29. Salement atteint
Idriss Akrour
Je lui avais dis que je voulais plus rien avoir à faire avec elle, avec toutes les conneries et les mensonges qu'elle lâchait, et je le pensais vraiment. J'avais pas besoin de ce genre de go dans ma vie, les meufs néfastes, les go à problèmes, très peu pour moi. J'avais eu ma dose de galère dans la vie pour ne pas avoir envie de me lancer tête baissé dans les mensonges et les secrets de la rouquine.
Et pourtant, quand je l'avais vu à table, les yeux larmoyants, j'avais du me battre contre l'instinct pour ne pas me lever et la serrer dans mes bras.
Parce que je savais très bien que si elle n'était que l'ombre d'elle même depuis 4 jours, c'était ma faute. La faute de ses mensonges, mais aussi la mienne.
J'avais passé les derniers jours à l'éviter, à exposer ma joie d'être là avec mes reufs, à complimenter la plastique des meufs à la plage. Et elle elle avait encaissé, salement encaissé, silencieusement.
Jusqu'à ce que je la vois se mordre les lèvres, serrer les poings pour éviter de pleurer. Je pense avoir été le premier à la capter. Assise en bout de table, elle avait passé le repas à regarder son assiette sans la toucher. C'était à peine si elle avait rigolé aux vannes pétés de Moh. Pourtant elle riait toujours.
Puis Deen et elle étaient partis. Et j'avais eu pendant un instant, envie de lui dire d'aller se faire foutre et de se mêler de son cul. Mais c'était mon reuf. Et cette fille me faisait péter les plombs. Salement.
Assez pour que je sois jaloux d'un de mes gars. J'avais envie de vomir rien qu'à cette idée.
J'étais le premier à prôner qu'aucune go se mettrait entre nous, et j'me retrouvais à détester la main du bigo posé sur les épaules de ma rouquine. Et à encore plus détester que ce soit lui qui la console.
J'étais salement perché.
J'avais pas réussi à dormir, mon cerveau marchait à 10000. J'avais besoin d'un exutoire, une porte de sortie. Et c'est ce que m'avait donné ce bon vieux carnet qui traînait au fond de ma valise.
J'avais la rage, j'avais les nerfs. J'aurai aimé ne jamais la rencontrer. Elle avait foutu le zbeul dans ma tête sans que je le capte. Elle s'était insinuée doucement dans mes pensées et maintenant j'me retrouvais à flipper devant les médocs que j'avais trouvé.
Je mettais ma main à cramer que c'était pas qu'une simple histoire de petite crise. Mais ça encore elle le lâcherait pas. J'avais vu à quel point son regard était désespéré, et ça m'faisait encore plus flipper.
J'flippais pour elle comme un fou. Et ça m'donnait envie de me taper la tête contre un mur.
C'est sûr les coups des 5h qu'elle était rentrée, toujours avec Deen. D'un côté j'préférais qu'elle soit avec lui plutôt que toute seule. Mais j'aurai encore préféré qu'elle soit avec moi.
Elle portait une robe blanche et une paire de sandale. Ses cheveux volaient dans tous les sens, et elle avait encore des stigmates des larmes sur ses joues, pourtant jamais je ne l'avais trouvé aussi belle. Quand son regard croisa le mien, elle murmura quelque chose à Deen qui me lança un regard, embrassa le sommet de son crâne avant de disparaître à l'intérieur de la villa.
Elle s'avança vers moi en tortillant ses doigts les uns contre les autres.
J'savais pas quoi faire, pas quoi lui dire. J'étais pas désolé, parce que je pensais tout ce que j'avais pu dire. Mais visiblement, c'était trop compliqué pour moi de me rentrer définitivement dans la tête qu'il fallait que je reste éloigné de son sillage.
C'était plus fort que moi. J'y arrivais pas. J'pensais qu'une fois que je l'aurai embrassé, j'pigerai qu'elle avait rien de spéciale, que c'était une go comme une autre. Mais elle était toujours coincée dans mon esprit.
Alors ouais, quand j'avais appris qu'elle avait encore caché des trucs par rapport à Jonathan et l'appartement j'avais vrillé. Sur le coup de la colère j'avais rappelé Natalya. Et bien sûr comme toujours elle s'était empressée d'accourir. J'avais pourtant trouvé aucune satisfaction au regard dégoûté de Victoria. Mais j'avais continué, et j'avais même poussé le bouchon plus loin. Trop loin. Le matin quand j'avais capté qu'elle s'était barrée je m'étais senti con. Vraiment con.
Rappelé sur terre par un petit mouvement de la rouquine qui venait de se hisser sur le muret de la terrasse pour s'asseoir, je me reconnecta à la réalité des événements.
- Je veux plus me disputer avec toi Idriss, murmura t-elle. Je suis fatiguée de te faire la guerre un jour sur deux.
Elle rendait les armes. Et ça lui ressemblait tellement pas. Les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux bleus non plus.
- Je crois que... Je crois que je vais prendre un peu de recul. Par rapport au groupe, à Louna. À toi.
Sa voix tremblée, et j'aurai donné beaucoup pour que ses sanglots étouffés n'existent pas.
- Je sais plus ou j'en suis, avoua t-elle. Je suis perdue.
- Pourquoi?
- Pourquoi quoi? répondit-elle.
- Pourquoi tu ne sais plus où t'en es?
Depuis que je l'avais rencontré, elle avait toujours eu l'air de savoir ce qu'elle faisait, vers où elle allait. C'était pas le genre à hésiter ou regarder en arrière. Pourtant face à moi se trouver une fille paumé, les yeux embrumés et le cœur sur les lèvres.
Son regard azur se leva vers moi, et elle me détailla quelques secondes avant de souffler.
- A cause de toi Idriss. Je crois que je me suis un peu voilé la face. T'ignorer ça marche pas.
- Et qu'est ce qui marcherait alors? lâchais-je en se rapprochant d'elle.
Elle se mordit la lèvre.
- Je sais pas, murmura t-elle. J'agis comme une débile quand je suis près de toi, mais j'crois que c'est encore pire quand t'es pas là.
Elle se frotta le coin des yeux avant de tourner la tête vers la mer. Elle la fixa plusieurs secondes avant de reprendre.
- Tout s'est un peu compliqué depuis que vous êtes entré dans ma vie. Et j'suis plus sûr d'avoir les épaules pour supporter tous ces hauts et ces bas. Tout va trop vite. Regarde nous, on passe d'un extrême à l'autre si rapidement.
C'était vrai. Il y a trois semaines on était entrain de s'embrasser perché sur les toits de Paris. La semaine d'après j'étais entrain de serrer une meuf pour lui faire payer ses mensonges. Encore avant on avait pas arrêté de se battre, d'enchaîner entres les périodes de calme et la haine profonde.
On avait un putain de problème, et il allait falloir qu'on le règle rapidement avant que l'un de nous ne câble complètement.
- Je veux pas me battre contre toi.
- Je le veux pas non plus. Mais j'pourrai jamais te faire confiance si je découvre coup sur coup que tu m'as caché des trucs, répondis-je.
- Je sais. Mais des fois les choses sont plus compliqués que ce qu'elles paraissent. Y'a pas que blanc ou noir. Et je peux pas te promettre monts et merveilles. J'ai un sacré bagage de conneries derrières moi, pas mal de secret et de trucs qui pourraient te faire flancher à tout moment.
Elle avait dit ça en me fixant.
- Mais il y a un truc que je peux te promettre, ajouta t-elle. Tout ce que je fais, tous les trucs débiles que j'ai fait et que je ferai, c'est pour les miens. Et t'es un des miens Idriss, quoique t'en penses. Alors si continuer mes mythos peut te protéger, crois moi que je le ferai sans y réfléchir.
- T'as pas besoin de me protéger Victoria.
Cette fille avait une sacré perception de la loyauté, des liens familiaux, de l'amitié. Je l'avais remarqué depuis longtemps, avec sa façon de se comporter avec Louna. Elle cherchait à la protéger de tout. Elle lui mentait sur ses crises pour ne pas la bousculer, elle avait essayé de gérer seule ses soupçons sur Jonathan pour ne pas nous faire flipper, elle m'avait plusieurs fois dit que si sa présence me dérangeait elle partirait, de peur de s'immiscer entre nous.
Putain mais c'est quand qu'elle allait commençait à penser à elle?
- Tu devrais arrêter de toujours penser aux autres en premier, tu te bouffes la vie, murmurais-je en me rapprochant.
- T'arrêterais de te faire du soucis pour ton reuf un jour? répondit-elle.
Je répondis par la négative. J'serai toujours derrière mon reuf. J'protègerai toujours son dos.
Victoria passa une mèche derrière son oreille avant d'attraper mon sweat shirt et me tirer vers elle. Elle se mordit la lèvre avant de relever les yeux vers moi.
- Visiblement ça ne sera pas la dernière dispute, chuchota t-elle.
- Non j'crois pas.
Elle prit une inspiration avant de se relever. Elle était petite, elle était mince, on aurait dit une gamine avec ses cheveux en vrac et ses taches de rousseurs.
Elle posa ses mains contre les poches de mon sweat en tirant légèrement dessus.
Putain ce qu'elle était belle.
Elle se mordit les lèvres avant de plonger ses yeux azur dans les miens.
- Je crois que tu devrais m'embrasser maintenant, murmura t-elle ses lèvres déjà presque contre les miennes.
Et je ne me fis pas prier putain, ça me démangeait depuis trois semaines cette putain d'envie de ressentir ses lèvres contres les miennes.
On savait pas où ce truc nous guiderait, mais merde qu'on y allait.
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