31. La réalite en pleine gueule

- Désolée ce n'est pas un chapitre, j'ai du faire des modifications pour une histoire à venir, je vous invite donc à le relire -

Victoria Olsson

J'avais le ventre noué. Idriss était loin d'être le mec qui se mettait à chouiner pour une petite connerie, alors le voir les yeux brillants, ça m'inquiétait vraiment. Ken était dans un état cent fois pire. Dans un excès de colère il avait explosé son poing contre un mur, et à voir ses jointures ensanglantés, il n'y était pas aller doucement.

Louna avait essayé de le calmer, mais il paraissait inconsolable. Même Hakim qui avait apparement vite compris ce qui se passait semblait à deux doigts d'exploser. Ou de pleurer.

J'étais restée en retrait. Je savais pas quoi faire, mais j'étais pas assez proche d'eux pour m'immiscer entre eux et tenter de comprendre. Je me sentais pas légitime de le faire. Alors j'étais restée avec Jasmine, à me ronger les ongles, sans vraiment comprendre ce qu'il se passait.

Ce n'est qu'au bout d'une heure qu'Idriss était revenue vers moi. Ses yeux étaient moins brillant, mais son visage était toujours dévasté par une tristesse inexorable.

Et soudain j'eus peur que quelque chose soit arrivée à sa grand-mère.

Parce que j'avais passé assez de temps avec lui pour savoir que ça l'anéantirait. Littéralement.

- Ça va? murmurai-je.

- On va avancer notre retour, répondit-il froidement. Jasmine tu peux t'en occuper?

La métisse hocha la tête avant de disparaître dans la villa.

- Tu me fais peur, soufflais-je en le regardant.

Il soupira avant de se frotter le visage. Il me fit signe de le suivre et on monta dans sa chambre. Il attrapa sa valise de sous son lit et commença à y balancer toutes ses affaires en vrac.

J'avais l'impression de parfois voir ses mains tremblés. Et ça me tuait le cœur.

- Idriss.

Je le coupa en attrapant ses mains. Il s'arrêta instantanément avant de poser son regard sur moi. Et sans un mot il m'attira contre lui pour me serrer fort. Très fort.

Il resta comme ça pendant plusieurs minutes, et le seul bruit présent dans la pièce était celui de son souffle, un peu irrégulier et sifflant. Il plaqua un baiser sur le sommet de mon crâne avant de se reculer et de s'asseoir sur le bord du lit. Il me tira contre lui pour qui je puisse m'installer sur ses cuisses avant de jouer maladroitement avec une de mes mèches.

- Ken a reçu un appel de France. C'était sa daronne. Les meilleurs potes de ses parents et leurs fils ont eu un accident. Il les a toujours considéré comme sa famille.

Il serra instantanément ma main.

- Le tipeu est le seul survivant. Mais il est dans un sale état. Et ils savent pas si il va s'en sortir.

- Tu les connaissais? demandais-je doucement.

- Mia et Sébastien? Ouais, quand on était tipeu leur fille Thylane traînait avec nous, alors je peux même pas compter le nombre de fois où ils nous ont invité à manger. C'était un peu la quatrième membre de la bande. Elle nous suivait partout, et vu que c'était comme la reuss de Ken c'était un peu la reuss de tout le groupe. Elle est un peu plus jeune que nous mais on la traînait un peu partout avec nous. Ken et elle on quasiment grandi ensemble.

- Et elle, elle va bien? demandais-je.

- Elle est partie il y a quelques année pour ses études. Et elle taff a Dubai dans la com et le marketing d'une grande chaîne d'hôtel j'crois. Elle a charbonné comme une malade pour ça. Mais Ken m'a dit qu'elle rentrait à la maison. Elle rentre pour enterrer ses parents, murmura t-il.

Je posa ma tête contre la sienne. Cela faisait toujours mal d'apprendre le décès d'un proche. Encore plus dans ces circonstances.

Et a voir les trémolos dans sa voix, cette fille, Thylane, avait du être quelqu'un d'important dans sa vie. Si il avait passé toute sa jeunesse avec elle, c'était normal.

- Ken veut rentrer pour sa famille. Et pour Luka, le frère de Thylane. Et j'veux pas le laisser seul...

- On va rentrer, murmurais-je, on va tous rentrer.

Il hocha la tête avant de l'enfouir dans mon cou et de soupirer.

Quelques instants plus tard, Jasmine toqua à la porte avant de nous prévenir qu'on avait le vol de retour dans la nuit. Je la remercia avant de me relever.

- T'as besoin de moi? Je vais aller faire mon sac.

- Je viens avec toi, répondit-il.

Il s'était assis sur mon lit et m'avait regardé faire mes affaires. Je l'avais vu légèrement grimacé quand j'avais posé mes médicaments au milieu de mes vêtements mais il n'avait rien ajouté. Il m'avait juste attiré sur ses genoux avant de m'embrasser comme si c'était la première fois.

Et plus il intensifiait son baiser plus je m'en voulais.

Parce qu'en le laissant faire, je l'exposais à la souffrance. À la douleur. À la perte.

Et ça me trouait le cœur.

Parce qu'un jour ou l'autre, ça serait moi qu'il pleurerait. Ça serait moi qui serait la cause de sa tristesse. Et c'était bien trop dur à supporter.

Dans l'avion retour, l'ambiance survolté des vacances avaient laissé place à un silence de mort. Ken semblait encore à deux doigts de pleurer alors qu'Hakim lui s'était enfermé dans son mutisme. C'était bien la première fois que je le voyais réellement réagir. Et cette fille, Thylane, devait être importante pour lui pour qu'il se renferme à ce point sur lui même.

J'avais envie de poser des questions à Idriss, qu'il me racontes leurs souvenirs, les trucs marquants qu'ils avaient fait ado, leurs échecs et leurs victoires, mais il n'avait pas l'air décidé à parler. Il fixait juste silencieusement le siège devant lui.

J'avais vite compris que très peu des autres gars avaient fait la rencontre de Thylane et sa famille, si ce n'est Théo qui l'avait côtoyé peu de temps avant son départ. Les autres en avaient vaguement entendu parler, peut être croisé une ou deux fois sans réellement y prêter attention.

À l'arrivé à Charles de Gaulle, il était très tôt le matin. Ken accompagné de Louna, Idriss et Hakim partirent rejoindre la famille du premier.

Et moi je suivis simplement Deen dans un silence de mort jusqu'à Aubervilliers.

Il n'y avait pas vraiment de mot pour décrire ce qui c'était passé, mais comme si ils ne formaient qu'un, la douleur du grec s'était propagée chez tous les siens, et même ce qui n'avait pas eu la chance de connaître son oncle et sa tante semblaient plus qu'affecté.

Les jours qui avaient suivit avaient été mornes et ternes. Je n'avais pas eu de nouvelle d'Idriss, jusqu'à ce qu'il se pointe devant chez Deen, un costume sur le dos, en me suppliant de l'accompagner à l'enterrement.

Il avait de grande cerne et sa barbe était mal taillée. Ses yeux n'avaient plus cette petite lueur, et le voir dans cet état m'avait tué le coeur, alors j'avais accepté.

Et cette cérémonie avait été d'une tristesse. Idriss ne m'avait pas lâché la main d'une seconde, et voir Ken avec sa famille, à pleurer les leurs, avaient fini de m'achever. J'avais retenu mes larmes un bon paquet de temps, je ne les connaissais pas. Je ne connaissais ni Mia et Sébastien Lacroix, ni leur fille Thylane, et encore moins leur fils de 17 ans Luka, plongé dans le coma. Mais pourtant je ressentais cette peine tellement intensément que j'aurai aimé pleurer des heures pour évacuer toute cette tristesse.

Tous les gars étaient présent pour Ken et les deux kabyles. Et j'avais également aperçu Thylane dans les bras de son plus ancien ami.

J'avais pas réellement compris qui elle était jusqu'à ce qu'elle fonce dans les bras d'Idriss et qu'il murmure son prénom.

Thylane était une magnifique fille. Un métissage parfait entre les origines grecs de son père, et celle asiatique de sa mère.

Ken et Idriss étaient restés un moment à parler avec elle après la cérémonie, alors j'avais rejoint Hakim. Il était appuyé contre un mur et fixait Thylane.

- Salut, murmurais-je.

Il me jeta simplement un coup d'œil sans répondre. Je ne m'en offusqua pas. C'était du Hakim tout craché.

- Elle est magnifique, ajoutais-je en regardant la belle asiatique.

Thylane portait une robe noir, simple. Elle essayait de garder la face, mais une sale mimique tordait son visage à chaque fois qu'elle remerciait les personnes pour leurs présences.

- Tu devrais aller la voir.

Il tourna la tête vers moi en fronçant les yeux.

- Qu'est ce que t'en sais?

- J'en sais rien. Mais j'imagine que quand ces choses nous arrivent on a besoin d'être avec les gens qu'on aime. Et Idriss m'a dit qu'elle était importante pour vous.

- Mon frère parle trop, marmonna t-il en se passant la main sur le visage.

Je ne releva pas et continua simplement à regarder les trois amis d'enfance parler.

Et tout ça, toute cette spirale de souffrance et de tristesse qui entourait Idriss et sa bande ne faisait qu'accentuer mon envie de déguerpir.

J'voulais pas les faire souffrir, mais je savais que si je restais trop longtemps dans les parages, ce serait moi, d'ici quelques mois, quelques années, qu'ils pleureraient. Et je n'avais pas envie que ça arrive. Je n'avais pas envie de faire subir ça à Louna, à Deen, à Moh. Encore moins à Idriss.

Je voulais plus jamais revoir sa tristesse.

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