Victoria Olsson

Si Théo et Jasmine avaient décidé de nous réunir, c'était pour nous annoncer qu'ils allaient se marier. Les cris de hyènes, les sifflements et les félicitations avaient fusé alors que les deux se regardaient avec un regard énamourés. Si c'était pas une évidence ces deux là.

Ainsi, ils avaient décidé de se marier en Octobre, 5 mois plus tard, apparemment trop pressé de passer le grand cap pour attendre l'été prochain. Ça m'avait fait rire de les voir si excités, on aurait dit deux gamins qui sortaient ensemble pour la première fois, et c'était putain d'adorable.

La soirée s'était poursuivie dans la bonne humeur, et bien qu'Idriss est apparemment décidé de me laisser le bénéfice du doute, il n'en était pas moins froid et distant. C'est limite si il me calculait quand je lui demandais de me passer de la pizza. Les autres avaient rapidement capté son manège et très rapidement je m'étais retrouvé avec Louna et Moh sur le dos, cherchant à tout prix à savoir ce qu'il s'était passé dans l'ascenseur.

Mais qu'est-ce qui s'était réellement passé?

J'leur avais pas vraiment donné d'explication, qu'est ce que je pouvais dire après tout? J'savais même pas si il me détestait de tout son être, si il me supportait parce que ces frères m'aimaient bien ou si il avait pitié de moi et que du coup il mettait de l'eau dans son vin.

J'préférai largement la première option.

Les jours qui avaient suivit, je les avais passer à taffer. La fin des cours arrivant j'avais décider de mettre en place l'un de mes ultimes mensonges. Et si celui-ci passait, alors il y aurait moyen que tout tienne la route. Si ce dernier mensonge passait, je pourrai retrouver un semblant de mon ancienne vie.

Alors un matin, j'avais pris mon air le plus triste, mon regard le plus dépité, et j'avais annoncé à Louna que j'avais loupés mes examens finaux. Que je ne serai pas diplômé cette année. Et que je devrai reprendre l'école en septembre.

Je ne pouvais pas le nier, le regard plein de compassion et de tristesse avec lequel elle m'avait couvé pendant plusieurs jours m'avait brisé le cœur. Elle savait à quel point je m'étais toujours investit dans mes études, et à quelle point elles étaient importantes pour moi.

Mais au final, cet ultime mensonge me permettrait de reprendre mes études comme si de rien n'était à la rentrée, et mon pseudo échec ne serait qu'un vague souvenir.

- J'arrive toujours pas à croire qu'ils ne t'aient pas filé ce putain de diplôme, grogna Louna en descendant les escaliers. J'veux dire, tes desseins sont sublimes, tu pourrai bosser pour les meilleurs tellement t'es talentueuse. Ça m'fout la haine j'te jure Vic!

- C'est bon, j'tafferai comme une folle l'année prochaine et je l'aurai ce diplôme.

Arrivée dans la rue, Louna se stoppa soudainement.

- Mais... Ça veut dire que tu vas encore partir 6 mois? demanda t-elle la gorge serrée.

Choupette.

- Non. Je repartirai pas Lou' pas une fois de plus, j'reste avec toi cette année.

La blonde sauta en l'air, les bras sur la tête, exultant sa joie, avant de me serrer dans ses bras.

- J'flippais de ça depuis 3 jours j'te jure, ici c'est nul sans ta vieille tronche.

-Mooooh, rigolais-je.

- Et j'avais personne pour me faire à manger en plus, j'ai jamais autant utilisé uber eats de ma vie.

- Connasse, grognais-je en lui donnant un coup de coude.

- J'te jure j'ai du faire un tiers de leur chiffre d'affaire, hallucinant comment ils m'ont sauvé la vie. T'imagines tu m'aurai retrouvé toute desséchée sur le canapé avec un pot de glace vide dans les mains. On a évité la catastrophe!

Toujours plus! Louna alias la suprême drama queen.

- Rappelles moi de te payer un livre de cuisine pour ton anniversaire. Et pour noël aussi. Et pour toutes les occasions de ces 10 prochaines années.

La blonde marmonna des trucs incompréhensibles avant de pousser la porte du studio.

- J'te jure que si Ken a pas fini j'le tire par la peau du cul. J'vais finir par devoir payer un pute si ça continue.

Je pouffa en la suivant. Depuis quelques temps les gars passaient vraiment tout leurs temps en studio, spécialement le $-crew. Et ça plaisait moyen à Louna qui n'en ratait pas une pour râler sur les absences de son mec. Mais au final elle avait beau faire la meuf insatisfaite, ça se voyait à 1000 qu'elle était vraiment fière et heureuse qu'il vive sa passion à fond, et ça même si il la délaissait un peu.

Elle râlait pour la forme. Mais c'était la même chose à chaque fois qu'elle passait les portes du stud', elle le regardait à s'en décoller la rétine. Dégoûtant.

Ken toujours en cabine lança un petit sourire désolé à Louna avant de se re concentrer sur son couplet. La blonde roula des yeux avant de se laisser tomber à côté de Théo. Je fis la bise aux quelques gars présents avant de m'asseoir à mon tour à côté de Deen qui passa son bras autour de mon cou et m'écrasa littéralement pour me frotter le crâne. Il allait vraiment falloir qu'ils perdent cette vieille manie tous là.

- Ça va fillette?

- Ça ira mieux quand je pourrais respirai.

- Excuse, pouffa t-il en relâchant sa prise. Je savais pas que vous deviez passer.

- Ouais, fin j'me tire dans 10mn, indiquais-je en regardant ma montre, mais j'suis venue amener l'amoureuse transie, elle m'donnait mal à la tête à tourner dans l'appart.

- 10mn? C'est le peu de temps que tu nous accorde, tu déçois poil de carotte, s'exclama Moh en arrivant.

Je le foudroya du regard, n'appréciant pas vraiment le nouveau surnom qu'il avait utilisé.

- J'ai cru entendre comme un petit murmure, t'as entendu toi Deen? En tout cas ça puait la jalousie.

- Quelle idée d'être pote avec une go pareille, râla Sneazz en se laissant tomber contre un siège.

- Bon du coup pourquoi tu nous lâches? demanda Deen.

Techniquement pour aller travailler, ce que je fais depuis 2 mois, en le faisait passer pour des études acharnés. Plutôt une mauvaise réponse.

- J'ai un rendez-vous, lâchais-je.

Je vis les deux être soudainement beaucoup plus intéressés par ce que je racontais. Non mais regardez les ces deux commères.

- Avec un gars? s'écria à moitié Moh.

- T'aimerais savoir hein, dis-je en jouant avec mes sourcils.

Quand je dis que le mensonge est un cercle vicieux sans fin.

- Tu vas pecho du mâle Vichy? s'exclama Doums en entrant à son tour dans la pièce.

Putain mais ils allaient tous arriver au compte goutte pendant encore longtemps?

Je roula des yeux avant de checker le dernier arrivant qui se mit directement par terre pour rouler son joint.

- Jasmine m'a dit que tu nous rejoignais pour le Garorock du coup, lança Théo.

- Ouais, je peux pas avant. Mais du coup je vous rejoindrai pour le week-end je pense.

- Et t'enchaînera avec nous sur les Déferlantes?

J'allais dire que je voulais pas m'imposer quand Moh me coupa.

- T'as pas le choix en faite! Tututut fais pas la go, on te prend dans le tour bus et après le garo on trace à Argelès. Un peu de soleil ça te fera pas de mal, se moqua t-il.

Tuez le s'il vous plaît.

Une partie des gars, dont le Screw, Doums, Alpha, Sneazzy, Deen et Jazzy Bazz partaient en tournée des festivals d'ici quelques jours, et après les supplications de Doums, Moh et Deen, j'avais accepté de faire le voyage pour aller les voir sur scène. Puis je pouvais pas trop faire la meuf ingrate, ça me faisait vraiment plaisir qu'ils m'aient inclut. Puis un changement d'air, c'était pas trop mal non plus.

- Bon c'est pas que je m'ennuie, dis-je en me relevant, mais faut vraiment que j'y aille.

Je serra rapidement dans mes bras les gars avant de traverser la pièce pour en sortir. Au moment où j'allais franchir la porte, je croisa Idriss et Hakim. Je les salua rapidement, sans vraiment m'étendre. Après tout Idriss avait du mal avec moi, et j'avais jamais réellement eu l'occasion de parler avec son frère, mais vu les regards qu'il me lançait, ça m'aurait étonné qu'il pense d'une manière différente que celle de son frangin.

Je les laissa passer et m'engagea dans les couloirs quand j'entendis Doums hurler.

- PECHO SALE VICHY ON CROIT EN TOI!

J'entendis des rires et des exclamations de soutien fuser. Putain, mais pourquoi mes potes étaient des bouffons pareil? J'étouffa un rire en sortant du bâtiment. Si ils savaient que j'allais me taper la soirée à servir des assiettes, nettoyer des tables et jeter des poubelles. On était très loin du sympathique plan cul.