41. Lourd à porter
Hello, hello, petite intervention rapide pour vous demander si l'histoire vous plaît toujours, j'ai très peu, voir pas du tout de retour donc je sais pas trop dans quelle direction vous préféreriez que je parte.
Victoria Olsson
On s'était pris la tête. On s'était encore pris la tête et je l'avais laissé partir en sachant pertinemment qu'il était énervé contre moi et que rien n'était arrangé. Mais sur le moment je n'avais eu ni l'envie, ni la force de me battre contre lui. On y avait déjà laissé beaucoup trop de plumes.
Alors cette nuit là, je l'avais passé à faire les cents pas, en m'en voulant atrocement de toujours tout compliquer . Les jours qui avaient suivit, je n'avais eu aucune nouvelle. Et je m'étais très vite retrouvé au week-end, sans toujours aucune nouvelle. J'avais vu Deen et Louna, qui avait très vite capté que quelque chose n'allait pas. Et pour le coup je n'avais pas vraiment chercher à leur mentir. Les deux m'avaient limite engueulé comme si j'étais une gosse pour que j'aille m'excuser.
Putain mais je savais pas m'excuser. Et je savais encore moins faire le premier pas. Mais visiblement Idriss non plus.
Alors un soir je m'étais pointé au studio, je savais que je le retrouverai forcément là, il y passait ses journées. Ken était en cabine, Hugz derrière les platines, Théo et Hakim a ses côtés. Et lui il pionçait sur le canapé. Quand Théo me remarqua, il me fit un petit signe de tête vers Idriss.
- Il a la mort j'crois, il est KO tu devrais rentrer avec lui.
- Il est comme ça depuis quand? demandais-je.
- Hier il était pas en forme, mais là c'est une loque. Il arrive pas à poser ses couplets. Il sert à r mais il veut pas partir.
Je l'observa un peu plus attentivement, c'est vrai qu'il n'avait pas vraiment l'air en forme. Il était plutôt pâle et très cerné.
Je m'avança vers lui quand Hakim me stoppa d'un mouvement de bras. Son regard froid et implacable me fit directement comprendre que ce n'était pas pour une petite discussion légère entre collègue. De toute façon c'était pas son genre. Il me tira à l'extérieur de la pièce avant de poser à nouveau son regard froid sur moi.
- J'sais que vous vous êtes embrouillés. Et j'en ai marre de voir mon reuf mal. Alors ne joue pas trop avec le feu, parce que crois moi si ça continue j'vais te faire dégager aussi rapidement que t'es arrivée, compris?
- C'était pas mon intention de le blesser. Je suis là pour m'excuser.
- Balec que ça soit intentionnel ou non. Fais gaffe à ce que tu fais. Il a d'autre truc à gérer qu'une gamine en pleine crise existentiel qui cherche la merde sur tout.
Et sur ça il retrouva sa place initial à côté de Théo.
Je laissa échapper un soupir en me frottant les tempes. D'un côté il avait raison, et si jusque là j'avais étonnamment échappé au foudre de Mekra, il venait apparement de me prendre en grippe.
Je pris quelques secondes avant de refaire mon apparition dans la pièce, maintenant totalement ignoré par le kabyle qui avait concentré son attention sur le fennec en cabine. Je me pencha sur Idriss, endormi sur le canapé, avant de doucement caresser sa joue. Après quelques minutes, et au grès d'un effort assez impressionnant, il finit par ouvrir les yeux.
Il cligna plusieurs fois des yeux avant de froncer les sourcils, surpris de me voir là.
- Hey, murmurais-je.
- Salut, grogna t-il d'une voie rauque, qu'est ce tu fais là?
- J'étais venue pour te voir, je voulais parler. Mais je crois que cette discussion va attendre que t'ailles un peu mieux. T'es dans un état épouvantable, murmurais-je avec un petit rictus en passant ma main sur son front.
- Je crois que je suis malade, murmura t-il.
- T'as un peu de fièvre. Tu peux te lever?
Il hocha la tête avant de se redresser lentement. Une fois debout il chancela légèrement avant de bien s'ancrer au sol. Par précaution je passa mon bras autour de lui, et lui entoura mes épaules avec son bras.
- T'es venue comment? demandais-je.
- Vago.
- Files moi les clés, demandais-je en attrapant son manteau pour lui tendre.
Il me regarda avec un air dubitatif.
- J'ai mon permis depuis 5ans, alors fais pas la chochotte. J'vais pas rouler comme une dingue.
Il marmonna dans sa barbe avant de me tendre ses clés. J'embrassa les gars présents, sauf Hakim qui m'évitait toujours du regard, et aida mon kabyle à marcher jusqu'à sa voiture. Il avait passé le trajet à lutter contre le sommeil, en me guettant d'un œil. J'avais été tenté de blaguer, de faire une vanne bidon sur les femmes au volant, mais il n'était pas vraiment disposé à rire. Ou à faire quoique ce soit d'autre hormis dormir.
Quand je me gara près de son immeuble, il était encore plus pâle qu'au studio. La capuche enfoncée sur sa tête et sa main calé contre la mienne, on avait grimpé silencieusement les quelques marches menant à son appartement.
- Va dormir, je vais voir si je te trouve pas des médocs pour faire baisser la fièvre.
Il hocha la tête avant de disparaître silencieusement dans sa chambre. J'entendis du bruit quelques minutes avant que le silence prenne place.
Je passa un petit moment à fouiller dans sa pharmacie un truc qui ferait l'affaire. Grosse fatigue, fièvre, ça avait tout l'air d'un état grippal, et ça n'avait rien d'étonnant vu la période. Assise par terre, j'avais fouillé silencieusement jusqu'à trouver ce que je cherchais. J'avais attrapé une bouteille d'eau, un verre, et je l'avais rejoins.
Étonnamment il ne dormait pas, il fixait juste le plafond.
- Prends ça, murmurais-je en grimpant sur le lit.
Il s'exécuta sans me questionner.
- Tu veux que je te fasse un truc à manger.
- Non c'est bon, répondit-il en s'enfonçant dans ses couvertures.
- D'accord, murmurais-je. Je vais te laisser dormir, je serai dans le salon.
- T'es pas obligé de partir Rebelle.
Il appuya sa remarque d'un léger mouvement pour me laisser un peu de place. Je le regarda quelques secondes avant de m'insérer à mon tour entre les couvertures. Je passa mon bras sur son ventre et posa ma tête contre son torse.
J'aimais bien faire ça, j'entendais son coeur battre, c'était apaisant.
Il posa sa main contre ma joue.
- Il faut qu'on apprenne à se comporter comme des adultes, murmurais-je. Les cris, les insultes ça règle jamais rien.
- On a encore du chemin à faire avant d'éviter ce genre de scène.
- Je sais.
Il glissa sa main dans mes cheveux en douceur.
- Et je sais aussi que c'est sûrement pas la dernière embrouille. Mais si c'est là contre partie pour être avec toi, alors embrouillons-nous, soufflais-je contre lui.
Il eut un petit rictus qui fit trembler son torse.
- Tu sais, déclarais-je, je m'en suis voulu dès que t'as passé le pas de la porte. On sera jamais d'accord sur ce sujet, mais je crois que je pourrais faire des efforts pour que ça se passe mieux.
- J'aime pas spécialement me prendre la tête avec toi Victoria, mais c'est un truc bien trop important pour simplement faire comme si j'étais pas au courant. J'suis au courant. Et ça me fait peur. Et nier le truc ne changera rien au fait que je me soucie de toi et de ta santé.
- Je sais, murmurais-je. Je sais...
On resta comme ça plusieurs secondes jusqu'à ça ce que mon ventre ne se mettent à gargouiller. Le kabyle me poussa littéralement du lit pour que j'aille manger un bout.
Après avoir préparé un plat de pâte, dont Idriss avait refusé une assiette, je m'étais installée sur le canapé, et avait mangé en fixant la photo d'Idriss et Hakim qui trônait sur le mur.
La réaction d'Hakim tournait dans mon esprit comme un vieux disque rayé.
Il me détestait parce que je menais la vie dure à son frère.
Putain je crois que je me détestais moi-même.
Idriss méritait tellement plus qu'un tissu de mensonge et de secret.
J'y avais pensé à plusieurs reprise, à lui dire toute la vérité, à lui dire la vrai raison de mon départ à New-York, à lui parler du traitement expérimental, de ma vrai maladie et des dangers bien plus conséquents qu'elle entraînait.
Mais j'étais morte de peur. Une vrai trouillarde. Une pétocharde digne du nom.
J'avais peur de ce que ces révélations entraîneraient, j'avais peur de le perdre mais j'avais aussi peur qu'il s'accroche encore plus à moi. J'avais peur de le faire souffrir, et en même temps de moi souffrir. Je craignais sa réaction, sa colère, son dégoût, sa tristesse. Ses larmes.
Et puis j'avais peur des autres. De ce qu'ils penseraient de moi. La petite rouquine qui n'a pas arrêté de leur raconter des bobards.
J'avais peur de décevoir Moh, de trahir Deen, d'achever Louna.
Le mensonge est lourd à porter, mais la vérité est encore plus dure à supporter.
J'avais arrêté de baliser sur d'hypothétiques révélations seulement au moment où les bras d'Idriss avaient entouré ma taille pour me serrer contre lui.
Il avait embrassé mes cheveux avant de caler à nouveau sa tête contre ses oreillers, en me fixant avec un petit sourire en coin.
- Si j'étais pas malade comme un chien, je t'embrasserai Victoria Olsson.
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