Amère victoire
Elle avait gagné le tournoi, grâce à Samaël, et à présent elle comprenait aussi à quel point il lui manquait quand elle était loin de lui.
Elle sourit, tandis que le héraut l'escortait jusqu'aux appartements où le roi s'était installé pour ce séjour à Akhielano.
Samaël. Il l'avait demandée en mariage.
La porte des appartements royaux s'ouvrit devant elle.
Samaël... Elle lui répondrait oui !
C'est un sourire aux lèvres qu'elle s'agenouilla devant le roi Guillaume :
- Votre Majesté...
- Relevez-vous, Anathea.
La Voleuse obéit et leva la tête, croisant le regard bienveillant de son souverain.
- Vous avez gagné haut la main, poursuivit ce dernier. Je vous félicite, vous avez été spectaculaire ! Les magiciens présents m'ont permis d'observerla manière dont vous avez triomphé de la dernière Épreuve. Cela m'a impressionné.
- Merci, votre Majesté.
- Ainsi, vous recevrez bien sûr votre prix, mais j'ai d'abord une offre à vous faire...
Anathea écarquilla les yeux, ébahie, le cœur battant à tout rompre.
- Je cherche un garde du corps pour ma fille, la princesse Sélène. Vous me paraissez parfaite pour ce poste. Seulement... l'acceptez-vous ?
Il sembla à Anathea que le temps se figeait. On lui proposait le poste pour lequel elle aurait été prête à tuer, ou presque, quelques jours auparavant ! Quelques jours auparavant, elle aurait accepté.
Mais entretemps, elle avait failli mourir, et elle ne ressentait plus le besoin de se cacher à elle-même. Tout ce qu'elle voulait à présent, c'était rejoindreSamaël sur l'Île des Voleurs et passer à ses côtés tout le temps qu'il leur restait à vivre...
- Je suis navrée, Majesté, répondit-elle. Je dois décliner votre offre...
Le roi allait répondre, lorsqu'une voix féminine hurla d'une voix pressante, depuis le couloir :
- Anathea !
Elle connaissait cette voix...
La porte de la salle s'ouvrit et une jeune femme de son âge aux cheveux blonds vénitien déboula dans la pièce, escortée par un garde, à bout de souffle. C'était une Voleuse qu'elle connaissait de vue... Cora ? Vera ? Non ! Veronica...
- Anathea, il faut que tu rentres sur l'Île ! C'est Alanya...
Anathea sentit l'angoisse étreindre brusquement son coeur :
- Il lui est arrivé quelque chose ?
- Elle a été blessée, et elle ne reprend pas conscience... Noëlyse m'a envoyée te prévenir...
Tout le vertige de gloire que ressentait Anathea s'évanouit immédiatement.
- J'arrive, répondit-elle sans réfléchir plus longtemps. Excusez- moi, Majesté...
Les yeux du roi se posèrent sur elle, compréhensifs :
- Ne vous en faites pas, allez rejoindre votre amie... Mais sachez que la place de garde du corps est toujours vacante, si vous le désirez...
Anathea entendit ces paroles sans vraiment les comprendre, et sortit de la pièce en coup de vent, précédée de Veronica.
Elles étaient sorties de la ville lorsqu'Anathea demanda :
- Et Samaël ? Il va bien ?
Veronica refusa de la regarder.
- Veronica !
- Il est mort, Anathea. Les Assassins l'ont tué durant la mission. Il est avec Luna, maintenant.
La Voleuse brune stoppa net. Samaël. Mort. Impossible. Pourtant... Comment expliquer sa présence, celle qu'elle avait senti alors qu'elle avait failli se noyer ? Celle qui l'avait sauvée alors qu'elle était aux portes de la mort ? Seuls les morts pouvaient visiter ainsi les mourants... Samaël.
Mort !
Samaël.
Dans le ciel, l'œil de la lune fixait Anathea. Elle leva la tête vers lui. Et hurla.
Horreur.
Désespoir.
Le vide de la perte était partout.
Partout.
- NON !
Sur l'Île des Voleurs, Alanya s'éteignit dans les bras de sa meilleure amie, une nuit sans lune.
Anathea crut qu'elle allait mourir elle aussi. Elle aurait voulu que la douleur la tue.
Mais elle survécut.
Le lendemain, la lune était de nouveau haute dans le ciel.
Un bateau l'attendait sur la côte.
La vie d'Anathea lui importait peu à présent. En revanche, elle pouvait toujours être utile à quelqu'un d'autre...
Quelques semaines plus tard, la princesse Sélène de l'Alaness aperçut par la fenêtre de sa chambre une mince silhouette traverser les jardins en contrebas. Celle-ci lui était inconnue.
Elle pinça les lèvres, avec sa moue boudeuse d'enfant de sept ans. Elle avait entendu dire qu'on allait lui affecter un nouveau garde du corps...
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