chapitre 5
La sortie est en réalité une promenade dans un carré bétonné, quartes murs hauts de plusieurs dizaines de mètres et des fils barbelés, le tout agrémenté de goudron défraîchi et de peinture grise. Très joyeux tout ça en somme.
Diego les pousse dans cette cour tristounette et referme la porte derrière eux les laissant seuls. Peut-être pense-t-il, et c'est étonnant qu'une tête pareille possède un cerveau, qu'il peut les laisser et qu'ils ne peuvent pas fuir ?
Bien sûr Peter pourrait sans difficulté aucune sauter par-dessus les murs, mais il ne peut fuir en laissant ces autres enfants enfermés ici. Qui sait ce que ces types seraient capables de leur faire ?
Ce doit être le matin assez tôt, parce que le soleil est discret et que la fraîcheur laisse penser à une douce matinée de printemps, mais la douceur n'a pas sa place ici.
Depuis combien de temps est-il là ? Et les autres ? Enfermé, drogué, battu et inconscient, il a un peu perdu la notion du temps.
Peter regarde de tous les côtés et observe attentivement le moindre recoin espérant trouver une échappatoire. Ça serait l'idéal qu'il puisse démolir les murs et passer à travers, mais les enfants pourraient-ils tenir leur langue et ne pas dévoiler qu'il est super fort, d'ailleurs est-il super fort ? Il est simplement Peter Parker ici, pas Spider-Man, sans tout son attirail est-il capable de les sauver ? Sans compter que si les kidnappeurs le prennent sur le fait et font le rapprochement, ils sauront qu'ils ont enlevé Spider-Man et comment toute cette histoire pourrait finir ?
Il y a trop de questions sans réponses et surtout trop d'insécurité concernant les autres et son identité secrète.
Une main se posant sur la sienne vient le sortir de ses pensées. Il se retourne et lève un poing, simple réflexe. Mais très vite, il baisse son bras quand la fille brune se tend et sursaute.
- Je suis désolée. Dit-elle. Je ne voulais pas t'embêter.
- Ce ne rien. Répond Peter incapable de décrocher ses yeux des profondeurs abyssales de ceux de son interlocutrice. C'est moi qui m'excuse.
- Je m'appelle Angel. Dit-elle. Elle se demande si ce garçon pourra les aider. Elle l'observe et se désole de voir le bleu sur sa joue et la coupure sur sa lèvre. Elle voit dans son regard tant de choses sombres et tant de doute et pourtant, tout au fond de ses pupilles brillent une conviction et une détermination sans faille.
- Peter. Dit-il en lui tendant la main.
La jolie brunette hésite puis finalement accepte la poignée de main du jeune homme.
- Dis-moi ? Lui demande le jeune homme alors qu'ils avancent tous les deux côte à côte et entament le premier tour de cette coure. Depuis combien de temps es-tu là ? Sais-tu où nous sommes ? Le jeune homme reste vigilant et observe la porte et le haut des murets afin d'être certain qu'ils ne sont pas écoutés.
La jeune fille l'observe alors qu'il est aux aguets. Il semble être intelligent et elle pourrait croire, à le voir ainsi, qu'il sait ce qu'il faut faire pour fuir d'ici, mais aussi pour libérer les autres.
- Je crois que ça fait cinq jours. Lui répond la jolie brune. Mais je n'en suis pas certaine. Rajoute cette dernière. On perd un peu la notion du temps ici.
Un instant s'en suit ou ni l'un ni l'autre ne parle, se contentant tous les deux de marcher lentement faisant le tour et profitant de l'air frais, même si le jeune héros préférerait profiter de l'air frais ailleurs.
Il entend des oiseaux chanter et voit le sommet d'arbres au-dessus des barbelés et une odeur de sous-bois. Ils sont en pleine nature dans une forêt de conifères à première vue. Où est cette forêt ?
- Tu as été impressionnant avec Diego. Avoue la fille. Mais il peut se monter assez violent quand on ne lui obéit pas.
Peter se tourne et la regarde attentivement sans jamais cesser ses pas. Il jette un œil à tous les enfants qui sont là. Il y a cinq filles et cinq garçons, plus Angel et lui. La plus jeune ne doit pas avoir plus de sept ou huit ans et tous deux semblent être les plus âgés.
- Dis-moi encore une chose ? Peter stoppe ses pas et fait face à la jeune fille.
- Je t'écoute. Dit-elle.
- Est-ce que Diego s'en est pris à toi ou aux autres ? Demande le jeune homme.
Qu'il se fasse attaquer par ce gars ne lui fait pas peur, il a l'habitude de se battre et de recevoir les coups, de plus son corps est assez fort pour encaisser tout ça. Mais les enfants et cette fille ?
- Au début, j'ai voulu fuir. Dit-elle d'une voix tremblante. Comme toi. Mais il m'a attrapé et il m'a cogné si fort dans le ventre que je n'ai pas pu me lever pendant des heures. Raconte-t-elle mal à l'aise. Il est violent. Des trois c'est le plus fou. Explique la brunette.
Peter rumine sa colère. Ça le dépasse qu'un type du gabarit de Diego puisse s'en prendre à des enfants ou à une fille. C'est incroyablement dégueulasse. Ce gars n'est qu'un lâche sans scrupules ni honneur. Ceci dit, il est certain maintenant qu'ils ne sont que trois ici à les avoir kidnappés.
- Écoute, je sais pourquoi on est là. Avoue Peter. Je les ai entendu parler et je peux t'assurer que je ne compte pas moisir ici. Rajoute-t-il. Mais je ne peux pas vous laisser là.
Il observe encore les environs et voit une petite fille pleurer dans un coin et deux autres enfants en larmes acculés contre le mur du fond. Ces gosses doivent avoir de la famille qui doit être désespérée à cet instant.
- Je ne sais pas ce que tu comptes faire. Commence à lui dire Angel. Mais ne dis rien aux plus jeunes, je ne veux pas qu'ils aient de faux espoirs.
- Je ne leur dirais rien. Lui répond Peter. Quant à l'espoir. Dit-il d'un ton déterminé. Je ferais tout mon possible pour que vous le retrouviez.
La belle brune sourit, et cela pour la première fois depuis qu'elle a été enlevée tout près de chez elle. Ce garçon est incroyablement optimiste et c'est un pont qui relie les ténèbres à la clarté, lumière qui laisse entrevoir le bout du tunnel. Comme elle aimerait qu'il puisse avoir raison et que tous les douze puissent s'échapper. Peut-être qu'il est celui qui les sauvera ?
- Allez les gnomes ! Crie Diego à la porte, mettant fin à leur discussion. Bougez-vous le cul.
Tous les enfants se précipitent ne voulant s'attirer les foudres de l'homme. Angel et Peter fermant la voie.
Quand tous sont entrés et que c'est au tour du jeune homme de s'engouffrer à l'intérieur, le kidnapper l'arrête, faisant barrage avec son bras contre le montant de la porte. Les deux se font face.
- Ne fais pas trop le malin morveux. Lui dit l'homme patibulaire en poustillonnant. Ou tu vas amèrement le regretter. L'homme déteste Peter depuis le moment où il s'est battu dans cette ruelle et plus encore depuis sa fuite. Ce gosse est bien trop arrogant à ses yeux.
Peter ne dit rien retenant avec peine la diatribe qui lui brûle la langue. Il se contente de regarder, l'homme dans les yeux et d'attendre.
- Diego ! Crie le second gars celui à la voix inquiétante. Qu'est-ce que tu fous ?
- Détends-toi Jimmy. Lui répond le premier. On ne fait que discuter. Dit-il alors que son regard est plongé dans celui du jeune homme.
L'homme lève finalement son bras et laisse passer Peter.
Tous les enfants sont de nouveau enfermés dans leur cellule.
Quand la porte en fer claque durement devant Peter, il a toutes les peines du monde à se retenir de hurler. Il serre les dents et frappe contre le mur. Le fissurant légèrement. La colère se mêle à l'impuissance et malmène son cœur et son esprit. Il faut qu'il les sorte d'ici.
Peter entend des bruits de pas dans le couloir après ce qui semble être des heures. Il y a un bruit sec, un grincement et enfin un frottement. Il se demande bien ce que ça peut être.
Il entend les pas s'approcher plus encore et s'arrêter à chaque pièce jusqu'à ce que le propriétaire de ses pas arrive devant sa porte.
Peter se redresse et attend. Mais ce n'est pas sa porte qui s'ouvre, mais la petite trappe tout en bas. Le jeune homme regarde avec attention et attend appréhendant le moindre geste.
Un plateau est glissé sur le sol, une étrange bouillie blanchâtre sur le milieu avec ce qui s'apparente à du pain et une pomme. Même si l'aspect est plutôt bizarre, Peter meurt de faim. Son ventre gargouille. Il ne s'en était pas rendu compte jusque-là trop occupé à ruminer sa colère et échafauder des plans sur leur fuite.
- Mange ! Lui ordonne Diego durement.
Peter s'approche avec précaution et s'accroupit pour attraper son plateau. Mais à l'instant où ses doigts se referment sur le bord plastifié, l'homme fait un geste du poignet envoyant valser le plateau et tout son contenu, sur le sol et sur Peter, qui trébuche et se retrouve sur ses fesses, couvert de purée froide.
Le rire qui raisonne dans le couloir et la cellule suffit à Peter pour perdre tout self-contrôle. Rapide, il se relève et attrape le poignet de l'homme qui arrête de s'esclaffer instantanément et tord ce dernier jusqu'à entendre un craquement plutôt sinistre.
Le rire est remplacé par un hurlement de douleur.
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