Chapitre 1

Pour commencer, je m'appelle Aisha. Pour entrer dans ma vie, il faut être silencieux, très silencieux.

Mais je crois que dans ma vie, la plus silencieuse c'est moi. Le moindre geste peut être réprimandé alors je n'en exécute aucun.

Pour entrer dans ma vie, il faut se faufiler a pas de loup, pour ne pas réveiller son monstre. Il faut être très discret et ne pas parler, s'immiscer dans mon paysage et s'y fondre, car il ne supporte pas le changement.

Ma vie est comme une prison, il faut toujours rester derrière les barreaux, en se demandant de quel côté est vraiment la sortie, et de quel côté est la cellule.

Personne ne me connaît vraiment, ou plutôt ne me connaissait vraiment jusqu'à ce qu'un petit être bruyant de vie pousse tel un laurier dans le ventre fertilisé de ma mère.

Lorsqu'il est né, je me suis rendu compte que la vie de cet être allait être semblable en tout point à la mienne. Tant par son regard que par son déroulement.

Pourquoi en aurait-il été autrement ? A présent, et pour toujours, je garde ce petit bout de vie, mon frère, collé contre moi comme pour l'empêcher de voir l'horreur de notre monde.

''Aïsha, pourquoi...?"

M'a t'il demandé tant de fois de sa petite voix brisée par la terreur face à cette dure réalité.

Chaque fois, je restais sans voix, priant silencieusement pour qu'un jour, notre conscience soit assez forte pour en parler sans y laisser des larmes et un petit morceau de notre cœur meurtri. Il était, est et restera toujours dans mon cœur mon frère, ou plutôt dans ce cas de figure mon compagnon de peine.

Je souhaiterai fermer ses petits yeux sur le monde cruel que la nature lui offre, l'un de ceux qui ne peut être compris par la conscience innocente d'un enfant de six ans. Mais en six ans, il a vu plus d'horreurs qu'un être humain normal en quatre-vingt ans d'existence.

On pourrait croire que par ces évènements, sa petite tête soit traumatisée par des souvenirs malheureux dont l'écho se répercussionne dans les jeux enfantins d'un gamin d'une sixaine d'années. Or non, ce n'est pas le cas.

Malgré l'environnement dans lequel il vit, mon petit frère joue a des jeux qui font résonner l'espoir d'un monde meilleur, qui sont remplis de joie et d'innocence.

Pourtant, son innocence est partie depuis longtemps. Le regard qu'il porte sur le monde est celui d'un vieillard qui aurait vécu un siècle. Si je me mettais à pleurer maintenant, il ne dirait pas comme tout enfant :

"Tu pleures"

Mais plutôt :

''Les larmes sont le reflet de la peine dans le miroir de la vie''

Vous allez me dire :

'' Ce n'est pas possible qu'à six ans, il puisse dire ce genre de choses !''.

Mais si moi je vous dis que ces mots sont ceux que je lui ai prononcé lorsque ses premières larmes d'incompréhension ont perlé a ses paupières. Je l'avais entouré de mes bras en murmurant :

'' Pleure, car les larmes sont le reflet de la peine dans le miroir de la vie. Et songe avec espoir que si de l'autre côté du miroir, quiconque voie notre faiblesse, cette personne nous tendra la clé du bonheur...''.

De mon monologue il n'a retenu que les premières phrases, qu'il m'a ressorti a quatre ans.

Le jour de ses quatre ans, je me rappelle avoir pleuré pour lui, car cela m'a semblé injuste qu'aucun de nos deux parents n'aient ne serai-ce que songé à lui souhaiter un bon anniversaire.

J'avais versé des larmes, qu'il avait essuyé en penchant la tête avant de dire :

'' Les larmes sont le reflet de la peine dans le miroir de la vie. Et, Aïsha, pour moi le crochet qui soutient mon miroir de la vie c'est toi... ''

Il n'avait réussi qu'à faire redoubler mes larmes car ses paroles sincères m'avaient touchées en plein cœur.

Il était parti quelques secondes de la pièce dans laquelle on se trouvait pour revenir avec un petit livre de recettes de gâteaux. Un petit sourire aux lèvres, il m'avait demandé :

'' Papa et Maman n'aiment pas les gâteaux, mais moi j'aime ça Aïsha. Et aujourd'hui c'est mon jour a moi alors je veux qu'on fasse un gâteau tous les deux. ''

Finalement, ce gâteau s'était avéré tellement bon que lorsque nos parents se sont rendus compte de son existence, ils en ont goûté une part avant de dire :

'' Aujourd'hui, les enfants, vous nous avez conquis. Un jour, quand nous irons mieux dans notre famille, nous mangerons l'un de ces délicieux gâteaux pour faire la paix ''

Depuis le début de ma vie, ces paroles avaient été les plus douces que je n'avait jamais entendu de la bouche de mes parents.

Dehors, on ne me regarde pas. Après-demain, je vais a une fête organisée par je ne sais qui, et ce qui me préoccupe n'est pas la tenue que je vais porter ce soir là mais plutôt ce qu'il va advenir de Sofiane. Je ne peux pas le laisser seul a la maison, mais l'emmener avec moi serait une erreur.

Une fête avec de l'alcool et des drogues ? Non merci, très peu pour mon frère ! Je ne compte pas le choquer plus qu'il ne l'est déjà. Ah, et je sais ce que vous vous demandez !

Mais comment vais je m'habiller pour cet évènement inutile qu'est cette fête ?

Sachez que, même en mettant une robe plus brillante que le salaire d'un ministre américain, je ne parviendrais pas a attirer l'attention vers moi. Alors, je ne compte pas faire de gros efforts puisqu'ils seraient réduits a néant.

J'opterai donc pour une robe longue assez moulante, verte (de la couleur de mes yeux a dire vrai...). Chaussures ? Euh... Si je vous dis que je compte mettre mes Converse blanches, vous me faites la gueule ? Accessoires ? Hum... Boucles d'oreilles, collier avec une importance sentimentale et c'est tout.

Si, j'oubliais : mon téléphone ! Si je l'oublie, ma soirée ne sera qu'ennui, alors que si j'ai mon téléphone, je peux regarder Netflix !

Et la, tout de suite, vous vous dites que je devais mentir lorsque je disais vivre un enfer. Or, tout les objets tels que mes chaussures, mon téléphone, mon compte Netflix et j'en passe sont payés par mes soins alors heureuse, je veux bien, mais pas grâce à mes parents.

«Aïsha, si je me perdais dans cette vie, pourrais-tu me retrouver ? Car si nous sommes liés par un fil invisible, comment pourrons nous le retrouver parmi tous ceux des autres ? »

Je cligne des yeux avant de les porter vers Sofiane. Son regard enfantin est rivé vers moi, et du haut de ses six ans (bientôt sept !) il a décrypté le monde en une phrase.

Un millier de fils qui se mêlent entre eux. Un millier de connexions qui par un faux contact peuvent se rompre. Ses paroles sont magiques.

« Sofiane, et si nous teignons notre fil ?»

« A quoi bon le teindre ? Nous ne le verrons pas mieux. Et puis c'est pas un vrai fil ! C'est plutôt un petit signal qui fait 'ding' quand je te vois et qui me dit que tu es près de moi.»

« Ton cœur fait ding ?»

Ses yeux toujours rivés vers moi, il murmure :

« Non, il fait boum et il fait badaboum quand Papa me tape...»

Oh non... Sofiane..  Il aborde le sujet qui fâche. Même sous la force, je ne vous en dirai pas plus. Il vous en a déjà dit bien assez...

« Mon petit Sofiane a moi, va te coucher... Demain sera long sans nul doute, alors profite du temps qu'il te reste et confonds le rêve et la réalité le temps d'une nuit »

Mon petit Sofiane acquiesce tout en se dirigeant vers sa chambre. Lorsque je ne le vois plus, je trouve la force, en un dernier soupir, de donner mon âme a Morphée, qui la recueille dans ses bras en lui contant l'espoir.

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Hey le gang ! Si vous êtes passés voir mon histoire, j'espère qu'elle vous plaît déjà. Pour ce qui est du prochain chapitre, il portera sur la fameuse fête ou Aïsha doit se rendre sans pour autant en avoir envie... A+

Bisous ! ❤️
🕊️ Ange XXX🕊️

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