17. Sentimentalement rouillée
Victoria Olsson
La tête enfoncée dans mon oreiller, je regrettais amèrement d'avoir accepté de dormir avec Deen. Merde ce mec était pire qu'un motoculteur. J'avais jamais entendu quelqu'un ronfler aussi fort. Genre vraiment jamais.
Moi qui avait espéré un sommeil réparateur digne de ce nom, j'avais passé les quelques heures précédentes à observer avec étonnement à quel point un homme pouvait faire des choses étranges dans son sommeil. Parce qu'en plus de ronfler, très fort, il avait parlé. J'avais pas trop capté ce qu'il avait dit, mais j'crois qu'il s'embrouillait et c'était super drôle de le voir s'énerver tout en bavant sur son oreiller. En plus son vieil accent du sud ressortait à fond.
J'avais abandonné l'idée de dormir vers 10h du matin, et bien qu'une nuit d'à peine 5h c'était pas le top, ça serait au moins du repos pour mes pauvres petites oreilles que le rappeur avait martyrisé.
J'avais pris une douche rapidement, avant d'enfiler un short en jean et un top. Et ma paire de Vans. Oui je jurais que par ces vans.
Je sortis de la chambre sans me sécher les cheveux, de peur de réveiller Deen, et descendit les escaliers en grimaçant. Mes genoux, c'était clairement toujours pas ça.
Dans le petit réfectoire de l'hôtel, j'aperçus rapidement que Ken, Théo, Idriss et Jasmine étaient déjà levés, assis autour d'une table. Je les rejoignis en collant un bisous sur la joue de Jasmine avant de m'asseoir à la dernière place,
entre Idriss et Ken.
- Salut, dis-je en attrapant un croissant.
- Oula y'en a une qui a passé une sale nuit, pouffa Ken.
- Ça se voit tant que ça?
- C'est l'addition des cernes et des petits yeux.
- C'est la faute de Deen, jamais dormi avec un gars qui ronfle autant. Sérieux c'est pas humain de faire autant de bruit. Théo tu me peux passer le café?
- T'es allé avec le pire en même temps, se moqua Ken.
- T'es fou gros, essaie même pas de dormir avec Doums, il fait trembler les murs tellement il respire fort, s'exclama Théo en me tendant une tasse de café.
Je le remercia alors que les deux se lancèrent dans un débat sur lequel des gars ronflaient le plus fort. Intéressant oui. Jasmine et moi on se regarda, blasée.
- Oh Vic, tu sais que je me suis tapée une grosse barre à cause de toi sur scène.
Je fronça les sourcils, ne comprenant pas ce que j'avais encore pu faire pour déclencher cette réaction de Théo.
- J'sais pas j'rappais et là je tourne ma tête, j'te vois pas sur le grand écran. C'était golri t'avais l'air trop perdu sur les épaules du gars, j'me suis tapais une barre d'un autre monde.
- Putain mais moi aussi je l'ai vu! s'exclama le grec. C'était chanmé! Tu l'as vu toi Fram?
Le brun qui n'avait pas participé à la discussion depuis mon arrivée hocha la tête avant de me regarder.
- Difficile de louper une rouquine à moitié peinte en vert.
C'était méchant ça ou pas? J'avais du mal à savoir si j'étais encore l'ennemie numéro un ou si il faisait des efforts.
On termina notre petit dej en se remémorant les souvenirs de la dernière soirée, et merde ce que je ne regrettais absolument pas de les avoir rejoint. C'était un truc dont je me souviendrai longtemps.
Le couple s'éclipsa rapidement et Ken se décida à aller réveiller Louna qui d'après ses dires, n'allait jamais émerger si il ne se bougeait pas. Il avait pas tord. Louna était le genre grosse feignante doublée d'une paresse sans précédent.
Le dernier présent à la table était sur son téléphone depuis quelques minutes, ne prêtant pas réellement attention à ma présence.
Putain mais pourquoi je savais jamais comment réagir avec lui. J'avais jamais eu un quelconque problème relationnel, j'avais même toujours été relativement à l'aise, avec qui que ce soit, mais avec lui j'avais limite besoin d'un manuel d'utilisation, genre un « Idriss Akrour pour les nuls ».
Je pouffa à ma pensée. Y'avait vraiment un truc qui tournait pas rond chez moi. Ça devait être le manque de sommeil.
Le kabyle releva la tête quand il m'entendit rire toute seule, j'écarquilla les yeux en me pinçant les lèvres. Et maintenait il allait penser que j'étais sénile. C'est bien Vic, tu sais te donner une belle image.
- Ils vont comment tes genoux? demanda t-il.
- Niquel, répondis-je.
Il fit une tête assez dubitative avant de reculer sa chaise et de tirer la mienne vers lui, me rapprochant de lui pour inspecter mes genoux bousillés.
- Tu devrais les désinfecter encore une fois, lâcha t-il.
- Ouais... euh ouais. J'vais le faire, répondis-je en me relevant maladroitement.
Quand j'vous disais que j'avais besoin d'un « Idriss Akrour pour les nuls », c'était vraiment pas une blague. Je perdais tous mes moyens des qu'il était à peu près sympa et prévoyant. A croire que je ne savais répondre qu'à la méchanceté.
Un long soupir m'échappa. Mais quelle galère.
Une grande partie de la journée fut dédiée au trajet dans le Tour Bus pour rejoindre le prochain festival, les Déferlantes d'Argeles. J'avais d'ailleurs profiter de ce moment là pour rattraper mes heures de sommeil, comatant tranquillement sur l'une des couchettes. Épreuve compliqué quand un zoo se déchaîne juste à côté je vous l'accorde.
Arrivé dans le nouvel hôtel, on posa immédiatement nos affaires dans les chambres. Les gars ne montaient sur scènes que le lendemain soir, alors on comptait bien profiter de la Méditerranée, du soleil et de la plage. Et des mecs torse nu aussi. Fin moi.
J'enfila mon deux pièces et chopa ma paire de lunette de soleil avant de dévaler à toute vitesse, c'est-à-dire à la vitesse permise par mes genoux, l'étage qui me séparait de la piscine.
La plupart des gars étaient déjà dans l'eau entrain de littéralement se couler les uns les autres. Louna était assise sur un des transats, un bouquin posé sur les genoux. Je la rejoignis et m'installa à côté.
- Alors, heureuse d'avoir rejoint la bande?
- Très heureuse. On était par partie ensemble depuis super longtemps, répondis-je.
- Et en plus à la plage, j'en connais une qui va pouvoir se rincer l'œil gratos, me charria t-elle.
Je pouffa en tournant ma tête vers les gars.
- C'est qui qui va tema pépouze? demanda Moh en arrivant de derrière nous.
- Vic, répondit Louna en même temps que moi.
Moh roula des yeux.
- Faut pas la quitter des yeux la gamine, on va la laisser deux minutes elle va nous ramener un ptit gars on va rien piger, se marra t-il.
Ils avaient tous l'air absolument persuadé que j'étais du genre à sortir énormément, à kiffer avec des mecs différents et à passer de relation en relation. Mais la vérité, c'était que j'avais eu tellement peu de relation ces dernières années que je devais probablement être sentimentalement rouillée. Ou usée, je sais pas trop.
Je m'étais décidée à tranquillement bronzée quand je me sentis être soulevée et à peine j'eus réalisée que je n'étais plus sur mon transat, je que me trouvais au fond de l'eau, maintenu par deux bras.
Le contact froid de l'eau me fit comme un choc électrique, putain je m'étais pas préparer à ça.
Je remonta à la surface en reprenant mon souffle. Juste à côté de moi je vis Moh, tout sourire .
- Putain je vais te tuer!
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je m'étais jetée sur lui, dans l'idée de le couler, ou au moins lui faire boire la tasse, mais je m'étais retrouvée très rapidement immergée une nouvelle fois.
J'étais littéralement entrain de me faire noyer et les autres se tapaient des barres sans pression en me voyant galèrer à me maintenir à la surface.
Sympa les copains.
Doums termina par venir m'aider, et balança Moh de l'autre côté comme si c'était un chiffon. Vengeance sale traite!
On passa le reste de l'aprem au bord de la piscine, et voir les gars se marrer, Louna sourire comme une guignol et Jasmine lire tranquillement, assise sur Théo, me fit comprendre quelque chose. Pour rien au monde je n'aurai voulu être ailleurs. Pour rien au monde j'aurai laissé ma place dans cette bande un peu barré.
J'observais silencieusement, perchée sur le rebord de la piscine, les genoux repliés contre ma poitrine, le brun pour lequel j'avais tant de mal à me faire une petite place dans son cercle d'intime. Ses cheveux mouillés étaient retenu en arrière, et son short de bain noir laissait apparaître ses abdominaux. Il était entrain de se marrer avec son frère et Alpha, et je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que le sourire qui illuminait son visage le rendait encore plus beau.
Je l'avais toujours trouvé mignon, mais le sourire peint sur son visage multipliait par mille ma première impression. Il avait un sourire à se damner ce con.
Le soleil déclinait peu à peu, quand on se décida à aller enfiler nos vêtements. J'en profita pour attacher mes cheveux encore humides.
Quand Lou m'avait annoncé, qu'elle, mais aussi Jasmine, partaient en dîner romantique, je n'avais pas pu m'empêcher d'arborer une mine dégoûtée. C'était tellement pas mon truc ces bails là. Les deux avaient enfilés leurs plus belles robes, avaient approximativement passé deux heures à se maquiller et se faire leurs cheveux avant de descendre les escaliers sous le regard émerveillé de leurs petits copains.
Mon dieu on était à un tel niveau de niaiserie. Il ne manquait plus que le baisemain.
Abandonnée par mes deux copines, je m'étais retrouvée assise sur la plage, avec tous les autres gars, un grec dans une main, une bière dans l'autre, et le soleil déclinant doucement à l'horizon.
Et c'était ça mon happy place.
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