7. Le banc des souvenirs

Idriss Akrour

La rousse hocha simplement la tête. Je ressentais la même chose, j'étais ici chez moi. Et pour rien au monde j'abandonnerai Paname.

Je passa mes mains sur mon visage, ça faisait plusieurs jours que je me levai super tôt, pour gratter des textes. J'avais une putain d'inspi depuis quelques semaines, et j'avais ce besoin irrépressible de tout déverser sur un bout de papier. Résultat, j'étais KO.

Victoria s'agita a côté de moi en sortant son téléphone de sa poche. La lumière éclaira son visage. Elle avait vraiment des traits de gamines. Son petit nez retroussé et ses taches de rousseur lui donnaient ce putain d'air de peste.

- C'est Deen. Il a capté qu'on avait déserté.

- Si c'est Deen, répondis-je, tu devrais vite accourir.

Elle tourna la tête vers moi en me mitraillant du regard. Bah quoi? Elle avait l'air de bien le kiffer, je ne faisais que les réunir moi.

- Y'a quoi que t'as pas bien compris dans la phrase « je ne suis pas là pour choper aucun de tes potes »? demanda t-elle.

- Rien. Je constate juste que vous vous entendez bien.

- Ouais comme des potes, rétorqua t-elle.

- Genre il te plaît même pas un peu?

Autant savoir à quoi s'attendre. On avait pas besoin de drama en plus avec des meufs un peu perchée.

- Non. Genre c'est comme si je te demandais si Louna te plaisait. Puis c'est pas mon délire les bails de couple.

C'était rare d'entendre des meufs de cet âge ne pas rêver de se caser avec le mec parfait, le petit appart et le Yorkshire.

- C'est une perte de temps. Et d'énergie. Pas mon délire, termina t-elle.

J'eus un petit rictus. Cette go était définitivement la plus bizarre que j'ai pu croisé.

- Arrête de te foutre de moi, râla t-elle en rabattant sa capuche sur sa tête.

- Tu me fais rire fillette, pouffais-je.

- Putain vous êtes relou, on a quoi, 6 ans d'écart? râla t-elle.

- T'as que 23 ans? Pourtant Louna et sur ses 24 ans non? l'interrogeais-je.

- J'ai sauté la moyenne section. Eh me regarde pas comme ça! J'étais super bonne en cours!

La rouquine, commença à me raconter ses plus grands exploits à l'école, mais sur le moment, le seul truc sur lequel mon attention s'était posée, c'était ses lèvres légèrement rosée. Merde. Y'a pas bon.

- Il pèle, souffla t-elle, mais avec l'autre bande de sauvage c'est mort, jamais j'vais pouvoir dormir en paix.

- Viens dormir chez oim, lâchais-je.

Elle me regarda avec un air qui oscillait entre le choc et la suspicion.

- T'as entendu quand je t'ai dis que j'étais pas là pour vous choper? Ou sortir avec qui que ce soit? termina t-elle par lâcher.

- J'te propose mon canap Victoria, pas un plan baise ou une bague de fiançailles.

Elle me fixa quelque secondes, cherchant à déceler la vérité dans ma phrase. Puis quelques secondes plus tard elle hocha la tête en se relevant, sûrement convaincu par la fatigue et le froid.

On marcha en silence jusqu'à la voiture, en bas de l'immeuble de la blonde du fennec. La rouquine haussa un sourcil en voyant mon Audi.

- Ça va tu te fous bien, lança t-elle en s'installant dans la place passager.

Mes premiers gros chèques je les avais banqué. Mais quand le rap avait réellement commencé à rapporter, le premier truc que je m'étais payé, c'était une belle bagnole. Superficiel ouais, mais c'était ma tune après tout.

La main sur le volant, je conduisis en silence. Victoria avait la tête posé contre la vitre, trop occupée à observer les lumières de notre ville pour m'accorder une quelconque importance.

Quand j'ouvris la porte de l'appart, je ne pus m'empêcher de sourire en voyant la rousse observée avec attention tous les détails de mon appartement. C'était un appart assez neuf avec une cuisine ouverte et de grandes baie vitrés. Elle s'avança vers un des cadres qui trônait sur le meuble du salon. Elle l'attrapa et un sourire s'étala sur son visage.

- Vous aviez vraiment tous une vieille dégaine à l'époque, pouffa t-elle. Vous arriviez à choper avec ces faces de cake?

- Si tu savais, répondis-je avec un sourire.

Elle posa la photo de L'entourage avant de se tourner vers moi.

- T'es trop sûr de toi Idriss, petit conseil, ça plait pas spécialement aux filles, balança t-elle comme si on se connaissait assez pour s'échanger nos petits conseil de drague.

Je roula des yeux et disparu dans ma chambre avant de lui ramener un vieux tee-shirt et un short. La rouquine les attrapa en me remerciant avant de disparaître à son tour dans la salle de bain.

Quelques minutes plus tard, alors que j'installais un oreiller et une couverture, Victoria sauta à plat ventre sur le canapé. Avec grâce et dignité bien sur.

- J'suis É-CLA-TÉE, marmonna t-elle la tête dans l'oreiller.

La classe incarnée cte go.

Elle se retourna sur le dos et passa les bras sous sa tête. Elle me fixa quelques secondes avant de parler.

- T'es plutôt cool comme type en faite.

- Tu t'en rends compte que maintenant, répliquais-je.

- Ouais, j'étais trop occupé avec tes autres potes avant, lâcha t-elle avec un regard plein de provocation.

Je lui lâcha un simple ta gueule et lui balança un oreiller dans la tête. La rouquine rigola quelques secondes avant de me souhaiter bonne nuit.

Je laissa la squatteuse de canapé pour à mon tour rejoindre mon lit.

Le visage de la petite rouquine tournait en boucle dans ma tête. Cette fille était vraiment incompréhensible. Le genre de go mystérieuse, surprenante et insaisissable. Sur le début je l'avais vraiment pris pour le genre de taimp qui grattait pour profiter ou faire leur petit buzz.

En même temps on en avait vu tellement défilé depuis le temps.

J'étais entrain de divaguer total quand j'entendis la porte s'ouvrir. Un léger filet de lumière traversa la pièce et la petit tête de la rouquine apparut.

- Tu m'as arnaqué, ton canap' c'est pire que la banquette arrière d'une caisse, résonna la voix de Victoria.

Je grogna en l'entendant parler. Putain mais quelle plaie cette nana. Je souffla et me décala sur l'un des cotés du matelas, tapotant l'espace vide. Instantanément Victoria sauta sur le lit avant de passer ses jambes sous la couverture.

- Si tu bouges j'te fous de dehors, grognais-je la tête contre l'oreiller.

Je n'eus aucune réponse. C'était humainement possible de s'endormir aussi rapidement? Je pensais pas, mais apparement la rouquine était décidé à défoncer tous mes apriori les uns après les autres.

Le lendemain au réveil, elle avait déguerpi, aucune trace de la petite rousse dans ma chambre. La place semblait froide. Je me leva en soupirant, une plaie cette go.

Je marcha vers ma cuisine, dans le but ultime de me faire un café ou n'importe quoi qui puisse me réveiller. Et ce que je vis était sûrement le truc auquel je m'attendais le moins. Victoria était toujours là, assise sur le canapé, une couverture sur les genoux et la télécommande dans les mains. Entrain de mater un dessein animé.

- J'savais pas que je donnais dans le baby-sitting.

La rousse releva immédiatement la tête, elle me fixa quelques secondes avant de me faire un grand sourire.

- Salut.

Son grand sourire contrasté avec son teint pâle et ses cernes. Merde, même là elle restait mignonne.

- Salut, répondis-je. Je pensais que t'étais déjà partie.

- Ouais euh non, c'est juste un peu tôt pour qu'on se retrouve ensemble au réveil non? lança t-elle avec un clin d'œil.

Je leva les yeux en activant ma machine à café. Incroyable cte go.

- T'as fais que bouger, grognais-je.

- N'importe quoi, c'est toi ouais, répondit-elle.

- Tu rigoles, jamais dormi avec une go qui bouge autant dans son sommeil. T'as le sheitan c'est ouf.

Elle souffla en se levant. Apparement je racontais n'importe quoi. Elle s'installa avec moi et piqua ma tasse de café.

- Popopop, tu fous quoi là? lançais-je en rattrapant ma tasse.

Elle roula des yeux et posa sa tête entre ses mains. Vraiment une tête de fillette.

- Tu fais quoi aujourd'hui? demanda t-elle.

Je regarda l'heure sur mon téléphone. 11h13. J'allais être en retard, mais vu l'états des gars hier soir, je serai pas le seul. La rouquine me regardait encore avec ses grands yeux bleus.

- J'vais au stud'. J'ai quelques trucs à poser.

- Nouvel album du S en préparation?

- Top secret, répondis-je.

Elle roula des yeux en attrapant ma tasse de café et en prenant une gorgée.

- Sinon tu bouges juste ton cul pour t'en faire un tu sais.

- Il est meilleur le tien, répondit-elle avec un sourire en coin.

Incroyable.

- Et toi, tu fous quoi aujourd'hui?

- Faut que je bosse un peu. D'ailleurs, c'est pas que ta compagnie n'est pas plaisante, lança t-elle en se levant, mais le devoir m'appelle.

La rouquine était déjà partie dans la salle de bain, elle réapparut quelques secondes plus tard habillé de son vieux sweat et son jean noir. Elle attacha ses cheveux et piqua un biscuit que je venais de sortir du placard.

Elle allait franchir la porte quand je la coupa.

- Attends, t'es sur ma route, j'te dépose.

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