❝ʙᴀʙʏ, ᴡᴇ ᴅᴏɴ'ᴛ ɴᴇᴇᴅ ɴᴏ ᴍᴏɴᴇʏ
ɴᴏ ᴡᴏʀʀɪᴇs ᴛᴏɴɪɢʜᴛ
sᴛᴀʀᴛ ᴀ ᴘᴀʀᴛʏ ɪɴ ᴛʜᴇ ʟɪᴠɪɴɢ ʀᴏᴏᴍ
ᴛᴜʀɴ ɪᴛ ᴜᴘ ᴜɴᴛɪʟ ᴡᴇ ғᴇᴇʟ ɪᴛ ʙᴏᴏᴍ.❞
ɴᴏᴛʜɪɴɢ ᴛᴏ ʀᴇɢʀᴇᴛ - ʀᴏʙɪɴsᴏɴ

« Moi quand je me cogne le petit orteil à un pied de table. »

J'éclate de rire devant la remarque de Charlie face à la toile qu'il pointe du doigt. Une personne qui crie à la mort, c'est en réalité une peinture assez déprimante mais le commentaire de mon ami la désacralise un peu.

« On dirait le cri de Munch. » je ricane.
« Un peu en effet. Tu aimes l'histoire de l'art? »
« Oui. Beaucoup. J'ai des livres à la maison je les lis sans arrêt. »

Il me fixe en souriant, ses cheveux mi-longs tombent en boucles foncées, proches du noir, sur ses épaules.

« Quels sont tes mouvements préférés? »
« Le rococo... »
« À tes souhaits. »

Je pouffe.

« Le fauvisme, le symbolisme, l'art nouveau et l'art premier d'Afrique et d'Océanie. »
« Mmm. Tu m'intéresses encore plus. »

Je souris, gênée. Je pense à ce que Thomas me disait: « c'est un rendez-vous. » Je me surprend à me questionner si c'en est un ou pas.

« Charlie? »
« Yes, princesse. »
« Ce n'est pas un rendez-vous, rassure-moi? »

Il me fixe un moment, puis se gratte l'arrière de la tête.

« Je ne vois pas cela comme un rendez-vous, du moins ce n'est pas ce que je cherche à faire. Si tu as pris le message autrement, je m'excuse, j'aurai peut-être dû être plus clair sur mes propos... »
« Non. Justement. Je ne voulais que m'amuser et te connaître plus. Il n'y avait pas d'arrière pensée, je ne t'apprécie pas dans ce sens-là. Tu n'es pas trop mon style. »
« Haha! Toi non plus. Je peux être honnête avec toi? Si tu me promets d'être discrète à ce sujet. »

Je me tourne vers lui et fais mine de fermer ma bouche à l'aide d'une clé et d'ensuite la jeter.

« Promis! »
« Bien. Je suis bisexuel. »

J'écarquille les yeux, il sourit à pleines dents, fier de l'effet que son annonce a sur moi.

« Oh... Charlie, je ne m'y attendais pas du tout. Merci de me faire part de cela. Je garderai ton secret. »
« Oui s'il te plaît. Disons que ma bisexualité est plutôt penchée vers les garçons, mais il m'arrive d'apprécier cependant quelques filles. »
« Tu es sur un garçon en particulier en ce moment? »

Il sourit de manière taquine.

« Oh mais ce ne sont pas vos affaires, mademoiselle Watson. »
« D'accord, d'accord. » je m'exclame en riant.

Nous continuons notre promenade dans le musée. Une fois entrés dans la partie fauviste, Charlie me demande de lui expliquer le mouvement.

« C'est Paul Gauguin qui est le précurseur du fauvisme. Tu peux voir, c'est très saturé. Les couleurs sont pétantes mais peu mélangées, ce sont principalement les couleurs primaires et secondaires. Tu vois aussi qu'il n'y a pas vraiment de profondeur, les différents plans ont du mal à se détacher, c'est dur de les différencier. Puis tout est plat. Le plus important dans le fauvisme c'est que la couleur n'a aucune valeur descriptive, elle est utilisée pour exprimer des émotions, regarde un peu l'autoportrait au christ jaune. Le christ, comme dans le nom de l'œuvre, est jaune vif, les fauves s'en foutent de si la couleur est la même que le sujet de départ. Elle ne sert plus à décrire, mais à faire passer un message, une émotion. »

Charlie écarquille les yeux, puis me regarde en souriant.

« Toi alors... »

Il passe son bras autours de les épaules et m'attire vers lui, je suis bien plus petite que lui, ce qui fait que ma joue atterrit contre son torse.

« Tu es géniale. »

•••

« Stressée? »
« Un peu beaucoup... »
« Ne t'en fais pas... » commence Thomas.

Je tourne la tête vers lui alors qu'il démarre pour m'amener à mon premier entraînement de foot. Il se recoiffe dans le rétroviseur sale, je me mords la lèvre.

« J'ai déjà eu l'occasion de faire la connaissance des filles de l'équipe, elles sont adorables. Puis si la capitaine est venu en personne te proposer d'entrer dans l'équipe, c'est que tu es très douée. Puis c'est ton premier entraînement, rien de mal ne peut se passer, tu vas simplement apprendre. »

J'acquiesce en détournant le regard.

« Mais... et si je suis tellement nulle que je me fais rembarrer directement? »
« Emma... »

Il saisit ma main, qui reposait sur ma cuisse nue -je porte un short- et la serre en plongeant son regard dans le mien. Je sens mon souffle devenir irrégulier. Je suis toujours déstabilisée quand il me regarde ainsi.

« Tu n'es pas nulle. Justement, tu es formidable. Et tu as plus d'un tour dans ton sac. Les filles de l'équipe n'ont qu'à bien se tenir. »

Je souris, il fait de même, puis repose les yeux sur la route.

« Emma! Comment vas-tu? »

Une fois sortie de la voiture, je me fais entraîner par Catharina. J'ai juste le temps de faire signe à Thomas, qui ricane.

« Stressée et toi? »
« Tu n'as pas à l'être. J'ai hâte te de présenter à tout le monde! »

Elle me dirige vers le terrain de football, un groupe de filles se repose à terre, elles discutent. Une fois arrivée assez près pour qu'elles remarquent la présence, elles se retournent toutes et me dévisagent.

« Les filles, voici Emma. Soyez gentilles avec elle, elle n'a jamais fait de foot à l'extérieur des cours de gym de l'école. »
« Ma parole... » s'exclame une fille blonde vénitienne aux cheveux courts et bouclés, le visage parsemé de taches de rousseurs. « Tu dois bien te débrouiller pour qu'une perfectionniste comme Catharina te déniche! »

Je baisse la tête et rougis.

« Les filles, vous la faites stresser! »
« Bienvenue Emma! Si tu as des questions ou que tu es perdue tu peux faire appel à moi. Je m'appelle Ruby Willer. »

Je l'observe un moment. Elle est blonde, coupe au carrée et cheveux ondulés, ses yeux bruns me détendent en une seconde. Elle porte un serre-tête, ce qui lui donne encore moins que ce qu'elle doit avoir en âge.

L'entraînement commence. Je suis assez perdue car en gym les règles étaient assez simple, pas comme le vrai football. Je ne les connais pas toutes, heureusement que Catharina et Ruby sont là pour m'expliquer certains détails.

« Tu te débrouilles bien pour un premier entraînement, la nouvelle! »

Je me tourne vers Ruby, essoufflée par le but qu'elle vient de marquer. Je la remercier en lui souriant.

Le reste de l'entraînement se passe bien. Je sors du stade et vois la voiture de Thomas, garée au même endroit qu'elle m'avait déposé deux heures auparavant. Je fronce les sourcils et cours vers lui.

« Qu'est-ce que tu fous?! »
« Je t'attends pour te ramener chez toi. Tu ne vas pas rentrer toute seule dans le froid. »
« Ma maison n'est qu'à vingt minutes de marche! »

Il me fait signe de grimper.

« Tu es fou Thomas! »
« Merci! Mais sinon, pour que tu arrêtes de culpabiliser, j'ai utilisé le temps d'attente dans la voiture pour lire le livre de français. Enfin... plutôt à essayer de le comprendre... c'est du chinois. »
« Ce n'est pas du chinois, c'est simplement un français assez modifié! Et puis Le jeu de l'amour est du hasard est un très grand classique du dix-huitième siècle! »

Il me fixe un moment, avec un petit sourire. Puis soupire et fait la moue.

« Fichtre! Cela n'empêche, que moi et mon cerveau insuffisant ne trouvent que difficultés à identifier le synopsis et différencier le sujet du verbe! »

J'éclate de rire. Il démarre, le moteur crachote.

« Je t'aiderai si tu veux. Tu peux venir chez moi quand tu veux, on lira ensemble le livre. Et je t'expliquerai. »
« Tu es un don du ciel Emma. Comment s'est passé ton entraînement?? J'avais totalement oublié! »
« Super! Les filles ont été très accueillantes. »

Il sourit et opine. Nous restons en silence pendant le reste du trajet. Je l'embrasse rapidement et sors de la voiture.

Une fois à l'intérieur, je tombe sur Max qui me demande, lui aussi, comment s'est passé mon entraînement. Je lui répond la même chose qu'avec Thomas. Il voit la voiture démarrer et sourit à pleines dents.

« Tu étais avec lui? »
« Oui, il m'a ramené. »
« Tu peux sortir avec lui, s'il te plaît? »

J'avale la salive de travers.

« Quoi?! »
« Thomas est super cool! Tu veux bien être sa copine, comme ça il viendra plus souvent à la maison cuisiner! »
« Ce n'est pas vraiment comme ça que ça marche... »

Il ne semble pas en avoir quelque chose à faire. Je ricane et monte dans ma chambre.

•••

« Tu as entendu parlé du bal d'hiver? »
« Oui, je suis là depuis bien plus longtemps que toi, Thomas! Pourquoi? »

Il s'appuie contre le casier et se gratte l'arrière de la tête en détournant le regard un moment, je fronce les sourcils, il semble nerveux.

« Bien je me demandais si tu ne voulais pas... »
« Emma! »

Je sursaute et me tourne vers Catharina et Ruby, elles m'étreignent un moment, puis s'écartent.

« Salut Thomas! »
« Salut Cat. »

Il se mord la lèvre et baisse la tête.

« Ça te dirait de venir manger avec nous ce midi? On est près de l'entrée toujours à la même table, toute l'équipe réunie. »

J'écarquille les yeux et regarde Thomas, nous mangeons ensemble tous les midis. Il ricane.

« Euh... je... »
« Ne t'en fais pas pour moi Em' je peux aller manger avec ceux de l'équipe. »
« J'espère bien, Sangster! Tu sais te débrouiller tout seul non? Ça ne te dérange pas qu'on te la pique juste le midi? »
« Oh mais non. Bien sûr que non! »

Ils se lance un sourire taquin tous les deux. La sonnerie retenti, je soupire et ferme mon casier.

« Tu voulais me dire quoi? »
« Rien. Je te dirai plus tard. »

J'acquiesce et me dirige vers ma classe.

J'arrive, au temps de midi, à la table des filles. Elles me laissent une place en me souriant. Je pose mon plateau et me rends compte que je suis là seule à manger la nourriture de l'école.

« La nourriture de la cantine est si mauvaise que ça? » je plaisante.
« Non non! C'est juste qu'elle est faible en protéines, et justement haute en calories. Si tu veux construire tes muscles et t'assurer énergie et concentration ce n'est pas ce qu'il faut manger. »

Je me sens gênée, sous les conseils de Catharina.

« Non... je ne voulais pas insulter ta façon de manger! Tu manges ce que tu veux, aucune d'entre nous n'iront te juger à cause de cela. »

Je lui sourit. Elle me pique une frite en ricanant.

« N'empêche que je tuerai des fois pour un paquet de frite. »
« Sers-toi. »
« Je vois... c'est une technique pour que je prenne du poids et donc perde en rapidité et énergie pour que tu me devances. Malin petit chat, mais tu ne m'auras pas. »

Elle continue cependant à piocher dans mes frites, j'éclate de rire. Alors que la discussion reprend entre les filles, j'écoute discrètement en survolant le réfectoire du regard. Je trouve Thomas, assis nonchalamment sur sa chaise, à sourire à ce qu'un garçon lui raconte. Nos regards se croisent, il sourit. Puis il décide de me faire signe, ce à quoi je réponds.

« Est-ce que tu sors avec Thomas Sangster? »

Je me tourne vers Teresa, une fille aux longs cheveux bruns et aux yeux verts.

« Non! Je ne sors pas avec lui. »
« Avoue quand même qu'il est craquant! » s'exclame Catharina.
« C'est sûr! » ajoute Ruby. « Toutes les filles sont folles de lui. »
« Maintenant qu'il n'est plus avec l'autre pouf, c'est chasse libre. »

Je fronce les sourcils à l'entente du surnom d'Ema.

« Wendy... Emma est pote avec elle! »
« Non! Je ne le suis plus. En tout cas je ne pense pas, puis je pense qu'elle me déteste. »
« Pourquoi? Qu'est-ce que tu as fait pour qu'elle te déteste? »
« Pas grand chose en fait. J'en avais marre, elle ne me traitait pas comme une vraie amie, puis elle marchait sur les autres. Je lui ai fais une remarque, elle n'a pas apprécié. Maintenant elle doit cracher dans mon dos. »

Je tourne la tête vers la table où elle est assise. Elle parle avec ses amies, toutes plus populaires les unes que les autres. Rien qu'à voir son expression, elle critique le style ou le comportement de quelqu'un. Je suis heureuse de ne plus faire partie de ce genre de groupe.

« Tu peux être sur qu'ici ça n'arrivera pas. »
« Merci. Vous avez toutes l'air géniales... »
« Tu fais partie du groupe, maintenant. Mais seulement si tu le veux vraiment. »

Je me surprend à sourire à pleines dents, c'est nouveau.

•••

« Alors? C'était comment avec tes potes? »
« Pas mal. Mais tu sais, ils parlent tous de filles tout le temps. Ça m'énerve un peu. Surtout que c'est pas trop de manière romantique. »
« Pourquoi? Tu ne penses pas aussi aux filles, Sangster? »

Il balbutie des mots incompréhensibles.

« Je suis un peu plus respectueux disons le franchement... »

Il semble énervé. Je fronce les sourcils en le voyant regarder vers le fond du couloir, mais ne vois qu'une foule en me retournant.

« Tout va bien? »
« Oui, ne t'en fais pas. »

Il semble sincère, son expression sereine me rassure. Je recule, faisans mine de partir pour aller chercher mon frère à l'école. Mais je heurte quelqu'un. Mes cahier tombent à terre.

« Je suis vraiment désolée!! »
« Ne t'en fais pas Emma. »

Je croise le regard de Daniel et me mords discrètement la lèvre alors qu'il me sourit à pleines dents. Il m'aide à ramasser mes cahiers, je le remercie timidement. Nous restons un moment à nous fixer, plein de gêne.

« Bon... je vais... »
« Emma, ça te dirait de venir à une soirée chez un pote? »
« Ah... je... moi? »

Il m'offre un sourire craquant, alors qu'il continue son explication je fixe sa mâchoire carré, elle semble si douce et chaude j'ai envie de me réfugier dans son cou... hum.

« Oui. Il m'a dit qu'il manquait cruellement de jolies filles. »

Je ris nerveusement et me tourne vers Thomas qui patiente à deux mètres de nous.

« Oh! Forrest Gump peut venir aussi si il en a envie. » ricane Daniel.
« Pour ta gouverne, je suis déjà invité. »
« Oh, d'accord. »

Il se tourne vers moi, me fait un clin d'œil et s'en va. Je reste plantée, puis saute dans les bras de Thomas.

« T'as entendu ce qu'il a dit?! Je suis jolie!! Bordel, je vais aller à une fête où il y aura Daniel Pennsylverst! »

Il sourit et lève les yeux au ciel. Je ne peux m'empêcher de me sentir heureuse à cause de la nouvelle que le beau blond m'a annoncé. Peut-être pourrai-je me rapprocher de Daniel, s'il m'invite c'est qu'il a envie de me voir.

•••

« Tu as de jolis vêtements! » s'écrie Ruby en fouillant dans ma penderie.

Je lui souris, elle sort un t-shirt longue manches fin et transparent noir à paillettes. Puis trouve une brassière noire pour mettre en dessous.

« Si tu met tout ça avec ce pantalon-ci, Thomas ne sauras te résister que très peu de temps. »
« Arrête! »

Elle ricane. J'enfile les vêtements, elle approuve en levant les pouces. Je refais ma régulière queue de cheval, elle me fixe et secoue la tête.

« Retire-moi ça. Je ne t'ai jamais vue les cheveux lâchés. »

Je me mords la lèvre, je ne lâche pas souvent mes cheveux... cela me gêne, je ne sais pourquoi. C'est simplement devenu une habitude, un confort quotidien, le fait que je lâche ce soir mes cheveux me rend nerveuse, car j'ai l'impression de m'exposer pour la première fois personnellement au monde. Tel que je suis.

Elle m'aide à défaire l'élastique et me recoiffer, mes cheveux bruns caressent mes épaules en cascade. Ils ne sont pas très lisses, mais pas ondulés non plus. Ils ont du mouvement. Je détestais ça avant. Mais maintenant... je trouve que cela me va bien.

« Une dernière chose, le maquillage. »

Après m'avoir promis une énième fois que je ne ressemblerai pas à un pot de peinture, elle commence le maquillage en passant un coup de brosse-gel sur les sourcils pour les discipliner et les mettre en valeur. Puis elle m'explique qu'elle met du brun sur les paupières pour approfondir mon regard. Après avoir mis une couche de mascara, le tour est joué.

Je me regarde dans le miroir, je me sens différente. Mais surtout, je me trouve jolie. Plus encore, je pourrai presque le trouver belle...

Je décide d'accompagner ma tenue avec une banane en bandoulière pour pouvoir y ranger mon téléphone. Une fois dans la voiture de Ruby, je la remercie de s'être occupée de moi.

« De plus. Tu es resplendissante. »

En effet, elle a mit une jupe en velours rouge, ainsi qu'un crop top noir serrant simple et des hautes chaussettes qui s'arrête au dessus des genoux. Elle porte bien évidemment son fameux serre-tête, et un rouge à lèvre du même ton que sa jupe.

Une fois arrivées devant la maison, je sens mon estomac se nouer, c'est Ruby qui fait le premier pas et sonne. Un garçon, que je reconnais tout de suite car c'est un ami à Daniel, nous ouvre.

« Salut les filles! Mitch, enchanté. »
« Emma et Ruby. »

Il nous fait entrer et nous invite à enlever nos manteaux et nous servir un verre. Ruby se tourne vers moi et me sourit. Alexander, son copain, arrive vers nous, il me salue et embrasse la blonde, je souris en me disant qu'ils font un beau couple. Un grand noir, au physique athlétique, toujours souriant. J'observe mon verre avec méfiance alors qu'ils discutent, je lève les yeux et croise le regard de Thomas. Il me fixe, le regard profond, envoûtant, puis me sourit.

« Tu es magnifique. » me chuchote-t-il après avoir laissé ses amis pour venir à mes côtés.
« Toi aussi tu t'es mis sur ton trente et un. »

En effet, il porte un pantalon noir, serrant et un pull fin à col roulé brun clair. Ça lui va très bien.

« C'est la première fois que tu lâches tes cheveux. »
« Sous les ordres de Ruby. »

Je suis ces paroles d'un geste de l'armée, il rit.

« Ruby a fait un très bon choix. Les cheveux lâchés te vont très bien. Tout comme ta queue de cheval habituelle. »

Je rougis et tourne la tête pour ne pas le regarder dans les yeux alors que je ne peux m'empêcher de sourire. Il baisse la tête vers mon verre.

« Tu ne bois pas? »
« Je ne sais pas ce qu'il y a dedans, la couleur est bizarre. »
« Tu permets? »

Il me prend le verre et goûte.

« C'est du Pizang mélangé avec du jus d'orange, c'est comme ça qu'on le boit. Allez essaie tu vas aimer! »

Je ris nerveusement et goûte la mixture, en effet ce n'est pas mauvais. C'est même très bon, moi qui pensais avoir la gorge en feu après... le sucre du jus adoucit le goût de l'alcool. Je bois le reste du verre en deux temps trois mouvements.

Alors que je vais me rechercher de quoi boire, Daniel entre dans la cuisine. Il me sourit, je sens mon coeur accélérer ses battements. Il s'approche de moi et m'embrasse la joue en serrant ma taille, mon souffle se coupe alors que je sens son odeur.

« Comment tu vas? »
« Super et toi? »
« Magnifiquement bien maintenant que je t'ai trouvé. »
« Tu me cherchais? »

Il opine en se mordant la lèvre. Puis s'approche un peu plus de moi pour caresser mon visage.

« En réalité, j'ai cru que tu n'allais pas venir. »

Je ris nerveusement alors qu'il plonge son regard dans le mien. Puis il prend ma main et me propose d'aller dans la salon. Nous nous asseyons sur le canapé, il commence à m'expliquer qui est qui dans la salle. Je croise le regard de Thomas, je lui sourit, il me renvoie mon sourire mais plus faiblement. Puis boit son verre cul sec.

« Il y a quoi entre toi et Forrest Gump? »
« Pourquoi tu l'appelles ainsi? »
« Ce gars c'est un flèche sur le terrain, mais il est taillé comme une allumette. Bref, vous vous tournez autours ou...? »
« Non, du tout. On est juste amis! »
« Ok, parfait. Je veux pas fâcher un pseudo-prétendant. »

Je fronce les sourcils et secoue la tête. Je ne sais pas ce qui me choque le plus, que l'on croit que je vais sortir avec Thomas ou ce qu'il vient de me dire à l'instant. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir car il se rapproche en passant son bras autours de mes épaules et commence à la caresser. Je frissonne et me tourne vers lui. Il me fixe d'un regard qui réveille une chose en moi dont j'ignorais l'existence.

« Tu es... très, très sexy habillée comme ça. »
« Merci... »
« Tu devrais laisser la queue de cheval et les fringues larges... ça ne te met pas très en valeur si tu veux mon avis. »

Je fronce les sourcils, qu'est-ce qu'il vient de dire? Il interrompt mes pensées en prenant ma tête pour se pencher vers moi.

Je le repousse gentiment en me mordant la lèvre. Il fronce les sourcils, son regard change.

« Je... excuse-moi, je dois juste... faire un truc. »

Il soupire alors que je me lève et me dirige vers la cuisine. Je me ressert un verre, le boit d'un coup et m'assieds sur le plan de travail. J'essaie d'éclaircir mes idées.

Il est évident qu'il voulait m'embrasser, là aucun doutes. Mais pourquoi l'ai-je repoussé? Peut-être avec ce qu'il a insinué à propos de mes vêtements. Il est vrai que cela m'a refroidit, mais est-ce vraiment une raison d'en faire tout un plat? Peut-être aussi parce que c'est mon premier baiser, et que ça n'avait rien de romantique. Ou peut-être était-ce le regard que Thomas m'a lancé quand il m'a vue sur le canapé avec Daniel.

Bordel Emma, tu vas enfin avoir l'occasion d'embrasser Daniel... qu'est-ce qui te freines. À part le fait que tu aies l'équivalent d'un placard entier dans le derrière?!

Je décide de boire deux verres en plus et d'attendre l'effet de l'alcool s'emparer de moi. Peut-être ai-je besoin de ça, me détendre un peu. Je reste affalée sur le plan de travail, fixant le plafond.

« Bad trip? »

Je tourne la tête vers un brun aux cheveux bouclés et aux sourcils épais, il se tient dans l'encadrement de la porte et me fixe.

« Non. Du tout. »
« Mmm. Tu aurais pas vu eum... Mélanie? Mélodie? »

Je fronce les sourcils, il ne semble pas se souvenir du nom de la fille qu'il recherche.

« Une grande brune, cheveux longs, des seins énormes! »
« Non, je suis désolée... »
« C'est bizarre, elle a des super gros seins, elle a pas du aller bien loin, je pense pas qu'on puisse aisément passer par les portes avec des melons pareils. »

J'éclate de rire, alors que ce qu'il dit est scandaleux, il se tourne vers moi et me tend la main.

« Nathan, enchanté. »
« Emma, ravie de faire ta connaissance. »
« Hey! Tu serai pas la meilleure pote d'Ema Penderghast? »
« Plus maintenant. »
« Tant mieux. C'est une vraie connasse, et elle suce terriblement mal, crois-moi il s'en souvient il a encore les cicatrices. »

Il pointe en direction de son pantalon, je ricane en entendant cette aspect d'Ema que j'ignorais.

Puis soudainement je me souviens que je dois retrouver Daniel, je le salue et sort de la cuisine. Une fois arrivée dans la salon, aucune trace du blond. Je fronce les sourcils, et m'appuie sur le mur du couloir, déçue. J'attends plusieurs dizaines de minutes, mais il n'apparaît toujours pas.

« Emma! Tu es là! »

Je souris à pleines dents, pensant que c'est Daniel, mais ce n'est que Thomas. Mon sourire diminue un peu. Il semble, lui aussi, avoir un peu abusé de la boisson.

« Je dois te dire un truc... »
« Tu as vu Daniel? Je le cherche depuis tout à l'heure. »
« Non. Désolé. Mais Em', crois-moi c'est mieux comme ça... il n'est pas bien pour toi. Je l'ai entendu parler dans la cuisine, il ne... »

Je lève les yeux au ciel et le repousse.

« Je dois vraiment trouver Daniel... » je marmonne d'une voix pâteuse.
« Non! » il attrape mon bras et me pousse contre le mur.

Je plonge mon regard dans le sien, il ne semble pas non plus avoir les idées très claires. J'ai du mal à réaliser ce qui se passe et la proximité qu'on nos deux corps et surtout nos visages. Il cligne des yeux.

« Je dois te parler, avant que tu retrouves ce connard et que je doive te ramasser à... la petite cuillère. »

Il a du mal à finir ses phrases. Je me détend, sa main touche ma hanche. Ma respiration s'accélère.

« Emma... tu es trop bien pour lui, il ne te mérite pas. Tout ce que tu peux trouver en étant avec lui c'est de la tristesse. C'est tout ce qu'il peut t'apporter. Tu... tu n'es pas faite pour sortir avec un con comme lui. Tu mérites quelqu'un qui t'aime comme tu es, et qui te traitera comme une putain de princesse. »

Je fronce les sourcils, craignant ce qui risque de venir.

« Tu parles de toi? »
« Je parles de tout le monde sauf lui Em'! »

Il soupire et baisse la tête, nos nez se touchent, il frissonne et se tend légèrement. Ses yeux cherchent les miens, je me mords la lèvre en sentant son odeur emplir mes poumons. Il sent vraiment bon, je ressens la même chose étrange qui j'ai ressenti avec Daniel pour la première fois, est-ce l'alcool qui provoque cette sensation?

« Em... »

Il se penche soudainement vers moi et m'embrasse. J'écarquille les yeux et pousse un petit cri de surprise. Mais comme je l'ai dit: l'alcool m'embrouille les idées. Je lui rends son baiser en passant mes bras autours de son cou, il serre ma taille contre lui en me plaquant contre le mur. J'ai du mal à respirer tellement le baiser est fougueux.

Mais soudain je me rends compte... où je suis, qui j'embrasse.

J'ouvre grand les yeux et repousse Thomas, il se retrouve dos contre le mur en face, à un bon mètre de moi. Je pars à l'étage en courant, à la recherche de Daniel. Il doit être dans une des salles de bains, il a beaucoup bu lui aussi. Je manque de m'étaler sur les marches, ma tête tourne comme dans un manège. J'ouvre la première porte et tombe sur une salle de jeux, puis sur des toilettes. Pas de Daniel.

C'est quand j'ouvre la troisième porte que je tombe sur lui, sur Ema, en soutien-gorge. J'ouvre grand la bouche, le sol se dérobe sous les pieds alors que je sens mon coeur se serrer, tellement fort que ça en fait mal. Ema s'écarte du blond en soupirant.

« Voyons Emma, tu ne lui as jamais parlé avant ce soir... tu pensais vraiment qu'il était intéressé par toi? »

Je sens les larmes monter, je me mords la lèvre.

« Il n'en a rien à faire de toi, ma pauvre. »
« Va te faire foutre. »
« Pardon? »
« J'ai dis: Va. Te. Faire. Foutre. »

Elle ricane, et enfile son pantalon. Thomas arrive derrière moi, il fronce les sourcils. Il avait raison... Sur tout. Depuis le début.

« Contrairement à toi, j'en aurai la chance plusieurs fois dans ma vie. »
« Si tu savais ce que tout le monde dit dans ton dos. Depuis que tu m'as lâchée comme une merde, dès qu'on parle de toi... tout le monde lâche des "oh cette pute" ou "qu'elle connasse", et dire qu'au début je te défendais... Mais en réalité ils ont tous raison. Tu penses que tout le monde t'aime? En réalité tout le monde te déteste. »

Elle serre la mâchoire, visiblement, ce que j'ai dit l'a blessée.

« Ça semble fou, mais j'ai plus d'amis que toi. C'est toi qui es seule. »

Sur ce je m'en vais, Thomas s'écarte pour me laisser passer et ensuite me rattraper. Une fois sortie de la maison, avec mon manteau et mes affaires je reste plantée. Comment vais-je rentrer chez moi? C'est Ruby qui m'a conduite.

« Je vais chercher Ruby. » devine Thomas. « Elle peut revenir à la fête après. »

Je m'assieds sur le trottoir, les larmes coulent le long de mes joues. Je suis trop bête... Comment ai-je pu penser que quelqu'un comme Daniel puisse être attiré par quelqu'un comme moi?

Thomas revient en courant, il m'annonce que mon amie arrive. Puis s'assied à côté de moi, il m'attire vers lui et m'étreint un moment. Je ferme les yeux et me calme.

« Je suis désolée Emma... »
« Ce n'est pas ta faute, c'est complètement la mienne. »

Il secoue la tête et caresse mes cheveux.

Dans la voiture, Ruby ne pose pas de questions. J'ignore si c'est parce qu'elle ne préfère pas me demander maintenant ou parce que Thomas lui a déjà tout dit. En réalité, ça ne change rien. Je m'en fiche.

Nous sommes silencieux, elle s'arrête devant ma maison et me sourit dans le rétroviseur. Je fais de même, et sors de la voiture suivie de Thomas. Il m'accompagne devant ma porte.

« Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, d'accord? »
« Tu peux rester avec moi? » je demande à mi-voix, craignant une réponse négative.

Il sourit tendrement et tristement.

« Bien sûr. »

Les lecteurs fantômes, je vous vois! N'hésitez pas à voter et à commenter ça fait toujours plaisir!