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Arrivé à nouveau à la ferme, je rangeai ce que j'avais acheté et allai directement dans la salle de bain afin de regarder mon dos de plus près. Cette créature ne m'avait pas loupé ! J'avais ma chemise arrachée et des grosses griffes, heureusement, peu profondes. Je ne savais pas si c'était une bonne idée d'en parler à John.
Après m'avoir soigné et longuement réfléchi, j'allais voir John qui était en train de s'occuper des cochons. Il les nourrissait.
« John ?
- Oui ? »
Il ne quitta pas les cochons du regard, déposant de la nourriture dans leur bac.
« Je sais que tu n'aimes pas trop que je parle de ça mais... regarde mon dos. »
Je me retournai et j'avais pris soin de retirer ma chemise pour qu'il vît clairement ce que j'avais.
« Mais qu'est-ce que tu t'es fait ? C'est quoi ces griffes ? s'exclama-t-il, surpris.
- Ils sont revenus... Les créatures, elles sont revenues ! »
John n'avait pas l'air d'avoir entendu ce que je venais de dire, il se contentait de regarder si mes plaies étaient profondes en tâtant doucement mon dos. Je gémissais à plusieurs reprises de douleur : j'avais l'impression que ma peau était tendue à son maximum et que le simple fait de la toucher la déchirait.
« Je l'ai entendue... Elle était là, elle me suivait... Je me suis retourné plusieurs fois, et je ne l'ai pas vu. Quand je me suis mis à courir, elle m'a sauté dessuas...
- Thomas... Tu sais que...
- Mais regarde mon dos ! Je n'ai jamais pu me faire ça tout seul ! »
John ne répondit pas, il avait l'air de commencer à y croire. Il y eut un grand silence. Seuls les cochons qui mangeaient bruyamment donnaient de la vie à la ferme. Le soleil était encore haut dans le ciel et brillait de milles feux.
« Tu as désinfecté ?
- John ! Ne fais pas comme si j'avais rien dit ! Crois-moi, ils sont revenus ! »
Au même moment, nous entendîmes un bruit sourd provenant de la maison, à côté de l'étable. John et moi nous regardâmes puis partîmes en direction de la maison. John entra le premier, et il murmura « Mais qu'est-ce qui s'est passé ici... ? ». J'entrai après lui et fus aussi surpris que lui. C'était comme si un séisme venait de tout détruire : la table était renversée, les chaises également; les cadres qui se trouvaient sur les murs étaient à présent explosés au sol, les assiettes étaient également en miette dans le coin de la pièce, sans compter le canapé qui était déchiré, comme si un chien l'avait griffé.
« On nous a cambriolé ! J'en reviens pas !
- Non... fis-je. Ce n'est pas un cambriolage...
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu as vu l'état de la maison ? s'énerva John.
- Ce n'est pas un cambriolage ! Regarde le canapé, il est déchiré ! essayai-je de lui faire comprendre.
- Et alors ?
- Ce n'est pas un humain qui a fait ça...
- Thomas, il faut réellement arrêter avec ça... »
La sonnette d'entrée retentit dans toute la maison et mit fin à cette conversation. John me regarda d'un air énervé puis sortit de la pièce pour répondre à la porte. Lorsqu'il l'ouvrit, tandis que j'étais en train de regarder de plus près l'état du canapé, j'entendis à l'entrée une voix qui m'était familière :
« Bonjour, désolée de vous déranger mais... Je suis à la recherche de mon fils, Thomas, et nous avons une femme, habitant près d'ici, qui nous a dit que vous aviez recueilli un garçon il y a quelques temps.. »
C'était ma mère. J'arrêtai net de bouger, de l'écouter, de réfléchir. J'étais comme paralysé à l'idée qu'elle fût là. Ce ne pouvait pas être possible... Ça ne pouvait pas finir comme ça. Je ne voulais pas retourner avec ma mère, en tout cas, pas maintenant...
Pris d'un élan de volonté, je sortis de la pièce et passai par le jardin pour aller me cacher. Alors que je cherchais un endroit clos, j'entendis des hommes parlaient non loin de là. Je contournais la maison avant d'apercevoir deux véhicules de police. Ils avaient accompagné ma mère. Je fus pris de panique et m'enfuis du côté opposé. Je voyais bien qu'il n'y avait que des champs autour de nous, mais je ne pouvais pas rester ici et risquer de me faire attraper par ces gens qui ne croyaient pas un seul mot de ce que je disais.
Je courais de toutes mes forces, et très vite, j'arrivais dans un champ de blé où les épis faisaient ma taille. J'étais donc camouflé et je pouvais désormais ralentir l'allure pour ne pas m'épuiser trop vite. J'avais beau avoir de l'endurance, je n'étais pas Superman pour autant !
Je m'arrêtai afin de reprendre mon souffle, et je pensai. Allais-je retourner chez John ? Je ne pouvais pas me permettre de le laisser seul, à nouveau. Et si je partais, où irais-je ? Je n'avais personne d'autre. De plus, il commençait à me croire. Il commençait à croire en ma thèse, je le sentais !
Je n'avais plus de téléphone portable, car je ne l'avais pas pris en fuyant de chez moi, deux mois auparavant : je ne voulais pas que mes parents me retrouvassent.
Après mûres réflexions, je décidai que je retournerais chez John, le lendemain, afin d'être sûr que les policiers ne fussent pas là. Pouvaient-ils pas m'oublier quelques temps ? Ils arrivent très bien à "oublier" les choses qu'ils déplaçaient "inconsciemment", alors ils n'avaient plus qu'à m'oublier également.
La journée passa très lentement, et je stressais à chaque fois que j'entendais une voiture rouler sur la route qui était juxtaposée au champ. Je m'étais allongé sur un rocher, dans une posture peu confortable, cependant, c'était le seul endroit qui semblait "propre" pour dormir.
Une fois la nuit tombée, je somnolais tout en gémissant de douleur. J'avais mal au dos, mes blessures me piquaient. C'était extrêmement désagréable.
Mes yeux se fermèrent doucement, très doucement. Mais avant de m'endormir, je sentis un léger souffle sur mon visage, un souffle chaud, un souffle vivant qui n'était pas seulement celui du vent...
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