Chapitre 13 (PDV: Tony)
L'angoisse était présente dans la pièce, tout comme la peur et la haine, mais nous gardions l'espoir qu'elle puisse se réveiller d'un moment à l'autre, de part les pulsations qui augmentaient et devenaient de plus en plus réguliers sur le cardiogramme. Et pourtant, l'inquiétude, restait maître dans cette pièce. Quand allait-elle se réveiller ? Quand allait-elle revenir d'entre les morts ? Cela personne ne pouvait y répondre.
Malgré tout, nous restions là, à regarder son corps encore inerte, encore mort.
Son sourire devenait un manque, et nous l'attendions avec impatience, comme un drogué attendant l'arrivée de son dealer pour reprendre ses doses dont il était dépendant, et nous étions dépendants à ce sourire qui avait marqué nos vies dés la première fois où elle nous l'avait adressé. Après tout, elle était notre enfant, notre fille, notre trésor, et un enfoiré avait osé la détruire, de l'intérieur, de l'extérieur, la détruire tout simplement, et il se permettait de courir librement, parce qu'on ne pouvait pas l'intercepter tant qu'Evalia restait dans son état comateux. Elle ne méritait pas cela et cette même personne en avait décidé autrement, sans savoir les répercutions que cela allait engendrer, autant pour lui que pour Eva.
Une Eva qui restait dans un sommeil profond, bien trop profond à mon goût. Qu'aurais-je dû faire pour qu'Evalia ne soit pas dans cet état ? Qu'aurais-je bien pu faire ? Savoir ce qu'il se passait réellement au lycée quand je sentais qu'elle me mentait sur quelques points de son récit journalier. Je voyais bien qu'elle hésitait sur certains point, qu'elle mentait de plus en plus. Était-ce pour tout simplement se protéger de la vie scolaire ? Se protéger de qui j'étais ? Se protéger de ce secret qui coule depuis plus de seize ans dans nos vies, et que j'ai quelque peu enfreint en allant la chercher au lycée ? Était-ce tout simplement une conséquence de ce que j'avais pu faire ? Étais-je donc finalement le coupable de son état ? Je ne pouvais pas me l'imaginé, si tout ce qu'il lui arrivait devait être de ma faute, je ne pourrai pas m'en remettre. Je ne pouvais pas être le responsable de son état.
Je ne pouvais permettre à personne de m'accuser de l'état de santé de ma fille, car je n'en étais pas responsable, tout ce qui était arrivé n'était donc pas de ma faute. Je lâchai un soupir, alors que je portai à ma bouche l'une des mains de cette princesse endormie pour ce qui semblait pour moi une éternité, bien que je savais parfaitement que cela n'était qu'une situation ressente, mais, avec des conséquences terribles sur nous tous réunis. Qui laisserait sortir Evalia sans surveillance à présent ? Qui n'aurait pas peur pour elle ? Ces deux questions se répondaient par une seule réponse : personne. Plus jamais, je ne laisserai pas Eva sortir sans surveillance, pas après ce cauchemar... Pas avec cet acte. Je voulais la venger, j'en étais en plein droit. Il fallait être irresponsable pour ne pas demander vengeance, il fallait être complètement inconscient pour ne pas venger sa descendance, pour ne pas mettre en œuvre une série de plans pour arrêter cet homme qui avait osé lui volé son innocence par la violence, qui avait fait de ma fille, une poupée de chaire le temps de plusieurs minutes de torture, et allais-je le laisser s'en sortir ? Non. Je bisai donc la main de ma fille, alors que des larmes trop souvent retenue se mirent à perler lentement sur mes joues, et pourtant, je ne la lâchai pas du regard jusqu'au moment où sa mère décida de se lever et de nous adresser un regard « froid » ; il ne nous était pas destiné, mais il restait froid, elle en voulait elle aussi à cet homme.
_Les garçons... Je vais aller au poste, je ne peux pas laisser ce connard en liberté, faut que les choses bougent., fit-elle de sa voix froide, qui me glaça instantanément le sang.
Mais était-elle folle ? Voulait-elle mettre notre situation en péril ? Voulait-elle encore plus exposer Evalia au danger, alors qu'aucun de nous ne le voulait ? Je n'en savais rien, mais cela m'inquiétait tout de même. Je ne pouvais que comprendre son choix, mais je ne voulais que personne, qui qu'elle soit, s'en prenne à ma fille pour en faire ma faiblesse et ainsi facilement me détruire, bien qu'en ce moment, s'en était le cas, et personne ne le savait, à l'exception du corps médical à présent...
_Jena..., souffla Didier, semblant être en accord silencieux avec moi. Tu sais très bien qu'on ne peut pas, il y a le secret qui nous lie tous, et surtout qui te lie toi et Tony depuis 18 ans et qui te relient toi, Eva et Tony depuis 16 ans... Tu ne peux pas tout gâcher...
Effectivement, comme je le pensais, Didier se trouvait en accord avec moi, il savait les risques que pouvaient provoquer une telle révélation, les fuites existaient souvent quand il s'agissait du réseau policier, et pourtant, tous y faisait encore confiance, après tout, les supers-héros ne doivent pas toujours jouer les nounous de la police, à l'exception d'attaque extra-terrestre, même si agir seul pour sauver le monde me manquait atrocement... Mais ce n'était pas ce qui devait être prioritaire, Evalia, elle devait l'être, et elle l'était. J'acquiesçai d'un bref mouvement de la tête avant de regarder une nouvelle fois Jena.
_Il a raison Jena, faut trouver une autre solution... Mais il faut que je sois là au procès, il faut qu'on mente... Encore...
_Oui, mais Tony, c'est ta fille et pour ta putain de popularité tu veux encore effacer avec ton intellect, ton existence de la vie de ta fille.
_Oui ! Mais ce n'est pas pour ma putain de popularité que je fais cela ! C'est pour sa sécurité ! Tu veux qu'elle devienne l'éventuelle cible d'un ennemi ? Tu ne crois pas que c'est déjà pas assez de savoir que même sans savoir qu'elle est de mon sang, qu'on la mette dans cet état, qu'on se permette de la salir, de la démolir ?! Jena ouvre les yeux merde ! Nous étions d'accord !
Oui, nous étions d'accord, et je ne pouvais pas lui permettre de corrompre cette promesse, pas après tant d'années. Un nouveau soupir franchit mes lèvres, tandis que je regardais à présent Evalia, qui reprenait peu à peu quelque couleur au niveau du visage. Malgré ce qui venait de lui arriver, elle restait magnifique selon moi. Malgré ses blessures, l'affaissement de sa force mental, je pouvais deviner qu'une petite part de cette dernière était toujours présente en elle, prête à ne pas abandonner toutes les démarches qui allaient suivre pour arrêter le malfrat en liberté. Je soupirai, je ne pouvais donc pas laisser ma fille, il fallait donc que je sois présent, pour qui allait me prendre Eva, si je n'étais pas là pour la soutenir de toutes les manières possibles, et même si le mensonge doit encore agir pour se protéger mutuellement, je savais parfaitement qu'Evalia me comprendrait comme nous nous sommes toujours compris jusqu'à présent. Mais la confiance serait-elle toujours là ? Aura-t-elle peur des hommes en général ? Je n'en savais rien, malgré le génie qu'on m'attribuait, cette fois, je ne pouvais y répondre à l'avance, je ne pouvais ni deviner, ni prédire ce qu'elle ferait. Et pourtant, quoi qu'elle décide de faire, je la soutiendrai, plus que normalement, parce qu'elle est de mon sang, et que parce qu'on n'a pas fait que la toucher, on l'a détruite, on a détruit ses rêves, et il est du devoir de la famille, de mon devoir de lui prouver qu'elle est toujours elle, qu'elle peut toujours se relever. Je soupirai alors que la voix de Jena retentit à nouveau dans ma tête, signe que je redevenais attentif à ce qu'elle disait.
_Je sais ! Mais, je ne peux pas croire que tu veux encore te cacher alors qu'elle a besoin de nous ?
_Jena, je serais là pour elle, toujours, je serais au tribunal avec vous deux, mais on peut façonner un mensonge pour que je puisse aussi la défendre, et puis, je payerai mon avocat pour la défendre, il connaît Eva et les éventuels mensonges que nous pouvons sortir pour défendre le secret, notre secret commun et défendre notre fille. Fais-moi confiance Jena, au moins pour une fois.
La lueur qu'elle avait dans les yeux s'affaissa rapidement, je compris donc qu'elle allait en pleurer, qu'elle ne tiendrait pas le coup elle aussi, je savais parfaitement qu'elle était tout aussi touchée que nous, mais elle devait être forte tout comme nous, comprendre que si aucun de nous se trouvait en situation de force sur lui-même, jamais Eva ne redressera avec notre aide, jamais. Et en temps que membre des forces de l'ordre, elle devait le savoir, et être la plus préparée de nous trois. Mais malgré tout, même si nous ne sommes plus ensemble, je peux comprendre ce qu'elle ressent, et je ne lui en voudrai pas si elle lâche, mais je veux qu'elle comprenne qu'Eva' a autant besoin d'elle que de moi, qu'elle a entièrement besoin de nous, besoin de ses parents, besoin de les voir unis pour elle, bien que toutes entières réconciliations sont à présent impossibles, mais que ne ferions-nous pas pour elle ?
Je redressai une nouvelle fois mon regard vers elle, souriant légèrement, mais elle restait fixée sur ses positions, elle s'était crispée, se retenait de pleurer, se retenait de décharger sa peine, certes, j'en étais contre parce qu'Eva était dans la pièce, mais je pouvais comprendre qu'elle avait besoin d'une nouvelle dose d'oxygène, besoin de prendre l'air, d'être elle-même, une mère en détresse...
_Jena. Tu devrais sortir et prendre un peu l'air...
_Il a raison Jena, rajouta Didier, une nouvelle fois d'accord avec ce que je voulais qu'elle comprenne, vas prendre l'air et relâche un peu la pression... Tu refoules des larmes, alors que cette fois, tu as le droit de pleurer, tu n'as pas à te retenir.
_Je ne peux pas l'abandonner !
_Mais tu ne l'abandonneras pas chérie, tu as aussi besoin de laisser éclater tes sentiments et je sais que tu ne le feras pas si tu restes ici auprès d'elle. Fais-le, on restera près d'elle, et je sais aussi à quoi tu penses, ne t'en fais pas, si elle se réveille, on sortira de la chambre, car je connais aussi la procédure d'auto-défense mentale des victimes... Jena s'il-te-plaît !
_Didier a raison Jena. Décompresse-toi aussi, et fais-le avant que tu ne décompresses sur Eva et que tu fasses l'erreur de tout lui balancer alors qu'elle reprendra à peine ses esprits, et je sais que ce n'est pas ce que tu veux. Alors écoute Didier... Et ne fais pas ta tête de mule.
_Mais !!
_Il n'y a pas de « mais » qui compte chérie ! Si Eva est tout ce que tu as de plus cher dans la vie avec Jamie, fais ce qu'on te demande, on ne veut pas que cela fasse de mauvaises conséquences sur toi ni sur Eva..., termina Didier, tout en hochant la tête.
Elle prit encore quelque temps avant de partir suite à notre demande, on pouvait voir en elle toute la tristesse qui la consumait. On pouvait comprendre en un seul regard qu'elle avait elle aussi l'impression d'avoir tout perdu, de ne pas avoir seulement perdu son enfant, mais d'avoir perdu son rôle de mère... Un rôle qu'elle affectionnait depuis tellement longtemps, depuis qu'elle a tenu Evalia dans ses bras la première fois, qu'elle affectionnait encore plus lors de notre séparation. Jamais, elle n'avait abandonné Evalia de la sorte, jamais, elle n'avait eut l'impression d'être si impuissante dans une telle situation, et je ne pouvais que la comprendre, j'étais tout aussi impuissant qu'elle, je ne savais pas où me mettre, j'avais l'esprit revanchard et ce n'était pas encore assez, je voulais voir cet homme mourir ou être emprisonné pour être totalement satisfait. Je relâchai doucement la main de ma fille pour me tourner vers Didier. Finalement, il n'était pas si néfaste que cela, il pouvait m'aider, mais aussi être de mon côté, être du côté paternel en demandant à Jena de m'écouter et d'une certaine manière me faire confiance sur ce que je trouvais légitime pour elle comme pour Evalia. Didier pouvait donc avoir lui aussi ma confiance, après tout, c'est aussi un peu grâce à lui qu'Evalia devenait la jeune femme responsable que je connaissais, et que sa personnalité était unique en son genre. C'était donc en partie grâce à lui qu'Evalia pouvait discerner le bien du mal, qu'elle pouvait avoir des responsabilités de son âge, qu'elle pouvait vivre une adolescence normale face à la personnalité que j'étais.
Il avait donc une part de responsabilité sur le fait qu'Evalia acceptait encore d'être mon ombre, mais pour combien de temps ? Evalia, allait-elle encore accepter d'être celle qu'elle n'était pas réellement, après cela allait-elle encore être elle tout simplement ? Je n'y croyais pas. Pour moi, une nouvelle Evalia allait naître, prendre le dessus. Mais dans quel sens ? Comment allions-nous la retrouver ? La discerner à nouveau ? Tant de questions auxquelles des milliers de réponses coassent sur leurs présences. Des milliers de scénarios possibles et inimaginables.
Un nouvel échange de regards avec Didier, et je pus voir que lui aussi en souffrait, il fallait donc que les deux « pères » que nous étions discutions ensemble. Je le regardai et souris lentement. Il le fallait.
_ Didier ? Puis-je te parler ?
_ Oui... Bien sûr. Qu'il y a-t-il ?
_ J'aimerais te proposer à toi ainsi qu'à Jena de venir habiter quelque temps à la tour, c'est pour Eva, pour qu'elle puisse nous avoir tout trois auprès d'elle pendant toute l'épreuve qui va suivre son retour à la maison. Et puis, je pense qu'elle aurait aussi besoin de son frère, se dire qu'elle puisse se battre pour une personne en qui elle pose énormément de sentiments, se dire qu'elle va se battre pour la joie de son frère, et en ce qui le concerne, je paierai ses nouveaux frais scolaires, car c'est moi qui le propose. Et puis cela pourra me permettre de te remercier pour les quatorze années où tu t'es occupé d'elle à ma place, tu es comme un second père pour elle. Et je me dois de te remercier, j'aurais sans doute jamais pu faire ce que tu as fait...
_ Euh... Et bien... Si c'est ce qu'il y a de mieux pour Eva, je ne peux faire qu'accepter Tony, et puis, il faut que tu saches, certes, Evalia me considère comme un père, mais jamais je ne le serai totalement, elle a beaucoup d'estime pour toi, tu es son modèle, elle a toujours voulu avoir des points communs avec toi, je sais bien qu'elle ne voulait pas que tu le saches, mais elle ne s'en remettrait pas si tu décidais de la laisser toute sa vie dans ton ombre. Ce secret, elle a énormément de fois voulut l'effacer, y tirer un trait et le dire à voix haute, elle en souffre de pas pouvoir faire des sorties père/fille comme les autres adolescentes de son âge. Je vais peut-être contredire Jena, mais je pense que tu as ta place à ses côtés le jour où un procès serait déterminée, elle aura besoin que tu la soutiennes et que tu agisses comme le père que tu es. Tant pis que tu sois Tony Stark ou pas, tu es son père avant tout, alors je pense que pour une fois ce secret pourrait s'effacer une bonne fois pour toute. Pour Eva, pour son bonheur.
_ Mais pourquoi avoir dit à Jena qu'elle ne pouvait pas aller se plaindre alors ?
_ Tout simplement parce que ce n'est pas à elle seule de le briser, mais à vous deux ! Vous devez accomplir ce dernier geste ensemble pour Eva, vous êtes ses parents !
Je compris donc où il voulait en venir, nous avions choisi cette mise à l'ombre d'Eva en « famille », nous devions donc la sortir de l'ombre « ensemble ». C'était compréhensible à présent.
Que ne ferai-je donc pas pour qu'Eva soit heureuse ? Car elle ne l'était pas entièrement d'après Didier, et puis, il avait sans doute raison. Enfin, il avait certainement raison.
Tout dépendait de Jena à présent, car mon choix, lui était fait. Evalia devait sortir de mon ombre.
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Voilà le chapitre 13 du point de vue de Tony terminé, je sais il a mis plus d'un mois avant d'apparaître, j'ai eu du mal à y trouver un dénouement correct, et j'ai réécrit plusieurs fois certains passages, car ils ne me plaisaient pas. En tout cas, j'espère grandement que ce chapitre vous plaît.
Merci de continuer à me lire, car maintenant, nous avons dépassé le cap des 10,000 vues et tout cela, c'est encore grâce à vous, lorsque j'ai commencé l'écriture de "Dans l'ombre de mon père", je ne pensais pas y arriver. Je vous remercie encore grandement. Merci beaucoup.
Avec toute mon amitié.
GhostAdventures-SLG
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