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Je n'avais quasiment pas dormi. Je craignais qu'il m'arrivât quelque chose. C'était commun, la peur de la mort. C'était une chose crainte par tout le monde, ou presque. Danny ne craignait pas la mort, lui, avant qu'il ne lui succombât. Oui, car Danny était mort. C'était un ami d'enfance qui avait énormément compté pour moi. Malheureusement, la vie ne voulait peut-être pas que nous continuassions de nous côtoyer.
Le fait était que je me trouvais au beau milieu d'un champ, trempé, car comme par hasard la pluie avait décidé de pointer le bout de son nez cette nuit-là. Quel chanceux j'étais !
Je me relevais lourdement après une petite sieste, et essayai de regarder par-dessus les plantes afin d'apercevoir la ferme de John. Elle était à un bon kilomètre. J'allais y retourner à pieds, espérant qu'il y fût toujours.
Je marchais nonchalamment sur la terre boueuse lorsque j'entendis quelqu'un crier derrière moi, à une bonne centaine de mètres. Je ne pouvais rien voir, puisque j'étais entouré d'épis qui m'empêchaient de voir où je me situais. Je me stoppai net, espérant que ce ne fût que mon imagination, cependant, le cri retentit une seconde fois. C'était une femme. Ou bien une adolescente. En tout cas, c'était un cri strident qui pouvait glacer le sang de quiconque.
Que faire ? Retourner sur mes pas ou rejoindre John ?
J'avais beau être peureux, je ne pouvais pas me permettre de laisser cette personne qui semblait être en danger seule. Je retournai donc sur mes pas et criai à plusieurs reprises « Y'a quelqu'un ? ». Je n'eus aucune réponse, mais je continuai d'avancer. Peut-être s'était-elle évanouie ?
Je m'arrêtais une seconde fois pour faire régner le silence autour de moi et entendre quelque chose qui pourrait m'aider. J'entendis soudainement des épis se frappaient les uns aux autres, comme si quelqu'un essayait de se frayer un chemin entre eux.
« Y'a quelqu'un ? » criai-je de nouveau.
J'avais l'impression de me trouver dans un film d'horreur. Fort heureusement, nous étions en pleine journée. Mais peu importait, j'étais seul, et personne savait que je me trouvais ici. S'il m'arrivait quelque chose, personne ne pourrait m'aider. J'avais peur, encore et toujours.
Je me décidais de faire abstraction de ces événements et repartir chez John. Je ne voulais pas risquer ma peau. Cela pouvait paraître égoïste, mais après tout ce qui m'arrivait, je pouvais me permettre de penser un peu à ma survie. Car oui, je me sentais en danger. Constamment. Toujours en garde, en train de guetter autour de soi si rien ne clochait, si personne ne me regardait, si aucune chose voulait tenter de m'attaquer.
Je repensais soudainement aux blessures que j'avais dans le dos. Je passais ma main sous mon t-shirt et atteignit avec difficultés ces griffures. J'avais toujours mal, et la plaie semblait s'infecter. Ce n'était pas autant : dormir allongé sur la terre n'était pas très propre.
Je me mis donc à courir en direction de la ferme de John. Après plusieurs longues minutes, j'arrivais à une certaine distance de la ferme; j'étais sorti du champ et je pouvais contempler le paysage qui était magnifique. Il faisait à nouveau soleil (à croire que la pluie était juste apparue pour m'embêter) et le temps était loin d'être maussade.
J'accourus dans la grange, pensant qu'à cette heure-ci John s'y trouverait, cependant il n'y avait personne. Seulement les animaux qui semblaient avoir faim. Je partis donc à la maison. J'entrai sans frapper puis allai directement dans le salon. La pièce n'avait pas été rangé depuis la veille où cet "événement" était arrivé.
« John ? »
Ma voix résonnait dans la maison qui semblait vide de vie. Je montais à l'étage. Il dormait peut-être. Arrivé dans celle-ci, je tombai nez à nez avec une scène d'horreur. Une scène que j'aurais préféré ne jamais voir. Une image qui choquerait tout le monde.
« John ! »
Il était allongé sur le lit, baignant dans son propre sang. Le matelas avait perdu toute sa blancheur pour laisser place à ce rouge éclatant semblable aux effets spéciaux au cinéma. J'espérais que tout cela était dans ma tête, tout comme ces bêtes qui m'attaquaient et me suivaient sans cesses.
Je pris John par les épaules et le secouai, espérant qu'il se réveillât. Je mis mes doigts sur son pouls, et essayai de détecter un signe de vie. Je ne sentis rien. Mon coeur manqua un battement dans ma poitrine. Il ne pouvait pas mourir !
« Non... Non... Pas ça... »
Je le secouai à nouveau, de plus en plus fortement, comme s'il pouvait revenir à la vie. Soudain, ses yeux s'ouvrirent rapidement. Ils étaient d'un noir intense qui n'étaient pas les siens. Il paraissait possédé. Sans que je pusse réagir, sa main saisit mon cou et il se leva pour me plaquer contre le mur avec une violence monstrueuse. Il m'étouffait de ses doigts, me regardait de ses yeux obscurs et semblait gémir de douleur, comme s'il ressentait la même douleur que je ressentais à cet instant, qui était à la fois physique et morale.
« J... John.... Arr... Arrête... »
Je tentais tant bien que mal de le dissuader de me tuer, mais il semblait si déterminé à vouloir ma mort. Ce ne pouvait pas être lui. Ce n'était pas John. Je ne savais pas qui il était, mais John n'avais jamais été violent avec moi.
« Tu vas mourir, vermine, commença John, d'une voix bien plus grave à la sienne. Tu ne dois pas survivre. Tu ne dois pas survivre. Tu ne dois pas survivre. »
Il ne cessait de répéter cette phrase, tandis que je me sentais partir, peu à peu. Mes muscles commencèrent à se détendre, ma vue se troubla, j'essayais avec le peu de force qu'il me restait de me débattre, mais mon sort paraissait inéluctable. Il allait gagner. J'allais mourir.
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