10. Putain d'alien
Victoria Olsson
- C'était rien, soufflais-je en relevant la tête vers lui.
Quand je vous dis que le mensonge est un beau bourbier dans lequel on se noie à petit feu. Ça en était la putain de preuve. Debout en face de moi, le brun me regardait avec le visage fermé.
- Arrête, t'étais à deux doigts de clamser, j'sais même pas pourquoi j't'ai pas amené direct à l'hosto.
- C'était rien, répétais-je. Regarde j'suis en forme là.
- Mais tu te fous de ma gueule? T'étais tellement ko que je t'ai retrouvé assise dans les chiottes! Et j'ai du te désapper parce que t'étais putain de faible, s'énerva Idriss.
- T'as pris ton pied, remercie moi.
C'était sûrement le truc le plus con que j'avais jamais dit en 23 ans d'existence, mais au point où j'en étais, il fallait juste que je détourne l'attention du vrai problème.
- Mais t'es vraiment conne ma rolepa! Putain mais t'es vraiment une grosse conne! hurla t-il. J'ai passé la nuit à vérifier que tu respirais parce que j'avais peur de retrouver un cadavre dans mon pieu, alors non crois moi j'ai pas pris mon putain de pied Victoria!
Il fit quelque pas dans le salon, comme pour évacuer sa haine, avant de s'adresser de nouveau à moi.
- Faut que tu m'expliques. Qu'est ce qu'il t'est arrivé?
Son regard dans le mien me brûlait la rétine, comme une morsure au coeur, un truc qui vous tire les entrailles et vous pique les yeux.
Je le regarda quelques secondes, il avait l'air tellement énervé, et à la fois je pouvais voir une inquiétude étrangement sincère dans le moindre de ses gestes, comme le fait qu'il se mordille l'intérieur de la joue, ou qu'il plaque frénétiquement ses cheveux en arrière.
Je soupira, autant en finir maintenant.
- Il s'est rien passé. C'était la chaleur.
- Mais putain! hurla t-il en tapant contre le plan de travail de la cuisine. Arrête de me raconter de la merde! Arrête de jouer au plus con avec moi!
- Tu sais quoi, crachais-je en me levant, t'es ni mon père, ni mon frère, ni quoi que ce soit. J'ai aucun compte à te rendre, rentre toi ça bien dans la tête. Si j'te dis que c'était rien, c'était rien merde arrête de me faire chier. Et n'ose même pas me faire des sermons moralisateurs. J'te vois avec tes grands airs, tu crois tout savoir, tu penses pouvoir me donner des leçons, mais t'es personne Idriss. C'est pas parce que t'as vendu trois disques où on dirait que tu fais une crise d'asthme que t'es quelqu'un.
Crac.
C'était le bruit de mon coeur qui venait de se casser la gueule en jetant toutes ses horreurs au mec qui avait été là pour moi. Les mots à peine sortit de ma bouche, je les regrettais instantanément. Il ne méritait pas qu'on lui foute dans la gueule de pareilles horreurs. Encore moins vu son comportement de la veille. Mais l'éloigner de moi, c'était le seul moyen de me préserver. Et de le préserver au passage.
Il me regarda avec un air dégoûté collé au visage.
Crac.
Deuxième fois que mon coeur se cassait la gueule pour le kabyle.
- Barre toi de là Victoria. T'es vraiment qu'une petite conne.
Je le fixa quelques secondes oscillant entre l'irrémédiable envie de m'excuser et la peur qu'il soit déjà trop tard.
- Casse toi d'ici merde! hurla t-il en tapant du poing. J'veux plus te voir!
Je sursauta face à son visage strié par la colère. J'avais beau ne le connaître que depuis 1 mois, l'intonation de sa voix me déchira le cœur. Mais je l'avais cherché.
Je baissa la tête et rejoignit sa chambre pour enfiler mon jean et mes chaussures. Quand je passa à nouveau dans le salon, il regardait par la baie vitrée, les poings serrés.
Voilà ce que j'étais. Une bombe à retardement. Une personne qui a tout moment pouvait les faire exploser. Un putain d'alien rétroactif.
Les jours qui avaient suivit notre dispute, je les avait passé à faire des batteries de test à l'hôpital. Et comme je m'y attendais, ou plutôt comme j'avais essayé de me convaincre, l'épisode du showcase n'était rien de plus qu'une petite crise passagère et sans réelle importance ou conséquence.
J'en étais même venue à me convaincre que mon comportement de grosse peste avec Idriss avait été la meilleure chose à faire. Je commençais à un peu trop m'approcher de ce mec, et rien de bon ne pouvait en découler. Encore plus quand on prenait en compte sa réaction. Il ne pouvait pas s'attacher à moi. J'étais plutôt du genre égoïste, mais pas au point d'imposer mon problème au gens autour de moi. Parce qu'une fois qu'ils seraient au courant, tout changerait. Et c'était le truc que je voulais éviter. Pas d'attache, pas de souffrance si les choses venaient à tourner en ma défaveur.
Savoir que Louna serait effondrée était déjà bien trop dur à gérer. Pas besoin d'ajouter à l'addition ce relou à casquette, ses cheveux bouclés et son putain de visage.
Appuyée contre la paroi du métro, les écouteurs enfoncés dans mes oreilles, j'observais silencieusement les gens. Je détestais cette morosité ambiante dans les transports en commun.
Quand mon arrêt fut annoncé je contourna une veille dame et descendit du wagon. Il y avait des jours, où vraiment, j'avais la haine contre le monde entier. Et petit scoop, aujourd'hui, ça en était un.
Et comme pour s'accorder à mon humeur, le temps avait décidé d'être aussi pourri. Je souffla en me faisant éclabousser par une voiture, une violente envie d'insulter le conducteur. Sérieux, c'était pas de l'incivilité ça?
Quelques minutes plus tard, je me trouvais entrain de sonner à l'appart en râlant. Ça m'apprendrait a oublier mes clés.
- Lou! grognais-je.
J'entendis l'intérieur de l'appartement s'activer avant d'entendre le cliquettement des clés tourner et la porte s'ouvrir sur Jasmine, la copine de Théo. Enfin plutôt la femme, vu là bague qui trônait à son annulaire.
- Salut, s'exclama t-elle, Lou est en train de galérer à faire un gâteau, j'ai peur qu'on finisse avec une sale intoxication alimentaire, faut que tu nous sauves le coup!
Je rigola en apercevant Louna dans la cuisine, de la farine dans les cheveux, son vieux tablier autour de la taille, et son air absolument dépitée.
- Tu l'as vraiment laissé toucher à de la nourriture? demandais-je à Jasmine. Tu dois pas tenir à ta vie, pouffais-je en enlevant les chaussures.
- Bah, j'pensais qu'elle était moins pire que moi, souffla la brune. Mais j'ai subitement quelques doutes.
- C'est une catastrophe, quand on était au lycée elle a mis un paquet de pâte au micro onde. Sans eau. Et fermé.
- T'as pas fais ça? s'exclama Jasmine en se tournant vers Louna.
- Y'avait pas de notice, se défendit-elle.
- Ça à fait un bruit chelou quand ça a explosé, et je te raconte même pas comment ça a défoncée l'intérieur du micro onde. Une galère.
- Jamais vu un boulet pareil, se mit à rire Jasmine.
- Et si vous m'aidiez au lieu de vous foutre de ma gueule hein, grogna la blonde.
On se regarda en riant avant d'aller aider la brune à casser les œufs et finir le mélange. Et honnêtement je ne pensais pas que quelqu'un pouvait être encore plus maladroite que Louna, mais Jasmine se défendait bien. Vraiment très bien.
Après avoir mis le gâteau au four, Louna se jeta sur le canapé.
- Moh va encore se foutre de ma gueule quand je vais lui dire que c'est même pas moi qui l'ai fait ce gâteau, gémit la blonde.
- C'est pour Moh?
- Ouais on rejoint les gars chez lui, d'ailleurs il m'a dit de te prévenir.
La perspective d'une soirée était une option plutôt réjouissante, mais le visage du Kabyle me revint en pleine face, et je n'avais aucune envie de l'affronter, ni même la force d'assumer les conneries que je lui avais sorti.
Je m'installa sur un des sièges avant de reprendre la parole.
- J'suis pas sur d'avoir l'énergie pour y aller, je suis vraiment crevée. J'ai juste envie d'une douche, une pizza et un petit épisode de Game of Thrones.
Louna me regarda en roulant des yeux.
- La mamie est de retour!
Elle hérita d'un joyeux petit doigt d'honneur accompagnée d'une insulte toute aussi adorable.
Jasmine qui revenait de la salle de bain jeta un coup d'œil à son téléphone avant de se laisser tomber à côté de Louna.
- Au faite Vic, il s'est passé quoi avec Fram après le showcase? demanda la brune.
J'avais soigneusement évitée ce sujet depuis plusieurs jours, mettant la curiosité de Louna à rude épreuve, mais apparement Jasmine venait tout juste de ruiner tous mes efforts. La blonde me lança le regard typique du « craches le morceau », alors que Jasmine elle me fixait avec de grands yeux remplit d'intérêt.
- Rien de bien interessant. J'étais fatiguée et il a proposé de me raccompagner. Fin de l'histoire.
- Mais quelle mytho, souffla Louna, tu vas pas nous faire gober que vous êtes juste rentrée pour aller dormir.
- Bah si.
- D'accord. Et t'avais besoin de lui, pour juste dormir? demanda t-elle en agitant ses sourcils.
Je souffla en priant pour faire mentalement voler un coussin dans sa tronche.
- Il s'est rien passé, c'est pas mon genre ce gars. Il est insupportable, il tire la gueule h24, il se mêle de tout et en plus ses cheveux ressemblent à rien. Contente? lançais-je.
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Helloooo tout le monde! Je tenais à remercier mes quelques lectrices, merci pour vos commentaires, je sais que c'est un peu long à partir, mais on commence à réellement rentrer dans l'histoire.
Et si le coeur vous en dit, laissez moi un petit like, histoire que je sache qui traîne sur la misérable vie de notre Vicky.
Bonne soirée ❤️
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