Chapitre 14 (PDV: Jena)
Je ne sus combien de temps, je restai précisément à l'extérieur de l'hôpital, enfin jusqu'à ce que Tony me rejoigne dehors. J'étais mal, mais je n'étais évidemment pas la seule. Lui aussi souffrait, et cela se voyait énormément. Qui étais-je pour pouvoir prétendre le contraire ? Son ex-femme, certainement, mais il était père, et voir sa fille, enfin notre fille dans cet état, ne pouvait pas le laisser indifférent, et ne le laisserait jamais le devenir. Il avait toujours su être présent pour elle, toujours, même quand les circonstances ne pouvaient pas lui permettre d'être là. Il avait toujours fait de son mieux, et c'est pour cela que je l'admirais auparavant, et ce pourquoi je l'enviai d'avoir aujourd'hui l'attention d'Eva , alors que tout comme moi, il venait de rater la mission la plus importante de sa vie : Protéger Evalia.
Je ne peux pas lui en vouloir, enfin presque, cela était quand même arrivé quand elle se trouvait chez lui, alors qu'il était absent, et pourtant, je n'arrivais plus à dire que cela était de sa faute. Et il aurait sans doute fait de même, si cet incident se serait déroulé de mon côté pendant les vacances. Tony a toujours su être un homme clément avec tout le monde, et il l'était même avec moi, alors que nous étions séparés par ma faute, et je sais que ce n'était pas pour moi qu'il le faisait, après tout, je l'ai blessé, je lui ai retiré Eva assez longtemps, donc tout cela, c'était pour elle qu'il le faisait, pour Evalia.
Je fis dévier mon regard vers Tony, il restait dans un calme olympien, alors qu'il me tendait un verre de café que je pris soigneusement entre mes mains, le remerciant d'un acquiescement silencieux de la tête, c'était à la fois gênant et gratifiant de voir qu'il ne pensait pas qu'à lui dans l'histoire, il pensait aux conséquences que cela avaient sur tout l'entourage, comme si c'était tout à fait légitime, et comme il l'avait fait alors que nous nous déchirions pour la garde d'Evalia, quatorze ans plus tôt.
La vie apportait tellement de choses, que cela soit en bien ou en mal, et malheureusement pour le couple que je formais avec Tony, j'avais décidé d'opter pour le mal. Je ne pouvais plus supporter qui il était, qui il serait et ce qu'il ferait d'Evalia. Elle n'avait que deux ans et toute la vie devant elle, sans pour autant qu'il devienne primordial qu'elle soit une enfant gâtée, et je ne voulais pas qu'elle le devienne, voilà pourquoi tout était fini, mais aussi pourquoi je faisais tout mon possible pour en avoir la garde exclusive.
La pluie battait à l'extérieur du tribunal tout comme les paroles de l'avocat de Tony à mon égard, il me faisait passer pour une menteuse, pour la méchante de l'histoire, mais n'était-ce pas ce que j'étais au final ? Et pourtant, il était légitime pour moi de me battre ainsi pour ma fille ! Serait-il la pour elle quand elle en aurait besoin ? Serait-il comment faire pour la calmer, alors qu'auparavant, il n'était pas là. Alors pourquoi se battait-il lui aussi ? Mon avocat ainsi que celui de Tony n'arrivaient pas à trouver un terrain d'entente, rabaissant littéralement la partie adverse, l'accusée contre le plaignant, la plaignante contre l'accusé, un jeu du chat et la souris pour les grandes personnes...
Evalia, quant à elle, se trouvait sur les genoux de mon père, ne comprenant pas au vu de son jeune âge pourquoi Tony et moi-même faisions tout pour nous défendre. Oui, c'était notre manière de nous défendre en envoyant nos avocats se chamailler, alors que dans la vraie vie, ses derniers s'entendaient parfaitement, je le savais, pour les avoir vus travailler ensemble et pour les avoir vus au parc avec leurs deux petits garçons. Ce couple se disputait donc pour savoir chez qui Evalia serait pour le restant de ses jours. Et je ne m'en voulais pas, je ne voulais qu'une seule chose : ma fille.
Cependant, elle ne quittait aucun de nous du regard, souriant quand Tony lui souriait, de même avec moi. Je pouvais comprendre qu'elle nous aimait de la même manière, nous rendant tout simplement l'amour que nous lui donnions et que nous lui donnerions dans un avenir proche. Les heures défilaient, étaient difficiles à maintenir en haleine et pour trouver assez rapidement un accord, aucun de nous ne voulait laisser Evalia à l'autre, mon travail étant l'excuse de Tony, sa popularité et la peur de voir la promesse de ne jamais voir Evalia face au média rompue pour ma part, faisant de ce simple jugement, une affaire de la plus haute importance. Puis une mini délivrance fut autorisée, je ne pus me résoudre à prendre mon enfant dans mes bras, regardant Tony s'approcher de moi, de nous, enfin plus précisément de la seule personne qui lui restait dans la vie, avec seulement son accord, il la prit dans ses bras et l'embrassa sur la joue, la faisant rire, et décompresser de cette situation pour laquelle elle était la cible, et pour laquelle, elle ne pouvait dire mots, ce qui pour une enfant était injuste... Enfin, elle était trop jeune pour tout savoir, tout comprendre, et pourtant au plus profond de mon cœur de maman, je savais qu'elle comprenait à sa manière qu'entre son père et moi s'était terminé, et elle n'en perdait pas son sourire pour autant, enfouissant sa petite tête dans le cou de son père qui me fixa quelques instants.
_Jena nous pourrions sans doute trouver un accord pour Evalia, l'avoir une semaine sur deux chacun, je ne pourrai pas accepter de ne pas la voir, et tu le sais, et puis, personnellement, je ne pourrai pas me faire à l'idée de te l'enlever, si cette prise de jugement est difficile pour moi, elle doit aussi l'être pour toi, et même si elle ne le montre pas, doit être encore plus dur pour Eva.
_Non, je ne veux pas qu'elle devienne comme toi ! Je ne veux pas, qu'elle ait tout ce qu'elle veut sur un plateau d'argent rien qu'en claquant des doigts. Je peux comprendre que tu l'aimes énormément, mais je fais ça pour elle ! Pour qu'elle soit heureuse avec l'amour que je lui donne et non pas parce que je ne sais pas lui offrir ce qu'elle veut dans la seconde. Je sais que ça, tu ne le comprends pas Tony, tu as toujours vécu en ayant ce que tu voulais dans l'heure. Et Eva, c'est tout ce qu'il me reste, et elle pourra comprendre un jour que ce que j'ai fait, c'était pour elle, mais là, je ne crois pas qu'elle puisse donner son avis.
_Mais tu trouves cela normal que du jour au lendemain, tu me la retires en sortant un tas d'excuses bidons ? Est-ce que tu trouves cela normal Jena ?! C'est aussi ma fille à ce que je sache, et j'ai aussi un droit d'autorité sur elle tout comme toi, donc, mettons nous d'accord. Je veux que cela soit une garde alternée et non exclusive comme tu veux le penser, je veux Evalia une semaine sur deux.
_Je ne veux pas qu'elle devienne comme toi et qu'elle commence à me faire des caprices à chaque fois qu'elle revienne de chez-toi ! Et puis on ne pourra pas le faire !
Ma voix s'était élevée dans les aiguës à la fin de ma phrase, alors que Tony me regardait incrédule sur ce qu'il venait de se passer et surtout sur ce que je venais d'énoncer, je lui retirais pas seulement sa fille, mais je l'éloignais vraisemblablement de lui. J'en étais obligée, et sur le coup, je m'en fichais au sens propre du terme. Je voulais qu'il me laisse Eva, comme tout père l'aurait fait avant lui. Mais il s'acharnait.
Et il s'acharnait toujours. Comme en cet instant où il sourit lentement avant d'incliner la tête sur le côté, chose qu'il avait toujours faite auparavant pour voir si j'étais réactive à ce qu'il se passait autour de moi, et pourtant, il me fallut une bonne vingtaine de seconde avant de réagir et de le repousser, tout en faisant attention à ne pas renverser le café que je tenais dans les mains. Son rire franchit finalement la barrière de mes oreilles, pourquoi riait-il ?
Était-ce totalement nerveux de sa part ?
Décompressait-il de cette manière pour une fois ou allait-il sombrer dans l'alcool lorsqu'il rentrerait chez lui ?
Je n'en savais rien, et cela faisait peur à vrai dire. Evalia était ce qu'il avait de plus précieux dans la vie avant même ce qui le maintenait lui-même en vie, avant même ce fameux réacteur ARK. Alors pourquoi s'occupait-il de moi ? Alors que personnellement, je ne me voyais pas avoir besoin de lui... Mais c'était avec lui que j'ai pu avoir Evalia dans ma vie. Et c'était pour lui que je voulais Evalia, pour que nous formions une famille heureuse, mais j'ai tout fait échoué, enfin bien qu'il en soit aussi responsable par sa réputation. Et aujourd'hui, rien n'avait changé, Evalia était le secret, un secret bien gardé et il restait attentif à sa manière, mais en cet instant nous risquions tous deux de rater l'éventuel réveil d'Evalia si elle se réveillait maintenant, mais était-ce probable ? Non pas vraiment ! Je restai donc dehors avec mon ex-mari, regardant encore par moment ce dernier, cherchant de voir ce à quoi il pensait par contre impossible de le voir. Un soupir franchit donc mes lèvres et je le vis se redresser légèrement, un sourire quelque peu nostalgique sur son visage.
_Jena ?
_Oui ? Qu'il y a-t-il ?
_Tu te souviens du moment où tu m'as annoncé que tu attendais Evalia ? Moi, je m'en souviens comme si c'était hier !
_Comment l'oublier ? C'était le moment où nous étions bien tous les deux ! Pourquoi me demandes-tu cela ?
_Parce que je me demande si je n'avais pas fait une erreur en la cachant finalement ? Est-ce que tu crois qu'on a eu raison de faire cela ? Je veux dire ce n'est pas valorisant pour Eva, et je voulais qu'elle soit heureuse, et je crois comprendre qu'elle ne l'est pas. C'est notre fille, et à cause de moi, elle ne peut pas faire ce qu'elle voudrait faire avec moi...
_Oui, mais c'est ce que nous voulions Tony, et puis il y a six ans, tu as révélé être Iron Man, comment veux-tu maintenant le dire, c'est risqué sa vie pour te toucher moralement et t'éliminer ?
_Et pourtant, c'est le cas, c'est le cas, quelqu'un l'a touché et cela nous touche en même temps, mais je ne peux pas savoir que quelqu'un court dehors, alors qu'il a touché notre fille, notre Evalia, je ne peux pas accepter que cette personne ne sache rien d'elle. Ne sache pas qu'il s'en est pris à quelqu'un d'important.
_Tony ça ne changera rien du tout, des centaines de femmes d'entreprise et de femmes d'état se font violer, sont victimes d'attouchements sexuels et rien ne change dans la loi, ça ne fait rien du tout. J'en suis très certaines parce que c'est mon métier et tu le sais très bien, le nombre de fois, où tu m'as vu sur le point de craquer, car je ne trouvais pas tel ou tel coupable, mais ça va être pareil pour Eva, c'est un cas comme un autre, mais en même temps non, car comme tu l'as dit, c'est notre princesse, mais cela ne changera rien pour la loi.
_Mais... Je...
_Non Tony, toi comme moi ne pouvons rien faire d'autre que de laisser la justice faire, qu'elle soit justement juste ou non.
Ma réponse sembla le frustrer d'avantage, malgré que cela ne soit pas dans mes intentions, je voulais juste lui montrer la dure réalité du cas qu'il nous arrivait si subitement, et nous voir d'accord sur ce même point, me pouvait ce que j'avais pu apercevoir plus tôt : Tony ferait réellement tout pour Evalia, même se dire qu'il est temps d'avouer la réalité au monde entier, mais ce n'était pas le moment, ni l'instant de le faire. Il fallait d'abord qu'Eva se réveille et que toute cette histoire se passe sans nouveaux encombres, il fallait qu'elle prenne aussi confiance en elle, qu'elle se batte pour retrouver celle qu'elle était avant de se battre une nouvelle fois à son agresseur, et pour cela, je ne pouvais pas permettre à Tony de faire n'importe quoi. Notre fille était notre priorité, et non tout ce qui touchait de près ou de loin à l'image qu'il avait longtemps donné de lui-même.
Un nouveau soupir franchit ses lèvres avant qu'il ne passe une main dans les cheveux, il savait que j'avais raison. Il savait parfaitement que je n'allais pas le laisser faire ce qu'il voulait faire, ni lui permettre de faire parler de lui alors qu'Eva était encore dans une fragilité physique et mentale très haute. Il devait donc tout abandonner pour nous aider à mettre en œuvre des stratégies qui permettraient à Evalia. Et il n'était pas question de l'abandonner.
Pas maintenant.
Ni jamais.
Jamais.
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Un nouveau chapitre avec un mois de retard, encore une fois, je suis totalement désolée, mais je veux que tout soit parfait pour vous, que vous restiez accroché à Evalia et aux autres malgré les circonstances difficiles qui arrivent en ce moment. Pour mon côté, je suis malade et vous le savez certainement et j'ai dans l'idée de créer un livre sur la maladie, mais du point de vue de la maladie. En tout cas, j'espère que le chapitre vous a plu, je ferai en sorte que le chapitre suivant arrive assez rapidement.
En tout cas, merci, nous approchons tout petit doucement des 11 000 vues, et je ne peux que vous remerciez. Merci beaucoup.
Je vous aime ~
GhostAdventures-SLG
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