si tôt?
- J'rentre à Paname. J'taf à 19h30 ce soir.
Il hocha la tête et se frotta les yeux. Il avait une tête de gosse endormi. Je m'empara d'une veste et je l'entendis grogner que c'était à lui.
- J'te la rendrai quand tu rentres, Lou à la mienne et j'ai pas spécialement envie de débarquer dans leur chambre.
Il râla quelques minutes avant d'abdiquer. Je l'enfila et avant de sortir de la chambre je jeta un dernier coup d'œil au rappeur qui s'était rendormi.
Qui aurait cru qu'en l'espace d'un week-end les choses changeraient à ce point?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top