➝ chapitre 5: you've got that power over me.

ʏᴏᴜ'ᴠᴇ ɢᴏᴛ ᴛʜᴀᴛ ᴘᴏᴡᴇʀ ᴏᴠᴇʀ ᴍᴇ, ᴍʏ ᴍʏ ᴇᴠᴇʀʏᴛʜɪɴɢ ɪ ʜᴏʟᴅ ᴅᴇᴀʀ ʀᴇsɪᴅᴇs ɪɴ ᴛʜᴏsᴇ ᴇʏᴇs ʏᴏᴜ'ᴠᴇ ɢᴏᴛ ᴛʜᴀᴛ ᴘᴏᴡᴇʀ ᴏᴠᴇʀ ᴍᴇ, ᴍʏ ᴍʏ
ᴛʜᴇ ᴏɴʟʏ ᴏɴᴇ ɪ ᴋɴᴏᴡ, ᴛʜᴇ ᴏɴʟʏ ᴏɴᴇ ᴏɴ ᴍʏ ᴍɪɴᴅ.
ᴘᴏᴡᴇʀ ᴏᴠᴇʀ ᴍᴇ - ᴅᴇʀᴍᴏᴛ ᴋᴇɴɴᴇᴅʏ


« Maman? »

Pas de réponse.

« Maman!! »
« Oui? »

Elle descends les escaliers en finissant son chignon, je fronce les sourcils en voyant qu'elle est sur son trente et un.

« On a plus rien à manger, ni pâtes, ni pain, le frigo est vraiment vide. »
« Oh je suis désolée... je n'ai pas eu le temps de faire les courses aujourd'hui. »

Je lève un sourcil, elle n'avait pourtant rien de prévu et j'avais déjà fait les diverses tâches ménagères avec l'aide de Max.

« Tu ne peux pas y aller maintenant alors? »
« Oh... chérie... j'ai un rendez-vous avec mes amies. Commandez-vous un truc, non? Une pizza? C'est super ça? »

Je soupire.

« On en a déjà mangé jeudi. »
« Écoute je te promets que je ferai les courses dès que je peux. Mais tu sais, tu peux aussi y aller, tu n'as qu'à demander à Ema de t'apprendre à conduire. »
« Je suis un danger ambulant. Tu le sais bien. »

Elle me lance un regard, amusée, je ne le suis pas du tout.

« Oh... Emma... s'il te plaît ne me fais pas cette tête, une autre pizza ne va pas te tuer! Comme si avoir déjà mangé une pizza pendant la semaine vous empêchait d'en manger une autre. Je te promets à partir de cette semaine je fais des efforts.

NB: elle dit cela depuis des années.

Mais je ne veux pas m'énerver. J'ai réussi à maintenir une relation calme avec elle, malgré les désagréments. Et puis cela ne servirait à rien, je n'en ai pas la force maintenant.

« Maman? »

Elle reste sur le pas de la porte, prête à partir, et tourne la tête vers moi.

« J'invite Thomas, un ami, à venir dîner lundi. »

Elle hoche la tête en plissant les paupières, suspicieuse. Puis un petit sourire étire ses lèvres. Elle sort sans dire un mot. Je sais bien ce qu'elle pense. Elle ne sait simplement pas que Thomas sort avec Ema.

J'entends des pas dévaler les escaliers. Max arrive en courant vers moi.

« Maman est déjà partie? »
« Oui, il y a une minute. »

Il grimace.

« Qu'il y a-t-il? »
« Je dois absolument avoir une calculette pour lundi... »
« Il est bientôt huit heures, les boutiques sont fermées à cette heure-là. Si tu me l'avais dit plus tôt on y serait allés ensemble. Mais si tu veux je te passe la mienne et lundi j'irai t'en acheter une. Ça te va? »

Il acquiesce en souriant faiblement puis regarde ses pieds.

« Maman a préparé quelque chose? »
« Non mon ange... » je dis tristement.
« Elle est allée faire les courses? »

Je souris tristement.

« Non plus, on commande une pizza. C'est cool non? »

Il opine, mais je sais qu'il n'est pas convaincu. Je lui propose de venir près de moi, il s'assoit sur le canapé en soupirant. Après avoir peiné à délacer ses chaussures, il s'allonge contre moi.

« Pourquoi maman est comme ça, Emma? »
« Comme quoi? »
« Elle ne fait pas attention à nous, c'est la seule que j'ai et elle n'est jamais là. »

Je soupire, il a raison.

« Mais elle travaille le plus qu'elle peut pour qu'on puisse rester vivre ici. Travailler de nuit toute la semaine c'est très compliqué tu sais, Max. »
« Oui mais elle a le week end de libre, pourquoi elle ne prête pas plus attention à nous? »
« Elle se repose le week end, et elle va voir ses amies. Elle a bien droit à une vie sociale non? »

Il fait la moue. Je sais exactement ce qu'il ressent. J'aimerais que ça ne l'affecte pas.

« Mais c'est notre mère... elle devrait au moins nous nourrir... On a même pas de plats à réchauffer, mes amis ils ont tous les jours à manger de leurs parents. Pourquoi moi je n'ai pas ça? »
« Elle souffre beaucoup tu sais. Plus que nous. Il faut respecter cela, comprendre à quel point c'est dur. Je suis d'accord avec toi, Max, mais il faut être indulgent. »

Il baisse les yeux, je sens qu'il est très triste. Je le serre alors contre moi. Son odeur parvient à mes narines, je souris. Que j'aime son odeur, il sent encore l'enfant. Ces petits gel douche où figurent des fusées et des aliens. Ce sont ses préférés.

Je souris doucement, remerciant le ciel de l'avoir avec moi.

•••

« Hey Emma! »

Je sursaute et fais tomber mes cahiers à terre. Thomas se mord la lèvre et m'aide à ramasser.

« Désolée, je ne voulais pas te faire peur. »
« Ne t'en fais pas. »

Nous nous relevons, il me tend les affaires. Nous restons en silence l'un en face de l'autre. Il se gratte l'arrière de la tête en s'appuyant sur le casier.

« Donc... pour ce soir c'est...? »
« Toujours d'actualité. »

Il sourit de plus belle et se redresse.

« Mais nous devrons aller faire les courses avant, le frigo et les placards sont vides. »

Je tourne la tête en voyant un petit attroupement se former non loin de nous. Ema s'approche de nous avec un petit sourire, je fronce les sourcils. Elle embrasse langoureusement Thomas, il répond à son baiser en plaçant ses mains sur ses hanches. Je me mords la lèvre, gênée. Je décide de reporter mon attention sur le regroupement.

Des rires fusent, Gladys, l'ancienne amie d'Elena se fraye un chemin hors de la foule et cours vers les toilettes. Je n'ai pas vraiment le temps de voir, mais je pense qu'elle sanglote. Ema ricane en la voyant passer alors qu'Elena arrive à ses côtés.

« Salope! »
« Allumeuse! »

Elles éclatent de rires toutes les deux en la voyant entrer dans les toilettes en pleurs. Je fronce les sourcils. Je tourne la tête vers Elena. Je n'ai jamais accepté cette fille, elle passe son temps à critiquer les autres et faire des sales coups à ses amis. Tout cela pour profiter d'eux, être plus populaire. Elle n'a jamais été gentille avec moi non plus, elle m'ignore la plupart du temps. Le fait qu'elle insulte son amie de la sorte ne m'étonne pas d'elle.

« C'est toi la note sur le casier? »

Ema lui lance un sourire énigmatique. Thomas fronce les sourcils.

« Bébé pourquoi tu as fait ça?! C'est horrible! »
« Elle m'a bien mérité. Voilà ce qui arrive quand on cherche les ennuis en draguant le copain de sa meilleure amie. Elle n'a récolté que ce qu'elle a semé. Si elle était plus fidèle à ses amies, peut-être qu'elle n'en serait pas là. Un peu de tenue, après on s'étonne que les hommes nous traitent comme des objets. Mais si elle agit comme une dévergondée, elle n'a pas à s'étonner. »

Là c'en est trop. Je claque la porte de mon casier.

« C'est toi qui dit ça? »

Ema tourne la tête vers moi, les sourcils levés. Je lui lance un regard noir et me dirige vers les toilettes. Je ne prête même pas attention aux réflexions des deux filles.

Après avoir refermé la porte derrière moi, j'entends des pleurs.

« Gladys? »

Les sanglots s'arrête, elle renifle.

« Gladys, c'est Emma Watson. »

« Qu'est-ce que tu fais ici? »

Son ton est froid. Il est vrai que je n'ai jamais été très gentille avec elle.

« Je viens pour parler avec toi. »
« C'est Elena qui t'envoie? Ohh non pardon, ça doit être Ema. Tu la suis comme un petit toutou, tu obéis à tout ce qu'elle dit. »
« Non. Justement, je viens pour parler de ça. J'ai trouvé que ce qu'elles ont fait était très cruel. »

Elle rit amèrement.

« Tu as un avis maintenant? C'est nouveau. »

Ce qu'elle me dit me blesse. Mais elle n'a pas tord, je le sais. Je ne suis pas moi-même quand je suis avec Ema. Je suis, sans rien dire. Je suis responsable sans le vouloir. Mais tout cela doit définitivement changer, je le promet.

« Aussi surprenant que ça puisse te paraître, oui. Je ne veux plus être considérée comme la sbire d'Ema. Je veux simplement parler avec toi. »

La porte s'ouvre, elle sort. Les yeux et le nez rougis, elle se l'essuie du revers de la main.

« Elle a menti. Elle a menti et toute l'école l'a cru. Maintenant je passe pour la pute de service, la salope, la mauvaise amie, la voleuse de copain, tout ça pour qu'elle ne salisse pas son image, pour ne pas être prise pour une conne. »
« Comment ça? »

Elle s'appuie contre le mur, les bras croisés, soupire.

« Je n'ai pas fait d'avances à Tom. C'est lui qui m'a proposé de coucher avec lui. Ça fait des semaines qu'il insinue cette possibilité et que je le rejette. Mais cette fois, il m'a embrassée. Je l'ai repoussé. Ça n'a pas du lui plaire parce qu'il m'a menacé en disant qu'il me ferait une sale réputation si je disais non. Mais je ne fais pas ça à mes amies, j'ai dit non. »

Je baisse la tête.

« Maintenant toute l'école me prends pour une pute, alors que c'est lui le coupable. Elena est au courant, que je n'ai rien tenté. Mais pour ne pas passer pour une conne, elle a décidé de tout retourner contre moi.

« Je suis désolée, Gladys. »
« Ne t'en fais pas Emma. »

Elle replace une mèche châtain derrière son oreille.

« Si jamais... tu veux qu'on se reparle, je suis là. On pourrait même manger ensemble un de ces quatre. »
« Ema ne peterai pas un câble? »
« Elle n'a rien à dire. Et puis cela m'importe peu, ce qu'elle pense. »

Elle me sourit, je lui rend le sourire en sortant des toilettes.

•••

Je m'assieds lourdement dans la classe de math. Je commence à déballer mes affaires quand quelqu'un se poste devant moi. Je lève les yeux et rencontre le regard de Thomas. Il me sourit, je lui rend son sourire.

« La place est prise? Je peux m'assoir? »
« Non. »

Il fronce les sourcils, je m'étouffe avec ma salive.

« Je voulais dire, non la place n'est pas prise. Donc oui. Tu peux t'assoir. »

Il rit, puis déballe ses affaires à son tour.

« Tu ne t'assieds pas à côté d'Ema? »
« Non. »
« Non? »
« Je n'ai pas aimé son comportement, de plus quand tu es partie, elle n'a pas été très gentille. On s'est disputés. Et puis, j'ai quand même le droit de m'assoir à côté d'une délicieuse amie en math non? »

Je lève un sourcil à l'entente de ce mot. La professeur entre dans la classe, nous tonne de prendre nos cahier et nos calculatrices car nous feront un exercice par deux. Je cherche dans mon sac pendant plusieurs minutes ce satané boîtier bleu, mais en vain. Je gémis en me souvenant que je l'ai prêté à Max.

Thomas pose alors sa calculette entre nous, je le remercie en souriant. Son odeur emplit mes poumons soudainement, il s'est penché vers sa feuille. Je suis troublée par cette odeur, elle embrouille mon cerveau et me déstabilise.

Je me concentre sur les exercices pendant le reste de l'heure. Nous rendons notre copie, puis sortons de la classe. C'est la fin des cours, nous nous rendons aux casiers pour y déposer nos cahiers.

Il s'appuie contre le sien en soupirant.

« Tout va bien? » je demande.
« Oui. Je n'ai juste pas très bien dormi cette nuit. Je suis assez fatigué. »
« Si tu ne te sens pas capable de cuisiner on peut commander chinois. »
« J'adore le chinois, mais ce sera pour une autre fois. J'ai vraiment envie de cuisiner. »

Je souris et ferme mon casier, je me retrouve en une seconde plaquée contre ce dernier. Ema vient de me bousculer pour se retrouver devant Thomas.

« On se fait quelque chose ce soir, bébé? »
« J'ai quelque chose de prévu. »

Je baisse la tête, sentant mes joues chauffer.

« Tu ne peux pas annuler? »
« Non. »

Thomas est froid et distant. Il la fixe, les sourcils froncés, la mâchoire serrée. Cependant, Ema reste impassible, elle ignore son ton et son regard.

« Alors demain? »
« On verra si tu sera devenue plus aimable d'ici demain matin. »
« Ooh, voyons chou! Je suis sure qu'on peut s'expliquer. »
« Cela m'importe peu pour le moment. Ce n'est pas ma priorité. »

Sur ce il me fait signe de partir, je contourne Ema et m'en vais à ses côtés.

« C'est elle ta priorité? Laisse-moi rire. Mon chou tu n'obtiendras rien d'elle, elle n'a jamais eu de contact humain avec le sexe opposé! »

Je baisse la tête. Ema est blessante, elle l'était déjà avant. Mais maintenant, elle le fait exprès. Je ne me sens pas à l'aise sur la route, ni dans le bus. Je fixe Max et Alisha rire en se racontant des anecdotes.

« Désolée... qu'elle soit aussi méchante avec toi. »
« Ce n'est pas ta faute. »
« Si. Un peu. »

Je baisse les yeux.

« Ça n'a pas d'importance. Et puis ce qu'elle a dit était vrai. »
« Elle aurait pu le dire autrement. Certaines personnes sont juste plus fermées que d'autres. Elle ne connaît pas la timidité, elle n'a pas de filtres, elle dit tout ce qui lui passe par la tête, sans même se demander si elle blesse les gens ou pas. »
« Tu disais que tu aimais ça, il y a seulement quelques jours. »
« Ça a changé. »

J'opine, nous arrivons à l'arrêt du centre ville. Après avoir indiqué à mon frère de bien refermer la porte quand il rentrera, je sors suivie de Thomas. Puis nous entrons dans le supermarché.

« Que vas-tu nous préparer de bon? »
« Je pensais à faire du poulet pané. »

Je tourne la tête vers lui en souriant.

« Tu aimes? »
« Oui, j'aime beaucoup. Ma mère avait l'habitude d'en faire tous les samedis quand elle rentrait du travail. »
« Elle ne le fait plus maintenant? »
« Elle n'a plus le temps. »

Je vois qu'il veut me poser une question, mais il ne le fait pas. J'apprécie son choix. Je pense qu'il sait qu'il n'a pas à tout savoir. Peut-être lui raconterai-je plus tard ce qu'il se passe à la maison. Mais pas maintenant.

« Et bien c'est parti pour du poulet pané. Premièrement, la viande. »

Il attrape deux paquets de blanc de poulets. Puis se dirige vers un autre rayon.

« Tu n'as jamais pensé à te faire des amis en dehors d'Ema. »
« Pourquoi tout le monde me demande ça... »
« C'est que ça doit être vrai. Tu devrais te faire d'autres amis. »

Je m'appuie contre un rayon alors qu'il hésite entre deux types de chapelures.

« C'est bon ne fais pas la tête quand même... »
« Non. »
« Tu es beaucoup plus jolie quand tu souris. »

J'écarquille les yeux, attrape un paquet de chips et le lui lance dessus. Il éclate de rire.

« D'accord on prend ça avec. »
« Non! C'est barbecue, c'est à vomir! »
« Mm. Dans ce cas que veux-tu. »

Il s'approche de moi et s'appuie, le bras tendu, juste à côté de la tête. Il plonge son regard dans le mien, sa bouche s'étire en un sourire taquin. Je ris nerveusement et passe sous son bras pour saisir un paquet de chips au sel. Les meilleurs d'après mon avis.

« D'accord. Madame aime les choses simples. »
« Tu n'as aucune idée de ce que j'aime. »
« J'espère le savoir bientôt. Si je veux devenir ton cuistot personnel il faudra m'éclairer. »

Je prends mon téléphone, utilise la lampe de poche et éclaire son visage. Il lève les yeux au ciel.

« Maintenant il faut des œufs. Je prendrai aussi un peu de salade pour accompagner. Et après ce sera bon. »
« D'accord. »

Nous finissons les courses en blaguant sur les autres élèves ou les profs.

J'ouvre la porte et enlève mon manteau en sentant la chaleur m'envelopper. Thomas referme derrière lui et m'imite. Il me suit vers le salon, je lui propose de s'installer avant de cuisiner. Il regarde autours de lui la pièce dépourvue de décoration. Seules quelques photos accrochées au murs ou posées sur les meubles ajoutent une touche moins macabre.

Et là. Pour la première fois. J'ai honte. J'ai peur qu'il se fasse des idées sur ma situation, des faux jugements. Qu'il trouve que je fais pitié et qu'il ne veule plus revenir chez moi.

« Thomas! »

Max entre dans la pièce et se jette dans les bras de notre invité. Je reste muette devant la scène.

« Salut super Max! Devines ce qu'on mange? Du poulet pané! »

Il crie et saute dans tous les sens. Je ris doucement, mon frère se tourne vers moi.

« Merci de l'avoir invité!!! »

Une fois Max calmé et de retour en haut, dans sa chambre, j'entraîne Thomas vers la cuisine. Il commence à nous concocter notre souper. Je décide de m'assoir sur le plan de travail, après avoir proposé plusieurs fois mon aide, mais avoir été obligée de ne rien faire.

« Je suis votre cuisinier personnel, tu n'as rien à faire. »

Je l'observe donc cuisiner. Il passe souvent ses mains dans ses cheveux, il les décoiffe, mais je trouve que cela lui va bien. C'est même plutôt mignon. Son air concentré me fait sourire car ses sourcils sont encore plus froncés que d'habitude. Sa mâchoire est serrée, il se gratte la commissure de la lèvre de temps en temps en réfléchissant.

Je comprends petit à petit pourquoi Ema dès la première fois qu'elle l'a vu est tombée sous son charme. Thomas est un très beau garçon. Grand, mince, et élancé. Je vois les muscles de son bras se contracter légèrement alors qu'il remue les œufs. Je me rends compte que je le regarde depuis un bon moment en souriant bêtement. Et il l'a remarqué, mais fait mine de cuisiner. Je rougis et tourne la tête.

« Qu'est-ce que tu y trouves à Ema? »

Il éclate de rire, mes joues virent au coquelicot.

« Eh bien. Ema est très jolie, elle a un corps magnifique, un caractère assez trempé, j'aime ça chez les filles. De plus elle ne ment jamais. Bien qu'elle vexe beaucoup au moins on sait qu'elle dit la vérité sans aucuns doutes. Elle a de fortes opinions, et le fait rire. »

Un long silence s'en suit. Il me fixe, avec un petit sourire en coin.

« Y'a-t-il d'autres questions mademoiselle Watson? Veux-tu savoir combien je lui donne au lit? »

Je m'étouffe et le fusille du regard.

« Non, pardon je ne voulais pas te gêner. » commence-t-il « Et toi? Daniel, tu lui trouves quoi? »
« C'est gênant... »
« Peut-être mais j'ai été sincère avec toi, c'est ton tour maintenant. »

Je prends une grande inspiration.

« Je le trouve vraiment très beau. Ses cheveux blonds bouclés sont toujours en bataille. Il s'habille très bien, toujours assez classe mais cela semble si confortable, et ça lui va si bien. Il a de très beaux yeux, bleus très clair. Et puis ses lèvres ont l'air si douces. Et elles s'étirent quand il sourit, ça lui fait des fossettes adorables. Quand il répond en classe, il a toujours juste, c'est le plus fort de son option. J'aime énormément sa voix, elle est grave mais douce, comme du miel. »
« D'accord je vois. »

Je baisse les yeux en sentant la chaleur de mon corps monter en pique.

« Je vais t'aider à te rapprocher de lui. Mais le reste tu devras le faire par toi-même. Je ne t'aiderai pas à faire le premier pas. Ou bien à l'embrasser. »

Il voit ma gêne, et fronce les sourcils.

« Tu as déjà embrassé quelqu'un non? »
« Est-ce que j'ai l'air d'être le genre de fille qui embrasse des gars? »
« Mmm... question bizarre. Mais c'est évident tu es très timide. »

Je hausse les sourcils.

« Tu n'as vraiment jamais embrassé quelqu'un? Même pas en primaire à la Saint Valentin ou je ne sais quoi? »
« Non. »

Il reste bouche bée, je ricane.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive? »
« Je peux être sincère avec toi? »

J'opine, il pose son couteau après avoir coupé le poulet et se place en face de moi. Plongeant son regard dans le mien.

« D'accord. Alors, ce qu'il m'arrive c'est que cela m'étonne que tu n'aies jamais embrassé de garçons, ou même de filles. Tu vois, je te trouve très jolie. »

Je ris nerveusement.

« C'est vrai, tu as un visage très doux, un profil très bien dessiné, des yeux de chats, des taches de rousseurs. Il faut savoir que la seule chose que je peux reprocher physiquement à Ema c'est de ne pas avoir de taches de rousseurs, ça me rend fou. Tu as des lèvres fines. Tu as un beau corps, et de jolies jambes fines. Tu t'habilles très bien, après c'est mon avis mais ton style vestimentaire te va. De plus tu es très intelligente, tu ne parles pas beaucoup mais je le sais, tu as une façon très réfléchie de voir les choses, tu es douce et compréhensive. De plus tu me fais beaucoup rire. »

Il se rapproche tout en disant ça, je me sens soudainement mal à l'aise. À quelques dizaines de centimètres de lui, son odeur emplissant mes narines. Il me déstabilise, car ses yeux me transpercent, ce qui coupe mon souffle.

« En réalité... je ne comprends pas comment tu ne peux pas être en couple. Je ne comprends pas vraiment ce qu'attendent les autres garçons. »
« Peut-être que moi je ne veux pas de copain. »
« Emma Watson, la briseuse de coeur. Tragique. »

Je souris.

« En revanche tu veux que je t'aide à te rapprocher de Daniel Pennsilverst? Logique tu connais? »
« Mm. C'est vrai. Peut-être que je ne veux pas de copain mais que je veux un Daniel. »
« Où est la différence. »
« Ce n'est pas un copain c'est un dieu. »

Il lève les yeux au ciel en souriant, j'éclate de rire.

« Oui bah si il ne sait pas succomber à ton charme par lui-même, et nécessite de l'aide de moi-même ici présent, ça fait de lui un abruti. Il faudrait être bien bête pour ne pas te remarquer et.. »
« Stop! Je rêve ou tu me fais des avances?! »
« Je n'oserai pas. »
« Tu sors avec Ema. Ma meilleure amie. Enfin, je pense qu'on l'est toujours. Je te conseille de garder tes compliments pourris pour toi-même. »

Il semble déçu et fait la moue.

« Non sérieusement Thomas, ça me flatte vraiment. Je n'ai jamais vraiment de compliments sincères, c'est très gentil. Mais je suis gênée étant donné que tu es déjà en couple. »

« Je comprends, je m'excuse. »

Je détourne le regard, il se remet à cuisiner en souriant bêtement, je soupire et sors mon téléphone. J'ai plusieurs messages de Charlie.

"Bonjour mademoiselle!"

"Cela vous intéresserait-il de m'accompagner voir les magnifiques œuvres qu'exposent le musée MODAH pas loin d'ici?"

"Je vous prendrais, sur ma monture, et nous chevaucherions jusqu'au savoir!"

"Stp dis oui ce serait super gênant..."

Je pouffe en voyant les messages, Thomas tourne la tête vers moi et fronce les sourcils. Je décide de lui répondre positivement, l'art m'a toujours intéressé.

« Qui est-ce? »
« Charlie. »
« Ow. Ce gars est cool, il est- »
« Avec toi dans l'équipe, je sais. Il me l'a dit. »

Il penche la tête sur le côté, et plisse les yeux en souriant.

« Vous parlez de moi? »
« Oui il me dit à quel point tu es égocentrique. Pourtant il n'y a pas à l'être vu le morceau. »

Il pose le couteau qu'il a en main et s'approche de moi, je me recroqueville sur moi-même. Il me contourne et ouvre un placard pour sortir des sauces.

« Gnagnagna. » marmonne-t-il.

Une fois le dîner prêt, nous nous installons devant la télévision, décidons de regarder gravity falls tout en dégustant le poulet pané de Thomas.

« Wah! Ch'est cro bon!! »

Je me tourne vers mon petit frère qui dévore son poulet, je décide de goûter à mon tour. La chapelure est grillée et croustillante, le poulet est doux et si goûteux que j'en salive d'avantage alors qu'il est déjà dans ma bouche. J'écarquille les yeux. Le blond m'observe, attendant mon avis.

« Thomas, c'est délicieux! »
« Content que ça te plaise. »
« Il pourra venir plus souvent à la maison dis?? »

J'avale de travers ma nourriture et tousse, Thomas sourit doucement, je secoue la tête en riant.

« Max! On ne peut pas l'inviter pour qu'il cuisine à la maison ça ne se fait pas! Puis je suis sure que Thomas a beaucoup de choses à faire à la maison. »
« En réalité... je serai honoré de devenir votre cuisiner de temps en temps. »
« Tu vois il a dit oui. »

Je souris, lève les yeux au ciel tout en prenant un autre bout de poulet.

Nous regardons la télévision, affalés sur le canapé. Max s'est endormis dans mes bras, étendu contre moi, la tête dans mon cou. Il ne tient jamais le soir quand nous regardons la télévision. Je caresse ses cheveux bouclés, comme les miens, mais bien plus doux. Je me surprends à sourire en pensant à mon frère.

J'entends un petit rire sorti du nez de mon ami, je tourne la tête vers lui. Il m'observe avec un petit sourire attendri aux lèvres. Je fronce les sourcils, il plonge son regard dans le mien. Mon souffle devient irrégulier devant l'intensité de ses yeux, je m'y perds un moment. Il est pourtant à un bon mètre de moi mais j'ai l'impression qu'il est à mes côtés, à me murmurer des choses à l'oreille. Je sens presque son souffle s'échouer contre ma nuque. Je frissonne. Il sourit à pleines dents, je ne peux m'empêcher de le suivre.

« Vous êtes mignons tous les deux. »

Je ne lâche pas son regard, il se mord discrètement la lèvre, puis y passe ses doigts. Je suis leur chemin, puis reste bloqué sur sa bouche. J'imagine ce que l'on doit ressentir quand on l'embrasse. Est-ce doux? Est-ce parfumé doucement ou assez pour nous envoûter? Sait-on s'arrêter?

Je me ressaisis, et tourne la tête vers la série. J'avais oublié que je regardais quelque chose, je n'entendais même plus le son qu'émettait la télévision.

« Je vais le coucher. » j'annonce à bout de souffle.

Je prends Max dans mes bras et monte les escaliers alors que Thomas m'attend en bas. Je dépose mon frère dans son lit, il semble si paisible dans les bras de Morphée. Je l'observe un moment, me posant milles et une questions. Lui aussi sera-t-il aussi perdu que moi avec ses sentiments? Ressentira-t-il ce que je ressens quand il aura mon âge? D'ailleurs qu'est-ce que je ressens?

J'ai apparemment une attirance pour Thomas, je ne peux le nier. Il est beau, et intimidant. Mais cela s'arrête-t-il là? Aucune idée.

Je décide de descendre les escaliers et trouve Thomas, en manteau, dans le couloir. Je lui sourit, il se gratte l'arrière du crâne en grimaçant.

« Merci de m'avoir invité, Emma. J'ai passé une super soirée. »

« Moi aussi. Une très bonne soirée... »

Et revoilà son regard, noir, profond. Je me sens rougir. Il s'approche de moi et embrasse ma joue. Mais il ne fait pas juste le bruit à quelques centimètres de ma joue. Il pose ses lèvres contre. Je les sens glisser légèrement contre ma peau, je frémis. Il s'écarte de moi, enfonce ses mains dans ses poches.

« À demain à l'école. »
« Oui... à demain. » je bafouille.

Sur ce il referme la porte.

Non... ça ne s'arrête définitivement pas là.

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