chapitre 9
La nuit tombée, Peter écoute attentivement les bruits qu'il entend dans la prison. Les trois compères semblent avoir une pièce à eux juste avant la porte de sortie. Il l'a vu la dernière fois. C'est apparemment, un carré qui leur est réservé.
Il entend toujours les pleures des plus petits et les sanglots d'autres. En se concentrant assez, il perçoit le clapotis de l'eau et le ronflement de Diego semble-t-il.
Il secoue la tête, ce type est vraiment une plaie.
Avec précaution, il se lève et rejoint sa porte, posant ses mains dessus. Il force juste un peu et l'acier grince sous ses doigts. Anxieux, il s'arrête. Il pourrait facilement la forcer et faire sortir les autres, c'est une option qu'il garde de côté, cependant s'il fait ceci, il devra le faire doucement, le bruit de l'acier reste un problème.
Il va faire tout ce qu'il faut pour les sauver, il n'en perdra aucun, c'est impossible, il ne peut pas, il ne doit pas. Il n'en a pas le droit.
Lui peut esquiver les coups, encaisser les attaques et autres blessures, c'est d'ailleurs ce qu'il a fait, son corps en porte encore les traces, mais ces gosses ne sont pas comme lui. Ils ne sont pas aussi fort, pas aussi résistant.
Une pensée fugace traverse son esprit. Celle de son oncle qu'il n'a pas pu sauver. Et qu'il regrettera pour toujours. Jamais une chose pareille ne se reproduira. Jamais.
Il passe, il ne sait combien de temps à écouter et à analyser toutes les possibilités qui se présentent à lui.
Que doit-il faire ? Doit-il d'abord faire sortir les autres et fuir dans la forêt et appeler espérant être localisé ? Ou bien doit-il appeler alors qu'il est dans la cour et par la suite fuir avec les autres espérant qu'ils seront retrouvés ? Quoi qu'il fasse il doit sortir tout le monde d'ici et ça le plus tôt possible. La vente est avancée, dans moins de trente six heures les acheteurs seront présents. Peter serre les poings et les dents. Ce que font ces hommes est simplement intolérable. C'est purement dégueulasse et inhumain.
Combien d'enfants ont-ils enlevé ? Combien ont-ils disparu dans l'ombre du monde ? Tant de jeunes enfants qui s'évaporent dans la nature sans aucune trace et qui restent à jamais introuvables.
Son cœur martelle ses côtes, la colère coule dans ses veines. Il doit sauver les onze autres, mais plus que tout, cette organisation doit tomber.
C'est gorgé d'un nouvel espoir et d'une nouvelle force que Peter s'éveille au petit matin. Il a passé plusieurs heures à réfléchir à un plan.
Il sait à présent ce qu'il doit faire. Et il le fera.
Les pas lourds de Diego se font entendre. Le malfrat se dirige tout droit vers sa cellule. Que lui veut-il ? D'habitude, il fait sortir tout le monde le matin alors pourquoi vient-il directement le voir ?
L'homme s'arrête devant la porte et tire le levier. La porte s'ouvre et grince sur ses gonds.
- Allez merdeux. Lui dit le kidnappeur avec un signe du menton en direction du couloir. Si on veut te vendre, tu dois ressembler à autre chose qu'un clodo. Il pointe sa batte électrique vers le jeune homme et le pousse à sortir.
Il l'accompagne jusqu'à la salle de bain où lui et Jimmy lui ont fait comprendre leur façon de penser.
- Dépêche ! j'ai pas toute la journée. Lui crie Diego. Une fois au milieu de la salle d'eau.
Quoi ? Il est sérieux ? Ce type croit vraiment qu'il va se mettre à poil comme ça ? Il a raison d'y croire.
Voyant le jeune homme droit et le regard fixe, ancré dans le sien, l'homme perd patience. Il attrape la chaînette qui pend du plafond et tire dessus. Peter reçoit l'eau directement sur la tête. C'est glacé, la surprise et le choc lui coupe la respiration, la brûlure du froid rougi sa peau et le fait frissonner. Putain combien de fois, encore, va-t-il se retrouver ici ? Ses dernières blessures guérissent à peine, son corps encore marqué. Il lui faut plusieurs minutes pour se rétablir.
Quand il se reprend enfin, le jeune héros redresse le visage, le flot glacé dégoulinant sur ses cheveux et son t-shirt en lambeaux. Son regard est implacable, sombre et foudroyant de colère. Ce type va tellement le regretter.
L'homme lâche finalement la poignée et l'eau est coupée. Avec véhémence il lui jette un haut impeccable. Que Peter attrape sans mal.
- T'auras moins l'air d'un con avec ça. Lui dit Diego. T'es déjà plein de bleus et de plaies, si en plus t'es habillé comme un SDF, on va avoir du mal à te vendre.
Le garçon enfile le vêtement après s'être débarrassé du sien désormais hors d'usage.
-Tu pourrais dire merci. Grogne le geôlier en l'effleurant de l'embout électrique.
Peter se crispe et ses muscles se tendent d'appréhension, une vive douleur se réveille dans son corps, il grimace et pose sa main sur son côté.
L'homme attend un peu, mais sa patience à des limites. Il appuie finalement sur la gâchette et l'arc électrique rentre en contact avec la peau humide de Peter. Comme la dernière fois, l'électricité parcours son corps et le brûle de l'intérieur. Pourra-t-il supporter ça encore longtemps ?
Le jeune homme se retient de crier, mais la décharge semble faire fondre ses organes et la douleur lui broie le crâne. Dans un souffle bruyant, il s'effondre à genoux, ses rotules rencontrant le sol carrelé, dur, froid et trempé.
Le kidnappeur éclate de rire et pose sa barre sur son épaule, un air victorieux sur son visage carré.
Peter reste ainsi, laissant son cœur et sa respiration reprendre un rythme normal.
Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'il se relève très difficilement, toujours sous l'œil amusé de Diego.
- Alors ? Demande le gars.
Peter a envi de vomir, il préfère être électrisé encore, plutôt que de dire ce que l'homme attend.
Son souhait est exaucé, Diego prend un malin plaisir à le faire souffrir. Ne pouvant se retenir plus le jeune homme s'effondre, son corps rencontrant le sol froid.
- ALORS ? Hurle Diego. J'ATTENDS !
Dégoûté et souffrant Peter capitule.
- Merci. Souffle-t-il tout bas en se relevant alors que son corps proteste. Il est dégoûté et se sent faible et comme un moins-que-rien. Mais il ne doit pas agir sous le coup de la colère.
- Tu vois ce n'était pas si compliqué. Se moque le kidnappeur. Ses éclats de rire raisonnent contre la faïence.
Peter parvient après mille efforts à se redresser puis il est finalement raccompagné dans sa pièce lugubre.
L'homme reste devant sa porte, sa barre électrifiée collée à celle-ci, à le surveiller pendant que chaque enfant est accompagné aux douches. Peter entend les pleures et les supplications des enfants et ça le dégoûte plus encore si c'est possible, quand le rire de Jimmy retenti.
Malheureusement à chaque fois que Peter s'approche trop près de sa porte ou bien qu'il la touche, Diego appuie sur la gâchette et envoie le courant dans le fer conducteur de cette dernière et le jeune homme reçoit une décharge.
C'est malheureusement, au tour d'Angel. La jeune fille est acculée au fond de son cachot, elle est prête à se battre pour éviter d'être humiliée.
Quand Jimmy s'approche un sourire sadique aux lèvres, elle se défend et le gifle, le bruit retenti dans la petite pièce sombre. L'homme est surpris et sa tête est penchée sur le côté, sa joue rouge et endolorie. Il se redresse les yeux brillants de rage et essaie, même s'il ne fait pas plus d'effort que ça, de retenir le coup qu'il lui met. Cette claque monstrueuse est suffisante pour la sonner, elle trébuche en arrière et tombe sur son lit.
L'homme se laisserait bien tenter, il faut avouer qu'il est difficile de ne pas succomber, surtout quand on est un homme comme Jimmy, sournois et sans pitié, mais le patron ne lui pardonnerait pas et les acheteurs encore moins. Il l'attrape par la taille et la soulève avant de la jeter par-dessus son épaule et de la porter comme un sac à patates. Avec un rire guttural, il se permet même de lui claquer une fesse. Elle se débat et crie, hurle, griffe, mord, mais rien n'y fait. Sa joue la brûle et la pique, ses yeux se remplissent de larmes.
Quand l'homme et son chargement passe devant la cellule de Peter, le jeune homme voit rouge, la colère qu'il ressent est incommensurable. La haine le consume tout entier. Il va les tuer tous les deux. Ils vont payer pour tout ce qu'ils ont fait, pour tout ce qu'ils font. Il pose sa main sur le montant de sa porte et au même instant reçoit de nouveau une décharge.
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